Les clips de la semaine #70 – partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Cette semaine on vous propose à nouveau deux parties pour notre sélection des clips de la semaine. Voici donc notre deuxième partie de la sélection #70.

Etienne Dufresne – Jolicoeur

Pour commencer notre seconde partie, on prend un billet direction le Québec et plus précisément Joliecoeur, la ville fantasmée de Etienne Dufresne.

Ici, le temps passe lentement, les journées se ressemblent toutes et les cœurs brisés se retrouvent pour éponger leur tristesse en se noyant dans le café servi par l’élue de leur cœur.

Dis comme ça, ça a l’air extrêmement triste, mais sous la plume d’Etienne Dufresne on se retrouve dans un blues aux teintes lo-fi , à la fois poétique et cinématographique avec ce qu’il faut de distance dans l’interprétation pour nous offrir une petite dose d’humour qui fait toute la différence.

Et comme un plaisir n’arrive jamais seul, l’artiste nous offre avec ça un clip animé, à mi-chemin entre les ambiances de twin peaks et les jeux vidéos de notre adolescence, période GTA San Andreas, lorsqu’on prenait plaisir à explorer une ville pixelisée en vélo. C’est à la fois drôle et attachant et pour être honnête, c’est la chose parfaite pour les cœurs solitaires en cette saint valentin.

La Houle – Toi (Ce Moi)

À Dunkerque, un homme tout de noir vétu, traine sa peine au milieu des festivités du carnaval. Vient alors à sa rencontre un homme lui aussi monochromatique, blanc cette fois, bien décidé à l’emmener dans ses aventures.

Le blanc et le noir, la joie et la peine comme des aimants qui s’attirent, différents mais malgré tout complémentaires et qui finissent par former une entité : l’humain. C’est de tout celà que parle La Houle dans son nouveau titre Toi (Ce Moi), dialogue intérieur et tendre. Porté par des nappes électroniques solitaires qui viennent se confronter à des guitares puissantes au moment de l’explosion, Simon Sockeel se parle comme dans un miroir, s’intimant de profiter des instants fugaces, des petits bonheurs simple et du lacher prise … Et finalement par sa simplicité, sa tendresse, c’est nous qu’ils touchent en plein coeur.

Cette idée de double, d’élément fantasmagorique et presque iréel, vit au plus profond de ce clip qui en plus d’être une parfaite mise en image de son titre, résonne aussi comme une déclaration d’amour à sa région de naissance et à ses carnavals qui, pandémie oblige, n’auront pas lieu cette année.

Alors à défaut de se faire emporter par la foule, on se laissera bercer par La Houle.

Mathieu Boogaerts – Once again

“Allez encore une fois” c’est un peu ce qu’essaye de nous faire comprendre Mathieu Boogaerts à travers son titreOnce Again.Recommencer, encore et encore, partir, se chercher et se retrouver. L’artiste nous invite à prendre le large, ou partir en avion, en train en chantant dans un anglais parlé assez naïf et léger : “Take a plane, for a new life (…) Take a train, any line, leave your bag (…) The bus comes fast, it won’t stop, and it’s maybe the last one.”

Toujours sur des mélodies minimalistes mais colorées qui le caractérisent, il nous conseille implicite de suivre le chemin que l’on veut, celui qui s’offre à nous en faisant confiance au hasard et à la vie : “So don’t be late; It won’t wait; It won’t wait for you; Get, get, get, get: Get, get, get into it.” A l’image du morceau, le clip auto-réalisé est une compilation de départ, de caméra qui tombe maladroitement, observe, des voies ferrées, des espaces urbains ou encore des plages de galets.

Mathieu Boogaerts nous offre un titre solaire, bienveillant nous donnant envie de partir et de tout quitter… Mais, ne partons pas trop loin car un prochain album En Anglais sortira le 26 février.

Steeve Beezy – Jeune Astronaute

C’est depuis le Québec que la fusée du Jeune AstronauteSteve Beezy a décollé, pour atterrir où ? Cela est une autre question mais il compte bien amener son rap dans une autre dimension avec le temps.

En attendant, il vient d’emménager avec sa compagne dans une nouvelle maison, elle apparaît également déterminée à envoyer son partenaire de vie dans l’espace, il n’est donc pas étonnant de la voir s’entraîner à ses côtés. Un entraînement complet qui devrait lui permettre de s’adapter facilement à un autre territoire. Loin d’être facile, il peut compter sur l’aide de la jeune femme à ses côtés pour le booster à aller le plus loin possible et à ne pas abandonner.

A travers cette thématique de l’espace, Steve Beezy montre clairement son envie de gravir les sphères du monde de la musique mais également son tempérament un brin lunaire. Un mode de vie qui ne semble pas spécialement plaire à sa compagne, ce qui ne parait pas ébranler la détermination de l’artiste. Un visuel réalisé par Noatopia.

Dominique A – Wagons de Porcelaine

En fin d’année 2020, nous vous parlions du clip Les éveillés de Dominique A et réalisé par Jean-Noël Criton. Le duo poursuit la collaboration autour du titre Wagons de Porcelaine, également présent sur l’album Vie Etrange. Il s’agit d’un titre tout aussi tendre que fragile, puisqu’il est question du temps qui passe, de ce que l’on projette et qui fait face à l’imprévu.

Cette beauté du quotidien qui s’enchaîne est mise en mouvement au travers du clip. Nous sommes tantôt spectateur de certaines scènes : on observe des grands espaces de papier, des trains qui passent; tantôt acteur, prenant place au sein même des wagons de trains. Ou encore, en se faufilant telle une petite souris dans des appartements, des salons et des chambres d’enfants. Il y a aussi des silhouettes de profil au sein desquels des images défilent.

Luv Resval – Tout s’en va

Petit à petit, le rookie de l’écurie AWA, Luv Resval pose les bases de son univers et cela aussi bien visuellement que musicalement. Son dernier clip,
Tout s’en va réalisé par Alexinho Mougeolle le prouve bien. L’atmosphère est sombre, s’approchant même presque de la science-fiction, Luv y prend la forme d’un homme sur lequel on semble faire des tests. Mélancolique, le morceau retrace une histoire d’amour qui visiblement laisse le rappeur avec bon nombres d’interrogations auxquelles il cherche des réponses. C’est à travers de multiples passages que l’artiste se remémore des moments de sa relation.

Quant à cette fille dont il parle, elle semble inatteignable, comme si le temps lui avait permis de passer à autre chose et d’oublier son ancien partenaire. Et cela malgré l’expérience qu’il est en train de subir, le ramenant constamment auprès d’elle alors qu’elle ne fait que de s’en éloigner. Ces derniers moments à ses côtés permit par l’expérience ont permis à l’artiste de digérer cette histoire, car « Avec le temps tout s’en va ». Une finalité peu heureuse, tourner la page sur une partie de sa vie n’est jamais agréable. Mais chaque expérience aussi mauvaise et désagréable qu’elles peuvent être ne font que renforcer ce que l’humain est et désire réellement, en espérant que cela se confirme pour Luv.

Très cinématographique, le clip peut faire penser ici et là à des œuvres bien connues par les amateurs de cinéma. Il est également bourré de détails qui viennent confirmer l’aura mystérieuse qui plane au-dessus de Luv Resval.

Matt Sweeney & Bonnie “Prince” Billy – Hall of Death

Plus de 15 ans après Superwolf, Matt Sweeney et Bonnie “Prince” Billy annoncent un second opus ensemble qui s’intitulera cette fois : Superwolves. Ils sortent cette semaine Hall of Death faisant suite à Make Worry for Me dont nous vous parlions il y a quelques temps ici même.

Composé avec le producteur touareg visionnaire Ahmoudou Madassane et accompagnés du Mdou Moctar ensembleHall of Death est une fusion élaborée des savoir-faire puisés dans les traditions folk des deux musiciens américains, et de celles touareg de l’orchestre.

Le clip réalisé par Sai Selvarajan & Jeff Bednarz montre deux enfants laissés à eux-mêmes et profitant pleinement de leur liberté à la limite du danger, en explorant une maison abandonnée, conduisant leur pick-up ou faisant un feu de joie au bord d’une rivière. Un sentiment de malaise plane quand on aperçoit un flingue dans la valise à bonbon, ou quand le jeune conducteur borgne semble plus concentré aux jeux de son compagnon qu ‘à la conduite… un apprentissage de la vie à l’état sauvage et sans limite.
Superwolves verra le jour le 30 avril prochain.

Storm Orchestra – I’ll Never Let You Down

Storm Orchestra vient de sortir une version Deluxe de leur premier EP éponyme, comprenant des versions au piano de quatre morceaux ainsi qu’un nouveau titre :  I’ll Never Let You Down, un morceau tout en soundscapes de guitares qui se termine en douceur avec les notes mélodiques d’un piano.

Celui-ci est accompagné d’une vidéo sous forme de « lyrics visualizer » où on intercepte une conversation (ou plutôt un monologue) enflammé.e par textos, déclament les paroles de cette chanson d’amour, thème de prédilection du groupe. Si les mots sont un peu excessifs : “You know I’ll be strong just for you” ou encore « I’ll never let you down / I’ll never let you feel bad/ I’ll let you wear the crown / You got my heart in your haaaaaand » on a bien envie d’y croire… Et la fin du clip est assez ironique… on vous laisse découvrir.

Enregistré dans l’urgence et dans la frustration dû à l’enfermement prolongé du deuxième confinement, I’ll Never Let You Down est peut-être le morceau le plus énervé du groupe.

Cabadzi – Animal

Alors que la sortie de BÜRRHUS approche, Cabadzi continue d’étendre les tentacules musicales et visuelles de ce nouveau projet. Cette semaine, le duo revient donc avec le troisième de sa série imaginé en collaboration avec Marian Landriève et en profite pour nous dévoiler Animal.

Après Cabane et Mélanco, le duo nous offre un morceau plus physique, presque brutal, dans lequel ils mettent en avant les contradictions de notre quotidien, entre besoin de lutte, quête de sens et recherche perpétuel de la richesse et du succès … Le groupe présente de manière sèche et obsédante les addictions, les besoins et les incohérences d’une société qui nous fait toujours nous sentir moins bien que les autres et qui nous pousse à vouloir toujours plus. Loin du jugement ou de la morale, Cabadzi s’inclut totalement dans ce débat permanent entre ce qu’on est et ce qu’on fantasme.

Visuellement, on est toujours dans cette cohérence dystopique et à l’image du morceau, on sent une vraie prise de conscience et une envie de lutte de la part des personnages. On plonge ainsi dans l’action d’un groupuscule souterrain qui cherche à se libérer, eux et les autres, de l’influence de la multinationale omniprésente qui semblent diriger le monde tel un consortium malveillant.

Le tout est absolument passionnant et porte notre regard vers le 5 mars et la sortie de l’album.

CONTREFAÇON – RAVE A VERSAILLES (BAGARRE REMIX)

Chacun dans leur style, Contrefaçon et Bagarre ont apporté une petit touche en plus qui leur sied à merveille : une propension à tirer vers le punk et la rébellion.

On l’espérait sans trop y croire, pourtant la collaboration entre les deux groupes mus par un vrai sens du collectif est désormais officielle. Plus qu’un simple remix, Bagarre s’est réapproprié totalement le morceau de Contrefaçon, lui offrant un gros kick techno et surtout des paroles à la hauteur de son titre : ainsi Bagarre habite Rave à Versailles pour en faire un appel à la révolte, avec la verve acide et le sens de l’image qu’on leur connait si bien.

Et comme toujours avec Contrefaçon, image et musique se mèlent pour notre plus grand plaisir. Ainsi, le clip est aussi percutant que le titre et navigue entre image d’archives, délire visuel et appel à la révolte avec ce qu’il faut d’ironie et de violence pour faire passer le tout.

Et clairement, avec tout ça, on a qu’une chose à dire : que Dieu bénisse ces canailles.

Island – Octopus

Le groupe britannique qui nous avait conquis en 2018 avec leur premier album Feels Like Air  a enfin fait son retour avec un titre ! Il s’agit de Octopus, un morceau à propos du sait de se sentir vieillir tout en essayant de donner un sens à ses expériences tout en regardant le monde qui nous entoure.

Un single empreint d’une certaine mélancolie que l’on retrouve dans la voix de Rollo Doherty, dans ces notes de guitares qui nous charment dès le début. Island est de retour et c’est excellent, on a hâte de découvrir la suite et on espère un nouvel album d’ici la fin de l’année…

En attendant on regarde en boucle leur clip où on peut les voir alterner entre scène de la vie quotidienne dans des lieux improbables comme passer l’aspirateur sur la plage et faire une partie d’échec sur un terrain de basket, le tout entrecoupé de scène où le groupe interprète leur morceau. 

Ojos – corazón sin cara



Corazón sin cara est un clip qui a été réalisé par les étudiants des Gobelins pour le duo Ojos.
Par cette vidéo, ils ont voulu mettre en avant l’onirisme du morceau avec cette dualité permanente du sentiment amoureux, on retrouve ainsi un jeu de couleurs, de lumières et d’ombres qui vient habiller les paroles bien explicites du titre.

A cheval entre l’espagnol et le français, le duo Ojos nous exprime le contraste sentimental qu’une rencontre amoureuse vient provoquer, entre douleur et bonheur et la roulette russe des émotions qui nous livre son lot de surprises négatives comme positives.
A la fin de ce clip, on assiste enfin à la réunification de nos deux protagonistes qui à eux deux forment ce coeur, enfin complet et sans visage et des émotions sans filtres ni artifices.

Zuukou Mayzie – Coach Carter

Il est toujours bien là le bg du 667 et il continue de nous délivrer au compte goutte les morceaux de Secunda Temporada, la suite très attendue de Primera temporada, son album sorti en Avril dernier.

Il nous délivre aujourd’hui Coach Carter, un morceau bien plus incisif que ses dernières sorties, le rap y est plus puissant et moins porté sur l’univers teinté d’imaginaire que l’artiste nous dévoilait sur L.o.t.r ou encore la découverte de son intime avec Le Mayz notamment.
Zuukou nous prouve une fois de plus qu’il sait tout faire avec un morceau bien plus street et un clip qui le met en scène dans la nuit alors qu’il nous détaille ses phases les plus saillantes.
Bien habillé d’un manteau rouge vif, il saigne la production et nous offre encore une fois une masterclass, notamment avec cette conclusion :
MVP, ça veut dire Mourir Vieux et Pieux.

slowthai, Skepta – CANCELLED

On y est enfin, la sortie de TYRON le deuxième album de l’enfant terrible de Northampton, pour accompagner la sortie de l’album Slowthia nous délivre un second morceau avec Skepta, après Inglorious, c’est CANCELLED qui nous est proposé.
On notera une intro bien barrée avec le classique « wagwan » que se balancent à tour de rôle nos protagonistes.

Toujours bien inspiré par des films d’horreurs pour ses clips, Slowthai ne déroge pas à la règle et nous offre une prestation à la American psycho, on peut aussi apercevoir Skepta habillé en Candyman, autant de références qui accentuent l’esthétique toujours plus étrange de l’artiste.
On passe ainsi de décor en décor avec nos artistes qui interprètent avec toujours autant de charisme leurs différents personnages et nous livrent les couplets incroyables du morceau.

Maintenant, à votre tour de retrouver toutes les références et vous émerveiller devant la technique de nos deux lascars !

Niteroy – Para de Pensar

Trois mois après la sortie de son nostalgique et apaisant Amores Nostalgia, Niteroy revient nous bercer de sa voix suave et nous charger de sa belle énergie. Le disciple de João Gilberto a en effet sorti cette semaine un nouveau titre : Para de Pensar. Toujours accompagné de sa cool attitude innée, son air enjoué et sa belle mine, il dévoile un clip qui sent bon la romance, les effluves de crème solaire et l’air marin. Des images à l’esthétique léchée et chaleureuse signées Victor Hanotel (Distorsion Films) et associées à un morceau au groove toujours aussi addictif qui donne envie d’ailleurs, de chaleur et d’amour et qu’on savourera alors sans retenue jusqu’à l’arrivée des beaux jours.

La Femme – Le Jardin

Cette semaine, La Femme nous a régalé d’un nouveau single intitulé Le Jardin. Un morceau en espagnol (le premier!) et une douce ballade dans un clip réalisé par leurs soins où le groupe nous invite à suivre d’un œil curieux, Itziar Sanchez Guardamino dans ces lieux bien gardés, poétiques et romanesques de la ville de Séville. Un morceau qui conte les aléas d’un destin qui s’avère tantôt tragique, tantôt lumineux et qui une nouvelle fois prouve que La Femme n’a rien perdu de son excellence. Paradigmes, leur troisième album, sort le 2 avril et fait (de loin) partie de ceux que l’on s’impatiente terriblement de découvrir.

Frànçois & The Atlas Mountains – Tourne Autour

A deux semaines de la sortie de son septième album (!), Banane Bleue, Frànçois & The Atlas Mountains vient de dévoiler ce que l’on appelle plus communément un tube. En effet, Tourne Autour, morceau axé sur la complexité des relations, se révèle tel celui qui nous reste en tête, avec son refrain à la fois minimaliste, doux et entêtant. François Marry y chante l’idéal inatteignable, la fantasme d’une relation trop espérée, le cercle vicieux de l’obsession envers un amour déjà loin. Aux commandes de ce clip, on retrouve Robin Lachenal qui signait également le clip de Tendre est l’âme il y a quelques années de là. On suit alors l’artiste dans cette épopée intergalactique, à la recherche du beau, du bleu, des sentiments que l’on n’ose plus s’avouer, par pudeur certainement et puis on apprécie, beaucoup, comme depuis toujours.