Les clips de la semaine #174 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la deuxième partie de la 174ème sélection des clips de la semaine.

Séverin – Nouveaux Dinosaures

Sommes nous voués à être les nouveaux dinosaures ? À force de jouer avec le destin autant qu’avec la planète qui nous accueille, allons nous lentement mais surement vers l’extinction ?

Tout cela semble assez anxiogène dit comme ça, mais passé à la moulinette pop du génial Séverin, l’idée se vit avec un sourire non feint. Car le musicien à ce talent parfait, celui de prendre les choses avec le recul nécessaire pour faire passer la pilule. La fin du monde peut bien frapper, Séverin nous aidera à l’accepter.

Vivre avec un peu de relâchement, ne pas passer à côté de la vie et profiter du peu qu’on a, voilà ce qu’on a envie de faire avec Séverin. Nouveaux Dinosaures est un titre tranquille et rassurant, qui se sifflote et qui fait du bien au cœur.

La preuve avec ce clip dans lequel on suit deux dinosaures gonflables en promenade dans les ruines d’un monde qui a oublié les humains et qui repart à zéro, avec ou sans nous. Une manière de se rappeler qu’au fond, nous ne sommes que des données négligeables et que respirer et regarder le soleil sont des choses dont on ne profite pas assez.

Brö ft. Ichon – T’étais pas là 

Brö et Ichon nous offre un featuring à la croisée de leurs mondes, qui porte le doux nom de T’étais pas là. Une croisée des mondes, oui, mais une drôle d’épopée à travers les époques également. 

Brö dévoilait il y a peu son dernier album sur lequel figure T’étais pas là, titre sur lequel la chanteuse s’associe à Ichon, que l’on ne présente plus. 

Sur un rythme entraînant, leurs deux voix s’emmêlent et abordent le thème d’une relation amoureuse visiblement peu simple, dans laquelle les deux amants se croisent mais peine à faire leur chemin ensemble. 

Si le morceau est assez représentatif des deux univers des chanteur.euse.s, le clip est quant à lui une réelle mise en scène, digne d’un court-métrage. Ichon et Brö se mettent en scène dans un décor des années 70, grimés eux aussi aux couleurs de l’époque. Sur fond de cinéma muet, on plonge également dans les années 20 avec des chorégraphies de claquettes et de charleston millimétrées.

La thématique du clip ? Le droit de la femme à disposer de son corps et du droit à l’avortement, acte pour lequel l’époux n’est pas du même avis. Les deux amants s’aiment mais se détestent à la fois, et cette situation les mènent à un acte dramatique. On ne vous en dit pas plus car ce scénario à la Tarantino est à découvrir absolument. 

Awir Leon – Neelam Stone

1 mois et demi après la sortie de son dernier album, Love You, Drink Water, Awir Leon fait parler de lui avec la vidéo de Neelam Stone.

On est face à l’un des morceaux les plus sensuel de l’album, une production moite et une boucle de lyrics qui revient de manière entêtante. Impossible de passer à côté de ce groove lent et attachant qui nous prend au tripes et nous pousse à danser.

Ella Hermë & Ian Robinson l’ont bien compris et nous proposent une vidéo au plus près des corps, qui joue autant sur les flous que sur les couleurs très distinctes. Une vidéo qui se vit comme une expérience sensorielle et qui nous entraine dans ces endroits où les corps se frôlent et se mêlent. C’est aussi poétique et beau que le morceau. Comme souvent avec Awir Leon, on attend désormais la version live du morceau 🙂

Fredz – Ce soir (j’suis dans ma tête)

Fredz crée l’événement en dévoilant cette semaine le tout premier titre de son troisième album à venir. Avec plus de 60 000 écoutes en 24h, Ce soir (j’suis dans ma tête) fait une entrée remarquée et remarquable dans les playlist de rap francophone. 

Dans ce nouveau titre, le rappeur québécois raconte la chute difficile d’une relation dans laquelle il s’est oublié, a mis ses amis de côté pour finalement se retrouver seul et ne plus avoir le goût de sortir pour se changer les idées. Dans le clip sorti en même temps que le single, Fredz se met en scène entre les rues de Montréal et le huit clos d’un appartement où contrariétés et disputes semblent incessantes.

La musique du jeune rappeur s’immisce dans ce quotidien torturé et devient un échappatoire. Sur des guitares électriques mélancoliques, Fredz pose son flow désormais reconnaissable et nous transporte dans un récit à la fois intime et dans lequel chacun.e peu de reconnaître. 

La date de sortie de l’album n’est pas encore connue, mais les fans de Fredz à travers le monde s’impatientent déjà ! 

Bandit Voyage – Was Ist Das

Si David Byrne samplé dans Love No Where demandait en français « Qu’est-ce que c’est ? », Bandit Voyage lui répond en chœur et en allemand, Was Ist Das. Deuxième extrait de leur futur album à paraître en septembre prochain, Was Ist Das interroge – à la dérobée et façon Bandit – notre rapport au monde dans lequel on vit. Deux locutions, « Was ist das ? Mais qu’est-ce que c’est ? » et « I just don’t know what to do with your life » reviennent, tel un leitmotiv, révéler nos excès de misanthropie.  

Princesse en déshérence ou Psycho killeuse désenchantée, Anissa affublée de sa robe baroque, encore immaculée, bascule – façon Voyage – d’un monde onirique à celui du réel. D’une demeure remarquable et raffinée aux rues les plus ordinaires de Genève, où même l’anthologie des plus beaux poèmes d’amour n’apporte pas de réponse. Emportés dans le tourbillon sonore lo-fi de Bandit Voyage, on en ressort complètement ébouriffé en se demandant finalement : « Was ist das ? Mais qu’est-ce que j’fais ? »

Balm – Exode | Live Session

Dans une spirale sonore montant inexorablement en intensité, Balm nous emporte dans leur sentiment de révolte. Face à ce besoin de liberté qui nous est si cher, le combat de Balm se teinte des notes de guitare orientalisantes émergeant des nappes synthétiques et d’une rythmique toujours plus prégnante. Exode, nous plonge – guidé par la voix obsédante et lancinante du chanteur – dans un état cathartique naviguant entre folie et onirisme.

Deuxième extrait de leur futur album Lavander à paraître en septembre prochain, Exode laisse présager de jolies choses à venir. Filmée pendant une résidence dans les conditions live, la vidéo ne pourra que vous inciter à les découvrir sur scène. Pour cela rendez-vous au Metaxu (Patin) le 17 mai en compagnie de Streaker et de Femme Fatale et le 28 juin au Pop-Up du Label (Paris) en ouverture d’Awis.   

Ehla – L’autorisation

Une brise de liberté souffle sur le nouveau morceau d’Ehla. De ce besoin d’émancipation, « C’est fini j’demande plus l’autorisation », émane de douces vibes. Issue d’un R&B solaire aux teintes délicatement urbaines, la mélodie simple accompagne impeccablement son flow. Composée avec son amie Brö, elle parle avec sérénité dans la chanson « bouffées d’air pur » et semble se propulser sans remords ni regrets et avec enthousiasme vers l’avenir. L’autorisation n’attend plus.     

Et si Ehla avait trouvé sa voie ? Son premier album – Pause – prévu début juin – nous le dira. Tout semble l’indiquer ! Pour la voir sur scène, direction la Maroquinerie le mardi 6 juin 2023 pour fêter avec elle la sortie de son disque.

Special Friend – Selkie

Avec Selkie, le groupe franco-américain Special Friend nous berce d’une balade lente et mélodieuse, fidèle à ses racines musicales. Dans un clip tendre, où le jeu a une place centrale, Erica Ashleson et Guillaume Siracusa nous prennent par la main, nous invitant dans leur monde à la tendresse enfantine, teinté de merveilleux.

Une ode à l’amitié sans doute, qui se fard d’une couleur légère, tant musicale que visuelle : une force limpide qui émane de ce rythme lancinant, cet air de guitare qui envoûte l’image pour donner vie à ce petit être de plastique jaune, comme un canon a la mythologie scandinave.
Une jolie façon de commencer cette journée, et tous les autres jours.

This Is The Kit – More Change

Après l’annonce d’un nouvel album Careful of Your Keepers, produit pas Gruff Rhys (Super Furry Animals, solo…), et la sortie de Inside Outside, le premier single, This Is the Kit sort cette semaine More Change, un titre rêveur et mélancolique sur les changements de la vie. Kate Stables écrit du titre : “Parfois, on a l’impression que tout a changé du tout au tout et puis on a l’impression que ça a toujours été comme ça. Et qu’il en sera toujours ainsi. Plus les choses changent, plus elles restent les mêmes. La seule constante est le changement. Le changement est la seule chose dont nous pouvons être sûrs. Qui est qui ? Les personnes qui deviennent importantes pour nous et la manière dont elles le deviennent. Des phases qui vont et viennent ? Ou qui ne disparaissent pas ? Les amis dont nous avons besoin. Nous avons besoin de nos amis. (…)”

La vidéo qui accompagne le morceau, réalisée par Benjamin Jones, montre des objets de la vie quotidienne affublés d’yeux de bouches, projetés dans les aléas de la vie, capturant avec simplicité et humour les sentiments émanant du morceau, “la tristesse, le compromis, l’exploration de nouveaux terrains et la recherche de nouvelles façons de s’aider mutuellement à aller de l’avant. » Avec candeur et intelligence, This Is the Kit sonne juste et nous avons hâte de découvrir l’album. 

Careful of Your Keepers sortira sur Rough Trade Records le 6 juin. 

Pour les londonien.ne.s ou ceux de passage outre manche, This Is the Kit sera le 10 juin à Rough Trade East à Londres. Il faudra attendre le 6 octobre pour les voir à Paris ou iels se produiront au Trabendo. 

Dan San – No one in the House

Une fois n’est pas coutume, on triche un peu pour inclure un clip sorti la semaine dernière mais faisons comme si de rien n’était. D’autant plus qu’il s’agit là de nos amis Belges de Dan San, à l’occasion de la sortie de leur troisième album Grand Salon, qui nous présentent le très joli clip de No one in the House.

Un morceau dont les sonorités sortent agréablement des habitudes de la formation, avec des sons électroniques qu’on n’aurait pas attendu de l’univers Folk pop de la bande.

Pourtant, ça marche, et pas qu’un peu. On obtient une atmosphère un peu plus mécanique pour porter le chant et l’échange entre les deux voix principales séparées par les chœurs du refrain.

Côté image, une très belle lumière accompagne une vision spectrale parfois presque glaçante qu’on vous laisse découvrir plus en détails. En tout cas on vous reparle très vite de Dan San et de Grand Salon !

Local Natives – NYE

Bientôt deux décennies que Local Natives nous offre de manière régulière des petites pépites pop qui enchantent nos oreilles. Le temps passe et passe vite et n’attend personne.

Time Will Wait For No One, c’est d’ailleurs le titre du prochain album du quintette californien, attendu pour le mois de juillet. Un titre en forme de prédiction et aussi une manière de se rappeler qu’il est nécessaire de vivre chacun instant, pour le pire comme pour le meilleur.

Pour lancer cette nouvelle aventure, Local Natives est revenu cette semaine avec NYE, un titre solaire et enlevé qui porte clairement la patte du groupe ne serait-ce que dans ses harmonies vocales ou dans sa manière poétique de présenter la tristesse.

La vidéo de Jonathan Chu nous entraine dans un monde assez délirant et inquiétant, mutpliant les références cinématographiques mais aussi dépeignant une certaine idée de la dépression et de la folie, que ce soit séparément ou dans des instants de groupes. Une vidéo fascinante qui se décrypte lentement et qui se savoure autant que le morceau qu’elle accompagne.

Hyperrêve – Rouge Gorge

La chanteuse Barbara Carlotti s’associe avec Hyperrêve dans un énigmatique duo. Si la chanteuse chante d’une voix vibrante et suspendue, Hyperrêve lui répond dans un phrasé chanté, marqué mais presque chuchoté.

La chanson évoque l’amour, les doutes et ses frustrations. Il y a quelque chose de doux dans la mélodie, qui vient surplomber une atmosphère un peu mélancolique. Le rouge gorge est d’ailleurs signe d’espoir. Il donne son nom à la chanson.

Le clip de Rouge Gorge est réalisé par Emmanuelle Pidoux. On y aperçoit des séquences s’enchaîner à la manière de souvenir amoureux dans le cervelet. Chaque plan évoque la nature et rappelle à l’onirisme.

Elisa Difallah – ascenseur emo 

L’ascenseur boite fermée, lieu tant fantasmé, cher à Calogero, lieu même où retentissent bien souvent les musiques les moins enthousiasmantes. Elisa Difallah s’en est emparée et redore le blason de cet engin qu’on associe souvent aux va et vient du cœur. Sur une néo bossa nova, un brin langoureuse et psychédélique, planante, limite monocorde, on sent davantage la montée et la descente émotionnelle  – l’impact des montagnes russes –  dans les mots où, entre ces quatre murs, règne un pessimisme lancinant, crescendo. 

« J’arrive à expiration 
Je ne sais que me nuire 
J’suis douée que peinée 
J’suis vouée à aimer 
Le pire
Reste à venir »

Elephanz – À 120 bpm 

Sous la lumière blafarde de néons jaunes, une soirée entre copains bat son plein. Les murs sont encombrés : pochettes d’album, affiches de concerts ou de cinéma, la piste de danse est saturée de danseurs déchainés. Au milieu, une âme solitaire en col roulé stagne devant ces corps à vif. Quelque chose le tracasse. « Dans l’océan d’humains, je fais semblant d’être bien, mais ça c’est en surface » Dans sa tête les choses remuent, ses pas ne suivent pas la chamade de ses pensées.

Il n’a de cœur qu’à une chose : conquérir celui d’une autre, habitée par la fièvre du samedi soir. « Toi tu danses et moi je ne sais pas suivre tes pas. » lorsque le protagoniste cède au lâcher prise, l’exaltation monte encore d’un cran et les occasions se succèdent dans l’insouciance, les bras s’enlacent et se balancent. « Dehors on voit déjà l’aurore. » 

MLCrève d’ennui

Cette semaine, ML a dévoilé Crève d’ennui, un titre pop et solaire qui exprime directement et instinctivement des émotions fortes sans fard. Avec un refrain lumineux, la chanson évoque l’ennui, le manque amoureux ou encore une idée plus abstraite de soi-même perdue. Le titre est accompagné d’un clip réalisé par Théo Le Sourd, dans lequel il a été question de faire un clip organique, spontané et avec un esthétique vintage et brut.

Ce titre est le troisième extrait du deuxième EP de ML intitulé Ailleurs n’existe pas, qui sortira le 9 juin prochain. Ce nouvel EP de ML donne suite au premier, Changé, qui a illustré en 2022 son nouveau souffle. Cette EP exprimera un élan vital, une urgence de vivre plutôt que de chercher éperdument un ailleurs qui n’existe pas. ML se cherche et se mêle à la pop à ses inspirations indie/rock.

Imaginant ses compositions à la guitare ou au piano, ML écrit ses textes dans les transports ou au café, inspirée par l’effervescence de la ville. L’artiste s’inspire de Leonard Cohen, Tame Impala, Julia Jacklin, King Gizzard & the Lizard Wizard, Billie Eilish ou encore Lana Del Rey. Ce deuxième EP sera un cri du cœur brut et sensible qui évoque son besoin d’action et de mouvement. ML est en marche, elle est en quête de sa véritable identité, de son moi intérieur.

Di-Meh – PIXEL

La date de sortie était prévisible, le fondateur de Superwak Clique a fait son retour le 10 mai avec un EP surprise “PIXEL”. 3 titres entièrement produits par le beatmaker OVE, sur lesquels Di-Meh s’empare et fusionne sur chaque prod avec une agilité remarquable. “PIXEL” réunit tous les éléments qui font qu’on adore Di-Meh, et ce dernier arrive toujours à nous surprendre avec ses nouveaux flows uniques.

Le clip, réalisé par E.T!, est une démonstration de style sur les toits de Paris, à Strasbourg Saint-Denis ou au Zénith de ses acolytes Caballero & JeanJass dans lequel Di-Meh est venu briller. La preuve en image !