Les clips de la semaine #93

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Tout de suite, l’épisode quatre vingt-treize des clips de la semaine.

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Porches – Okay

Chic Aaron Maine est de retour ! À peine plus d’un an après la sortie de l’excellent Ricky Music, le New Yorkais annonce la sortie de All Day Gentle Hold ! pour le 8 octobre.

Ce ne sera une surprise pour personne au vu du titre de l’album, mais ce nouvel album de Porches a été créé pendant le confinement avec en ligne de mire l’envie de créer quelque chose d’à la fois direct et réconfortant. Un nouvel album qui puisera encore une fois dans l’intimité de son auteur, la preuve avec Okay.

Le morceau est une petite bulle de pop comme on les aime, guidé par la voix si unique de Maine et dans une veine bien moins contemplative que ce qu’il a pu nous offrir de mémoire récente. Une batterie bien présente et des guitares aériennes pour un morceau doux amer où il nous parle autant d’amour que de rejet, de roses que d’odeur de m… On sent par moment quelques petits rejets acides, notamment envers sa propre personne, mais le morceau reste volontairement positif.

Cette ambivalence, on la retrouve aussi dans la vidéo réalisée par Main lui même. Dans une ambiance très DIY, le chanteur se met en scène de manière très claire entre l’ange et le démon, comme si il cherchait à accepter ces deux parties de sa personnalité qui tentent de coexister comme elles le peuvent.

C’est au final tout ce qu’on aime chez Porches et ça nous rend forcément impatient quand à la sortie de son album et surtout d’un éventuel retour sur en France pour de futurs concerts.

ALIAS – Kyra Collins

On avait laissé ALIAS aux portes des enfers face à sa propre solitude et on est assez heureux de voir que le garçon va relativement bien. Il est en tout cas de retour avec une nouvelle histoire musicale qui porte le nom du doux noms de Kyra Collins.

Ici, il est question de nuits et d’un mode entre rêve et réalité ou l’on croise un être translucide qui nous visite la nuit pour nous faire basculer dans ses bras et aspirer les émotions qu’elle fait naitre en nous soir après soir. Alors même si la tristesse pointe parfois le bout de son nez, on attend le soir, avec impatience pour la retrouver et vivre malgré tout cet histoire d’amour contrastée profitant de la journée pour enregistrer sur bande nos histoires irréelles pour pouvoir continuer à se convaincre qu’elles existent.

Musicalement, c’est une autre facette que le québecois nous présente. Bien loin de la fureur de ses précédents titres, c’est une vibe émotionnelle qu’il nous présente, laisse exploser tous ses talents de crooner au cœur brisé sur des rythmes qui rendent hommage à la meilleure période des Beatles, entre les cuivres, les harmonies vocales folles et ce petit côté psychédélique qui nous plait tant.

Un nouveau coup de maître qui montre tout le talent et la liberté dont fait preuve ALIAS en attendant de découvrir IT’S NOT FUNNY SO STOP SMILIN’ son premier EP attendu pour le mois d’août.

The KVB – World On Fire 

Cela faisait un petit moment que nous n’avions pas entendu The KVB, ce duo britannique au son cold wave/shoegaze aux sonorités électroniques aussi rêveuses que dystopiques. Depuis leur album Only Now Forever (2018) et leur EP Submersion(2019) plus exactement, tous deux sortis sur Invada Records, le label de Geoff Barrow(PortisheadBeak>). 

Nicholas Wood et Kat Day nous reviennent cette semaine avec World On Fire, un titre gorgé de guitares hyptoniques où les voix des deux musiciens chantent à l’unisson des paroles de fin du monde : « Set the world on fire / Inside the flames / There is a light / That rose me in / I lose myself / A final trip / For what? » et questionnent notre apathie devant les nouvelles catastrophiques auxquelles nous sommes confrontés sans cesse. Le duo écrit du morceau : « Au fil du temps, nous nous sommes tous désensibilisés aux mauvaises nouvelles et aux événements horribles grâce à la télévision et aux médias sociaux. De la même manière que les gens ralentissent pour regarder un accident de voiture, on a l’impression que nous sommes tous devenus de plus en plus obsédés par le fait de regarder le monde en feu. » 

La vidéo qui accompagne le titre, réalisée par Kat Day, montre une tour de téléviseurs à la Nam June Paik (précurseur du video art), dont les écrans diffusent des catastrophes. L’image se déforme en des glitchs colorés, une belle métaphore du morceau et des temps que nous vivons.

World On Fire est sorti sur Invada Records et l’on espère découvrir plus de musique du duo pour bientôt. Les deux se produiront à Londres au Peckam Audio le 29 septembre.

ascendant vierge – La Vie D’avance

Mathilde a une actualité bellement fournie. Après la parution de son nouvel EP Sensible sorti en mai Dernier, la chanteuse continue de faire parler d’elle avec un titre mis en ligne cette semaine. Elle revient avec le projet Ascendant Vierge, duo qu’elle forme avec Paul Seul. Il apparaît de cette collaboration atypique, un laboratoire où techno et pop se mélangent pour donner un précipité troublant.

La Vie D’avance nous tient dès la première écoute, la voix cristalline de la chanteuse sur la production cognante du DJ forment une recette accrocheuse. On se laisse enchanter par cette cantatrice mystique accompagnée d’un génie fou en jogging.

La vidéo a été réalisée par Roxanne Gaucherand, elle met en scène une lumière épurée sur les deux artistes. Avec quelques touches de couleurs acidulées pour appuyer un univers cyberpunk, les images collent parfaitement à l’esprit qui se dégage du morceau. Ce condensé de sport en trois minutes va nous remuer quelques temps. Pour ne pas perdre la distance, il nous faut La Vie D’avance.

Swedish House Mafia – Lifetime ft. Ty Dolla $ign & 070 Shake

Après leur silence de plus de 8 ans, les Swedish House Mafia nous ont offert deux titres à quelques jours d’intervalles. Si le premier dénotait de leur répertoire par côté sombre et assez expérimental, Lifetime est ressemble beaucoup plus à ce qu’ont pu nous proposer par le passé les trois DJ. Adapter son univers à l’évolution de la musique électronique de ces dernières années semble être un pari réussi à l’écoute de ce nouveau morceau.

Côté clip, Alexander Wessely est une nouvelle fois aux commandes. La fin de sa dernière réalisation marquait le réveil des trois artistes. C’est également la genèse de ce nouveau clip. Le trio fait ses premiers pas dans un monde apocalyptique, surplombé de trois soleils, où rien ne semble subsister. Leur voyage les amène dans un cadre dont le sol est uniquement constitué de câbles et où les Swedish House Mafia peuvent se reconnecter au monde.

Geeeko – Level

Apparu sur plusieurs collaborations depuis la sortie de ses deux premiers projets (Réel et Iréel), le jeune talent bruxellois revient sur le devant de la scène avec un EP court de trois titres à l’intensité notable. Si ces deux premiers projets avaient pu montrer une cohérence et un univers marqué, Geeeko montre cette fois sa polyvalence avec ces trois titres aux ambiances différentes.

Pour accompagner cette sortie, il a décidé de sortir un court-métrage nommé comme le projet, Level. Une production visuelle à l’esthétisme marqué réalisé par Bonne Came. Scénarisé, le visuel s’inspire de plusieurs codes cinématographiques, on peut penser notamment au réalisateur Quentin Tarantino et ses fameux films découpés en chapitre avec une typographie proche de celle utilisée ici. Une fois le décor posé par une voix-off, l’artiste se retrouve chez une jeune femme, laissant l’ambiance sensuelle de Péché Mignon envouter la pièce. Une fois le morceau fini, il reprend l’ascenseur pour monter un étage et changer d’ambiance avec le banger OK.

Si l’esthétique reste la même, l’ambiance y est bien plus dark. La montée se poursuit et voilà le jeune belge déjà arrivé au dernier étage. Ambiance plus calme, mais pas pour autant moins chaude avec ses rythmiques afro endiablées. En 3 morceau, Geeeko impose une palette musicale assez large tout en continuant à exploiter son univers teinté par l’influence de la nuit et ses diverses facettes déjà présent sur ces précédents projet. Au niveau de l’esthétisme, il prouve encore une fois son goût pour les belles choses, emmenant facilement son public à travers ses différentes facettes. 

Isha – Maudit

La trilogie La Vie Augmente derrière lui, le tonton de Bruxelles, Isha ne veut pas en finir avec la passion qui l’anime, le rap. En train de préparer un nouvel album, il prévient et rassure son public avec un EP qualitatif audacieusement nommé Faites pas chier je prépare un album. Extrait de ce dernier projet en date, le morceau Maudit a été mis en image dans un clip produit par HK Corp. A travers ce visuel, le rappeur y balade son aisance et son flow calibré pour livrer un rap toujours aussi sciencé. Ego-trip et phase plus « consciente » pleuvent dans les 2 minutes 56 du morceau, prouvant que le bruxellois a toujours la plume aussi affûtée et que son prochain projet risque d’être prometteur.

ECHT! – CHARLIER

La scène Belge ne prend pas de vacances. Dans la même vague que STUFF., le quatuor Brussellois ECHT! partage un côté psychédélique, jazz mêlé d’électro, et un côté réptilien qui nous touche beaucoup. Aujourd’hui, ils nous présentent CHARLIER, nouveau single après 500 gr. qui marquait la relance du groupe après leur premier EP DOUF. Ils en profitent pour défendre ces nouveaux morceaux lors d’une tournée estivale à travers toute la Belgique, et on espère pouvoir rapidement les entendre dans nos contrées de l’hexagone. Au son, ça groove, ça lézarde avec nonchalance tout en balançant des vibrations rares. Côté image, ça crépite de partout, ça joue avec les effets visuels comme pour nous hypnotiser et nous emmener dans une folie de longue nuit. Par certains aspects, leur travail nous rappelle également celui des Lillois de Be4t Slicer. Du coup, on aime, on partage, et on va suivre ça de près.

Altın Gün – Kısasa kısas

Pour fêter la récente sortie de leur album Âlem, le groupe turco-néerlandais Altın Gün nous offre le titre Kısasa kısas. Pour ceux qui ne parlaient pas la langue d’Istanbul, il s’agit d’un texte tout en profondeur et en noirceur. Les paroles évoquent : “Bu bir kumpas, Şeytanın aklına gelmez, Yanlışı yanlışla düzeltmek mahareti / Un truc dont même le diable n’y a pas pensé : La capacité de réparer un mal par un autre mal.” La musique n’est pourtant pas terne ou obscure, au contraire elle semble lumineuse. A l’instar des paroles, on ressent comme si : “Hakikatler uzun müddet karanlıkta kalmaz / La vérité ne restera pas longtemps cachée dans l’ombre” Le clip réalisé par Grégoire Verbeke semble suivre cette luminosité, les images sont claires, on y voit des fleurs, des oiseaux et des grands espaces. Comme un hommage à la terre, d’autant plus que les bénéfices de l’album sont reversés à une association pour la protection de l’environnement. 

THEOPHILE – ILLUSION

Et si la vie, la mort, n’étaient qu’une danse ? Et si tout n’était qu’une grande illusion ? C’est ce qu’affirme le musicien illusionniste Théophile avec son titre Illusion. Bien que la musique soit dansante, le texte n’est pas pour le moins profond. En évoquant par exemple le fait de faire tomber les masques “J’ai besoin que tu me voies tel que je suis aujourd’hui.” Comme pour se détacher de l’autre, se réapprivoiser. Pour enfin (re)prendre confiance en soi et surtout en la vie. Suivre “nos étoiles que nous aimions, un sain principe de transition”. Il y a une grande idée de soutien et d’évolution, presque d’élévation dans ce titre comme dans ce clip. Réalisé par SEB & HUGO, le clip nous fait suivre les aventures de deux enfants. Leurs bêtises, leurs échecs, leurs jeux et leur victoire, comme une métaphore de la vie qui passe en nous faisant grandir. 

Franky Gogo – Welcome to Minustown

Il est temps pour Franky Gogo de nous présenter le troisième clip de son EP Fast and Too Much, sorti en novembre dernier : Welcome to Minustown. L’artiste nous entraîne dès le départ dans un univers décalé, où les règles lui appartiennent.

Quatre minutes dans un huis clos musical, où un petit orchestre va s’adapter au style electro du morceau, tout en gardant ses instruments. Ainsi la rythmique sera interprétée par un violon et un trombone, les basses par les violoncelles, et la voix par une flûte traversière, un saxophone et un triangle. L’équipe est divisée et se fait face, avec un cadavre aux pieds synchronisés à terre, une danseuse sur une barre de pole dance au centre, et notre pauvre Franky Gogo ligoté et bâillonné en fond.

Vous l’aurez compris, le cadre est surprenant, tout est restant captivant. Un autre monde atypique, dans lequel on se laisse entraîner sans difficulté, soutenu par une musique tout aussi singulière, ce qui marque au fer rouge l’identité de ce projet musical, qui décidément ne cesse de se réinventer. On hâte de voir dans quel cosmos visuel compte nous plonger Tatiana Mladenovitch, l’artiste derrière le masque de Franky Gogo, pour son prochain clip. 

Eugénie – Blue 

Loin de débuter dans le monde de la musique, Eugénie s’impose avec un style qui reprend la plupart des codes du hip-hop et un soupçon de pop. 

La chanteuse française reste évasive depuis quelques semaines sur ses réseaux, annonçant l’arrivée toute proche d’un nouveau projet. EP ? Album ? Nous le saurons bien assez tôt. 

C’est pour teaser ce nouveau projet qu’Eugénie a dévoilé cette semaine le clip d’un premier single : Blue. Un titre né il y a un peu plus d’un an, quand la chanteuse avait besoin de coucher sur le papiers toutes ses frustrations, ses doutes, ses peurs et notamment la peur d’avancer. C’est après que David Spinelli lui ait proposé une instru qu’Eugénie s’est lancé dans l’enregistrement de ce morceau d’une poésie intense. 

Elle se met également en scène dans un clip à l’esthétique aussi sombre que lumineux, dans un crépuscule bleuté. Comme Eugénie le dit elle même : « J’ai des façons d’être morose parfois lumineuses. »