Live report – Alex Cameron, La Boule Noire Paris 21 juillet 2022

Alex Cameron est venu offrir à la capitale parisienne une fin de saison aussi éprouvante que l’était le thermomètre à la Boule Noire de Pigalle. Retour sur cet soirée moite et joyeuse avant la trêve estivale. Par Laetitia Mavrel
 
L’été bat son plein, la canicule persiste et signe entre deux légers coups de vent et la saison des concerts se termine dans une étuve qui nous a parue très supportable, en cette soirée à la Boule Noire, en compagnie d’ Alex Cameron. Et pour une fois, c’est la France qui apporte à l’australien soleil et chaleur accablante, son magnifique pays étant à l’autre bout de notre monde et en plein hiver en ce moment.
Venu présenter son quatrième album, sorti en mars dernier, Oxy Music, Alex Cameron reste un de ces ovnis musicaux qui, malgré un rayonnement médiatique des plus limités, draine une forte fanbase, qui apprécie son atypisme qui sort de tous les sentiers battus. En dehors des radars maisntream, son style se résume à une pop glamour qui regorge de références funky et délicieusement vintage, lorgnant vers l’innocence, et le côté un peu factice de nos années 80.
 
 
Alex Cameron, du haut de sa petite trentaine, semble pourtant hors temps. Avec son look de chanteur de casino, les cheveux dorés et laminés, pantalon à pince sur mocassins et chaussettes blanches, débardeur toujours très près du corps (ne manque plus que la moquette apparente, mais ce dernier semble dépourvu de cet apparat), le look est étudié et tiré à quatre épingles. Ce qui sied parfaitement au répertoire de ce dandy qui nous offre pour cette seconde soirée à la Boule Noire le meilleur de son soft rock, mis parfaitement en exergue par le saxophone du complice de longue date Roy Molloy.
Avec le groove délicat de la guitare, de la basse et du synthétiseur, ne cessant de charmer son auditoire grâce à un langage corporel très félin, Alex Cameron tient le public littéralement dans le creux de sa main, ce dernier composé d’une myriade de fans reprenant une bonne partie des titres en chœurs, comme les hits Candy May, Miami Memory et le très bon Far From Born Again issu du dernier opus.
 
 
La France entretient une relation particulière avec l’australien : son public est un des premiers à avoir adhéré fortement à son style, et le passage de Cameron pour ces deux soirées s’explique par son amitié avec la petite salle de Pigalle qui l’a accueilli avant que son premier album ne connaisse le succès. Depuis, chaque album a été suivi de plusieurs passages en France, où le bouche à oreille a particulièrement fonctionné et a permis d’attirer à lui de plus en plus de fans et de curieux, attendant avec impatience les concerts où ce dernier se livre à de nombreux monologues entre les titres, souvent à propos de sa vie, de sa carrière, comme on se raconterait autour d’un verre entre amis.
Et c’est justement avec son ami Roy, dont on apprend qu’ils ont été voisins enfants à Sydney et avec lequel il ne s’entendait pas du tout à l’époque, qu’il partage la scène. Ce dernier est discret, perché sur son tabouret et donnant avec son instrument toute une patine sensuelle et sophistiquée à cette pop un brin surannée mais d’une efficacité redoutable. Présenté par Cameron comme homme de goûts et de principes, Roy Molloy aime à se spécialiser dans l’étude des tabourets de scène, qu’il chevauche à chaque prestation. C’est ainsi que la scène lui est entièrement confiée pour quelques minutes d’un exercice d’analyse détaillé du tabouret fourni par la salle, tant sur le matériau que le confort, en passant par la stabilité. Ce dernier décrochera un 4,5 / 5, puis verra Roy s’y installer une dernière fois pour le final, qui consistera en un duo entre lui et Alex Cameron, simplement accompagné d’un sample en boucle, qui leur permettra d’interpréter The Comeback sans artifices.
 
 
Alex Cameron ne saurait être défini comme appartenant à telle ou telle catégorie. Hormis son attitude, qui amène à le décrire comme un chanteur de charme, sa musique est pourtant loin des registres mielleux et insipides propres à ce type d’interprète. Véritable songwriter, ayant collaboré avec Brandon Flowers des Killers ou Jason Williamson des Sleaford Mods, la grande érudition de ce beau gosse échappé du pays des surfeurs fait de lui un musicien accompli, qui sait jouer malicieusement des codes du crooner qu’il détourne à merveille. Le sex appeal, lui, est naturel, et cela aide fortement à construire le personnage.
 
Setlist :
Studmuffin 96
Happy Endings
Country Figs
Far From Born Again
Divorce
Stepdad
Candy May
Miami Memory
Sara Jo
Prescription Refill
Stranger’s Kiss
K Hole
Marlon Brando