Mélanie Destroy, une tourmente adolescente magnifiée

Un nom qui résonne avec chaos, mal être adolescent et autodestruction. Mélanie Destroy est un quintet français qui se personnifie dans une jeune adulte paumée, perdue dans sa romantisation du mal-être et criblée de fêlures. Un prénom de jeune fille sans histoire des années 90 où s’accolent la rébellion et la violence non contenue. Le groupe a sorti en fin d’année son album Don’t break the Mirror, comme un recueil d’amour désespéré à leur muse. 

C’est un album initiatique que nous propose le groupe. Des chansons qui s’alternent, enchainant les avaries et les périodes de paix intérieurs. Explorant de nombreux styles musicaux, Mélanie Destroy alterne rock anglais, reggae, punk. Non par gratuité, mais toujours pour soutenir leur propos. 

C’est en commençant par la très dramatique ballade rock Radio Destroy (The End of a Democracy) que le groupe décide de nous trimballer dans ses périples. Un couplet tout en douceur d’où pointe une certaine détresse malgré le calme. Surgi alors la tempête sur le refrain et une apothéose, saccadée par le rythme telle une suffocation. Une entrée en grande pompe qui a tout d’un classique du rock. Une structure reprise notamment sur I Lie To You ou An Example of Good Daughter qui emprunte beaucoup aux grands des eighties tout en conservant le punch et l’accroche de la modernité. D’une tendresse absolue, le morceau résonne comme les derniers souvenirs d’une période bénie, en opposition à l’appel à l’aide qui semble raisonner en écho.

Almost Butterfly sonnera le glas de l’innocence, avec un hip-hop alternatif digne des années 90. La petite Mélanie rentre dans l’adolescence et a visiblement découvert Rage Against The Machine et les Beastie Boys. Les ballades ont fait place aux slogans politiques, aux revendications sociales et la haine du bourgeois. Alternant hip-hop et pur punk, le groupe mélange les styles les plus véhéments des 90’s en un condensé aussi inattendu que percutant. 

Non content d’enchainer les styles avec aisance et talent, la grande force du groupe réside tout autant dans la qualité de leurs paroles profondément sensibles. Fantasme d’une adolescence autodestructrice, ils feraient pâlir d’envie nos Skyblog d’émos. Ils se glissent avec aisance dans les tourments amoureux d’une jeune fille paumée. Une force de narration à son apothéose sur How Long, un cercle d’auto destruction, une boucle de violence, un cri de désespoir. Dans un clip magistral, on suit un homme partagé entre son attente en prison et sa vie civile. Alors que chaque sortie est une course effrénée vers la liberté, il se lance dans des bagarres après bagarres jusqu’à retourner au point de départ. Incapable de contrôler ses pulsions ou fuyant la mystérieuse Mélanie dont il admire la photo avec nostalgie, l’homme s’enfonce de plus en plus dans le chaos. Jusqu’à la résignation. Derrière cette histoire très sombre, le groupe alterne batteries martiales, crescendo tout en puissance, chœurs insufflés d’espoir. C’est 7 minutes de grâce absolue. 

Mélanie Destroy est une surprise absolue. Résonnant comme les classiques rock qui ont bercé tout amateur du style, le groupe réussit à les transcender et leur apporter ce véritable coup de modernité. Les paroles sont sensibles et au cœur des morceaux, on se fait embarquer dans les périples de Mélanie Destroy comme dans une bagnole à 100 à l’heure. Notre esprit cavale en rage et désespoir, accompagné par les solos de guitare et les montées en puissance. Des chansons qui ont tout des grands classiques et résonnent dans nos têtes longtemps encore après l’écoute telle sa muse incomprise.