Mapache : dans la fraternité de Liberty Street

Trois ans après un premier album éponyme, le duo natif de Los Angeles Mapache a repris ses guitares et ses rythmes americana traditionnels pour nous délivrer un nouvel opus à mi-chemin entre la folk, la country, parfois le blues, et parfois même la musique traditionnelle mexicaine. Quatorze titres qui résonnent comme un hymne au voyage, à la fraternité et à l’allégresse. 

C’est depuis leur petite maison rue de la Liberté que Sam Blasucci (voix lead) et Clay Finch (aux harmonies) ont composé leur nouvel album, From Liberty Street, simplement nommé par le lieu d’où il a émergé. Un vrai album de copains, enregistré dans la promiscuité d’une petite maison partagée où la communauté et la fraternité faisaient règne. En résulte un album qui respire l’union, le familier et la complicité. Un véritable voyage temporel et spatial, inspiré par l’écriture des textes le soir dans des chambres d’hôtel aux quatre coins des Etats-Unis. 
Le résultat d’un road trip entre Neil Young, les Everly Brothers, Los Panchos et Elvis. 

On retrouve sur l’album une linéarité, une homogénéité qui, au lieu d’inspirer de la lassitude, crée la sensation d’une intimité propre à une fratrie. L’impression que cette rengaine demeure dans nos esprits depuis des années, comme un secret bien gardé qu’on transmet de générations en générations
Tout au long de l’opus se ressent une fusion entre la folk, la country ou le blues qui semble sortir tout droit d’une époque qu’on a jamais vécue. La construction musicale suit le même schéma : la guitare omniprésente, folk, tellement ciselée qu’on peut s’imaginer les doigts pinçant les cordes, le banjo distant, le tambourin folklorique qui marque le rythme et parfois les violons, comme complaintes lointaines. 

Ce sentiment fraternel s’accentue par la complicité vocale inouïe entre les deux musiciens. Leurs voix fusionnent, comme si, parmi cette vaste humanité, Sam et Clay n’avaient eu comme seul dessein de vie cette unification sonore. Le timbre de voix de Sam semble tout droit sorti d’une autre époque. 

L’album nous offre trois titres chantés en espagnol, une volonté marquée de Sam, ayant été missionnaire deux ans au Mexique, de renouer et d’approfondir avec la musique traditionnelle mexicaine. Des changements d’horizons dans l’oeuvre qui accentuent ce déracinement que l’on ressent. 

Si l’on devait résumer From Liberty Street, on dirait que cet album fait l’effet d’un road trip aux Etats-Unis entre frères qui s’achève, après s’être imprégnés pendant plusieurs mois de différentes cultures. Un voyage qui a permis de faire des rencontres, créer des liens avec des étrangers qui s’immiscent désormais dans notre chemin comme des étapes fraternelles. On rentre les poches pleines de souvenirs, de bibelots décoratifs, inutiles mais chargés en mémoires. On rentre, épuisés, un peu sales, le dos meurtri par le poids du sac à dos, et puis on retrouve ce porche bien familier. On s’assoit dans la douceur de la fin de journée d’été, à l’ombre, quand la chaleur écrasante laisse enfin sa place aux brises fraîches. On ouvre une bière. On trinque. Et puis on fait revivre l’histoire en se la remémorant, ensemble, sur une bande son de guitares folk et de tambourins.