Les clips de la semaine #91 – partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Tout de suite la seconde partie de l’épisode quatre vingt-onze des clips de la semaine.

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KALIKA – Chaudasse

Quelle violence dans ce nouveau titre de Kalika ! La chanteuse ne déroge pas à ses propres règles et, dans son style impactant, traite cette fois d’un sujet de société. 

Un paris risqué et pourtant payant, puisque Chaudasse reste en tête, autant par son texte que par sa rythmique ou son clip. 

Dans ce nouveau clip, Kalika se met en scène dans une caricature sociétale. Pourquoi une femme deviendrait-elle une “chaudasse” dès qu’un homme ose se vanter d’avoir eu un rapport sexuel avec elle ? Kalika s’offusque tout haut, alors que beaucoup pensent la même chose et/ou souffrent de cela tout bas. 

Elle met sa musique au service de la société en posant des mots et des rimes sur un sujet dur et rarement abordé dans le monde de la musique : le harcèlement sexuel. 

Le clip met en scène la chanteuse en femme avide de vengeance face à ses harceleurs, tous genres confondus. Les ragots, les on dit contribuent encore à faire la “réputation” de quelqu’un en 2021, et il faut avouer que cela est tragique. A coup de lance flammes, Kalika veut mettre fin à cette ère et remettre les choses à leur place : que chacun s’occupe de ses propres fesses. 

Paupière – Sade Sati

Sur fond d’éclipse et de chœurs sombres, Paupière présente un nouveau morceau : Sade Sati

Avec un rock percutant et des échos électro, le duo néo-romantique montréalais nous conte l’histoire d’une vie. Une vie avec ses étapes, ses histoires et les cicatrices qu’elle peut laisser. 

Ne s’éloignant jamais trop des décors fleuris et des ambiances sombres, Paupière propose ici un clip aux allures de vanités, où fleurs fanées et clairs obscurs viennent nous insuffler des idées de temps qui passe et de fin d’un cycle. 

Leur album Sade Sati est disponible depuis le 7 mai dernier et ce n’est pourtant qu’aujourd’hui que le groupe révèle le projet du clip du titre éponyme. Le temps de prendre le temps et de faire les choses correctement pour ceux qui se positionnent comme le devenir de la chanson francophone. 

Adrien Legrand – Premier pas

Il est parfois nécessaire qu’un clip colle à la musique qu’il est sensé mettre en avant. Que ce soit à cause du story-telling ou de certains éléments explicités dans le morceau.

Avec Premier Pas de Adrien Legrand, l’histoire est un peu différente, il s’agit ici avant tout de retranscrire des émotions et des sensations, un certain retour à l’enfance, à la pureté et à la naïveté, sujets principaux qu’il traite dans Premier Pas, morceau pop en apesanteur qui nous entraine dans cet endroit étrange qu’on retourne parfois explorer,entre l’enfance et l’age adulte.

Il a ainsi fait appel à Anaïs Maïane Jerafi pour illustrer son morceau. L’artiste nantaise à choisi de transformer le tout en clip animé à la gouache, choisissant des couleurs primaires pour un rendu apaisant, poétique et assez flou pour que le tout puisse rester à la libre interprétation de celui qui écoute et qui regarde.

Le tout est beau et nostalgique, à l’image de ces souvenirs d’enfances qui nous bercent parfois avant que la réalité ne vienne reprendre sa course.

Corentin Ollivier – An Ear and a Shoulder

Corentin Ollivier continue de dévoiler les pièces du puzzle musical de son premier album, Into pieces.

Un travail de reconstruction amoureuse et de redécouverte intime qui donne naissance à un album à la pureté assez folle et aux émotions qui, malgré le calme apparent, se transforment en véritable tourbillon qui nous emportent avec elles.

Parce qu’on a tous eu le coeur brisé et qu’on s’est tous retrouvé parfois plus bas que terre, il est impossible de ne pas se rattacher à la musique du musicien.

C’est une nouvelle fois le cas avec An Ear and a Shoulder, petite merveille folk qui nous bouleverse dans sa façon de raconter les souvenirs et les choses qui s’effacent pour mieux nous hanter. Il y est question d’amour manqué et de présence qu’on n’oublie pas.

Et pour ce genre de morceau quoi de mieux qu’une session live ? Une vidéo épurée, toute en simplicité qui nous ramène au centre de ce qu’on aime : de la musique humaine, sincère et touchante. Alors on dit merci, on écoute, on regarde et on sèche tranquillement la larme qui coule le long de notre joue.

Laura Cahen & Yael Naim – Coquelicot

Parfois, les idées les plus simples sont les meilleures, quoi de plus logique alors que de retrouver Laura Cahen & Yael Naim au milieu d’un chant de coquelicots pour leur titre … Coquelicot.

Elles nous offrent ici une session live sur le fil de l’émotion, bien aidée en cela par l’apparition du Stranger Quartet ainsi que les sons discrets des criquets et du monde qui vibre aux alentours. En une seule prise, la caméra Zacharie Ellia bouge en permanence dans ces champs à l’esthétique graphique idéale.

Comme dans le morceau, le ciel se fait légèrement menaçant, un peu gris alors que les deux artistes, dont les voix s’alternent avant de se mélanger, s’interrogent sur l’amour, celui qui fane et qui blesse et à travers lequel on se demande si il finira un jour par refleurir et nous apporter sa chaleur et sa douceur à nouveau.

Un morceau doux-amer mais baigné d’une tendresse assez pure à l’image du superbe une Une Fille de Laura Cahen qu’on aura le plaisir de retrouver sur scène à la rentrée, notamment avec un passage au grand mix.

Pearl & The Oysters- Soft Science (feat. Kuo)

On l’a sans doute déjà dit ici plusieurs fois, mais souvent, le retour de certains groupes met notre cœur en joie. Comme des petits papillons qui palpitent et explosent dès qu’on pose notre casque sur nos oreilles et qu’on appuie sur play.

Pearl & The Oysters fait très sans aucun doute partie de ces groupes là. Le duo français le plus américain de la planète pop annonce donc son troisième album Flowerland et nous offre un nouveau single intitulé Soft Science, l’occasion pour eux de partager pour la première fois un titre avec Kuo.

Comme toujours, il ne faudra que quelques secondes au groupe pour nous noyer dans un océan de douceur, déversant avec leur maestria habituelle le miel que nos oreilles réclament en ces temps parfois troublés.

Pour l’illustrer, Salvador Cresta s’est inspiré du visuel de Ardneks pour nous offrir une vidéo à l’esthétique DIY toujours superbe et aux influences clairement ancrées dans les 70’s. Au programme, beaucoup de couleurs, un poil de psychédélisme et des petits champignons magiques ici et là.

Idéal pour patienter jusque la rentrée pour découvrir Flowerland.

Mackenzie Leighton – Mona by the Seaside

Ça y est, l’été est arrivé !  Alors on sort de notre dressing les shorts et robes à fleurs en prenant soin d’apporter un maillot de bain pour piquer une tête dans l’eau. Tout est prêt pour profiter du soleil… sauf si on oublie quelque chose : la musique. Quelques airs ensoleillés comme ceux de Mackenzie Leighton sauront nous ravir. Avec le titre Mona by the Seaside, on fait la rencontre de la chanteuse dont la voix tant profonde que sensible nous touche. Le chant est si léger qu’il semble s’envoler, être presque vaporeux et insaisissable comme un amour de vacances. Et c’est le propos qu’on devine dans les paroles. Un texte porté par une mélodie joyeuse, proche de la bedroom de Girl in red ou de l’indie de Mac DeMarco. En somme, que de bonnes ondes. Le clip est à l’image de la musique : doux, et précieux comme un souvenir. La réalisatrice Mona Boitière parvient à nous faire rêver de l’été qui pointe son nez. 

Thomas Guerlet & Miki Duplay – Dis, Quand Reviendras-tu? (Barbara cover)

Parfois l’absence d’un être aimé peut être perçu comme un abandon, une blessure, une déchirure. Alors, on espère son retour, on attend, on attend jusqu’à ne plus se sentir vivre. Face à ce douloureux constant Barbara écrivait : “Si tu ne comprends pas qu’il te faut revenir, Je ferai de nous deux mes plus beaux souvenirs, Je reprendrai la route, le monde m’émerveille,

J’irai me réchauffer à un autre soleil, Je ne suis pas de celles qui meurent de chagrin, Je n’ai pas la vertu des femmes de marins.” La chanson Dis, quand reviendras-tu ? par sa justesse reste une chanson intemporelle. Reprise de multiples fois comme s’il s’agissait d’un remède ancien qu’on se passerait de génération en génération. Cette fois-ci c’est au tour de Thomas Guerlet & Miki Duplay de nous faire passer le message. La mélodie semble plus joyeuse, plus pop, acidulée et dansante. Une pointe de modernité qui s’ajoute à un renouveau du chant. Certaines phrases sont parlées, murmurées, comme un secret.

Oete – Pendant que les champs brûlent

Se prêter à l’exercice de la reprise est souvent difficile car il faut garder l’âme du titre d’origine en parvenant à affirmer son empreinte artistique. Oete réussi à garder ses influences dans sa reprise de Niagara. Pendant que les champs brûlent prendalors une tournure plus minimaliste, peut-être plus moderne ? Même si l’on retrouve une boîte à rythme, les chœurs et d’autres instruments semblent moins présents. Une reprise à l’instar du clip réalisé par Jerome Ghern. Puisque l’on voit le chanteur dans de grands espaces émeraudes et solitaires. Avec cette reprise, le musicien parvient à affirmer son style électronique et puissant, tel un cavalier seul. 

Milena Leblanc – La Noce de Milena

Nous avions craqué lors de ses premières collaborations avec Lewis Ofman, où elle accompagnait de sa voix fragile les productions duveteuses de L’Amour au Super U ou celles tendres de Plein de Bisous. Dans la Noce de Milena, nous retrouvons son flow, si particulier, qui évolue tel un funambule évoluant sur sa corde. Un jeu d’équilibriste qui n’est pas sans nous faire penser à la fragilité qui émanait des premières chansons de Charlotte Gainsbourg ou encore des intonations d’Isabelle Adjani dans son Pull marine. La musique qui rythme la chanson se fait l’écrin de la fuite de Milena dans les rues du Havre depuis l’Hôtel de Ville entre les courbes du Volcan d’Oscar Niemeyer et les droites – horizontales ou verticales – des bâtiments d’Auguste Perret. Au fur et à mesure de son échappée vers la plage et la mer, le tulle de sa robe de mariée évanescente se fond en des plumes qui révèlent des ailes. La métamorphose se termine en une élévation qui en fait un ange et nous laisse virevoltants comme suspendus aux dernières notes aériennes du morceau.

Genoux Vener – Orage

Pour fêter la sortie de leur tant attendu nouvel EP, ImpairGenoux Vener met en images Orage dans un clip aux teintes saturées et aux multiples touches orangées mais aussi à la tonalité grave. Le script évoque tour à tour La bicyclette bleue avec Chloé en Laetitia Casta ou encore Duel de Stephen Spielberg avec une twingo première génération dans le rôle du funeste et angoissant camion. Mais si le scénario nous fait frémir devant tant d’effroi, dans le monde de Genoux Vener, bercé par sa synthpop délicieusement acidulée, tout se finit bien. L’apparition d’une méhari orange – lumineuse comme le soleil – conduite par Pauline et ses comparses – dissipe l’orage qui menaçait de gronder. La solidarité, la joie et la gaieté l’emportent sur la solitude, les craintes et l’anxiété. Et alors Genoux Vener – OrageImpair, passe et gagne. 

Courtney Barnett – Rae Street

Et c’est avec une balade intime et mélancolique que nous clôturons les clips de la semaine. Courtney Barnett vient de révéler Rae Street, un morceau tendre dans son style folk personnel, décrivant les banalités d’une rue ordinaire qu’elle observe de sa fenêtre. Un tableau de la vie sub-urbaine où la musicienne australienne y partage ses observations sur les gens et le temps qui passe dans cette routine visible qui cache bien souvent une autre réalité : « Lay it all on the table, you seem so stable, but you’re just hanging on. Let go that expectation, change the station, find out what out what you want.” La vidéo réalisée par W.A.M. Bleakley montre la musicienne jouer tous les rôles des protagonistes du voisinage, tondant le gazon, promenant des chiens ou bien chantant sur les posters de la rue…

Rae Street est le premier single du prochain album que la musicienne originaire de Melbourne vient d’annoncer. Il s’intitulera Things Take Time, Take Time et sortira le 12 novembre prochain.