Les lumières de l’ombre #1 : L’Association Paï Paï, « un lieu citoyen et culturel, comme on aime le nommer »

Les lumières de l’ombre s’agitent. Leur vive chaleur nourrit l’incandescence des astres, vulgairement nommées “stars”, afin que leur éclat pénètre irrémédiablement les cœurs du plus grand nombre. Curieuse, La Face B choisit de s’introduire du côté obscur de la force. Nous sommes donc partis à la rencontre de l’une de ces lumières de l’ombre, lueur angevine, chez Paï Paï. Dans le circuit, une expansion imminente suite à un projet audacieux, un souffle culturel et beaucoup d’amour.


La Face B : Peux-tu présenter l’association en quelques mots ?

Paï Paï : L’association a été créée en 2009, dans une maison en colocation, sur Angers. L’organisation de concerts était notre première activité. Ça se passait dans le salon de la maison. On a ensuite aménagé des pièces en salles de répétition pour permettre aux groupes de venir sur des horaires assez larges. En 2014, l’association a été restructurée. On a embauché des personnes et commencé à organiser les concerts à l’extérieur. En 2015, les ateliers pédagogiques se sont mis en place, car certains artistes avaient envie de proposer ce genre d’ateliers à différents publics (enfants, adultes, adolescents, personnes en situation de handicap). Cette partie s’est d’ailleurs très bien développée puisqu’en 2018, on comptabilisait soixante-quinze interventions par semaine pour une quinzaine d’intervenants (musiciens, plasticiens, théâtre, danse). Depuis deux ans, la vidéo est une autre de nos activités, à travers les captations live, notamment pour Tempo Rives, la réalisation, le montage, et l’étalonnage de clips.

LFB : Pourquoi “Paï Paï” ?

PP : Il n’y a pas vraiment de raison. À la base, les colocataires l’ont créée pour se réunir et faire des bœufs. Ça sonnait bien. “Paï Paï” c’est être chill, cool, convivial. Ça doit être d’origine asiatique.

LFB : Les intervenants sont-ils membres de Paï Paï ?

PP : Pour la vidéo, ce sont des personnes internes à l’association. Le collègue, auparavant chargé de la communication et de la programmation, s’occupe désormais de ce pôle. Il a su le développer grâce au réseau d’artistes que l’on soutient, que l’on a accompagnés de manière assez modeste. Il y avait une grosse demande et, le fait de travailler en partenariat direct avec eux, ça fonctionne bien. D’ailleurs, même si l’on grandit de plus en plus, c’est de cette façon que l’on aime travailler.

LFB : L’équipe permanente compte combien de personnes ?

PP : Actuellement, on est quatre salariés. Suite à l’ouverture du Tiers-Lieu, on sera une dizaine. On passe d’une maison en colocation à un lieu de sept cents mètres carré, il fallait donc agrandir l’équipe. Mais il y aura toujours un certain nombre de bénévoles.

LFB : Combien y a-t-il d’adhérents à l’année ?

PP : Je dirais cent à deux cents.

LFB : Quelle est leur tranche d’âge ?

PP : Dix-huit à soixante ans environ, car maintenant, les anciens amènent leurs enfants. Sinon, elle est très large puisque l’on propose des événements pour tous les publics, les enfants, les ados et les adultes, afin que ce soit le plus familial possible. Permettre l’ouverture culturelle, l’accès aux pratiques artistiques pour tous, sans barrière, est l’une de nos principales valeurs.

LFB : Paï Paï existe depuis maintenant dix ans. Qu’est-ce qui vous a motivé à agrandir ?

PP : Les choses ont très vite pris de l’ampleur. Trois personnes vivent dans cette maison, on partage deux bureaux avec eux, les stagiaires et le service civique. On s’est donc retrouvé à l’étroit. Il y a également l’envie de mettre sur pied des événements plus grands, dans une vraie salle de concert, avec un bar, un lieu de restauration. Puis, bientôt, on pourra accueillir les ateliers pédagogiques au Tiers-Lieu. Jusqu’à présent, on se déplaçait dans les structures.

LFB : D’autres services encore sont prévus ? Nous avons eu vent d’un espace de co-working.

PP : En effet, on va accueillir deux structures. Mais aussi un pôle vidéo, comprenant des moyens matériels, et un espace pour travailler dans de meilleures conditions. On va élargir nos événements aux spectacles de danse, de théâtre, au spectacle jeune public, à de la dégustation, aux rencontres entre acteurs locaux. L’objectif est que les associations du territoire viennent nous voir avec des projets à soutenir, que ce ne soit pas qu’un outil Paï Paï, mais bien un outil du territoire.

LFB : Au sujet de la partie musique et soutien aux artistes, les artistes viennent-ils à vous ou est-ce l’inverse ?

PP : Au départ, on le proposait aux copains. Rapidement, beaucoup de groupes du département ont pris contact avec nous, pour leurs clips, leurs captations live, leurs concerts. Mais lorsque l’on produit de plus gros événements à l’extérieur, au Joker’s Pub ou à la maison de quartier Quart Ney, c’est nous qui les contactons. Lomepal était notre première production. Évidemment, ce n’était pas lui qui allait nous démarcher.

LFB : Que leur proposez-vous ?

PP : L’accompagnement est axé principalement sur la vidéo, l’image en général. Les intervenants proposent de travailler l’aspect scénique, l’identité du groupe, etc. Ce sont des personnes qui tournent depuis vingt ans et qui ont envie de transmettre. À l’avenir, on veut développer cela et offrir un vrai suivi.

LFB : Nous notons des partenaires comme Le Chabada [SMAC d’Angers, ndlr]. De quels horizons viennent les autres ?

PP : Énormément d’Angers car on a la chance d’avoir un grand vivier artistique. Je pense au rap, très présent depuis quelques temps. Les rappeurs ont envie de s’entraider. Nous agissons alors comme passerelle entre Odor, Rezinsky, par exemple, et les nouveaux rappeurs angevins. Certains intervenants viennent de Nantes aussi. Pour l’instant, ça reste à l’échelle régionale.

LFB : Où situerais-tu Paï Paï dans l’écosystème angevin, départemental, ou peut-être même régional ?

PP : Ce n’est pas évident de répondre car nous sommes à un tournant important. Jusque-là, on était identifié comme une maison associative, proche de son public et de ses artistes. On a très envie de garder cette identité-là. Comment se situe-t-on ? On n’est pas un café-concert, ni une salle de spectacles, ni un centre de loisirs. C’est un lieu citoyen et culturel, comme on aime le nommer. On serait à l’intersection entre Le Chabada, le café-concert, un point de liaison entre toutes les structures aux activités fixes, sans pour autant faire leur boulot. On fait un peu de tout, mais à notre sauce.

LFB : Comment peut-on adhérer à l’association ?

PP : Généralement, les adhésions se font sur le temps de nos événements, au bar. Ça peut aussi se faire sur place, par téléphone, ou dans les prochains mois, sur le site internet. L’adhésion coûtera dix euros pour les personnes s’inscrivant aux ateliers particuliers.

LFB : Quand le Tiers-Lieu ouvrira-t-il ses portes ?

PP : L’inauguration se déroulera dans quelques semaines, 122 rue de la Chalouère.

Association Paï Paï
122 rue de la Chalouère
49100 ANGERS