Les Clips de la semaine #22

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Embarquez avec nous pour l’épisode 22.

Caesaria – Beast

Les dignes héritiers des Klaxons reviennent sur le devant de la scène avec un nouveau clip, Beast, teasant la suite de leur déflagration musicale. Les quatre franc-comtois de Caesaria apparaissent plus électrifiés que jamais dans un clip à la hauteur de nos espérances. Avec leur style inclassable, leur énergie infinie et leur dynamisme poussant à la danse désinhibée, ils réalisent un véritable tour de force qu’on attendait depuis longtemps. À la fois pop, rock indé et électro, le titre est un véritable tube. Une injonction à mettre un casque sur vos oreilles, pousser le volume au maximum, faire de la place dans votre salon et danser jusqu’à en perdre haleine.
Un clip à la fois sombre, décalé, et percutant, virant à la folie et au lâcher-prise. L’enchaînement des plans fait écho au rythme saccadé du titre qui nous fait irrémédiablement danser jusqu’à la fin. Jusqu’à recommencer, encore et encore, et laisser l’énergie s’emparer de notre corps comme un antidote, un sortilège, une possession.

Kaytranada feat Kali Uchis – 10%

Le morceau phare du dernier album BUBBA de Kaytranada a enfin droit à son clip. Imaginez l’ensemble d’une soirée vibrer aux sons d’un dj aussi reconnu que le canadien, le tout dans une ambiance et un décor disco exacerbés. A l’image de la musique de l’artiste, le clip est haut en couleur, on retrouve le dj dans son rôle principal, faire danser les gens et on peut dire que sa mission est réussie tant ce morceau nous donne envie de rejoindre la fête. L’impériale Kali Uchis fait elle aussi parti du clip, elle se comporte en diva distribuant des billets à tout va, sa voix enchanteresse nous guide dans les profondeurs du groove et de la dance pour notre plus grand plaisir. En bref, bien qu’ils réclament 10%, on serait prêt à leur donner 100% pour qu’ils continuent de nous faire danser.

Hinds – Good Bad times

Sauver la veuve et l’orphelin, voilà la nouvelle mission que se donnent les 4 fantastiques du groupe Hinds. Cette vidéo les mets en scène comme 4 héroïnes déguisées qui rendent service à la population et combattent le mal. Le clip à l’esthétique si particulière nous fait plonger dans l’univers barré et toujours aussi énergique et coloré du quatuor espagnol. Ces filles ont quelque chose de spécial on le sait, leur musique nous transcende depuis quelques années déjà mais on ne s’attendait pas à ce que ce petit caractère spécial soit en fait un super pouvoir. C’est ainsi qu’on retrouve chacune d’entre elles, à l’image des comics américain, effectuer des missions afin de rendre le monde plus heureux. Et comme un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, on retrouvera Hinds le 3 Avril prochain pour la sortie de leur nouvel album The Prettiest Curse. On aimerait à notre tour utiliser le pouvoir d’accélérer le temps et de déjà découvrir l’album, hélas, notre seule arme reste la patience…

MNNQNS – Limits Of Town

Cette semaine, on a aussi pu retrouver les têtes des Rouennais de MNNQNS dans un clip à la fois ancré et en suspens de toute réalité. Au milieu de l’hyperventilation de Body Negative, Limits Of Town est une longue et constante inspiration. En prime d’être un des morceaux les plus calmes du premier album de MNNQNS ; le clip a été tourné lors de leur tournée chinoise. Les musiciens réinventent alors Lost In Translation dans une succession de plans zoomés qui isolent le groupe de l’urgence de la ville et de son quotidien, illustrant d’une certaine manière les angoisses qui ont pu découler de leur ascension fulgurante. A la question Is anybody there, on répondra volontiers oui, et aussi que nous sommes de plus en plus nombreux. 

Yellowstraps – Take Over

À l’occasion de la sortie de leur nouvel EP Goldress (on vous en reparlera plus en détail, promis), les Belges de Yellowstraps nous présentent également un nouveau clip: Take Over. On y retrouve les ingrédients qu’on leur connait, entre groove imparable, voix entre soul et hip-hop et guitares réverbérées. Le tout habillé par les images de François Dubois qui nous emmène dans un univers faste et contemplatif, dont la montée se lie parfaitement avec le morceau. Il nous présente deux personnages dans des tableaux d’intimité entrecoupés de scènes de danse, le tout remarquablement filmé et avec une gestion splendide des lumières. L’esthétique dorée générale est un très bel écho à l’identité visuelle du groupe. On retrouvera très vite le groupe sur les routes, les premières dates de la tournée ayant été annoncées récemment.

Refuge – Silsila Yeh Chahat Ka 

A travers son nouveau titre, Refuge nous transporte en plein Bollywood. Tiré du film Devdas, l’artiste réinterprète avec sa propre palette Silsila Yeh Chahat Ka. La musique est à la fois colorée et travaillée, marquée au fer des rythmes secs. On ressent une tension, palpable, entre des notes proches. Entre des sons stridents, se faufilent des sons vaporeux et veloutés. Contrairement à la version originale, Refuge ralenti le rythme, nous donnant le temps de nous imprégner de toutes les sonorités. L’esthétisme du clip ancre cet aspect. Car la musique ondule comme le corps de cette danseuse de Ghoomar. Puis, il y a la solitude de Refuge, dans le noir et son vide, qu’éclaire une lumière. Il y a ce coté lumineux dans le chant, et dans le texte qui conte « l’attente l’être aimé« . 

Oh Wonder – In and Out of Love 

Fraîchement sorti ce vendredi, No One Else Can Wear Your Crown est définitivement une ode au feel-good et un coach vers la confiance en soi. L’album se base entièrement sur la renaissance après une (voire plusieurs) relation difficile, clairement autobiographique pour le duo Josephine & Anthony. Cette semaine ils illustrent leur jolie histoire d’amour, parallèle à la naissance et évolution d’Oh Wonder, dans une vidéo toute en délicatesse à travers des notes et images intimes du couple au fil des années. Le tout bercé par une balade mélancolique au piano, In and Out of Love, qui efface tout sentiment négatif qu’avaient pu laisser les amours toxiques et passés dans la vie du duo. Une leçon d’espoir pour tous les pessimistes de l’amour. 

The Head and the Heart – Honeybee 

On reste dans la thématique de l’amour avec Honeybee, titre tiré de Living Mirage le dernier album de The Head and the Heart sorti l’année dernière. Si les paroles sont très claires et racontent les hauts et les bas d’une relation, le groupe de Seattle a choisi d’être plus pragmatique pour la réalisation du clip en prenant au mot le titre du morceau. C’est ainsi que l’on voit une Charity Rose Thielen arpenter les chemins d’une forêt aux couleurs automnales déguisée en abeille et poursuivie par un apiculteur. Une métaphore pour illustrer quelqu’un qui courrait à en perdre haleine pour réparer les erreurs commises dans une relation ? 

We Hate You Please Die – Hortense

On a pas fini d’entendre parler de We Hate You Please Die. A la manière d’un film indépendant qui gagne ses galons de film culte avec le temps, leur auto-produit Kids Are Lo-fi amène à lui un public de plus en plus large et, le plus important, qui comprend et partage les idéaux et la rage des rouennais. La preuve, il vient d’être réédité chez les excellents Cèpe Records et Howlin Banana Records. Pour fêter ça, et leur boule noire complète et bien dingo, ils ont dévoilé cette semaine un clip pour leur furieuse Hortense. Ballade dans le centre de Rouen en mode film icognito ou l’on suit Jean Poil promené par Ed de S.A.D au look particulièrement particulier. Il parait que l’apocalypse se trouve parfois à un coin de rue et honnêtement, on est prêt à y plonger avec eux. Parce qu’on ne sera plus jamais seul et c’est sans doute ça le plus important.

Hier Soir – Paradis 0

Puisqu’on vous parlait d’apocalypse, autant rester dans le thème avec Paradis 0 du duo Hier Soir. Pop song à l’efficacité immédiate, le titre, bien plus malin qu’il n’y parait, nous parle essentiellement du temps qui passe contre lequel on ne peut finalement rien, de la vie qui nous glisse sous les doigts et de notre quête désespérée d’y trouver un sens autant que de laisser une trace de son passage, de marquer son existence. Sous la caméra de La Sale Affaire, le titre se transforme de manière imagée (et un peu glauque) en histoire d’amour qui se termine, traitant de la perte autant que de la fin avant de se transformer en clip animé aux couleurs explosives. Finalement l’apocalypse est un vecteur émotionnel toujours aussi fort.

Oh Mu – Daddy

Iel nous avait fracassé la tête lors de son passage au MaMa Festival. On est assez heureux de voir Oh Mu débarquer avec un nouveau titre Daddy. Et comme d’habitude, l’artiste sort la sulfateuse dans son style si reconnaissable et qu’on adore. Une poésie directe, presque brutale, pour un thème fort : le patriarcat et la masculinité toxique. A coup de percussion fracassante, Oh Mu tire à boulets rouges sur un concept archaïque et transforme la résilience en rage, nous embarque avec iel et son refrain qu’on reprend immédiatement en cœur. Devant et derrière la caméra, Oh Mu se transforme en ange vengeur, anonymisant des hommes parfait à l’aide de collage d’images d’hommes qui se croient forts mais qui finalement ne servent à rien et d’animations visuelles. Comme toujours, c’est aussi efficace que nécessaire, c’est percutant et violent mais c’est sans doute la seule manière de faire réagir les gens. On attend la suite des aventures d’un.e artiste qu’on aime particulièrement chez La Face B.

AaRON – Odyssée

Cette semaine, Aaron est revenu dans nos oreilles avec un nouvel EP annonçant un quatrième album. Une chose est sûre, un virage électronique assumé semble être pris par le duo. Odyssée est un titre atmosphérique, jouant sur des synthétiseurs rêveurs et une batterie électronique qui claque. Entre le français et l’anglais, Aaron tisse le fil d’une rimes douces, qui pousse donc au voyage et à l’odyssée, d’un être qui trace sa route mais fini au final par se perdre lui même. Visuellement, le groupe nous embarque dans une casse de voiture presque irréelle, dans un labyrinthe gigantesque de carcasses qui rappelle autant une certaines esthétique hip hop dans les plans que d’une recherche permanente de poésie avec l’apparition de personnes faisant du tai-chi. Calme et tempête avant l’explosion et un retour attendu sur scène le 21 novembre au zénith de Paris.

Baxter Dury – I’m Not Your Dog

Du français chez Baxter Dury, est-ce vraiment surprenant ? Le dandy le plus cool d’Angleterre est de retour cette semaine avec I’m Not Your Dog. Si on retrouve comme toujours la nonchalance vocale qu’on aime toujours autant chez l’anglais, les chœurs féminins et un plaisir certains à nous caler des violons qui peuvent tendre par moment vers le disco, la vibe mélancolique de la musique se fracasse sur ce titre à des pulsations électroniques bien plus froides et intenses qu’à l’accoutumée. Une petite surprise pour un titre qui ouvrira The Night Chancers, le nouvel album de notre bon Baxter. Visuellement, Tom Haines nous transporte dans un univers que ne renierait pas Michael Mann ou Refn période drive avec ce plan séquence qui suit un Baxter bien mal en point sur une plage entre la nuit et le jour. Une ambiance de fin de règne et de polar flotte ici. La mort n’est finalement jamais très loin de la vie et voir Baxter Dury aller vers son destin alors que les violons prennent de plus en plus d’importance nous colle une nouvelle fois des gros frissons.

Danny Brown – 3 Tearz ft. Run The Jewels

Il y a des associations qui font plus plaisir à entendre que d’autres. Et honnêtement pour tout amateur de rap américain, voir Danny Brown collaborer avec Run The Jewels est le genre de nouvelles qui met des étoiles dans les yeux. Issu du nouvel album du premier, uknowhatimsayin¿’ , 3 Tearz est un titre qui sent le bon vieux temps, pas de gros kick , pas de trap, pas d’autotune, juste trois MC’s au top de leur talent sur un production à l’ancienne (merci au génie de JPEGMAFIA) qui envoient du lourd. Et honnêtement, on a pas besoin de plus. Niveau clip, les garçons jouent aussi de cette fausse nostalgie sous la caméra de Colin Read ou l’on voit Danny, EL-P et Killer Mike se retrouver dans un entrepôt désaffecté ou le joint tourne tranquillement et ou l’ambiance est chaleureuse. Bien loin de tout le bling bling du rap actuel mais surtout bien plus proche de tout ce qu’on aime.

Arigato Massaï – How We Go

Détourner la pop culture, telle semble être la mission de Arigato Massaï dans leur nouveau clip pour How We Go. On s’est amusé à essayer de trouver toutes références et films que le groupe a utilisé pour sa vidéo et c’est aussi amusant que la chanson qu’elle met en image est efficace. Uniquement porté par une ligne de texte qui semble se répéter à l’infini, le groupe dévoile ici un nouvel titre pour un EP six titres prévu pour le 14 février. How We Go est une montée électronique entêtante, qui nous rentre en tête immédiatement, qui la secoue. Si la couleur musicale est bien plus électronique, les voix amènent une bonne part d’humanité et de chaleur presque soul par moment. Un mélange des gens réussis et qui annoncent du tout bon pour la semaine prochaine.

Aedan – EVOLUTION

Est ce que vous vous souvenez de Microcosmos ? Aedan et Thomas Blanchard semblent eux y porter une affection toute particulière et nous emmène dans le monde de l’infiniment petit, la ou la vie grouille plus que nulle part ailleurs pour mettre en image EVOLUTION issue de son EP MICROCLIMAT. Tourné dans une qualité visuelle absolument incroyable nous permettant de visualiser tous les détails possible de ce qui se dévoile sous nos yeux, le clip est une exploration d’un autre monde qui vit pourtant à côté de nous. Un dépaysement familier qui nous emmène dans des couleurs et des images absolument vertigineuses. Une manière différente d’envisager notre univers et l’évolution qui accompagne un titre rêveur et atmosphérique qui porte définitivement la patte d’Aedan.

Ricky Hollywood – Le choix

Est- ce que tout sourit à la vie Ricky ? Avec Le choix on ne sait pas trop. Ricky Hollywood, l’artiste le plus gentimment étrange de la pop française et donc de retour avec Le choix, premier extrait de son nouvel album. On va la faire courte, le titre traite évidemment de la difficulté de faire des choix, que ce soit pour soi ou pour les autres. Ricky Hollywood utilise encore une fois sa poésie presque absurde et souvent décallée pour traiter d’un sujet qui nous affecte tous. Mélancolie et humour sont donc toujours au service du sujet le plus important de tous : la vie. Benjamin Nuel transforme cette histoire en rencontre amicale dans un bar qui se transforme en anti-chambre d’un sauna fantasmagorique dans lequel Ricky se rend pour espérer trouver des réponses. Viendront-elles ? On vous laisse découvrir.

Celeste – Stop This Flame

Ambiance jazzy et voix d’un autre monde : voici la recette de Celeste avec Stop This Flame. L’anglaise fait un retour fracassant avec ce style musical que l’angleterre affectionne tant et qui, avouons le, nous avait un peu manquer récemment. De la pop teintée de soul au message combattif et extrèement positif, le tout mené tambour battant par un rythme effréné et un piano dingue qui nous donne un sourire d’une oreille à l’autre et une envie de crier que nous non plus on abandonnera pas. La vidéo de Leonn Ward nous emmène dans un monde bien plus politique qu’il n’y parait et qui colle parfaitement à l’ambiance de ce titre. Notez bien ce nom, on est certains qu’on entendra beaucoup parler de Celeste cette année.

Animali – Able Archer

Décidément, la fin du monde aura pris une place importante dans notre sélection des clips de la semaine. La preuve une nouvelle fois avec Able Archer de Animali. Si le groupe a décidé de nous offrir une note d’intention concernant sa vidéo, on a préféré nous laisser bercé par la beauté de leur musique et par l’esthétique visuelle très forte de Simon François et Frédéric Tacer. Il est bien sûr ici question de notre monde et plus particulièrement de l’être humain, de sa capacité à détruire et pervertir toute chose, ce qui n’empêche pas la terre de continuer à tourner. avec Able Archer, le groupe nous emmène dans un univers total ou le son répond à la vidéo et inversement. Une petite beauté au lyrisme prononcé ce qui n’est pas pour nous déplaire et annonce en grande pompe un second album pour le groupe.

BLOWSOM – Colours

Chez La Face B, on aime beaucoup les sessions lives. Elles nous permettent de découvrir un titre souvent d’une manière différente, de mettre en avant un artiste dans ce qu’il fait de mieux au final : de la musique. Ici, on retrouve Blowsom dans un appartement lumineux pour une version épurée de son titre Colours. Sous une lumière naturelle, David Nouveau filme au plus prêt l’artiste et ses instruments, le tout baignant dans une lumière naturelle qui donne aux images un ton brumeux et presque flou pour nous emmener dans un monde proche du rêve. Un moment de douceur et de tendresse parfait et une manière idéale de clôturer notre sélection de la semaine.