10 ans d’existence pour Narrow Head et un troisième album (presque) comme un retour aux sources pour les texans et leur mélange de grunge, alt-rock 90’s et de shoegaze
Il y a déjà presque dix ans, Narrow Head nous mettait une baffe monumentale avec son premier EP, Far Removed, produit de la balbutiante nouvelle scène grunge américaine. Avec Superheaven, Whirr et autres Greet Death, les texans revisitaient le son du rock alternatif des années 90 avec la lourdeur du shoegaze et du hardcore. Depuis le groupe a sorti deux albums et n’a pas cessé de faire évoluer son son, pour le meilleur et parfois pour le pire avec le dernier opus 12th House Rock, un peu plus doux et légèrement moins convaincant.
Au moment de lancer Moments of Clarity, on constate directement que le groupe est retourné à ses premiers amours : un son complètement écrasant, les pédales d’effets poussées au volume maximum et une atmosphère très froide, faisant parfois penser aux dernières sorties d’un Nothing par exemple. Pas de régression stérile pour autant, les influences sont bien digérées et l’ensemble sonne comme une bonne synthèse des 10 ans de carrière de Narrow Head.
On retrouve donc avec plaisir la basse de Ryan Chavez qui nous écrase comme une chape de plomb tout au long de l’album, servant de fil rouge aux 12 titres. Comme souvent chez les texans, le tout est un peu monolithique avec 48 minutes bien enrobées de fuzz qui ne laissent que peu de respiration. Pour ceux d’entre vous non-familiers avec le style : imaginez vos groupes préférés des années 90 (Smashing Pumpkins, Nirvana, que sais-je) passés à la moulinette du Deftones des années 2000 et recrachés avec les classiques du shoegaze.
La première partie de l’album avec Sunday et Trepanation ravira les oreilles de ceux en manque de tubes grungegaze (qui se font rares ces derniers temps), mais c’est peut-être dans la seconde partie que se trouvent les petites pépites. Breakup Song, The Comedown ou Caroline dévoilent une facette plus posée, presque à la Gleemer mais sans rien sacrifier à la lourdeur des morceaux, signature de Narrow Head. Une lourdeur qu’on retrouve d’ailleurs avec grand plaisir sur Gearhead où la bande lâche les chevaux comme rarement et qui trahit les liens indéniables du style avec la scène hardcore.
Soft to Touch clôt l’album en expérimentant sur des rythmiques moins organiques, plus ou moins réussies mais toujours aussi glaciales. Le contraste est au final saisissant avec « Satisfaction », premier album de Narrow Head où l’on se sentait enveloppé dans des guitares chaleureuses et où même la pochette semblait plus rassurante. Ici, la froideur domine et le chant monocorde et nasillard si particulier de Jacob Duarte est la seule chose qui semble pouvoir nous guider vers la sortie, sans qu’on tombe pour autant en plein désespoir, comme c’était le cas sur l’EP Far Removed.
Au final, pour ce troisième opus, Narrow Head n’atteint pas forcément les sommets que pouvaient être Far Removed ou Satisfaction mais se relance avec un album fort agréable, blindé de tubes et qui démontre une certaine maturité. Toujours tiraillé entre la scène hardcore underground et les festivals rock plus mainstream et traditionnels, Moments of Clarity illustre cette dualité. Est-ce que cet opus fera passer le groupe dans une autre dimension, à la Turnstile ou est-ce qu’il retournera se terrer dans l’underground ? Difficile à prévoir, on profite en tout cas des pépites qu’il continue de nous sortir en attendant une hypothétique date en France.
Sortie le 13 février chez Run For Cover
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