Naïve New beaters : « Maintenant je me dis « Tiens, ma mère doit un peu mieux comprendre notre musique ! » »

A l’occasion du MaMA Festival, si tristement annulé, nous avions interviewé les Naïve New Beaters. En l’absence de Martin, David Boring et Eurobelix se sont prêtés au jeu des questions, avec un petit retour sur leur carrière !

Crédit : Joel Saget

David Boring : On commence avec la première question ou la huitième ?

La Face B : Pour un effet de surprise… La première ! Comment s’est formé le groupe ?

David Boring : Avant on mentait beaucoup là-dessus ! Parfois on parlait d’une kermesse… Mais la vraie origine c’est celle-ci : on s’est retrouvés en stage d’observation chez Leroy Merlin, chacun à un poste différent. Puis on s’est dit « C’est dur le boulot, mais c’est sympa la musique ! ». Eurobelix était à la découpe de bois, c’est ça ?

Eurobelix : C’est vrai !

David : Martin était à la caisse et j’étais au service marketing…

Eurobelix : Bien sûr que non ! Tu organisais les files d’attente pour la caisse !

David : La musique nous a sauvés de ce stage où on se faisait voler tous nos tickets restau. On était du même lycée et on s’est rapidement dit qu’on allait faire un concert. J’avais un vieux pote qui organisait une fête et je lui ai dit « Attends j’ai un groupe, on va jouer ! »

LFB : Vous avez maintenant 7 projets à votre actif, hors singles. Diriez-vous aujourd’hui que votre style musical à évoluer au fil de ces projets ?

Eurobelix : Au début on faisait de la musique sans trop savoir en faire, c’était très spontané. Il y avait un côté un peu plus « jeu » et punk de « on ne sait pas très bien jouer mais on s’en fout ! ». Au fur et à mesure, on a pris goût à la production, à l’aide que pouvaient nous apporter des gens qui ont d’autres compétences que les nôtres. Le dernier disque est peut-être un plus produit, justement. Et là depuis quelques temps on se disait pour de nouveaux morceaux « et si on faisait moins attention à la production ? », donc on est revenus sur une certaine spontanéité.

David : Si on réécoute du début jusqu’au dernier album et que l’on doit résumer en une chose c’est qu’avant c’était de la musique un peu bizarre, bricole. Maintenant je me dis « tiens, ma mère doit un peu mieux comprendre notre musique. »

LFB :  Comment définiriez-vous votre style ?

Eurobelix : Nous en général on dit « pop rappée » !

David : Et c’est vrai que même encore maintenant, quand on nous dit « ouais c’est quoi votre truc, c’est pop-rock ? » je réponds que non, c’est de la pop rappée.

LFB : Est-ce que vous avez toujours envisagé une carrière aussi conséquente ? Ou est-ce le hasard qui vous a mené jusqu’ici ?

David : Aux débuts du groupe, j’ai souvent promis qu’on irait vivre à Los Angeles et qu’on y aurait d’immenses maisons. Là… On est dans une cave à Paris…

Eurobelix : Une belle cave !

David : Oui, c’est une belle cave aménagée, confort et même climatisée donc c’est quelque part un petit bout des States ! Limite, maintenant on n’aimerait pas trop y être en fait…

Eurobelix : Oui c’est vrai que ça nous vend moins de rêve maintenant.

David : Donc au final, on a mieux réussi que ce que l’on ne pensait ! Mais surtout sur la qualité de vie, au début on était leurrés par l’appât du gain. On pensait aussi qu’on faisait des trucs un peu « mainstream », un gars nous a dit le contraire, qu’on était originaux.

Eurobelix : en plus c’est dingue parce qu’on ne pensait pas réussir à vivre de la musique. C’était fou quand ça a commencé, puis quand tu en vis, c’est un flow, tu as envie que ça marche puisque c’est ton métier ! C’est une logique différente mais c’est quand même une surprise d’en arriver là.

David : Je me rappelle que quand on avait des boulots, on s’appelait le soir en se disant « Mais quand est-ce qu’on pourra lâcher ces boulots… » *rires*

Eurobelix : C’est marrant et c’est pas pour crâner ou quoi, mais récemment une fille m’a demandé « C’est quoi tes rêves ? » et en fait, je me suis rendu compte que j’avais réalisé mon rêve d’ado avec Naïve New Beaters ! Donc maintenant il faut que je me trouve de nouveaux rêves.

David : On a ici un homme comblé !

Eurobelix : Un adolescent comblé, mais pas encore un adulte comblé !

LFB : Comment est-ce que vous avez construit votre dernier album, Fun Hours, sorti en 2019 ?

David : Déjà, ça a duré pas mal de temps. Je crois que c’est l’album sur lequel on a fait le plus de sessions d’enregistrement, on s’enfermait dans des maisons de campagne en autarcie, tous les trois. On composait tout le temps !

Eurobelix : On aurait dû faire un partenariat avec Air BnB…  On louait des maisons qui n’étaient pas les nôtres et on s’installait dans pleins de petits endroits comme ça.

David : Ce qui est assez spécial aussi, c’est qu’on a passé énormément de temps en studio. Le mec avec qui on était en avait même marre de nos tronches à la fin…

LFB : Comment avez-vous vécu l’exportation de votre musique à l’international ?

David : C’est arrivé tôt, et ça s’est arrêté tôt aussi. *rires* Disons que sur le premier album, on avait un label anglais donc c’est vrai qu’on a beaucoup plus tourné à l’étranger. A un moment c’était : moitié des dates en France et moitié des dates à l’étranger. On a fait plein de festivals en Angleterre… C’était assez cool mais notre label anglais a fait faillite… Ce n’était pas qu’à cause de nous ! Du coup on a un peu moins tourné à l’étranger, même si on avait un peu semé des graines. Au début il y a eu des surprises super bizarres, comme après la sortie du premier maxi où on nous a invité à aller jouer au Mexique…

LFB : Comme beaucoup d’artistes, vous avez plusieurs casquettes. Comment est-ce que vous arrivez à conjuguer toutes vos activités ?

Eurobelix : Je pense que ça s’est fait dans l’autre sens en fait ! Au commencement on avait un travail et les Naïve New Beaters. Après on a eu uniquement les Naïve New Beaters et c’était trop bien ! Maintenant c’est encore trop bien mais on peut aussi faire d’autres choses à côté. Ça nous fait plus de choses à faire à côté, c’est sûr, mais c’est agréable puisque c’est des choses qu’on a choisi de faire, c’est un luxe.

LFB : Vous partagez l’affiche du MaMA festival avec de nombreux artistes. Est-ce que vous aimeriez collaborer avec certains d’entre eux ?

Eurobelix : Oui ! Meryl, j’adore !

David : Ojos pour ma part. Oooh ! Bonnie Banane, elle est trop cool !

Eurobelix : Si on pouvait faire un morceau avec Crystal Murray, ce serait génial !