Live Report – King Gizzard And The Lizard Wizard- Zénith de Paris, 2 mars 2023

Le tourbillon psyché-rock des magiciens de King Gizzard a de nouveau tout emporté sur son passage au Zénith de Paris, rappelant que l’Australie est décidément un continent rock à part entière.
 
King Gizzard And The Lizard Wizard ne connaissent pas le repos. En activité depuis 2010, les six australiens originaires de Melbourne n’ont eu de cesse de produire inlassablement des albums eux-mêmes aux influences illimitées, comme un tentaculaire arbre aux branches dont les ramifications ne cessent d’en produire de nouvelles. Et c’est tant mieux car King Gizzard est probablement le groupe le plus inspiré de ce début de XXIe siècle, puisant leurs forces dans l’insondable puits sans fond du rock psychédélique tout en y apportant la touche moderne propre à cette génération née à l’orée de l’an 2000.
Il serait ici bien laborieux de lister la très prolifique discographie du groupe, sachez néanmoins pour les plus néophytes que des piques s’élevant à cinq albums par an se sont succédés en 2017 et 2022. A la base, toujours les même six amis Stu Mackenzie, Ambrose Kenny-Smith, Joey Walker, Cook Craig, Lucas Harwood et Michael Cavanagh, et depuis les débuts dans des clubs qui peinaient à contenir tous les membres sur une même scène, une montée en puissance les amenant sur tous les continents, dans des salles de plus en plus grandes jusqu’aux festivals les plus prestigieux. Il est donc logique après 13 ans de bons et loyaux services, avec en France une communauté de fans des plus fidèles, de retrouver les australiens au Zénith de Paris après avoir foulé la scène mythique de l’Olympia lors de leur dernier passage en 2019.
 
 
Mais où s’arrêtera la folie King Gizzard ? Si leur univers étirable à l’infini (ou Gizziverse comme les aficionados le nomme) à tout intérêt à avoir de l’espace pour s’exprimer de la façon la plus efficace possible, gageons que les fans de la première heure peuvent se vanter d’avoir eu le privilège de tester la puissante énergie de King Gizzard dans des conditions plus intimistes. Le Zénith étant ce soir modulé en semi capacité, on ressent en prenant un peu ses distances d’avec les premiers rangs une petite dilution parmi le public. Et pourtant … Les australiens ne cesseront jamais de donner leur maximum tantôt aux guitares, tantôt aux claviers, Stu et Ambrose se partageant le chant sur la quasi-intégralité des titres, et toujours avec derrière eux cet écran géant aux projections psychédéliques fortement déconseillées aux épileptiques.
 
Avec une discographie de peu ou prou (nous ne comptons pas les live ou les compilations de remix) 24 disques, le choix de la setlist est forcément un casse-tête, et l’on ne peut satisfaire toutes les demandes. Ce soir, un certain équilibre règne avec une sélection qui démontre la grande érudition du groupe. Ainsi, débutant le set avec ce qui est probablement à ce jour le tube le plus emblématique du groupe Rattlesnake, King Gizzard font ensuite étalage de leur maitrise du pysche-rock entre Pink Floyd et Led Zeppelin (nous faisons court car les influences sont protéiformes), leur grande marque de fabrique, avec Ataraxia, Wah Wah ou Road Train (ces deux derniers issus de l’album préféré de la rédactrice de ces lignes Nonagon Infinity, voilà qui est délicatement placé) puis glissent vers le hip hop (The Grim Reaper), passant aux morceaux tout en electro (The Garden Goblin) à des sonorités un peu plus apaisées (Magenta Mountain ). Il est à noté que ces derniers titres apparaissent sur Omnium Gatherum, une des dernières fournées datant de 2022 qui marque un réel tournant dans la musicalité de King Gizzard. Néanmoins, les fondamentaux ne sont jamais loin et on apprécie particulièrement en fin de concert les percées métalleuses de Planet B et Hell, puis du grand final Gaia aux accents « Lemmy-esque » des plus jouissifs.
 
 
Le succès de King Gizzard au travers le monde et le travail d’acharnés de ses membres pour l’atteindre explique donc que les communions lézardiennes ne puissent aujourd’hui se tenir que dans des arénas de plusieurs milliers de spectateurs, la demande étant très forte et le groupe ne cessant disques après disques de rallier à sa cause de plus en plus de fans. C’est donc avec juste une petite touche de nostalgie nous remémorant la Flèche d’Or, le Cabaret Sauvage, le Bataclan à Paris ou les festivals indépendants tels le regretté This Is Not A Love Song à Nîmes que nous continuerons de suivre King Gizzard partout où ils nous donneront rendez-vous. Ces derniers traversant la moitié de la planète pour nous satisfaire, il serait mal avisé de râler (même pour un Parisien).
 
Setlist :
Rattlesnake
O.N.E
Ataraxia
Wah Wah
Road Train
Hypertension
Work This Time
Lava
Iron Lung
The Grim Reaper
The Garden Goblin
Magenta Mountain
Planet B
Hell
Gaia