Les clips de la semaine #81 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Tout de suite, la première partie du quatre-vingtunième rendez vous des clips de la semaine.

Nagoya clip extract

Johnny Jane – Maintenant 

L’artiste qui a collaboré avec des noms de la scène française tels que joanna ou bien Hyacinthe signe son retour cette semaine avec son dernier clip pour son titre Maintenant. Le rendez-vous pris, nous retrouvons l’artiste de 23 ans avec un clip à son image, épuré et filmé en plan-séquence. Comme une habitude prise, Johnny Jane nous embarque pour une aventure. Celle-ci est visée vers le ciel, et qui sait, sur une autre planète?

Réalisé par Carl Amiard et accompagné d’une colorimétrie une fois de plus soignée, l’artiste réussit parfaitement à nous porter avec lui. Musique et image ne font qu’un. Johnny Jane fait définitivement partie de ces artistes qui ne déçoivent jamais et qui a le dons pour vous embarquer dans son univers le temps d’un clip. 

black midi – slow

Nouveau titre dévastateur pour les londoniens black midi. A l’approche de la sortie de leur deuxième album Cavalcade le 28 mai prochain sur le label Rough Trade, le groupe dévoile slow réalisé par Gustaf Holtenas qui scénarise trois personnages qui finissent tout simplement déstructurés dans leur quête : le premier est en animation, le deuxième est un combattant médiéval en 3D et le troisième est un être humain graphiste. Leurs destins sordides fait le parallèle à l’histoire narrée par la bande : celle de la jeunesse idéaliste et révolutionnaire qui se fait assassiner mochement par une force oppressante. Le réel ou le virtuel se retrouvent donc conjointement sans issue face à l’apocalypse. Bonne ambiance.

Au-delà de ces dystopies, black midi se démarque par sa perversion de l’expérimental et leur talent à tenir un rythme musical totalement saccadé et imprévisible. slow comporte ainsi plusieurs saveurs entre le math rock et la fusion jazz dissonante, parvenant à garder cette atmosphère tendue et ravageuse.  Ils n’ont pas fini de nous surprendre ! Et c’est avec plaisir que le clip est accompagné de l’annonce d’une tournée, notamment en France (Paris, Rennes, Lyon, Lille) en novembre et décembre prochain. On a hâte !

girl in red – serotonin

serotonin est le premier morceau qui figure sur l’album de Marie Ulven, que l’on connaît tous sous le nom de girl in red. Alors que ce tout premier album, if i could make go quiet vient de sortir il y a quelques jours, la chanteuse norvégienne avait déjà dévoilé le morceau serotonin le 3 mars dernier. 

Le titre, co-produit par FINNEAS, est une immersion dans l’esprit de girl in red, esprit qui ne cesse jamais de tourner. Cette fois, il semblerait que la chanteuse norvégienne s’essaie à de nouvelles sonorités puisque ce titre sonne particulièrement rap, étonnant et épatant.

Le clip est à l’image de la chanson qu’il accompagne : toujours en mouvement, simple et vivant. On y voit girl in red courir, rire, chanter, vivre et ça met clairement du baume au cœur. 

Niki Demiller – Call center

« Une histoire d’ultra solitude dans un monde ultra connecté », voilà comment Niki Demiller résumerait son dernier morceau : Call center.

Nostalgique et ancré dans une réalité froide et morose, ce titre pousse à réfléchir sur les relations humaines et les relations déshumanisantes. « Attendez je voudrais discuter », le rockeur Demiller lance un appel à l’aide, tente de se raccrocher à des interactions futiles qui sont celles des employés des call centers.

Comme à son habitude, Niki Demiller n’hésite pas à plonger tête la première et à mettre les pieds dans le plat pour aborder des sujets lourds de sens, importants et pourtant oubliés du grand public. 

Bon Entendeur feat. Sofiane Pamart – Alba

Alba, c’est le deuxième titre du prochain album de Bon Entendeur, pour lequel ils collaborent avec le pianiste Sofiane Pamart

Minuit, le titre de l’album sonne comme une invitation, comme une incitation à découvrir ce qu’il se passe dans la nuit noire. 

Pour ce second clip est d’une beauté impressionnante. Alba est une histoire, un moment de vie. Il est minuit et une femme marche dans les rues devant l’Opéra national de Paris, avant d’y entrer. Dans ce lieu : rien ni personne, si ce n’est Sofiane Pamart, installé en haut des marches avec son piano et jouant une douce mélodie. La femme, c’est Marion Gautier de Charnacé, danseuse du Ballet de l’Opéra national de Paris. En entendant la mélodie jouée par Sofiane, elle s’anime et se met à danser dans les pièces de l’opéra. 

Avec ce clip en noir et blanc, Bon EntendeurSofiane Pamart et Aurélie Dupont, Directrice du Ballet de l’Opéra national de Paris expriment un message fort, la culture continue de s’éveiller, de nous émerveiller et la culture se relèvera de cette période cruelle. 

Hemmen – Mirage

Voyage au cœur des pensées de Félix Hemmen, avec son tout nouveau titre : Mirage. Le chanteur composé, écrit, interprète et s’investît dans chaque infime partie du projet musical Hemmen. Cette fois, Félix s’exprime en français, un exercice peu évident pour le chanteur qui avait jusque là l’habitude de changer en anglais. 

Mirage, c’est un plongeon dans son univers, dans sa tête. A une atmosphère surnaturelle s’ajoute une histoire de fantôme onirique, qui nous transporte dans ces infras-univers qui font partie de la culture du chanteur et qu’il met désormais en avant, comme pour se dévoiler lentement. 

Quant au clip, entre visions presque psychédéliques et plans sur le visage pensif de Félix, on sent ici comme une sorte d’intimité qu’il partage avec nous, une réelle invitation à rentrer dans son monde. 

Un titre qui annonce d’ailleurs la sortie d’un second EP, prévue pour le 28 mai prochain. 

The Kid Laroi Ft Miley Cyrus – Without You

Après le buzz qu’a été son titre Without You, The Kid Laroi s’est retrouvé en haut des tops. Pour donner une seconde vie à ce morceau, il a choisi la chanteuse Miley Cyrus, elle aussi adepte du haut des classements. Pour mettre en image cette collaboration les deux artistes ont pu compter sur la chanteuse américaine qui a dirigé le clip. Ce qui frappe directement au lancement de ce visuel, c’est la complicité qui règne entre les deux artistes. A base de câlins, rires ou jeux de regards, ils semblent s’être bien trouvé et cela se ressent également dans l’alchimie musicale qui émane du morceau. Si les deux artistes semblent vivre une vie de rêve ensemble, le propos de la chanson contraste avec cette vie de couples idyllique, en appuyant aussi les séquelles que des relations aussi intense peuvent laisser une fois qu’elles prennent fin. Cette dualité entre le clip et le morceau prouve que les relations humaines ne sont jamais toutes noires ou toute blanche et que quand la passion est présente, les extrêmes sont eux aussi proches.

Emmit Fenn – Edge Of The Dark

Sorti il y a un peu plus d’une semaine, l’album Far From Here d’Emmit Fenn continue son lancement avec la sortie du clip du titre Edge Of The Dark réalisé par Samy Mosher. Scénarisé, ce visuel à des airs de court-métrages qui suit l’histoire d’un homme possédant un physique différent des normes imposées par la société. Une différence qui le suit depuis petit et qui l’a toujours séparer des autres enfants de son âge.

Depuis toujours il a été mis de côté et a du se forger seul. Une solitude qu’il connait et qui est exposée dans ce clip. Le jeu sur les couleurs sombres et dorées et les grands espaces froids dans lequel le protagoniste évolue viennent sublimer cette solitude sans laisser de côté sa partie plus sombre. Une atmosphère également portée par la voix aérienne du chanteur.

Petit à petit, cette solitude se transformera en force et il se rendra compte que vivre avec cette différence ne peut faire de lui quelqu’un d’unique. C’est à ce moment de transition que l’atmosphère du morceau évoluera pour laisser place à une musique plus électronique et rythmée. Le visuel prend également une autre tournure, les lumières sombres laissent progressivement place à la clarté dans la pièce. Une clarté qui se retrouva également dans les yeux du protagoniste qui semble avoir retrouver l’espoir.

Jazzy Bazz, Edge, Esso Luxueux – Private Club

L’ouverture de ce club très sélecte à enfin vu le jour avec la sortie du projet vendredi passé. Pour l’occasion, les trois propriétaires ont fait le tour du propriétaire de leur Private Club dans le clip du morceau éponyme réalisé par Loic Ogier. Si vous ne pouvez pas aller à la fête, c’est la fête qui viendra à vous, voilà la volonté des trois artistes avec cette sortie visuelle.

C’est avec leur charisme naturel et une instrumentale des plus efficaces signée Wavyvaye qu’ils vont réussir à faire décoller les yeux de son téléphone à cette jeune fille en train de scroller sur son téléphone (les vendredis soirs étaient quand même bien plus fun avant). Heureusement pour elle, elle ne résistera pas longtemps à l’invitation à la fête qu’est le premier couplet d’Edge. Enchainera Esso Luxueux qui sort de la brume avec un couplet à la fois incisive et planant dont lui seul à le secret. Il ne manquera plus que le couplet de Jazzy Bazz pour brouiller les ondes et rendre véritablement folle leur téléspectatrice.

A l’origine du scénario de ce clip, le trio a su où il allait avec ce projet en l’accompagnant d’une direction artistique particulièrement bien travaillée. 

Slimka – Hollywood

Cela fait un moment que le Suisse, Slimka divulgue clip par clip. Une productivité qui continue de forger son esthétique avant de balancer un projet plus conséquent. Accompagné par les vidéastes de chez Exit Void, il installe une ambiance très californienne dans son dernier clip, Hollywood.Malgré cette ressemblance avec la Californie, le rappeur garde des éléments asiatiques dans son visuel, rappelant ces derniers clips et confirmant son envie d’accompagner sa musique d’une vraie direction artistique travaillée.

En futur star qu’il est, l’artiste se plonge déjà dans ce quotidien particulier. Entre tournages vidéo et course poursuite avec ses fans les plus hardcore, Slimka navigue avec aisance, montrant qu’il est plus que prêt pour ce statut et qu’il attend de pouvoir l’exécuter avec impatience. En attendant, il enchaine les tournages de clips et les sessions studios pour livrer une musique chargée en bonnes énergies. 

Amber Mark – Worth It

C’est depuis la mégapole New-Yorkaise qu’Amber Mark compose, produit et interprète sa musique. Un processus créatif qui peut prendre du temps quand on est le seul responsable de son art. Cela fait donc un an qu’elle n’avait rien dévoilée, avant de revenir avec Worth It et le clip qui l’accompagne réalisé par Cara Stricker et l’interprète. En enchaînant les plans plus beaux les uns que les autres et les pas de danses, l’artiste veut que le message transmis par sa musique résonne.

A travers ce titre, elle envoie une bonne dose d’énergie pour ceux qui ont peur de se lancer en essayant de les éclairées par sa soul entrainante. A travers ce morceau et ce visuel, on peut également voir que ce message s’adresse à elle.

Évoluer dans un milieu aussi rude que celui de la musique n’est pas toujours facile, et se motiver à persévérer malgré les coups dur est également une des volontés de Amber Mark à travers ce titre.  Après un an sans morceau, la chanteuse prépare un retour plus conséquent dont ce titre n’est que le premier extrait.

BLOWSOM – Am I Gonna Get You?

Blowsom est déterminé dans ce nouveau clip. En effet, vêtu de son plus beau chandail et encore une fois chaussé avec sa meilleure paire de mocassins, il a pour objectif de séduire une fill qui ne le remarque pas.

En effet, elle préfère ses livres, passer du temps sur son téléphone ou encore préférer la compagnie d’un autre garçon… le tout avec le BO d’un titre des plus addictifs. Am I Gonna Get You ? si n’est pas un  morceau des plus simple à prononcer, il a néanmoins la force pour rentrer dans notre playlist !

Comme le clip, le dénouement est heureux et tout est bien qui fini bien. 

Lothar – Être Prêt

Après Vésuve, Lothar partage avec Être prêt un deuxième extrait qui ouvrira son premier album Distorsions à paraître le 18 juin. Lancé par des nappes de synthétiseurs teintés cold wave, le rythme toujours lancinant s’emballe comme lorsque soumis à un fort stress, les battements de son cœur montent en tachycardie. Accompagnant ces impressions de palpitations sonores, le flow intériorisé et saturé de Nathan Herveux égraine un texte où l’on évoque une résignation, entre renoncement et acceptation forcée. C’est l’issue fatale qui engendre ces pulsations instinctives.  Comment faire front lorsque souffle la tempête Lothar, puissante et irrésistible ? Le ton grave est accentué par des chœurs ponctués de circonvolutions musicales comme des arabesques. Il n’y aura pas d’accalmie cette fois-ci, « Avoir peur ne sert à rien, tu te détends, tu comprends c’est pas toi qui décide de la fin ».

Pour mettre en images ce morceau, Lothar a de nouveaux fait appel aux talents de Margaux Dinam pour une illustration animée par Charly Josse. Elles avaient déjà réalisé l’enrobage graphique des clips Dans le noir et Les animaux

Venus Furs – Page Before

On vous avait parlé il y a quelques temps de Venus Furs, le premier album du musicien éponyme (Paul Kasner de son nom de ville), un bijoux de shoegaze aux soundscapes cinématiques bercé d’une aura sombre et mystérieuse. Cette semaine le musicien montréalais nous présente la vidéo de Page Before, un morceau à l’énergie orageuse, porté par des guitares vaporeuses et un chant urgent. Le morceau s’amplifie en un tourbillon de basse et nous plonge dans un chaos hypnotique. Les paroles pourraient être une nouvelle à la Edgar Poe. Le “narrateur” y assiste à une fête et s’aperçoit bientôt qu’il s’agit de sa propre veillée funéraire…

Paul Krasner a fait appel à Justis Krar (IMMV Productions) pour réaliser une vidéo aux images énigmatiques psychédéliques, où celles-ci se fondent et se transforment en textures glitch kaléidoscopiques. On se laisse hypnotiser !

Page Before est la dernière vidéo du dernier morceau de l’album que le musicien perfectionniste aura mis près de 5 ans à enregistrer. Venus Furs est sorti sur son label Silk Screaming et nous vous en conseillons fortement l’écoute !

Anika – Finger Pies

Anika a quelque chose d’insaisissable. Peut-être que c’est dû au fait qu’elle s’est faite plutôt rare ces dernières années, (son dernier opus à son nom , Anika EP, date de 2013). On l’avait aperçue pour un concert à FOLD (Londres), avec HTRK, une nuit de septembre 2019, et depuis plus rien. Elle crée la surprise cette semaine en sortant Finger Piesun morceau en apesanteur, élégant et introspectif. Une basse répétitive et chaude pose la base sur laquelle viennent se fondre des sons électroniques et des riffs de guitare métalliques et donnent place la voix à la fois douce et distante si reconnaissable de la musicienne. Les paroles y sont incertaines, en recherche d’équilibre : “There is your monster / That you hate yourself / Afraid / Afraid of you” ou encore : “Writing is useless / My intention / You gave me the push / My intention / My intention is / Call me / Call me when you want”… Le morceau est en suspend, une situation d’« entre-deux » qui sied à la situation actuelle. Anika cultive son son expérimental épuré et une image énigmatique de personnage de films à la Wim Wenders.

Finger Pies est sorti sur Invada Records, le label de Geoff Barrow (Beak>>, Portishead) qui avait produit son premier album Anika (2010) ainsi que sur Sacred Bones la maison de disque d’Exploded View (projet sur lequel elle a travaillé entre temps). Il paraît que l’on pourrait s’attendre à plus de musique d’Anika en 2021. On a hâte de découvrir la suite !

Nagoya – Scared of Your Love

Si vous ne connaissez pas encore Nagoya, rassurez-vous. Le nom est tout frais, même si l’équipe derrière a déjà du vécu sous le pseudonyme de New Blow. Ce changement sonne un nouveau départ pour les Lillois qui présentent cette semaine un deuxième single : Scared of Your Love. Au programme, la même vivacité émotive mais dont les sonorités paraissent plus apaisées que les guitares saturées qu’on connaissait précédemment. Plus doux, plus amer aussi dans le texte, et avec un travail à l’image particulièrement réussi par Jérémy Martineau qui se révèle de plus en plus dans ce rôle de réalisation. On ne sait pas encore si ces morceaux donneront naissance à un premier EP ou un premier album mais les premières graines qui sont semées sont prometteuses. New Blow est mort, longue vie à Nagoya !