Les clips de la semaine #177 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la seconde partie de la 177ème sélection des clips de la semaine.

VONFELT – Soleil

Après avoir fractalisé son monde, emporté par le kaléidoscope musical de son précédent titre Je ne sais où, Vonfelt se ressource dans Soleil, réchauffé par la douce chaleur des rayons d’un soleil évanescent. En suivant les battements de cœur qui rythment le début du morceau, Soleil fonctionne à la façon d’une autohypnose. 

La chanson nous mène – entraînés par la confusion de nos sens – à un lâcher-prise libérateur. Une injonction à reprendre son souffle qui nous encourage à accomplir nos voyages intérieurs. Les lignes musicales lofi qui s’entremêlent dans Soleil, se teintent de reflets psychédéliques exaltés dans la vidéo par la juxtaposition de couleurs complémentaires d‘un soleil en hiver où se conjuguent l’orange (chaleureux et rassurant) et le bleu (froid et profond).     

Avec Soleil, Vonfelt nous fait glisser un peu plus dans son univers – dont il esquisse les contours du bout de ses baguettes de batterie – que l’on aura plaisir à explorer tant il nous semble vaste.

okis – Textile

Depuis son Lyon, okis dépeint avec technique et rime son quotidien. Si les précédents projets lui ont permis d’installer sa plume traditionnelle et son récit singulier auprès d’un pan des auditeurs de rap, il semble avoir de plus grandes ambitions et ces dernières se ressentent au visionnage du clip de Textile réalisé par Marty%. Dans une succession de plans sous forme de travelling arrière, il invite le spectateur au plus près de son quotidien.

C’est depuis le salon de son appartement que l’on y rentre pour ensuite le suivre dans la rue. Deux composantes importantes de son quotidien qu’il s’amuse à décrypter au travers de ses textes. C’est également les deux lieux principaux de ce visuel qui prouve à nouveau l’appétence qu’il a à montrer les diverses facettes de sa vie de tous les jours. 

Alex Van Pelt – SINCERELY

Sincerely, Alex Van Pelt avec son nouveau titre nous annonce son retour. Mélodie délicate et paroles sensibles façonnent une ballade mélancolique aux doux reflets d’une pop liverpuldienne. Tournée sans artifice par Manon Sherlock, la vidéo prend comme décor la célèbre Little White Chapel de Las Vegas. Au royaume de l’artifice et du futile, les sentiments sincères peuvent-ils – par contraste – s’épanouir et prospérer ? Associé à l’immatérialité du bleu du ciel et de la virginité du blanc de la façade du bâtiment, le vert du gazon artificiel et du tee-shirt Garfieldo-Groucho d’Alex Van Pelt apporte une touche de naïveté, de légèreté et d’espérance dans le gris bitume.  

Avec candeur, Sincerely dévoile les prémices d’une nouvelle histoire d’amour qui devrait se métamorphoser en un nouvel album. On croise les doigts.

Esso Luxueux – Hills

Si le rap francophone était une cave à alcool, Esso Luxueux ça serait sûrement cette bouteille de Diplomatico qu’on a oublié mais qui ne cesse pourtant de bien vieillir dans l’ombre. Effectivement, beaucoup savent que le rappeur regorge d’un talent naturel pour le rap mais qu’il n’a que (trop peu) montré. La donne semble changer, après avoir inauguré le Private Club avec ses amis Jazzy Bazz et Edge et illuminé la Saboteur Mixtape d’un solo, il est bel et bien de retour avec Hills et son clip réalisé par Metanoia.

Ce dernier permet une belle porte d’entrée à l’esthétique qui colle à la peau du rappeur : un certain goût pour les belles choses (et les belles bouteilles), un cachet vintage et une attitude d’OG. Le tout est mis au service d’une technique implacable et de mélodies inattendues mais qui font toujours leurs petits effets. En somme Esso Luxueux, c’est peut-être l’une des bonnes surprises que le rap francophone livrera cette année. 

Rallye – emoji <3

Les sentiments et émotions portés par les chansons de Rallye apparaissent toujours catalysés par leur sincérité. Emoji <3 explore cet état d’âme dans lequel on se trouve lorsqu’on préfère s’isoler et ne rien faire de crainte de faire de mauvais choix, aussi futiles soient-ils. Mais ce manque de confiance en soi, celui qui engendre cet immobilisme subi, porte aussi la marque d’une sensibilité vraie.    

Ode à une mignonnerie clairement assumée, la vidéo met en scène les cinq musiciens de Rallye grimés en peluches géantes dans la douce ballade d’Emoji <3.

Rallye sera en concert le 22 juin pour une Maroquinerie qui sera – c’est certain – débordante de tendresse et de passion. Ce serait dommage de la louper. Vous pourrez également les voir tracer leurs chemins à Toulouse le 24 juin, à Vannes le 1er juillet et aux Francofolies de la Rochelle le 15 juillet.

Jeanne Balibar – Encore ! Encore !

Après une collaboration avec Rodolphe Berger, l’actrice-chanteuse Jeanne Balibar s’accompagne de Cléa Vincent. De ce duo, neuf chansons naîtront dont Encore ! Encore ! Il s’agit du premier morceau illustré d’un clip, en guise d’extrait d’un prochain album, D’ici là tout l’été, qui sortira le 9 juin.

Une invitation à profiter du temps estival, avec toute l’insouciance de l’enfance. Jeanne Balibar le chante, non, elle le réclame : “Être encore un enfant / Passer en une seconde / De détester le monde / Á voir la vie en grand !”

Le clip retranscrit d’ailleurs ceci, puisque Julien Mignot filme des plans séquences nous rappelant à l’adolescence, entre l’âge adulte et l’innocence des jeux de fêtes forains, des déguisements et des danses dans le salon. Quant à la musique, on reconnaît un aspect naïf inspiré de Cléa Vincent ou de Philippe Katerine participant chacun à leur manière au clip. 

GERVAISE – F*CK MON CORPS 

Difficile d’incarner la vie, lorsqu’il est difficile d’habiter son propre corps. Un corps qui nous appartient tout en n’en faisant qu’à sa tête. Face à cet indomptable animal, Gervaise exprime ses sentiments contradictoires avec le titre F*ck mon corps. L’artiste y évoque son désamour pour son corps, la difficulté d’apprécier ses propres traits. Un mal d’aimer que des injonctions extérieures renforcent.

Elles pourraient être métamorphosées dans le clip réalisé par Auréliane Camps. Car on y aperçoit Gervaise étouffée dans un costume de cellophane. Or, comme un appel à l’espoir, à la tendresse,on y apperçoit en noir et blanc des plans évoquant la douceur des corps et des coeurs.

Chien Noir – Je veux, je veux, je veux 

Chien Noir revient après son concert remarqué au Café de la danse où certains chanceux ont pu se délecter de quelques avant-premières dont ce tout nouveau single, Je veux, je veux, je veux, un an déjà après la sortie de son deuxième album : Beaux. 
Avec ce nouveau titre, peut-on croire en les prémices d’un troisième album avant la fin de l’année ?

Une chose est sûre, tout retour de Chien Noir est un élixir de créativité et d’expérimentation comme ce clip cinématographique, où perdure néanmoins l’évidence d’une belle et immuable personnalité ! Je veux, je veux, je veux zoome sur la diversité et tout ce qu’une grande ville, comme Paris, peut offrir en termes d’enrichissement culturel. Tout ce qui rime avec vivre ensemble, ou avec croquer la vie, tout simplement. Chien Noir encourage à aimer, à flirter avec les opportunités…  « Je veux vivre debout / je veux tout prendre et prendre tout. »

Hymne à la vie, ode à la tolérance, cette dernière chanson de Chien Noir appelle la lumière et une fois encore, résonne comme un élan de chaleur et d’espoir, de force, d’énergie solaire et élargit notre champ des possibles. « Ne jamais dire jamais » En fait, tout est possible, nous dit-il. « Je veux pas de certitude, de logique, d’exactitude. » La passion suffit. 

Max Caz – New-York au milieu des spectres

Sous la forme d’un film d’animation digne d’un véritable court-métrage, Max Caz raconte une nuit d’insouciance new-yorkaise, entre dancefloor et projecteurs mais non sans révéler une véritable part d’ombre, une « fêlure » dissimulée dans ce déni nocturne, une part dramatique étouffée dans les vapeurs d’alcool. Beaucoup de noir dans le brouillard du soir. Les personnages inspirent une étrange mélancolie, renforcée par les paroles.

On comprend vite les raisons de cette morosité et celle-ci, combien de fêtards ont pu s’y frotter : « La tenue de soirée ne cache pas la fêlure / costume large année 30 pour masquer les brulures. » étouffer l’ennui, conjuguer les blessures au futur, les remettre à demain. « D’accord rien n’est grave ce soir. » New-York au milieu des spectres révèle une vérité difficile à admettre : trop souvent l’amour joue les troubles-fêtes. Trop souvent la fête étouffe l’ennui pour le rendre plus grave encore. 

Gliese Et Kepler – Trance Télévision

L’hydre à quatre têtes Gliese Et Kepler revient pour une incursion dans notre galaxie ; issu de leur EP à paraître, Trance Télévision en annonce la couleur. Cavalcade lumineuse, les quelques 4’33 nous emmènent nager avec les méduses et autres requins marteaux. La solide colonne du morceau s’installe progressivement, entre percu’ légères, mélodiques saturations et nappes électro à la Air.

De l’adjonction d’écholalies minimales, ultra expressives, naît finalement la transe auditive, retranscrite à l’écran par la danse hasardeuse et psyché d’êtres hybrides, humanoïdes-cathodiques en week-end à Deauville. Dans ce foisonnement de voix et de notes, l’obsession de faire naître des messages d’un monde inerte : « Je n’ai jamais cessé de croire / Qu’un écran noir me parlerait ». Cryptique et réussi.

Louisadonna – Punchline

Avec son timbre mâtiné d’auto-thune et ses prod’ ultra contemporaines, la diva de l’électro-pop francophone Louisadonna a définitivement tout pour transformer les dance floors en antichambres militantes.

Féroce et dansant, Punchline envoie les auditeurs valser dans les cordes. Entre male-tears et white cis het en sueur, le clip à l’esthétique léchée magnifie à l’écœurement les dictats sociétaux dans une horreur paroxystique.

Des femmes tantôt marionnettes, tantôt sur le ring, s’y infligent diverses tortures dans une placide acceptation, biberonnées par une société de l’image où la beauté définit seule notre valeur… à saturation. Girly AF, redoutable, mais surtout : très efficace.

MAYBE MERLIN – HEADLONG

Clip ambitieux réalisé par Dorian Escourrou Headlong confirme la douance de Maybe Merlin pour les tours de magie... La nouvelle graphique animée et auditive permet au duo de s’affranchir des frontières artistiques par le multimédia, et il le fait avec la grâce qu’on lui connaît. Dans une ambiance éthérée, entre volcans et bords de mer, on retrouve nos deux personnages entre ciel et terre, en pleine évasion onirique. Une vie rêvée qui colle parfaitement à leur univers entre groove citadin et échappées sauvages.