Makala et son amour pour l’anarchie

3 ans après la sortie de son premier album, Radio Suicide, Makala est de retour ce premier avril avec son nouveau projet Chaos Kiss. Mais le Suisse n’est pas revenu pour blaguer : il offre à ses fans 16 morceaux d’une musicalité aussi passionnante qu’étonnante, couplée d’un égotrip encore plus présent que sur ses anciens travaux. Un album qui va peut-être confirmer le talent du rappeur, et prouver au rap francophone qu’il est un artiste à suivre durant ces prochaines années.

Cover de Chaos Kiss

Indissociable de la scène hip-hop suisse, Makala est ici accompagné de son fidèle acolyte et ami de longue date, Varnish La Piscine. Présent sur Intro X6, Outrow et Film d’action, son meilleur ami est toujours là pour apporter son soutien. Après une année 2021 bien remplie, où il a notamment signé dans le label parisien Ed Banger et été vu en studio avec son idole Pharrell Williams, on le retrouve avec Chaos Kiss, album qu’il a totalement auto-produit. Si le nouveau disque reste dans la lignée de son prédécesseur, les deux frères génevois y proposent aussi une nouvelle fois quelque chose de nouveau, voire d’expérimental, et c’est ce qui rend ce projet aussi spécial. Indescriptible et inclassable, la beauté réside dans ce mystère.

À l’image de l’ovni 22 Prédator, titre presque indéfinissable, avec une sonorité orientale, on se demande parfois, avec plaisir, ce qu’on écoute, tout en éprouvant un bien fou d’entendre de nouvelles propositions. Il y a là enfin un artiste qui tente des choses sans se soucier de l’avis des autres.

Une chose est sûre, la passion se fait partout ressentir. Makala veut une musique qui lui ressemble, et surtout que l’auditeur le comprenne. Il veut faire attention à ce qu’il aime, et surtout ne pas être guidé par une industrie de la musique qui commence doucement à devenir fade. Il se dit être un “Game Changer” et c’est un surnom qui lui colle parfaitement à la peau.

Si Chaos Kiss était vivant, il aurait certainement une double personnalité. Avec le titre, on comprend que le rappeur aime cette part de chaos qui sommeille en lui, et qu’il n’hésite pas à libérer en abordant des sujets assez difficiles. Mais c’est ce qui fait l’âme du projet. Avec des thématiques compliquées, le rappeur parvient à poser son texte sur des intrus assez aériennes, voire dansantes pour certaines. À l’image de Lards, morceau avec une mélodie assez planante, et dans lequel Makala menace simplement un gars qui lui doit de l’argent. Ou encore avec le titre Budapest, qui suit un braquage de femmes qui volent une bijouterie sur un son entraînant et chill. Le tout se termine évidemment par la violence, suggérée par le bruit d’une arme à feu. La promesse de l’artiste est donc bien tenue, puisque cette dualité de violence et de tendresse est présente du premier au dernier morceau de l’album.

Avec ce deuxième album, Makala confirme son talent et son importance dans la scène hip hop suisse. Mais il ne veut pas s’arrêter là. Après avoir conquis sa terre natale et le monde du rap francophone, il rêve plus grand, et souhaite, comme beaucoup, toucher la terre entière. Une idée pas si utopiste que ça pour le nouveau « Game Changer » dont l’originalité n’a d’égale que son audace et son talent.