Les clips de la semaine #77 – partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Tout de suite, voici la seconde partie de la soixante dix-septième édition des clips de la semaine.

B77 – The Garden

Fin 2020, on s’était plongé et perdu dans THE WONDERFUL LABYRINTH OF THE MIND, premier album délicieux de B77.
Les potes de Muddy Monk nous avait offert un premier album monumental comme une sorte d’exploration mentale où chaque morceau ouvre une porte sur un espace différent de l’esprit.

Alors qu’ils annoncent enfin la sortie de cette merveille en vinyle, le groupe en profite pour nous offrir un clip pour le titre The Garden, le genre de morceau parfait pour inciter les fleurs à pousser pendant le printemps ou pour s’évader les yeux dans le ciel en regardant les différentes formes que peuvent prendre les nuages.

La vidéo Salvador Cresta prolonge le superbe travail effectué sur la pochette et nous entraine dans un monde animé et coloré aussi psychédélique que le morceau qu’il met en image.

Une petite pépite DIY aussi réconfortante que nécessaire. En ces temps un peu gris, prenez votre dose de couleurs avec B77.

Chanceko – Skrt Skrt

Toujours aussi rempli d’énergie, Chanceko continue sa série de freestyle avec de nouveau un morceau efficace dont il a le secret. De nouveau, c’est la cuillère qui se retrouve à la réalisation de ce visuel et à nouveau on retrouve le même cadre que pour Aquaman avec cette maison perdue dans la campagne. Mais cette fois l’ambiance paraît plus pesante, forcée par un filtre grisonnant les images.

L’artiste n’est également plus seul mais est accompagné par des gars de son équipe. Ces derniers viendront le suivre dans ces gestuelles toujours autant maîtrisées.Malgré cette ambiance plus froide qui accompagne également une instrumentale trap assez austère, Chanceko de part son énergie vient contrebalancer l’énergie du morceau tel le nouveau rayon de soleil du rap qu’il est en train de devenir.

London Grammar – How Does It Feel

A quelques jours de la sortie de leur nouvel album California Soil, le groupe britannique ne cesse de nous surprendre en nous dévoilant un nouvel extrait qui nous dévoile une nouvelle facette du trio beaucoup plus pop mais aussi un titre qui n’est pas n’importe lequel puisqu’il est le titre préféré de Hannah Reid !

En effet, elle affirme : « Cette chanson a commencé comme une expérience, et a fini par être l’une de mes préférées sur le disque. Avec notre côté alternatif, cela crée une ombre et une lumière sur notre album que j’ai toujours voulu réaliser.« 

Et c’est vrai qu’à la première écoute, si on se laisse surprendre par le côté plus pop de ce titre, nous n‘en sommes pas moins conquis par la construction de ce titre, la voix de Hannah qui nous touche toujours autant qui est mise en avant dans le clip réalisé par Dave Bullivant et accompagné de l’acteur Jacob Fortune-Llyod. Un clip au décor cinématographique qui illustre à merveille la puissance du texte. 

Lamara – Mike Tyson

Lamara, c’est un nouveau duo à la musicalité très complémentaires et qui compte bien se faire remarquer dans le vaste espace qu’est devenu la scène rap francophone. Pour cela, ils ont dévoilé leur premier EP, Sans regrets pt. 1 et avec lui un extrait clippé par Hustler Game avec Mike Tyson.Pour se présenter quoi de mieux que de faire plonger les spectateurs dans le quotidien que les deux rappeurs côtoient.

C’est donc dans leur cité et entouré par leurs proches qu’ils débuteront le morceau avec des mélodies surprenantes compte tenu du caractère brut de la scène mais servant tout de même le propos. Le switch vers un flow plus agressif se fera sur le passage de couplets, rappelant bien qu’ils savent aussi mettre des coups à la Mike Tyson.

Pearl & The Oysters ❍ Electronic Boogaloo

Alors qu’on attend désespérément l’arrive de leur troisième album , Pearl & The Oysters, qu’on avait rencontré il y a un an, viennent remettre un peu de joie et de poésie dans nos cœurs avec une vidéo pour leur titre Electronic Boogaloo, issu de leur précédent opus, Canned Music.

On retrouve avec bonheur, la tendresse et la douceur du duo avec ce morceau de pop absolument intemporel et imparable. On ne résiste pas, et on en a d’ailleurs pas vraiment envie, à cette chaleur qui nous envahit à chaque fois que l’on pose les oreilles sur leur musique.

Le morceau se retrouve donc accompagné d’un clip en forme de véritable court métrage. Tournée en 2017 à Tokyo, la vidéo d’Elias Borst nous entraine dans une ville presque fantasmée, où l’on suit une jeune femme qui se retrouve affectée d’une étrange maladie où il sera question d’huitre et de perles (forcément) mais aussi d’yeux qui changent de couleurs et de poissons animés. Tout un programme pour cette petite pastille de 4 minutes à la féérie communicative.

La Miellerie feat Isha & Nixon – Gimmick

Quand le duo de beatmakers belge de La Miellerie décide d’inviter des artistes sur ses productions, le choix est toujours pertinent. Comme le prouve cette connexion noir-jaune-rouge entre le tonton de Bruxelles, Isha et la jeune pousse Nixon. Réalisé par Treize Studios, le duo garde la main mise sur une partie du clip et ont décidé de l’aborder sous un angle un peu original.

C’est à travers une prestation remplie d’énergie que tout à tour les rappeurs vont cracher leurs états d’âme, ce qui est subtilement retranscrit dans le clip qui s’apparente à une session chez le psychologue un brin animée. Entre la connexion pertinemment bien choisie, l’instrumentale et l’ambiance musicale, les gars de La Miellerie commencent à installer petit à petit leurs pattes. Un beau pas en avant qui pourrait peut-être donner des idées à d’autres beatmakers.

Jesuslesfilles – Troisième semaine

En ce dimanche de Pâques, on assiste à la résurrection de Jesuslesfilles qui dévoilent une Troisième semaine annonciatrice d’un quatrième album, L’heure idéale (disponible le 18 juin 2021 sous Duprince).

Premier épisode d’un triptyque vidéo, ce chouette clip coupé-(dé)collé réalisé par Philippe Beauséjour vient illustrer la trame narrative de l’album : un long périple vers l’ouest. Le chemin semble compliqué, surtout lorsqu’on on est mal équipé•e•s, mais il faut bien commencer quelque part. Ce nouveau titre est une belle entrée en la matière, fort de ses influences post-punk et de ses redoutables riffs de guitare.  

Jesuslesfilles posent ici le décor pour cette nouvelle étape de leur carrière musicale déjà bien établie, et on tachera de ne pas quitter notre montre des yeux pour être à L’heure idéale aux prochains rendez-vous.

Tim Dup – Juste pour te plaire

Il nous avait prévenu, ça allait « chalouper du cul ». Chose promise, chose due, Tim Dup est de retour et il est bien décidé à ramener du soleil dans notre vie avec un premier titre et un troisième album plus direct et lumineux.

Et autant dire que le compte y est avec Juste pour te plaire. Aux premières écoutes, la surprise est même total avec ce morceau rythmé, rempli d’énergie et absolument idéal pour se déchainer pendant 3 minutes. Et puis, on retrouve tout ce qu’on aime chez Tim Dup : sa tendresse, sa pointe de mélancolie, ses histoires alcoolisés (avec modération s’il vous plait) et l’amour toujours, qu’il soit triste ou joyeux.

Pour accompagné ce « morceau-renouveau » , il nous offre Diane Sagnier, une vidéo en forme de plan fixe coloré par le sud de l’Europe où l’on retrouve Tim Dup en Fred Astaire de soirée, nous offrant pour notre plus grand plaisir c’est plus beau moov de danseur.
On n’a pas vu de plan de fesses par contre, mais on n’a peut être pas assez bien regardé.

En attendant, on se passe le titre en boucle en attendant ce nouvel album prévu pour l’été.

Corentin Ollivier – Exhale

On avait pu le croisé chez Concrete Knives, Samba De La Muerte ou sous le pseudonyme Faroe, Corentin Ollivier fait tomber les masques et se dévoile désormais sous son nom propre avec un titre, Exhale, qui ouvre l’aventure de son premier album Into Pieces.

Bien loin de l’énergie, ou du minimalisme électronique, c’est du côté de l’introspection qu’on le retrouve avec ce premier titre aux accents folks qui permet à notre esprit de s’évader. Il y a quelque chose de bouleversant dans la brutale sincérité de cette musique.
Uniquement accompagné de sa guitare, le musicien va à l’épure, creuse les sentiments que ce soit dans les accords ou dans les mots, il nous confie ses peines et s’analyse sans fard autant qu’il raconte des émotions et des sensations qu’on a un peu tous vécu.

La caméra de Sylvain La Rosa le suit au plus près dans des moments de solitude, la aussi dans une recherche de simplicité presque naturaliste, la vidéo nous faisant devenir une présence complice et presque impudique des éléments de vie de l’artiste.

ALIAS – The Wolf Man

Alors qu’il dévoile cette semaine un troisième single, ALIAS est déjà un habitué des pages de La Face B. En effet, nous avions été les premiers à relayer en France les titres du québécois, et c’est donc tout naturellement que nous poursuivons ce chemin avec The Wolf Man.

Comment pourrait-il en être autrement d’ailleurs ? Ce nouveau morceau a tout de la petite tornade qui emporte tout sur ce passage. Un morceau évolutif, qui alterne entre un son rock bien lourd et des envolées psychédéliques bien senties. Le tout étant guidé par la voix d’outre tombe de Emmanuel Alias, comme une danse de possession surélevée par le chant des loups.

Le clip de Guillaume Gagnon Lortie nous entraine ainsi dans une sorte d’hommage à l’horreur barroque et poursuit habilement ces thématiques avec un clip qui présente le chanteur sous un jour assez terrifiant, en pleine transformation à tel point qu’on arrive presque à lire la folie dans ses yeux à mesure que son humanité le quitte pour laisser place à la part animale qui l’habite.

Mansfield.TYA & Odezenne – Une danse de mauvais goût

Rebeka Warrior et Carla Palone, les deux protagonistes du duo Mansfield.TYA, viennent de sortir le clip de leur chanson « Une danse de mauvais goût », sur laquelle elles ont fait appel à leur ami Alix Caillet, du duo Odezenne. Un clip qui avait déjà été teasé dans la vidéo « Stèle 11 » que Mansfield.TYA a posté sur sa chaîne youtube, pour celles et ceux qui ont regardés les différentes stèles : de courtes vidéos annonçant la sortie de leur nouvel album, une par chanson, avec des petites anecdotes à chaque fois.

« Stèle 11 – Une danse de mauvais goût » nous donnait à entendre un message vocal laissé par Alix sur le portable de Rebeka Warrior, lui proposant une idée de clip tout en douceur : « des grosses bagnoles, des étalons, et un lit qui font la course… dis-moi ce que tu en penses ». Et le moins que l’on puisse dire c’est que Rebeka Warrior a dit oui : un mois après la sortie de leur album Monument Ordinaire, Mansfield.TYA révèle le clip de « Une danse de mauvais goût »… avec des chevaux de course hippique, des voitures de sport automobile, un lit déposé au plein milieu d’un chant tout juste moissonné, recouvert d’un couverture de fleurs, et Rebeka Warrior et Alix Caillet, chantant dans un mouvement perpétuel et de bascule, les envoyant valdinguer la tête à l’envers…

Toujours fidèle à l’univers Eros et Thanatos, romantique et glauque, on retrouve le mot « stèle » écrit sur la robe des étalons et les mots « défunts », « Décédés » « Red Mort » et « RIP » parodiant les autocollants des sponsors sur les grosses bagnoles, tandis que ces paroles sublimes s’élèvent : « Pour te dire que tes mains, que tes gestes, et que tes yeux, pour te dire que tes seins, ton sourire et tes cheveux, sont les choses que je veux… ici et dans ma tombe… Quand tes silences se font trop longs, je me languis de tes paroles, et quand bien même j’ai raison, c’est le silence qui résonne… tes silences, je les veux, ici et dans ma tombe… ». Dellamorte Dellamore.

Robert Robert – Les gens

Le montréalais Robert Robert a passé les 10 dernières années à faire danser les foules et il est désormais prêt à leur parler. 

Après La nuit se plaindre en featuring avec son acolyte Hubert Lenoir, c’est seul qu’il débarque aujourd’hui avec Les gens. Il s’agit d’un bel hommage à celles et ceux qui font la fête (une espèce globalement en voie d’extinction ces derniers temps, on vous l’accorde) et qui rendent le sale monde qui nous entoure moins intimidant quand on pense à elles•eux. Ce morceau n’est par ailleurs pas sorti de nul part : il figure sur un album qui ne tardera pas à voir le jour et on vous conseille fortement de ne pas le louper.

Ce titre contemplatif et dansant est illustré par un clip (réalisé par Félix Perreault et Léa Dumoulin) qui prend la forme d’une compilation d’images tirées des fins fonds de différents téléphones à travers les années. Le collectif, il n’y a que ça de vrai. 

Francis Lung – Lonesome No More

Après nous avoir dévoilé Bad Hair Day, un morceau évoquant les problèmes d’alcool de l’artiste, Francis Lung nous offre un nouveau titre, Lonesome No more, comme une suite au premier titre et la preuve qu’il est possible de sortir du cercle vicieux de la solitude et de l’addiction.
C’est dans une vidéo animée qu’on retrouve l’artiste, avec ses paumettes rouges, sa tendre timidité mais surtout ce chemin délicat de la solitude et son parcours vers les méandres de l’alcool.
Heureusement cette période s’est terminée pour Francis Lung et il a pu vaincre ses tourments pour nous les partager en musique, comme il le fait si bien, dans ces temps si propices au renfermement sur soi et la facilité à sombrer dans des idées noires, le discours de quelqu’un qui s’en est sorti avec ce côté toujours très tendre et doux que maitrise à la perfection l’anglais nous touche en plein coeur.

Alban Claudin – One Thousand Trees

Cela fait désormais un peu plus d’une semaine qu’Alban Claudin nous a livré son premier album It’s a Long Way to Happiness, un disque de piano solo envoutant et émancipateur. L’artiste nous offre cette semaine le clip du morceau One Thousand Trees, assis face à son piano, Alban Claudin retrouve une sanctuaire, une safe place.

Il se reconnecte presque par nécessité à son piano et réussit à s’évader loin de la réalité, du bout de ses doigts il pave pour nous le chemin d’une escapade par delà les champs et les forêts, une bouffée d’air qui alimente nos poumons au son des touches tour à tour effleurées. On l’accompagne volontiers sur les chemins d’une campagne revigorante et on espère comme lui ne pas se faire rappeler à la réalité de si tôt.

Special Friends – Forest

Le duo franco-américain power-pop Special Friends révèle son nouveau clip Forest, extrait de leur dernier album Ennemi Commun sorti le 26 mars dernier.

rès sobre, il dévoile un documentaire aux images d’archives centré sur la relation entre l’homme et les animaux. Il est difficile de ne pas rester insensible devant ces mammifères privés de leur liberté derrière leur cage devant des humains amusés et complices de ces scènes.

On apprécie ainsi davantage voir les animaux s’échapper et reprendre possession de leur instinct de vie. Le groupe du label Holwin Banana nous partage une vision animaliste sous des pulsions de guitares claires, légères et saturées, en digne descendant de Yo La Tengo.



Black Honey – Back Of The Bar

Les anglais de Black Honey reviennent cette semaine avec Written & Directed, un album ultra cinématographique en hommage aux séries B et au maitre du genre Quentin Tarantino. Tout en douceur et insufflé de dream pop, Back of the Bar réussit à envoyer un peu de nostalgie sans faire diminuer le tempo. Plus intimiste, c’est une histoire d’amour en suspens qui invite à danser seul dans sa chambre. Série noir des années 60, le clip est un véritable petit court métrage à lui seul. Une fugue pour s’évader, une relation qui vire au toxique et finalement une libération à coup de révolver. Une ode à l’indépendance, qui ne se demande pas mais s’acquière. Si seulement la vie était aussi facile qu’une série B !