Live report – Beck Olympia Paris 28 juin 2022

Huit années d’attente pour retrouver en live sur la scène de l’Olympia de Paris Beck, l’éternel troubadour californien blondinet qui a su surprendre et surtout ravir à nouveau son public français.
 
Les retrouvailles avec Beck se sont faites attendre. À la suite de la sortie fin 2019 d’ Hyperspace, album pop très aérien, un petit virus nommé COVID est venu semer la zizanie et a interrompu les projets de tournée qui devaient suivre. A cela s’ajoute les longues années depuis lesquelles Beck ne nous avait pas gratifié à Paris d’un concert en bonne et due forme, le dernier en date étant en 2016 à la salle Pleyel. L’attente était donc palpable parmi les fans présents, beaucoup d’entre eux toujours munis de leur billet estampillé 2020.
 
Ainsi réunis dans le temple parisien de la musique, l’Olympia lui offrant à son tour son nom en lettres de néon écarlate, les fans assistent à un concert d’un tout autre genre : le principe consistera en un long medley de plus d’une heure et demie où Beck réussira à « compiler » 37 morceaux, les réduisant chacun à l’essentiel et les brodant les uns aux autres. Le plus curieux s’étant renseigné sur les setlists des dates précédentes, une telle richesse laissait présager pour les plus optimistes un set marathon dignes des messes curistes. Cette approche des plus atypique en a alors déconcerté plus d’un, mais l’ambiance électrique et très dansante aura finalement eu raison de leur étonnement.
 
 
Et pourtant, le concert débute de façon plutôt classique, avec l’artiste pénétrant sur scène dans la grande tradition folk pour quatre premiers titres acoustiques dans un Olympia comble et déjà sous le charme devant le musicien, seul sur cette scène qui semble alors démesurément spacieuse. C’est alors que les musiciens prennent place derrière, perchés sur une estrade munie d’une rampe que Beck saura à plusieurs reprises escalader pour se hisser à la hauteur de son groupe lors des titres les plus dansants.
La scène se pare à ce moment d’un lightshow aux couleurs vives et flashy, et l’atmosphère générale se teinte d’une nuance de dancefloor, alors en parfaite concordance avec la première tenue de scène de Beck : tout de blanc vêtu, avec un costume fortement semblable à l’emblématique parure disco de John Travolta dans la Fièvre du samedi soir (incluant le marcel dévoilant le torse velu et les colliers et chaines dorées, on ne fait pas les choses à moitié), l’Olympia se métamorphose pour l’heure à venir en un nightclub géant qui voit donc s’enchainer littéralement une première fournée de 20 titres cousus les uns aux autres, dans un déferlement d’énergie que le musicien n’économisera jamais.
 
 
Le plus érudits regrettent déjà que leurs titres préférés soient écourtés, les moins connaisseurs peinent un peu à reconnaitre ceux qui leur sont familiers, les morceaux d’Hyperspace qui n’avaient pas encore été interprétés en live venant également s’interposer, le joyeux maelstrom emporte pourtant tous les spectateurs de la fosse aux balcons les plus éloignés, car mené par un Beck qui rayonne autant que le reflet des spotlights stroboscopiques sur sa veste immaculée.
Echangeant quelques paroles tous les 3-4 morceaux avec son public, soulignant son impatience de nous retrouver, l’enthousiasme n’est pas feint. Muni de sa guitare ou simplement du pied de micro, Beck sait toujours se mouvoir de façon féline et funky, quel que soit le « bout » de chanson interprété, et ses pas de danse dignes d’un cador de dancefloor tentant de jouer son « Prince » ou son « Michael » font partie intégrante de ce personnage. C’est cette vitalité et cette très grande sympathie qu’il dégage qui n’ont eu de cesse d’attirer à lui un public de plus en plus nombreux, le tout porté par une discographie très diversifiée dans ses styles.
 
 
La seconde partie de set débute avec Beck qui, en changeant de tenue, cette dernière noire et bien mieux taillée, entame la dernière ligne droite, semblant faire défiler encore plus vite les meilleures petites perles de ses albums. Le public en veut toujours plus et les plus réticents à la méthode utilisée ce soir sont enfin récompensés avec les derniers morceaux du concert, interprétés dans leur intégralité. Les tubesques Loser et Where It’s At sont pleins et entiers, et voient leur compositeur s’y déchainer. Paper Tiger est dédicacé à Serge Gainsbourg et le concert se clôture sur One Foot In The Grave qui se finit presque trop brutalement, au vu de la cadence qui a été celle de l’heure quasi trois quart qui a précédé.
Les lumières se rallument sur un public qui semble comblé malgré l’étrange prestation à laquelle il a assisté. Les avis divergent à la sortie; encore une fois, Beck a créé une émulation chez ses fans, qui rend ses prestations toujours uniques et réellement authentiques. On appréciera au passage qu’il nous livre enfin son secret pour garder cet air éternellement juvénile de lycéen qui vient de passer (avec succès à n’en pas douter) ses examens.
 
Setlist :
The Golden Age
Everybody’s Got to Learn Sometime (The Korgis cover)
True Love Will Find You in the End (Daniel Johnston cover)
Guess I’m Doing Fine
Hyperlife
Mixed Bizness
Devils Haircut
Dreams
Colors
The New Pollution
The Valley of the Pagans (Gorillaz cover)
Wizard
Wow
Hollywood Freaks
Qué Onda Guero
Nicotine & Gravy
Girl
Hotwax
Debra
Dear Life
Cycle
Morning
Stratosphere
Chemtrails
Chemical
Lost Cause
Missing
Earthquake Weather
Night Running (Cage the Elephant cover)
Go It Alone
Black Tambourine
Up All Night
Loser
Paper Tiger (Dedicated to Serge Gansbourg)
E-Pro
Where It’s At
One Foot in the Grave