Les clips de la semaine #6

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Ce dimanche, on se retrouve pour un sixième rendez-vous.

AJA – Rien ne se

Vendredi 04 octobre, AJA dévoilait son premier EP Solitaire, cinq titres comme un voyage invitant à la contemplation.C’est loin des sonorités surf rock et psyché pour lesquelles on la connaît que l’on retrouve Clémence Quélennec avec son projet solo AJA : elle réalise une échappée en solitaire entre ballades planantes en français et instrumentales éthérées inspirées des musiques japonaises – en témoigne le titre Hikari, « lumière » en japonais. Tel le visuel très coloré et à la fantaisie presque enfantine imaginé par Sarah-Louise Barbett (Musique Chienne), l’univers de Solitaire est aussi doux qu’il est humble et délicat. Avec ce premier EP, AJA caresse le sensible avec élégance et poésie. En studio comme en live, armée de son synthé et d’une simplicité désarmante, elle envoûte et apaise. AJA signe une musique méditative et solaire, comme une oasis de lumière et de douceur. Le clip de Rien ne se accompagnant la sortie de l’opus, au titre interrompu comme une respiration, se fait le miroir de l’EP : entre cieux crépusculaires et jeux de lumière, la vidéo réalisée par Maxime Gaudet et Julie Oona se veut un modèle de simplicité et d’élégante humilité.

Jaakko Eino Kalevi – Dissolution

C’est avec un morceau au groove irrésistible que le finlandais Jaakko Eino Kalevi annonce son nouvel opus à paraître le 22 novembre prochain chez Domino Recording. Un an après Out of touch, l’artiste au visage angélique est effectivement de retour avec Dissolution, titre qui donne son nom à son futur mini-album. Il nous avait régalés de morceaux bercés par sa voix suave, par des percussions aux rythmes entraînants pouvant être estampillés world music et des instrus jazzy : pour notre plus grand plaisir, ce dernier titre s’inscrit dans le sillage de ses prédécesseurs. Dans son clip signé Kevin Luna, on suit un homme coiffé d’une perruque et à l’allure loufoque à travers le désert, dans une chambre d’enfant au décor kitsch ou à travers la ville et ne pouvant s’arrêter de danser. Humour et innocence enfantine marquent donc la vidéo qui incite à la libération et à la danse décomplexée : au lâcher-prise. De quoi nous mettre l’eau à la bouche avant la sortie de l’opus.

MØ – Beautiful Wreck

Extrait de Forever Neverland, qui est sorti depuis maintenant déjà presqu’un an, Beautiful Wreck s’offre un clip tout en esthétique et en finesse. Le clip de   nous plonge ainsi au cœur d’une chorégraphie en plein jardin mystique et art-rooms. Une fausse pellicule de diapositive et la voix de velours de la chanteuse nous embarquent en plein rêve psychédélique.


Foals – The Runner

Foals sortira le 18 octobre prochain la seconde partie de Everything Not Saved Will Be Lost. Pour illustrer cette suite, le groupe a collaboré avec Quentin Deronzier pour le clip de The Runner. On y aperçoit un Yanis Philippakis en proie à son double machiavélique. De tableaux en tableaux d’art, on voit les deux alter ego lutter contre une nature en flamme et un Yanis tentant de fuir comme il le peut. Le groupe sera également présente au Arte Concert Festival la semaine prochaine à la Gaité Lyrique. Courez-y, nous on y sera.


JE Sunde – Hickory Point in the Fall

JE Sunde, nouvelle pépite folk de Cartouche Records nous présente le clip de son titre Hickory Point in the Fall, extrait de Shapes That Kiss The Lips of God, son premier LP. Une voix perchée, une musicalité s’apparentant à Paul Simon, Jon Eward Sunde s’offre dans ce clip une ambiance bucolique à l’allure loufoque, le tout sur fond d’automne.


Maëlle – Sur un coup de tête

Elle s’exprime à travers nous, comme on s’exprime grâce à elle. La passion, si forte qu’elle nous permet de franchir n’importe quelle barrière, si grande qu’elle nous guide, qu’elle nous transforme. Celle de Maëlle pour la musique lui a valu la victoire de l’émission The Voice en 2018, lui permettant ainsi de créer son propre album, dont la sortie est prévue pour Novembre. C’est cette aventure qui résonne dans les paroles de son dernier titre sorti ce vendredi : Sur un coup de tête. Dans un paysage où la nature semble reprendre ses droits, la voix envoûtante de Maëlle s’envole entre embruns et références littéraires, et continue de charmer comme au premier jour. Elle incarne un nouveau souffle, celui de la jeunesse qui s’exprime, qui dénonce, qui « ose, qui ose plus fort », le tout en douceur et en poésie. Sur le son clair du piano, Maëlle joue sur les mots, danse sur les notes, puis se jette à l’eau.

Mélodie Lauret – minuit quelque part

Il y a quelques temps, on vous dévoilait la « toute première fois » de Mélodie Lauret avec son titre 23h28. La jeune femme est revenue cette semaine avec son nouveau titre minuit quelque part, qui dévoile une facette plus lumineuse que ce soit dans la composition mais aussi dans la voix plus chantante, portée par des chœurs superbes. La couleur musicale de l’ensemble suit les propos, cette histoire d’amitié où le temps n’existe plus, où les nuits s’étirent dans un infini qui n’a plus d’importance tant qu’on est ensemble avec ceux qu’on aime. Visuellement, la jeune femme poursuit son exploration de la nuit jusqu’au crépuscule en s’associant à nouveau au réalisateur Guillaume Genetet et réalisant un pont entre les clips, comme les parties d’une histoire complète, où le story-telling n’hésite pas à s’incruster dans la chanson pour offrir des scènes de dialogues, proches du quotidien comme ce débat sur la couleur et le goût des crocodiles Haribo (si nous devons donner un avis, on est clairement dans la team rouge). Mélodie Lauret continue donc de dévoiler un projet qui se révèle multiple et qu’on prendra plaisir à découvrir encore plus lors de son passage au MaMA Festival le 18 octobre.

Foster The People – Pick U Up 

Nous continuons nos divagations nocturnes pour passer de Paris à Los Angeles avec le nouveau titre de Foster The People. Contrant toutes les attentes, le groupe continue de dévoiler à un rythme assez soutenu des nouveaux titres, laissant de plus en plus espérer l’apparition d’un nouvel album. Pick U Up s’oriente du côté des titres les plus rythmés du groupe, avec ce groove incandescent, cette guitare rythmique qui nous emporte et ces refrains qui bien que teintés d’une couleur douce-amère s’accrochent directement à nos oreilles. Bref du tout bon comme on l’aime tant de la part de Foster The People dont la recette continue de nous enchanter depuis bientôt dix ans. Pour la vidéo, le leader du groupe, Marc Foster, passe une nouvelle fois derrière la caméra pour une sortie nocturne dans un quartier asiatique où l’on suit un jeune homme en balade et où l’amour n’est jamais loin. On a désormais plus qu’à espérer que le groupe nous revienne bientôt sur une scène française.

ALA.NI – PAPA 

Après avoir dévoilé le clip très feel good de SHA LALA y a un mois, ALA.NI nous plonge cette semaine dans un clip épuré, en noir et blanc, pour illustrer son titre PAPA, issu de son deuxième album . On y découvre l’artiste à travers des plans chorégraphiés sous l’eau et d’autres en pleine forêt. ALA.NI nous révèle un clip tout en mouvement illustrant les paroles fortes et criantes de tourments de son titre PAPA. On vous invite vivement à parcourir son dernier album, tant la voix de la jeune britannique est sublime et nous transporte. ACCA est ce disque parfait en ce dimanche matin où on veut juste rester au lit. Pour les plus chanceux, vous pouvez retrouver ALA.NI le 13 octobre à La Gaîté Lyrique dans le cadre du festival ARTE concert. Si vous n’avez pas pu prendre vos places, pas de panique, le concert sera retransmis en direct sur arteconcert.com .

Da Silva – Le garçon

Parfois, certains artistes s’adressent à nous dans notre intime. Da Silva nous avait déjà fait le coup avec Loin, premier extrait d’Au-revoir chagrin qui nous avait suivi une bonne partie de notre été comme un remède à la tristesse que l’on a pu vivre. Il récidive aujourd’hui avec Le garçon, titre aux accents reggae qui nous bouleverse une nouvelle fois puisqu’on y voit assez étrangement un miroir à nos propres interrogations jusqu’à en devenir presque troublant. L’écriture de Da Silva aussi poétique que directe nous touche ainsi en plein cœur et vient remplir certains vides en nous tout en apportant un point aux interrogations qui peuvent nous guider. Si sa musique est peut-être une thérapie pour lui, elle l’est sans doute aussi pour nous. La vidéo qu’il co-réalise avec Stéphanie Daccache joue elle aussi de cette simplicité franche, où comme dans le cinéma muet tout passe par les expressions des yeux et du corps pour un résultant fascinant et passionnant.

DI#SE – ### 

Quoi de mieux pour promouvoir son nouveau projet que de sortir le clip du banger de celui-ci ? Cela, le jeune DI#SE l’a bien compris. Il a donc décidé de partager le clip du très énervé ###, dans lequel il est enfermé dans une cage, enchaîné et entouré de personnes masquées, il a pour seul ami un micro dont il va vite s’emparer afin de débiter sa rage sur une prod énergétique. Son album Parfum vient de sortir ce vendredi, vous pouvez y retrouver ce morceau et 10 autres morceaux aux ambiances musicales différentes. Pour le live, il sera en tournée avec Les Inouïs du Printemps de Bourges et vous pourrez le retrouver le 16 octobre au MaMA Festival.

Fadah – Mourir Demain

Lui aussi a sorti son projet vendredi (et on vous en parle très bientôt), le clip de Mourir Demain n’est pas le premier extrait visuel du disque mais est celui qui a été retenu pour promouvoir ce projet. Fadah c’est ce que certains appellent un lyriciste, mais en vérité c’est un réel artiste avec un univers plus complexe et intéressant que cela. Dans ce morceau, il conte ses années passées, le tout avec un visuel très ensoleillé, rendu vintage par le filtre de grain ajouté par dessus les images, le clip est chargé d’ondes positives. L’album Furieux comporte ce titre et bien d’autres, c’est un projet où l’artiste a exploité les divers penchant de sa personnalité.

Djalito – En Morse

Djalito c’est la nouvelle signature Because Urbain. Rappeur marocain, maîtrisant la trap sous toute ses formes, il a réussi à se faire connaître avec plusieurs séries de freestyles dont une sur la fameuse chaine YouTube Daymolition. En Morse c’est le premier extrait d’un futur projet. Le clip est sorti ce vendredi, réalisé par Black Vision, on y retrouve un jeu de lumière maîtrisé à la perfection et un montage donnant encore plus de crédit à la prod et au flow de Djalito.

BE4T SLICER – « 09h57 »

Be4t Slicer, c’est un quartet de Lillois qui a décidé de faire les choses à leur sauce. Electro, jazz, hip-hop, essayez de leur coller une étiquette et ils auront sitôt fait de la décoller sans même que vous ne le remarquiez. En amont de la sortie de leur nouvel album A.M. (pour After Midnight), ils nous proposent un premier extrait tout en rythmes chaloupés et contrôlés. On se sent pris et entraînés par la musique instrumentale et les images hypnotiques, montage d’images captées lors de leurs voyages au Sénégal dans le cadre de projets portés par l’Aéronef. Cet avant-goût fait en tout cas monter la chaleur et on a d’ores et déjà envie de voir la suite. Rendez-vous le 8 novembre pour la sortie de l’album.

Antoine Pesle – Too Much 

À l’occasion de la sortie de son album HIFI ROMANCE, le Lillois Antoine Pesle (que vous devez commencer à connaître si vous nous suivez régulièrement) nous gratifie d’un nouveau clip pour le titre Too Much. Au groove imparable de l’instrumentation du morceau s’ajoute désormais une production d‘Arnaud Romano & Lorella Marques, dont le chanteur est l’unique protagoniste. Unique mais pas tant que ça puisque l’on assiste ici à un dialogue entre deux personnalités opposées au travers de l’écran d’une télévision cathodique, et dont l’une va progressivement prendre possession de l’autre… Le tout est plongé dans une ambiance colorée qui sied à merveille à l’esthétique de l’album, joueur et sensuel.

Jungle – Smile

Les clips s’enchaînent pour les britanniques de Jungle. Comme à leur habitude, celui de Smile met majoritairement en scène de la danse, en l’occurence Che Jones, qui apparaît sur tous les clips de leur deuxième album. Ils ont cette fois profité de leur passage au Southbank Centre (Londres) pour tourner ce plan séquence sur le morceau d’ouverture du live. L’idée peut paraître folle, mais le résultat est à la hauteur de l’audace du plan. On est charmés par la chorégraphie de ce jeune danseur qui se rapproche peu à peu de la scène en passant entre les rangées de spectateur incrédules à sa vision. Ils ont eu le bon goût de laisser la caméra tourner après la prestation, pendant que le groupe enchaîne avec le morceau suivant, pour laisser éclater leur joie et la partager avec nous. “Fuck me sideways”, comme ils disent.

THYLACINE – Anatolia

Artiste-voyageur (ou peut-être l’inverse ?), le talentueux Thylacine a pris l’habitude de nous faire voyager au son de ses beats profonds et majestueux. Après nous avoir fait visiter la Russie de part en part et l’Amérique du Sud avec ses deux premiers albums, il nous fait cette fois découvrir la Turquie grâce à ces paysages aussi magnifiques qu’inspirants. La production (réalisée sur place) est évidemment teintée de sonorités orientales mais on y retrouve la fièvre du jeune producteur dans un final où on sentirait presque la promiscuité et la moiteur d’un dancefloor chauffé à blanc. On a dansé devant l’écran, c’est pas des blagues et on a hâte de le retrouver sur scène lors de sa tournée partout en France.

Paupière – Humble Entente

Cette semaine, les québécois de Paupière ont fait leur grand retour avec leur nouvel EP Jettatura où ils continuent d’explorer la pop autant influencés par les années 80 que baignés d’une modernité bienvenue. Ici les voix féminine et masculine se répondent, on joue sur les intentions et sur la sensualité pour une Humble Entente globale. Si la musique est lumineuse, la vidéo de Saindon & Soleil offre un contrepoids particulièrement glauque, nous emmenant au coeur d’une espèce de culte sataniste et végétal pratiquant des sacrifices et des expériences sur des jeunes femmes. De l’ombre et de la lumière pour un groupe qui viendra nous enchanter au Pop Up du Label le 14 octobre.

Fun Fun Funeral – Brazil

Formation née de la fusion entre Clément Sbaffe (Satellite Jockey, Collection) et Dean Spacer (Action Beat, House of John Player, Clara Clara), Fun Fun Funeral est un groupe lyonnais lumineux, revigorant dont les sonorités nous rappelleront sans hésiter celles de nos belges favoris que sont les lascars de BRNS. Premier extrait d’Everything is ok (prévu pour le 25 octobre prochain), Brazil est un morceau pop à la fois doux, incandescent et charmeur dont le pouvoir est de parvenir à nous faire sien en l’espace de seulement quelques secondes. Dans ce clip filmé sur une terre familière à ce cher monsieur Amarante, le duo nous laisse admiratifs devant une nature atypique entre plage à l’eau cristalline, faune tropicale et flore abondante afin de donner naissance à des images colorées et psychédéliques mais définitivement poétiques. Une première mise en bouche avant de découvrir la suite d’ici quelques semaines… L’impatience est à son comble !

Mata Hari- Factory

Le rock français se porte bien, merci de vous inquiéter pour lui. Cette semaine, Mata Hari a dévoilé leur nouveau titre Factory. Intense, puissant, délaissant un peu les synthés distordus de Castle pour mettre plus en avant une guitare rageuse et une basse qui tabasse pour continuer à verser dans un post punk du plus bel effet. La colère, la violence, la politique, tout se mélange dans ce titre. Surtout, il s’accompagne d’une vidéo en plan séquence réalisé par Léo Ferrari à La Miroiterie Blanc de Béziers et qui suit le chanteur du groupe dans une balade colérique dans les quatre coins de l’usine. Une mise en scène puissante, tendue à l’image de la musique du groupe qui dévoilera son premier EP, Building Site, le 13 décembre 2019. Avant ça, ils viendront secouer les murs du Supersonic le 26 octobre 2019.

White Velvet – Maybe if I Died 

On s’est tous déjà posé la question, dans des moments dramatiques et d’autres moins. Comment faire comprendre aux gens ce que l’on ressent ? Comme expliquer la tristesse et le manque ? Peut-être que si l’on disparaissait, l’autre réaliserait la détresse, le manque, la violence que la fin d’une relation, amicale ou amoureuse, peut créer chez une personne. Cette sensation, ce besoin d’exprimer les choses, White Velvet l’a mis en musique avec Maybe if I Died, un titre tout en tension porté par la voix puissante de la jeune femme qui navigue sur une guitare prête à basculer à tout instant. La vidéo de Simon Freger suit cette fuite en avant, à pied puis en voiture, toujours plus loin à travers la nuit et la solitude jusqu’à se retrouver en haut d’un phare face au soleil et au jour qui a fini par se lever. On ne connait pas forcément la fin de l’histoire, mais on préfère se dire qu’elle se termine bien, car il est bon de rappeler qu’il faut vivre, même si cela implique souffrance et incompréhension.

Penelope Antena – Eau Claire

Le dimanche est censé être le jour du Seigneur et comme nous, vous êtes chez vous. Vous ne savez pas à quel saint vous vouer ? On vous conseille de vous tourner vers Penelope Antena, sainte patronne de nos yeux humides. On ne sait pas si c’est de l’Eau Claire qui coule de nos yeux, toujours est-il qu’avec cette vidéo live tournée dans une église, la jeune femme nous fait sévèrement considérer notre rapport au Divin. Un moment assez fou, qui rend l’émotion presque palpable et qui nous rappelle que le minimalisme est souvent le meilleur chemin vers la pureté des sentiments. On peut voir Eau Claire comme une prêche, comme un appel ou comme un échange, on peut y poser des mots qui ne seront pas franchement utiles. On peut peut être tout simplement se laisser porter et vibrer. Car il n’y a pas grand chose d’autre à faire que de se laisser pénétrer par la tendresse, la chaleur et la beauté absolue que ce titre diffuse en attendant la sortie de son album en vinyle le 7 octobre et sa date au Pop Up du Label le 25 octobre.