Live report – Les Trois Beaux Days 2022

Nous avions déjà parlé de notre enthousiasme pour les Trois Beaux Days juste ici. Le festival était organisé par la mythique salle des Trois Baudets, quelques mètres plus loin que l’institution. Le rendez-vous était du 21 et 23 juillet aux Arènes de Montmartre. Bien que quelques intempéries se soient mêlées au jeu, l’évènement était plutôt réussi.

Crédit photo : Célia Seven

Le festival s’ouvre tout en douceur avec Cäroline, qui débute son set en nous parlant d’amour. Sa voix suave et vibrante résonne dans l’arène, pour nous parler de doutes, de réconciliation et d’au-revoirs. Il y a de la lenteur, comme pour rendre sacré le fait de chanter. Quelque chose de langoureux dans le chant, comme une litanie. Cäroline a tantôt des airs de madone, les paumes de mains face au ciel, tantôt des airs de diva r’n’b. On pense alors à Joanna, avec laquelle l’artiste partage une certaine sensualité. En effet, dans ses textes, Caröline décrit des paysages et nous y plonge. On pourrait presque sentir le café, le feu sur nos lèvres durant le titre Amore Amore, ou le revolver sur nos tempes lors d’une reprise de Bang Bang de Nancy Sinatra.

Crédit photo : Célia Seven
Crédit photo : Célia Seven

La journée s’est ensuite terminée par Moussa. L’artiste était l’un des plus attendus, ne serait-ce qu’à voir la soirée s’afficher complète. Le public était ravi, bien que mitigé. Après nous avoir envoûtés par quelques morceaux en piano-voix, le rythme et l’entrain qu’amènent ses claquements de doigts, Moussa se perd. Il invite le public à choisir pour lui les prochains morceaux, hésitant parfois sur les paroles avant de se laisser porter par quelques chanteurs amateurs. Une énergie folle, une réelle communion avec des spectateurs qui ne le sont plus. Par les chœurs, les applaudissements, le public est en duo avec le chanteur, notamment lors des titres les plus connus. Or, ça passe ou ça casse pour ceux venus découvrir l’artiste. Néanmoins, Moussa « se rattrape » en nous offrant des titres de son prochain album. Des moments en suspension, fragiles comme une étoile que l’on attrape.

Crédit photo : Célia Seven

Autre intempérie pendant le festival : la pluie. Les conditions météorologiques ne permettant plus de jouer dans le cadre d’exception que sont les Arènes, l’évènement se déplace aux Trois Baudets, boulevard de Clichy. Pour cette deuxième journée, il y avait trois artistes : Coline Rio, puis Ian Caulfield, et enfin, Owlle.

Coline Rio débute la soirée en équilibre entre douceur et force, un équilibre retranscrit aussi dans le nom de son dernier EP, Lourd et Délicat, dont l’artiste nous offre quelques morceaux. Ce qui nous frappe chez Coline Rio, c’est sa douceur : l’artiste prend de nos nouvelles et prend le temps de nous expliquer l’histoire de ses morceaux. On apprend le contexte post-confinement qui a mené à l’écriture d’Horizon, ou encore sa peur de disparaître, fondue à l’espoir de renaître au sein de la nature. Avec ce projet solo, elle dévoile sa manière d’appréhender ses peurs, ses amours, par exemple avec Ton nom, ou tout simplement d’être elle-même, en terminant notamment son concert sur le titre autobiographique On m’a dit.

Ensuite, Ian Caulfield prend le relai vagabond. On découvre une autre facette de l’artiste grâce au format acoustique. Il y a quelque chose de très léger, comme le vent entre la solitude du piano et de la guitare, créant une intimité avec le public. On reconnait alors quelque chose tiré du fameux roman de Salinger, une fois sur scène : quelque chose de profondément libre, naïf mais pourtant presque désinvolte.

Enfin, la soirée se termine sur Owlle, accompagnée d’une pianiste et d’ordinateurs. L’artiste nous touche par sa voix aérienne, qui semble rappelée par des sonorités électroniques. Or, sa légèreté, son onirisme, ne font pas contradiction avec certains des thèmes abordés dans ses chansons, le plus souvent liés à la condition féminine, aux doutes. Si Owlle évoque, dans une de ses chansons en hommage au conte d’Alice aux pays des merveilles, qu’elle semble se perdre mais retrouve toujours son chemin, la voir sur scène confirme ce raisonnement. 

Crédit photo : Célia Seven
Crédit photo : Célia Seven

L’une des belles découvertes de ces trois jours était Lisa Ducasse, qui n’a (pour l’instant) sorti qu’un single. A la voir sur scène, on comprend l’intérêt suscité par la jeune artiste, qui se dresse comme l’une des prochaines révélations. Lisa Ducasse se démarque par la douce nostalgie qu’elle dégage, ne serait-ce que dans sa scénographie. L’artiste emporte avec elle un tourne-disque lui servant de musique de fond. On reconnaît aussi quelque chose d’un autre temps, avec des airs de Charles Aznavour, de Barbara, voire de Brel, dans la gestuelle et dont elle reprend La chanson des vieux amants en créole Mauricien.

Car Lisa Ducasse partage avec Gabi Hartmann ce goût du voyage, des rivages et des terres d’Amérique Latine. Après une escale à Valparaiso, Gabi Hartmann nous plonge dans des coins reculés, mystérieux du Nordeste, au nord du Brésil. Elle reprend des rythmes traditionnels du coco, que le public reprend et partage en cœur. Gabi Hartmann à la guitare, accompagnée d’un pianiste (Florian Robin Kunz) et d’une contrebassiste (Elaine Beaumont) se démarque avant tout pour ses musiques jazz, qui nous transportent. On atterrit en douceur au-dessus des toits de Paris, sur un coin des Arènes de Montmartre, avec les deux artistes.