Les clips de la semaine #71 – partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Cette semaine on vous propose à nouveau deux parties pour notre sélection des clips de la semaine. Voici donc notre deuxième partie de la sélection #71.

King Gizzard & The Lizard Wizard – Pleura

Quand y’en a plus, y’en a encore. Le groupe le plus prolifique de ces dernières années a une réputation à tenir. Après le superbe K.G, sorti toute fin décembre, ils se lancent dans la suite de leurs initiales avec le nouvel album L.W. Deux titres sont précédemment sortis afin de l’annoncer dont s’ajoute aujourd’hui un clip pour Pleura. Première chose, ce nouvel album sera dans la lancée de leur exploration de la gamme pentatonique. Réjouissez-vous donc si vous avez apprécié K.G. ! Second point, ils font toujours autant avec les moyens du bord pour leurs clips. Filmé dans leur studio en Australie, une caméra est braquée sur chacun des musiciens. Montage façon réunion zoom, on admire les instruments qui se répondent et se coordonnent tout le long du morceau. Filmé, monté, et uploadé le jour même, c’est sans chichis. Mais on retient un petit sentiment de concert lorsque l’on visionne ce moment qui s’est produit presque immédiatement. Une vraie transe musicale, toujours aussi efficace.

METZ – Sugar Pill

Bien que l’album Atlas Vending soit sorti il y a plus de six mois, le groupe Canadien METZ a décidé d’offrir à l’un de ses meilleurs titres un nouveau clip. Une réalisation dans la plus pure lignée de l’esthétique 90’s qu’ils mettent doucement en place. Noir et blanc dans une ville glacée ambiance ex URSS qui devient me terrain de jeu de skateurs borderlines bien décidés à profiter de leur environnement. La neige ne sera pas un frein pour profiter du skate park et filmer leurs prouesses.  Ils se lancent ensuite dans les rues désertes jusqu’à trouver une sorte de hangar qui pourrait être abandonné sans la ferme animalière improbable qui s’y trouve. Chaos musicale et énergie adolescente, ce sentiment de liberté et d’impudente illégalité résonne tel un cri du chœur.

Gojira – Born For One Thing

La fierté du métal français Gojira aannoncé un nouvel album pour fin avril. Born for one thing est une nouvelle super production explosive. Tourné par Charles Meyer au Musée Royal de l’Afrique Centrale à Bruxelles (astuce pour rentrer dans un musée : tournez y un clip), les métalleux sont toujours aussi inspirés pour transmettre des messages écologiques et philosophiques de plus en plus urgents.  Admirant les derniers spécimen d’une biodiversité  empaillée, un vieil homme avale une pilule étrange. Il se transforme en jeune fille sous le regard ébahis d’un gardien. Une course poursuite s’ensuit à travers les différentes salles d’expositions alors que le vieux monsieur ne cesse de se transformer et de changer de forme. Message d’unité, Joe Duplantier scande dans les refrains que nous sommes tous nés pour une chose : apprivoiser la plus grande peur de toutes, la mort. Inspiré des philosophies tibétaines et thaïlandaises, c’est un cri du chœur pour un retour à plus de simplicité matérielle afin de se consacrer à notre richesse spirituelle. Fortitude sera décidemment un rempart contre le capitalisme destructeur de notre planète.

Kleo & Katana – Spectrum

Après le diaboliquement envoûtant Diosa, le jeune duo Kleo & Katana continue de présenter son univers. Après avoir explorer la chaleur des rythmes lancinants des musiques latines, elles ont décidé de quitter la lumière pour s’enfoncer dans les ténèbres de la trap avec leur second morceau, Spectrum. L’occasion pour elle de livrer un clip qui consolidera encore un peu plus leur esthétique et pour cela elles ont été aidées par la réalisatrice, Cyann.A l’image du titre, le visuel est sombre que cela soit par les lumière utilisées très obscures ou par le scénario du clip un brin oppressant qui ancre le morceau des deux artistes dans une autre dimension. Ce qui n’empêche pas Kleo & Katana d’être brillante devant la caméra, et d’être très à l’aise dans l’esthétique qu’elles ont mis en place. Kleo étonne en tortionnaire quand Katana joue à merveille le rôle de la victime enchainée au mur. Malgré cette opposition, un jeu de séduction semble s’installer entre le bourreau et son détenu, ce qui n’est pas étonnant au vu de la sensualité qui se dégage du morceau. C’est également une manière de voir l’amour qui peut-être toxique et que malgré les blessures occasionnées par le partenaire, il n’est pas toujours aisé de lui pardonner, car l’amour reste présent. Ici Katana, ne semble pas avoir de mal à se libérer de ses chaînes pour retrouver celle qui est censée lui avoir fait du mal. En dehors de cet univers, le clip, réalisé avec peu de moyens prouve toute l’ambition qui regorge en ces deux femmes et montre également qu’installer un univers cohérent et immersif ne demande pas forcément un budget important si la créativité est présente. 

Svudvde – Inconditionnel 

Svudvde c’est une oscillation déroutante entre du chant millimétré et des rythmiques rappelant plus ce qui se fait dans le rap. Sur le papier ce mélange peut paraître vu et revu et pourtant il arrive à l’exécuter avec précision et singularité ce qui le démarque. Inconditionnel, son dernier clip continue de surfer sur cette musicalité et a même été mis en image par un trio de vidéastes composé de ZeeScott Summer et Mahine Sef.Son flow et ses mélodies aériennes donnent un côté assez spatial à sa musique qui se retrouve dans le visuel. Entouré d’un halo de lumière blanche, l’artiste également de blanc vétu semble entouré par une nuée d’étoiles, comme si il était perdu sur une autre planète où la légéreté de l’instrumentale de Zee se mélange avec la mélancolie des textes de Svudvde. Une mélancolie qui ressort également dans le visuel où l’artiste évolue seul avec ses inquiétudes. Svudvde a trouvé l’univers musical qui lui correspond le mieux et offre un nouveau titre empreint d’émotions. 

Gala – Parallel Lines 

Une belle surprise a fait son chemin jusqu’à nos yeux et nos oreilles cette semaine : Gala revient avec un nouveau titre et un nouveau clip. 

À des années lumières de son excellent et légendaire tube dance-pop Freed From DesireParallel Lines est une très belle ballade folk minimaliste qui aborde une thématique vieille comme le monde : l’éloignement amoureux. Mis en images avec élégance par la dessinatrice et animatrice Nina Paley, le morceau met en valeur un aspect très doux, sincère et sensible de la personnalité de l’artiste.

Sorti chez Matriarchy Records, le label fondé par Gala elle-même, Parallel Lines est un retour réussi et prometteur pour la suite de sa carrière, qui prend ici un tournant surprenant mais remarquable.

Jehnny Beth – French Countryside

Jehnny Beth nous avait habitués à des morceaux abrasifs et à un charisme indomptable. À la tête de Savages d’abord, lorsque nous la découvrions, puis aux rênes de son album solo To Love Is To LiveFrench Countryside, dont elle nous présente la vidéo cette semaine, va à l’encontre de l’idée que l’on se faisait du personnage. Le morceau composé avec Romy Madley Croft (The XX) et Johnny Hostile est une ballade au piano épurée et introspective. Avec la campagne en toile de  fond, les paroles parlent d’amour de manière intime et relèvent presque de la sorcellerie : “I’ll draw your body in the air / I’ll whisper your name everywhere / And I’ll sing my songs every night / Defeat my fears / Jump over fires / I’ll be more self-disciplined, I’ll sacrifice for you (…)”. Écris à bord d’un avion dont elle pensait le crash certain, le morceau est intense et profond et révèle un côté plus vulnérable, une autre facette de sa personnalité fascinante et inclassable. Le clip réalisé parJohnny Hostile, son partenaire dans la vie comme à la scène, montre la musicienne chanter dans un décor de studio sombre. Le morceau figure sur To Love Is To Live, le premier album solo de la musicienne sorti l’été dernier.

Sunshade – L’Oiseau

Mathieu Rivalan et Jean Christophe-Valleran aka Sunshade font de la pop aérienne et nostalgique, légère et élégante. Ils ont sorti il y a peu VISAGES, leur troisième opus et nous présentent en ce moment L’Oiseau, l’un de leurs 13 « visages », la 8ème chanson de l’album. Le morceau tout en apesanteur est mis en image par l’artiste Emmanuelle Valleran, en une vidéo rêveuse réalisée aux crayons aquarelle. On y voit un homme qui semble perdu dans la montagne s’endormir, avant d’apercevoir un oiseau. Ce dernier lui montre la direction à prendre, puis lui donne des ailes… Le personnage vole dans les airs avant de redescendre  dans l’eau de la vallée où ses ailes redeviennent ses bras. Le rêve poétique et libérateur des images reflètent les paroles toutes aussi poétiques et introspectives de la chanson : “You know it’s true I’ve never lost my way / forever lost inside…” On se laisse porter par tant de douceur…

L’Oiseau est extrait de VISAGES sorti sur Tout Est Courageux Records.

Beach Scvm – Waking Up

Oubliez l’hiver, le froid et la grisaille, Beach Scvm nous embarque dans la chaleur et l’insouciance de l’été, direction la plage, avec leur surf punk/pop solaire et aérien/ne. Le trio toulousain vient de sortir son second E.P. Sand Club et nous présente dans la foulée la vidéo de Waking Up, sa focus track, morceau aux vibes estivales de souvenirs de vacances et d’insouciance adolescente. Les paroles y sont chill et respirent le soleil “I’m waking up / It’s summer time / I was praying for the sun / And you came around” et la vidéo réalisée par Paolo Fiorrolomontrant des photos d’enfances de Matteo, Maël et Luca (les trois membres du groupe) s’inscrit dans l’esthétique punk lo-fi DIY de Beach Scvm qui compose, enregistre et mixe leur musique eux-mêmes. Influencés de groupes U.S et australiens tels WavvesBeach Fossils ou encore Dune Rats, la surf pop de Toulouse se porte bien !

From your balcony – Above my head

On a beau être un dimanche qui ressemble presque à un début de printemps, vous allez pleurer comme un sale dimanche triste de Novembre, confiné, sous la pluie et le désespoir. Parce que cette semaine c’est le retour de From Your Balcony. 3 ans après son dernier EP et 11 ans (!) après son seul album, la formation nous fait parvenir un magnifique morceau : Above My Head. Partie d’un nouvel album Beautiful Alone à paraître le 12 Mars prochain, on se délecte déjà rien qu’à entendre les premières notes et ces paroles sublimes qui parsèment ce premier morceau. C’est le genre de pépites trop rares dans le paysage musical, mais dont la rareté fait justement le charme. Il fait beau, il fait doux, mais on irait presque se remettre sous la couette avec les volets fermés tant ce morceau fait vibrer. Doté d’une montée finale à couper le souffle, dramatique à souhait, on vous prévient, ça va tourner en boucle chez nous.

Voyou – Malika (feat. Ladaniva)

Nouvel EP disponible pour le très productif Voyou. Chroniques Terrestres (Vol. 1) est sorti vendredi et nous enchante déjà. Surtout, il nous surprend par la direction qu’il emprunte. Beaucoup moins pop que les précédentes productions du Lillois, on jurerait par moments entendre le phénomène Bonobo. La rencontre entre la chaleur de Voyou et un rythme plus ralenti, un peu plus dénudé, donne l’impression d’évoluer dans une jungle luxuriante. On en découvre ici l’extrait Malika en collaboration avec la chanteuse Ladaniva, et dont l’ambiance donne envie de se prélasser sur une plage d’une île paradisiaque. Oui, peut-être qu’on manque de vacances mais rien n’empêche l’imagination de voyager en attendant que le tourisme puisse rouvrir ses portes et nous laisse assouvir ces envies de soleil. Vivement l’été, qu’on puisse écouter Voyou toute la journée.

Khazali – NYC to CDG

Dans la catégorie des talents bruts qui ne demandent qu’a voir le jour, en voici un que nous ne regrettons pas d’avoir trouvé au détour du catalogue de Kitsuné.
Nouvelle signature du label, le jeune anglais est à la fois compositeur et chanteur. Après nous avoir dévoilé un premier morceau You’ll be the one bien cadencé et suffisamment chaleureux pour nous embarquer dans son univers.
L’artiste revient avec NYC to CDG, un titre planant pour lequel il nous offre une lyric video au travers de laquelle on le voit déguster des macarons face caméra dans un décor blanc cassé, le flegme de Khazali à l’image vient donner du corps aux paroles qui défilent en bas de l’écran, son regard fixe nous accapare.
Le 17 Mars sortira Going Home son premier EP, autant dire qu’on a hâte d’en découvrir plus sur un univers spécial et une musique profonde et entrainante.

Yndi – Novo Mundo

Novo Mundo, c’est le nouveau titre que nous dévoile aujourd’hui Yndi, après une belle première version acoustique et épurée.
La voix chaleureuse de la chanteuse vient ici embrasser l’image avec grâce et créer une oeuvre complète qui exacerbe nos sens.
Ce clip, c’est un mélange de couleurs qui nous enivre, bien animé par un mouvement qui puise sa force dans le spirituel, un monde d’ordinaire invisible et insaisissable mais pourtant si présent dans nos vies.
A l’image d’un Miyazaki où le sacré prend forme avec une naïveté touchante et profonde, Novo Mundo nous offre un imaginaire chaleureux dans lequel la déesse Oshun nous guide.
On l’accompagne au rythme de nuées colorées et d’une apesanteur qui par sa légèreté nous permet de traverser les âges et d’être les témoins privilégiés des plus belles manifestations de cette nature, grandiose et immuable.
C’est Nina-Lou Giaccheti qui a réalisé cette capsule onirique, une vidéo animée comme un parfait relai de la palette d’émotions que Yndi dévoile et partage avec nous. C’est une invitation au voyage, une glissade à la croisée de deux langues aussi expressives que magnifiques et la certitude que la nature aussi fragile qu’elle soit, saura toujours nous enchanter.

Victor Solf – I Don’t Fit

Après un EP hypnotique et une mixtape agréablement surprenante sortis courant 2020, le très adoré Victor Solf revient avec un nouveau single intitulé I Don’t Fit. En un peu moins de trois minutes, il réussira à nous séduire de sa voix saisissante, vibrante et accompagnée de ce piano aux notes vacillantes, quelque peu déstabilisantes et angoissantes. Il chante ici l’affirmation de soi et l’acceptation de ne pas rentrer dans les cases, de ne pas s’assimiler à ces tant redoutées pseudo normes sociales. Visuellement c’est signé LISWAYA et le rendu est tout simplement captivant, d’une beauté inqualifiable. Des images qui s’associent avec une justesse absolue à la musique mais aussi à la voix et les mélodies allant crescendo, à ce climax émotionnel atteint en fin de morceau. Un titre libérateur qui laisse supposer un futur premier album d’une excellence sans pareil, on s’impatiente déjà.

Annie Burnell – Come Over

C’est il y a presque un an que nous avions découvert Annie Burnell et son chaleureux premier single All Is Reborn accompagné d’un clip façon Rohmer qui nous avait tapé dans l’œil. On pensait qu’après le lancinant et jazzy Smoked You, la sœur cachée d’Alexandra Savior ne pouvait pas nous surprendre davantage. Terrible erreur ! Car cette semaine, l’australienne nous revient avec un morceau exquis : Come Over. Un titre sur lequel elle n’a pas lésiné sur le groove de cette basse funky qui s’allie à merveille à cette voix qui nous transporte vers des ailleurs meilleurs. On la voit ici aux côtés de ses musiciens tout sourires, en studio, dans la capitale, sous un ciel rose de fin de journée, images psychédéliques pour saupoudrer le tout d’une tendre rêverie. Délicieux single qui tourne en boucle depuis.