Les clips de la semaine #30 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Cette semaine, beaucoup d’actualité, on a donc divisé notre trentième sélection des clips de la semaine en deux. Et voici donc venir la seconde partie !

Harry Wilis Jane – Live au Métalunaire

Si on devait donner la définition d’un bon moment on pourrait parler d’un temps passé dans un lieu cool, où l’ambiance tamisée fleure bon la convivialité, on s’y sent bien et le facteur bonheur qui s’y ajoute est celui de la musique. C’est ainsi qu’on pourrait décrire cette capsule live des quatres protagonistes d’Harry Wilis Jane, ils nous livrent une partition enchantante et décontractée et il n’en suffisait pas moins pour faire éclore toute l’atmosphère du lieu, où chaleur et bien être se font ressentir, le bon souvenir des effluves de bières fraîchement brassées caressent nos sens, entre nostalgie et impatience d’y regoûter. Quel plaisir de s’offrir un replay sur un concert où complicité et technique se mêlent à une ambiance feutrée et intimiste, lorsqu’on écoute et qu’on les voit on se sent avec des copains, ces copains talentueux qui savent nous faire plaisir et nous faire sentir dans une safe zone. Ce live est une bulle, elle aspire nos pensées, nous réconforte comme un plaid bien chaud et nous dynamise suffisamment grâce à l’osmose qui se dégage d’un clavier fou, d’un batteur virtuose, des déhanchés lancinants du bassiste et de la voix suave du chanteur. Confinons nous avec ce groupe, et tout ce temps ne durera qu’un instant.

TV PARTY – Stuff

On commence la deuxième partie de notre sélection des clips de la semaine avec TV PARTY. Les franco-américains ont dévoilé cette semaine Stuff, premier extrait de leur EP Dark Heart prévu le 17 avril prochain chez Alter K. Accompagner d’un clip animé et un brin psychédélique, Stuff est une balade ensoleillée dans la plus grande tradition de l’indie-pop. Fait intéressant, le titre délivre un message qu’on devrait tous prendre en compte dans ces moments un peu étranges : le bonheur ne se trouve pas forcément dans ce que l’on possède mais plutôt au fond de nos tripes et faire la paix avec soi même et sans doute le meilleur moyen de vivre les grands moments d’incertitudes de l’existence. On a bien envie d’y croire et on se laisse donc bercer par ce message hyper positif.

A2H – Angoisse

C’est avec un morceau mélancolique et une instrumentale au piano, que A2H va exprimer ses angoisses. Le rappeur étant passé par divers styles musicaux, se sert de cette expérience pour varier à sa guise ses titres. Comme souvent, l’artiste évoque l’alcool et la drogue, ici cela est présent dès l’ouverture du clip, où se succède des cadavres de bière et des pilules. L’artiste est lui allongé dans un lit, accompagné par une femme à qui il a l’air d’expliquer ses tourments. La seconde d’après, il se retrouve accompagné par un pianiste à rapper, comme si il était sa propre voix off, et qu’il expliquait aux auditeurs ce qu’il se passait dans cette chambre. A2H, évoque sa solitude, il se sent seul, malgré la présence de cette femme aux cheveux bleus. Le piano commence à bruler de l’intérieur, tout comme les angoisses internes du rappeur prennent petit à petit le pas sur ses pensées. Tout au long du clip, celles-ci vont ronger l’artiste le rendant de plus en plus mal avec lui-même. Un clip qui expose à merveille les problèmes de confiance en soi que chaque être humain est susceptible de rencontrer dans son existence. 

Geeeko – Barauder

Geeeko en est déjà à son 6ème single. Jeune entrant dans le milieu du rap, il tire son épingle du jeu avec un rap assez novateur et une esthétique ultra-efficace. Sur Barauder il s’est essayé à la drill, celle-ci est relevée par des notes afro, rappelant les origines africaines du rappeur bruxellois. C’est donc un son court mais intense qui est livré par l’artiste. Le clip est tout aussi intense, on y retrouve le rappeur dans les rues de la capitale belge, là où il à l’habitude de trainer avec son équipe. Le visuel est comme à son habitude coloré et rythmé. Des couleurs flashys renforcées par des néons viennent trancher avec le caractère nocturne du reste de l’image. Un clip festif à l’image de l’instrumentale de Chuki Beatz. On y voit le rappeur dansé et prendre du plaisir tout en baraudant la fenêtre ouverte sur le ring de Bruxelles. Un clip et un morceau venant renforcer encore un peu plus la palette artistique du rappeur.

Thao & The Get Down Stay Down – Phenom

Phenom, la nouvelle vidéo de Thao and the Get Down Stay Down commence un peu comme nos soirées apéro en ce moment, par une connexion sur Zoom. Sauf que pour ce meeting, la musicienne basée à San Francisco nous propose une chorégraphie où les 8 danseurs (9 avec elle) se coordonnent depuis chez eux pour notre plus grand plaisir visuel (et qu’on ne manquera pas d’essayer lors de notre prochaine connexion à l’app !) ! Le groupe s’est allié à la chorégraphe Erin S. Murray (qui a travaillé notamment avec Charlie XCX) avec laquelle ils avaient déjà collaboré pour leur single précédent, Temple, sortie le mois dernier. La vidéo est astucieuse et amusante, et le morceau enjoué aux phrasés pop, basse funk, et parsemé d’ingénieux riff de guitares, parle de la prise de pouvoir de la chanteuse qui passe de calme, « poliment tout en bas » avec les paroles « I’ve been so politely at the bottom » à « en feu » : « In the past I was peaceful, Now I’m on fire, I’m a creature, I’m a feature, of the future, and I’m on fire. » (« Par le passé j’étais calme, Maintenant je suis en feu, Je suis une créature, je suis une particularité, du futur, je suis en feu »). Morceau qui donne la pêche donc et qu’on recommande pour danser de chez soi !
Le nouvel album, Temple, sortira le 15 mai.

Die Antwoord – Future Baby

Nous sommes en 2198 et « la Terre est niquée » (« Earth is Fucked »). Telle commence la vidéo Future Baby, nouveau single tiré du nouvel album du duo sud-africain Die Antwoord, sorti il y a peu. Le mot d’ordre (reçu par la mère de Ninja) est de procréer. On y voit Ninja au commande d’un vaisseau spatiale, qui nous fait traverser la galaxie avec l’hologramme de Yolandi Visser, ici « Pleasure Model X » sur le tableau de bord avant d’arriver dans un no man’s land post-apocalyptique où il doit éliminer des ennemis pour pouvoir récupérer le corps de Yo-Landi et son « utérus artificiel intacte ». C’est sous cette forme de jeux vidéo sci-fi que le groupe de contre-culture techno rave nous présente un morceau sombre aux percussions répétitives où se mélangent les voix agressive de Ninja et manga-style de Yolanda. Bien qu’assez dark et pour les amateurs confirmés du groupe, il s’agit du morceau le plus streamé de l’album House of Zef, disponible en écoute sur toutes les plateformes.

Tomasi – TOMASERIE # (-2)

Tomasi serait-il devenu sérieux ? C’est un peu la grande crainte qui nous a envahi lorsqu’on a lancé sa TOMASERIE # (-2). Les trente premières secondes le présente en espèce de grand gourou venu nous délivrer un message d’importance sur le monde et ce qu’on en fait … Bon okay ce n’était qu’une bonne blague. Dans ce nouveau numéro de sa Tomaserie, qui sert à faire le pont et à tuer l’attente en attendant la sortie de son prochain projet, le parisien balance son flow dans une espèce d’égotrip qui sert quand même à tirer à la sulfateuse sur le mâle alpha et son image de perfection qui nous donne tous envie de gerber (sauf si vous vous y reconnaissez et là, on ne peut clairement rien pour vous). Toujours associé avec son partner in crime Nicolas Garrier, on le voit se promener dans son légendaire kimono pour aller méditer, faire des calins aux arbres et … faire un peu n’importe quoi au final.
PS : saurez vous repérez le sample à une célèbre série anglaise dans la prod ?

Thx4Crying – Splash ( Muddy Monk )

C’est toujours compliqué d’aimer une reprise. Un peu comme s’il l’on trompait quelqu’un, sauf qu’ici, il s’agit de musique. Mais ce n’est pas impossible, certaines sont meilleurs que les versions originales. Et d’autres, comme une continuité, un prolongement de la version initiale. Thx4Crying nous offre un plaisir coupable avec sa reprise du titre Splash de Muddy Monk. Les sons électroniques d’un clavier sont conservés, mais la voix chaude de Muddy Monk laisse place à la légèreté de celle de Thx4Crying. Les notes semblent s’étirer et s’envoler dans les hauteurs. Le timbre y est plus clair, plus léger et lumineux. La lumière est omniprésente. Ne serait-ce qu’à travers le clip où l’artiste brille de plus en plus à en être incandescent. Puis à disparaître… On espère que c’est pas pour notre remarque, car tout comme Joséphine Baker, nous avons deux amours : Muddy Monk et Thx4crying.

TRENTE – ÉTÉ

Le mois d’avril arrive à peine et Trente nous parle déjà de la fin de l’été. À l’origine titre hautement mélancolique, Été P2 s’offre un petit lifting et devient Été se transformant en titre solaire et qui nous réchauffe le cœur au point qu’on a qu’une envie : enfiler une chemise à fleur et profiter du soleil (spoiler : on l’a fait, mais il fait quand même un peu froid en ce moment). Comme toujours, Trente nous touche avec une aisance absolue, sa plume trouvant sans trembler la direction de notre âme. On retrouve aussi sa patte à la réalisation, qui transforme le DIY en esthétique puissante, une vidéo ou il invoque tous ses amis à danser, à sourire et à vivre. Finalement, c’est tout ce dont on a besoin en ce moment.

No Age – Feeler

Le duo de Los Angeles dévoile cette semaine un nouveau titre de Goons Be Gone qui sortira le 5 juin prochain, suite de leur précédent album Snares Like A Haircut. Avec Feeler, No Age continue à jouer comme des adolescents en mêlant groove et distorsion. Kersti Jan Werdal, anthropologue spécialiste de photographie et d’images d’archive, réalise son premier clip vidéo. Narrant le passage à la vie d’adulte, la jeune réalisatrice a voulu mettre le parallèle le caractère sauvage de l’adolescence avec ses joies, ses échecs, ses réussites, ses déceptions et la découverte de soi avec la faune sauvage, symbole de liberté et d’émancipation comme on peut s’en amuser avec quelques extraits de Bambi. Et c’est justement ce brin de fougue et de nostalgie qui anime depuis douze ans le noisy rock de No Age.

Arigato Massaï – You Boy feat. Yanis

Qui suis-je ? C’est une question un peu bizarre à laquelle on n’aura jamais tout à fait de réponses. Alors on enquête, on cherche les moindres petits indices sur notre propre identité. On se cherche. Cette quête Arigato Massaï accompagné de Yanis, l’entreprend par son clip You Boy. « L’histoire de ce clip, c’est l’histoire d’un jeune homme en quête d’identité et prisonnier de son quotidien. » témoignent les réalisatrices Juliette Labrousse et Sonia Guitz. On y aperçoit un jeune homme dans son quotidien, entre la rue et sa chambre. Lorsque la voix de Yanis se pose sur la pop electro d’Arigato, le garçon danse. Cela fait écho à l’artiste lui même qui s’inventait et se réinventant, en dansant dans sa chambre d’adolescent. Puis, d’autres personnages viennent briser la monotonie et la solitude de son quotidien. Entrent ainsi un roi, un amant et une sirène qui symbolisent un espace de rêverie et de fantasme. Un lieu de totale liberté. Mais en attendant de rencontrer nous aussi ses personnages merveilleux, et même de nous rencontrer, on peut aller écouter le dernier EP d’Arigato Massaï, How We Go, sur lequel figure ce titre. 

Rolling Blackouts Coastal Fever – She’s There

Les Australiens n’ont pas eu de difficultés à convaincre le public de la scène indie rock avec leur précédent album Hope Downs (2018). Ils nous reviennent gaiment et enjoués dans un clip qui respire l’évasion et l’espoir sur un fond de décor western tout à fait sublime. Très énergique, She’s There nous fait ressentir l’élan amoureux avec son accélération de rythme et à travers les images, l’impulsivité du chanteur qui s’adonne à courses sportives insouciantes et intenses. On reconnait la patte frisonnante de Rolling Blackouts Coastal Fever qui mise énormément sur la diversité de jeux de guitares. Leur nouvel album, Sideways to New Italy sortira le 5 juin sur le label Sub Pop.

BBCC – How the fuck did she survive the nuclear holocaust?

Et alors, après la fin il se passe quoi ? Bon certes, on est pas dans la fin du monde telle qu’on peut l’envisager actuellement, mais une apocalypse nucléaire n’est pas non plus inenvisageable. C’est en tout cas le point de départ du nouveau titre de BangBangCockCock issu de leur album prévu pour prévu pour juin. How the fuck did she survive the nuclear holocaust? , morceau parlé et inquiétant, nous raconte l’histoire de Eleanor, survivante d’une fin nucléaire finalement arrivée. Ici, chaque personnage raconte son histoire à propos de Eleanor, le tout nous est dicté comme un conte macabre. une histoire étrange et obsédante. La vidéo sur pellicule de Laura Sifi nous emmène dans une espèce de communauté/ culte après que tout se soit éteint, à mi chemin entre le Problemos de Eric Judor et le freak show le plus étrange d’un cabaret d’un autre temps. On se laisse happer par cette étrange ambiance sonore et visuelle en espérant que tout cela n’arrive pas prochainement.

ROUGE CONGO – Rien n’a de sens

On commence à se demander si les artistes ne se sont pas donné de défi quand à la sortie de leur titre. Après avoir dévoilé l’île noire, Rouge Congo est de retour cette semaine avec Rien n’a de sens. Le duo rémois continue d’évoluer dans une veine à la fois poétique et cryptique, sorte de voyage mentale auquel il confronte des ambiances électroniques ambitieuses et puissantes. Le clip réalisé Romain Berthiot & Romu Ducros joue sur ces jeux de miroirs pour évoquer tour à tour la perte de repère, le besoin de s’échapper et pourquoi pas un peu la schizophrénie. Ici Rouge Congo continue, comme dans leur précédent clip, à jouer sur le flou entre l’un et l’autre, devenant tour à tour le torturé et le bourreau. Une mise en abime étrange et qui semble montrer un certains attachement à la psychiatrie (ou alors ils en ont besoin). Ce nouveau morceau annonce un nouveau projet, prévu pour cet autonome. En attendant, on continue de penser que Rien n’a de sens.

Moses Sumney – Cut Me

Quelle beauté, imaginez Moses Sumney partir en psychiatrie. Il embrasse sa folie et l’embellit. Quand la danse reprend les codes de la folie et nous dépeint une chorégraphie magnifique on peut dire qu’il n’y a rien de plus beau que la douce démence de l’artiste.Tous les plans proposés sont d’une beauté époustouflante, aussi bien lorsque les corps de l’artiste et de ses deux acolytes bougent en osmose ou lorsqu’on découvre Moses tout de noir vêtu, étendu sur son cercueil dans une pièce où les murs d’ordinaire si blancs sont jonchés d’un lière luxuriant.Que dire du dernier plan qui sort de l’ordinaire et nous stupéfait, l’artiste domptant une ambulance, il ride le camion avec grâce et dignité, juste wow.

Jul – Sousou

Ha Jul, peut être l’artiste qui déclenche le plus de ressenti chez les foules, véritable marqueur social Jul scinde les gens en deux groupes, ceux qui sont le sang de la veine et ceux qui ferment les yeux et leur coeur. Parce que disons nous le, quelle chance d’avoir un tel personnage dans le paysage musical Français. Quelle fut notre joie de voir un nouveau clip sortir, pour un morceau encore une fois très rythmé et si efficace. On retrouve l’artiste entouré de son équipe qu’on commence à connaitre par coeur suite aux nombreux planète rap endiablés sur skyrock. Le J se met en scène dans un travail éreintant du BTP, et repris par son esprit rêveur ne répond pas aux obligations de son patron, car oui Jul excelle dans une seule et unique chose, la musique, la production, c’est son domaine. Alors on continue avec un plaisir sans fin d’écouter et chanter à tue tête “aaah faut les sousou”, un titre qui donne le sourire. Merci d’exister le J.