Les clips de la semaine #78 – partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie du soixante dix-huitième rendez vous des clips de la semaine.

Franky Gogo – The Purple Rest

C’était un de nos derniers lives reports en octobre dernier, c’est non sans nostalgie que nous accueillons le retour de Franky Gogo sur La Face B.

Ce dimanche, on vous propose de découvrir le second clip de son EP Fast & Too Much : The Purple Rest. Un court-métrage à l’esthétique très singulière, surfant sur un style entre David Cronenberg et Bertrand Mandico. Nous suivons ainsi un homme, semblant être en quête de quelque chose, que Franky Gogo va aiguiller vers la Love machine. Curieux appareil à l’apparence étrange, presque organique, à la surface visqueuse et gluante. Mais une machine portant bien son nom, puisqu’il semble impossible de ne pas éprouver une forte attirance à son égard. Nous ne pouvons qu’être témoin de la transe dans laquelle rentre notre protagoniste, sans arme face au pouvoir attractif de l’engin.

La voix aérienne de Franky Gogo accompagne cette expérience on ne peut plus sensorielle, bercée par une douce réverbe de clavier. 

Charlotte Fever – La Fille du Ciel

Juste à temps pour la Saint-Valentin, Charlotte Fever avait sorti son deuxième EP Erotico dont les braises ardentes nous ont réchauffées en plein hiver. Inspiré de ses cinq chansons, l’EP est accompagné d’un recueil de nouvelles érotiques écrites par l’auteure Lucie Brémeault et illustrées par cinq artistes.

La nouvelle inspirée par la chanson La Fille du Ciel avait été mise en musique, dans son intégralité, et avait fait l’objet d’un premier clip – La fille du ciel (Minitel Edition) – précédemment sorti en octobre 2020 ; une lecture musicale, tout comme une présentation du projet qui allait prendre vie quelques mois plus tard.

Aujourd’hui, nous retrouvons dans la vidéo non plus la nouvelle érotique mise en musique mais le morceau présent sur l’EP. Et si le minitel a disparu de l’image, l’atmosphère reste toujours calée sur l’insouciance et la légèreté des années 80. La bande son se joue à la Giorgio Moroder – lignes de basse omniprésentes, synthé analogiques et riffs de guitare funky. Le parlé-chanté d’Alexandre – avec ses intonations gainsbouriennes – se mêle au chant mélodieux et légèrement psyché de Cassandra. Sur cette scène, tout brille, scintille. Pimpé de facettes et d’étincelles, notre duo caliente tournoie dos à dos comme une boule disco. La fille du ciel,  » strass et paillettes de Vénus, couleur d’or de Mercure » , descend lentement les rejoindre. Le glitter se joue sensuel et luxurieux comme dans une bande dessinée de Barbabella ou de Milo Manara. Nous y trouverons de quoi pigmenter nos soirées confinées en attendant des jours meilleurs. 

MOUTARDE & MIEL – Le brasier

Surprise ! c’est le nom du mini-album de Moutarde & Miel paru ce vendredi. Une surprise ? pas vraiment tant le groupe vit dans l’inconscient collectif depuis un petit moment déjà. Avec cette premier « vraie » sortie, le groupe part à la conquête de son public avec un album concept aux transitions étranges et qui développe une vraie histoire à travers un R’n’B mouvant et attachant.

Au milieu de cet album, on trouve Le Brasier, morceau en apesanteur, porté à la fois par une vraie douceur et une violence sous entendue et presque inquiétante. Le morceau parle de l’amour, celui qui né et qui meurt, celui qu’on essaie de nourrir pour rallumer le feu autant que le faire durer mais qui finit à un moment ou un autre par brûler si on n’y fait pas attention.

Et si les membres du collectif Quinze Quinze font de la musique, ils portent un soin tout particulier à leur visuel que ce soit leur photos de presse ou leur clips. La preuve une nouvelle fois ici avec cette vidéo filmé au format téléphone ou l’on suit un couple dans des ambiances entre l’onirisme et le film d’horreur. Un vrai court métrage ambitieux qui se déroule sous nos yeux et qu’il est important de découvrir sans apriori pour en découvrir toutes les surprises.

WASSAILER – Trad

Il y a quelque chose de profondément lumineux dans le Trad de Wassailer. Entre la boucle de flute, les percussions entêtantes, les chœurs ou les parties plus aériennes, le musicien pose sa voix entre le hip hop et la soul et nous embarque avec lui pour trois minutes de bonheur montre en main.

Et si le morceau a cette vibe joyeuse, son sous-texte est loin d’être léger. Wassailer nous invite à lâcher prise, à faire des petits pas nécessaires vers le bonheur, tout en n’oubliant pas d’envoyer un scud à tout ceux qui portent cette idée par cynisme, nous poussant à accepter les choses tranquillement installés dans leur bureaux en comptant leur billets. Wassailer pousse lui à l’unité autant qu’à la révolte, à accepter les choses dans le but de les améliorer.

La vidéo de Theodora Mototolea garde ce côté simple, cette urgence primaire et cette joie communicative. Un fond blanc, des tenues similaires et une chorégraphie millimétrée pour nous embarquer avec elle et nous offrir une petite dose de bonheur bien méritée.

RED FANG – Arrows

Des katanas et de l’humour à papa ? Les Red Fang sont plus en forme que jamais. Le confinement leur à donner de très bonnes idées, telle que celle de sortir un nouvel album très prochainement ! Tout débute par un colis de forme allongée.

Façon sitcom, on retrouve les membres du groupe buvant leur tisane dans un canapé confortable, découvrant l’objet du désir. L’entièreté du budget clip ayant servi à financer un superbe katana, ils commencent à ravager leur jardin à coup de lames et punchlines ravageuses. S’ensuit un ninja fruit en live et expériences saugrenues, comme des gamins un peu désemparés. Guerriers un peu foireux, ils sont pourtant déterminés à vivre de leur art. Sous couvert du délire, ça joue, et ça joue fort.

Hymne à la méditation (si si) ils balancent les gros riffs métal et les cymbales qui crashent. Et pour la première fois, on vous recommandera aussi de lire le dossier de presse en commentaire sous le site, c’est un régal.

Vertical – Dear Friend

Le groupe de Saint-Nazaire Vertical se tourne directement vers nos voisins britannique avec un clip qui fleure bon le sel marin. Guitares dream pop, rythme post punk et un timbre de voix légèrement éraillé, c’est un superbe titre un peu planant qui monte en puissance au fil des minutes.

Ode à l’amitié, on retrouve les membres du groupe sur les plages françaises entourés de leurs proches pour des moments simples mais touchants. On ne peut nier que le titre résonne particulièrement en ce moment, où le manque de contact social n’a jamais été aussi présent et que l’on se retrouve isolés de nos proches. Au final, on a besoin de si peu.

Crumb – BNR

Le groupe de pop psyché Crumb nous avait prévenu, ils sont de retour et ont la ferme intention de nous embarquer dans leurs trips mentaux. Les premiers titres dévoilés sont dans leur pure zone de confort, mais c’était tout ce que l’on demandait. Une batterie un peu groovy en lofi, une guitare toute en retenue, et surtout la voix de Lila, d’une douceur absolue.

Obsédée par les couleurs noir et rouge, elle nous embarque dans son trip à travers la ville. Clip en noir et blanc centré sur son visage et ses macarons, le rouge vient faire irruption dans un break musical puissant. Bourrés de détails étrange, il plane comme une sensation de malaise malgré la douceur du titre. Ce dernier s’offre même une petite version symphonique dans une scène finale digne de Midsommar.

LaFrange – Nightmare

Après le clip Everything’s Fine sorti il y a un peu plus d’un mois, la jeune chanteuse française LaFrange révèle un tout nouveau clip, celui de Nightmare. Une musique folk, toujours aussi pleine de délicatesse et le choix de l’anglais. Nightmare est issu du 2nd EP de Zoé Seignouret, alias LaFrange, Everything’s Fine, qui est sorti au mois de janvier. Pour ce nouveau clip, le choix a été fait du noir et blanc, un noir et blanc, abîmé, vieilli, qui nous amène plus vers des teintes de gris. Les images tournées par Quentin Pépion se concentrent sur le visage de la chanteuse, entrecoupées de scènes où on a l’impression d’être dans une caméra embarquée, qui suit ses déambulations dans la ville. Les couleurs se modifient progressivement, passant par le filtre rouge, jusqu’à se terminer par un retour à la normale, même si les couleurs restent pâles et délavées. Nightmare se présente à nos oreilles comme un titre sombre et mélancolique, les instrumentations acoustiques sont d’une finesse extrêmement bien choisie pour accompagner ce morceau d’une grande sensibilité. Un morceau dans lequel LaFrange se remémore, avec nostalgie, ses amours fanés, sa voix perçant de toute sa fragilité.

Charlotte Adigéry – Bear With Me (and I’ll stand bare before you)

Elle nous avait manqué l’artiste belge, toujours bien inspirée pour intégrer la voix dans des productions bien rythmées et envoutantes, la DJ nous livre pour l’occasion un clip en noir et blanc jusqu’à la moitié de la vidéo, jusqu’à ce que la couleur revienne au beau milieu de la scène.
C’est dans un appartement qu’on l’aperçoit au fil du temps, entre moment seule, au téléphone puis dans le partage, entre danse et ennui.
C’est surtout bien accompagnée par d’innombrables animations presque subliminales qui viennent nous décontenancer et perturber notre visionnage, un mess ordonné qui donnent du corps au rythme si prenant du morceau.
C’est à ne pas en douter un des morceaux qui passera en boucle lors de nos soirées post-covid, c’est aussi ça le talent de Charlotte Adigéry, faire danser avec sa voix en première ligne et ça on adore !

Doja Cat – Kiss Me More ft. SZA

C’est le retour de la grande révélation de 2020, Doja Cat revient avec son univers sensuel et rythmé aux côté de SZA, une collaboration iconique pour un morceau déjà gravé dans tous les esprits (oui en quelques jours).
C’est dans un clip teinté de rose qu’on retrouve les deux artistes, dans un décor loin de ce qu’on connait sur Terre, on les accompagne dans leur jeu de séduction avec un astronaute tout juste débarqué sur leur planète.
Le groove du morceau et le flow toujours plus gracieux des deux chanteuses nous fait plonger dans cet univers étrange, un peu trop cotonneux et coloré pour que ce soit la réalité.
Et c’est bien la conclusion du clip qui va nous conforter dans cette idée, toute cette mascarade n’est en fait qu’un jeu vidéo dans lesquels les deux stars venues d’une autre planète s’amuse en manipulant des hommes, car oui, c’est elles les maitres du jeu et elles dictent les règles qu’elles veulent.
Encore une grande réussite pour Doja Cat et quel plaisir de la voir accompagnée par le talent fou de SZA, un pur kiff !

Myd – Let You Speak

Dernière ligne droite avant l’album : Myd balance Let It Speak, son nouveau clip et single. De quoi étoffer encore plus son personnage aussi étrange qu’attachant,

Myd et son équipe traversent le monde à la recherche d’expériences sonores pour son album. Tel un making of, le clip prend finalement des aspects « C’est arrivé près de chez vous », le tout sur une ambiance on ne peut plus pop !

On retrouve effectivement ces guitares bien caractéristiques du DJ Lillois, un rythme house et une énergie toujours à mi-chemin entre joie et nostalgie… Rendez-vous fin du mois pour découvrir Born A Loser !

Clara Luciani – Le reste

Elle est enfin de retour, la solaire Clara Luciani revient dynamiser notre quotidien avec un nouveau morceau, Le reste et un clip empli de sourires et de bonne humeur, tout ce dont on avait besoin !
Réalisé par Alice Rosati, le clip nous plonge dans la charmante ville côtière de Sanary-sur-mer, on y retrouve l’artiste tout sourire qui arpente les rues de la ville, emmenant le soleil et la bonne humeur avec elle, on notera les magnifiques chorégraphies qui viennent rythmer la vidéo avec des danseurs et figurants aux costumes tous aussi colorés les uns que les autres. Un vrai plaisir visuel, on continue notre route avec l’artiste chez un coiffeur, dans un karaoké et pour finir sur une plage, un verre à la main et le sentiment d’avoir livré une prestation digne de ce nom, car oui, plus qu’un clip c’est une prestation.
Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, l’artiste a annoncé la sortie d’un nouvel album « Coeur » pour le 11 Juin prochain, autant dire que le soleil sera au rendez-vous pour accueillir ce disque comme il se doit, en tout cas nous, on sera là !

YELLE – Noir

On en avait rêvé, Yelle l’a fait ! Dès les premières écoutes de l’ère du verseaux, on avait vu en Noir un tube en puissance, qui représentait tout ce qui vit dans la musique de Yelle : une production ultra dansante et imparable, associée à un texte direct et faussement naïf qui cache en lui des sous textes qui ne demandent qu’à être explorés.

On a énormément danser sur ce titre qui s’est offert une visibilité internationale puisqu’il s’est retrouvé synchronisé dans une musique de pub d’une célèbre marque automobile ce qui a sans doute poussé à l’arrivée de ce clip.

C’est donc une version resserrée et efficace, clairement taillée pour les radios, que Noir débarque cette semaine avec un clip absolument dingue réalisé par Giant, qui poursuit sa collaboration fructueuse avec la française.

On se retrouve donc en pleine préparation d’un défilié de mode ou d’une messe noire, on ne sait pas trop. La non-couleur qui donne son titre au morceau est présente à chaque plan, dévorant l’image et dévoilant toute ces nuances dans un clip absolument réjouissant et explosif, s’offrant un paquet de références cinématographiques évidentes et bienvenues, de Pedro Almodovar à Paul Thomas Anderson.

Et toi comment tu t’habilles ce soir ? Nous on s’habille en noir !