Les clips de la semaine #172 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la deuxième partie de la 172ème sélection des clips de la semaine.

Samba De La Muerte – Memory

Chic, Samba De La Muerte est de retour ! Le projet mené par Adrien Leprêtre annonce l’arrivée d’un nouvel album intitulé Ornament et lance cette aventure avec un premier single hypnotique et percutant : Memory.

On sent une certaine idée du chaos dans cette première pièce, un voyage tumultueux dans lequel on croise autant l’amour de la pop que des nuances post-punks qu’on avait déjà pu voir exprimées dans l’excellent Fast. Comme toujours avec les normands, la musique est un grand bazar sans frontière qui s’autorise à peu près tout et nous réjouit à chaque écoute.

Memory est une aventure aussi mentale que physique qui accélère, ralentit, cajole et surprend. On adore l’apparition des cuivres ou la voix d’Adrien qui joue de plus en plus du côté de la séduction avec un petit côté crooner pas désagréable.

Pour accompagner l’idéal imaginaire que nous dévoile le morceau, Salim Hamzaoui nous entraine dans un chapiteau où tout est possible. Un lieu qui porte en lui le rouge, couleur qui semble dominer la nouvelle identité de Samba De La Muerte, pour un spectacle musical virevoltant et endiablé qui se termine de manière étrange avec l’apparition d’un unique spectateur.

Était ce une audition ? Un bide ? Nous en saurons sans doute plus dans la prochaine vidéo du groupe.

Bertrand Belin – Surfaces

Synthétique, dépouillé et minimaliste, Surfaces de Bertrand Belin semble représenter tout ce que l’on aime dans Tambour Vision.

Un morceau qui gagne en intensité, qui joue sur la fascination que nous impose la voix de Belin, le choix des mots à l’importance tranchante, la violence sourde des images et des métaphores employées. On sent ici les combats, la quête intime et l’émotion qui afflue alors que les cordes apparaissent discrètement en arrière plan.

Visuellement, Patricia Mazuy nous entraine dans une nuit étrange, dans une sorte de rêve ouaté . Un voyage en voiture, des paysages qui défilent, de la danse et le monde qui semble se dédoubler pour Bertrand Belin.

Envoutant, comme toujours.

GLAUQUE – Noir

Morceau après morceau, rime après rime, claque après claque, GLAUQUE continue de tracer le chemin d’un premier album qu’on attend de plus en plus.

Noir, nouveau single, se place une nouvelle fois comme une petite merveille à la noirceur salutaire. Encore plus sans doute que les autres titres, Noir a tout du journal intime. Chaque couplet est une monument, une rivière qui s’écoule et qui ne semble jamais avoir de fin. À l’opposé, les refrains ne sont que des répétitions, des phrases répétées sans fin, comme pour mieux nous hypnotiser.

L’histoire d’un garçon que l’on voit dans le clip, qui remplit le blanc avec des trous noirs, qui se cache dans la nuit pour écrire, pour raconter une vie et des soirées qu’il fuit. Des moments aussi répétitifs que certaines pensées, des endroits destructeurs qui n’apportent rien de bon et qui gâche au fur et à mesure la pureté et l’âme qui fait ce qu’on est. Un double de soi même qu’on montre en public et qui finit de plus en plus par devenir celui qu’on a jamais voulu être.

Autour de ça, GLAUQUE construit une production entre ombre et lumière, des coups de tonnerres électroniques qui frappent ici et là dans un univers pop, superbement produit, propre et sale en même temps, qui donne envie de danser et d’expier certains sentiments qui collent en nous.

Dans ce noir et blanc constant, Baptiste Lo Manto construit une vidéo étrange, onirique et violente qui reprend toutes les idées diffusées par le morceau. Une machine à coudre possédée, une table de fin de fête, des êtres humains anonymes et multipliables à l’envie … Tout dans le clip nous ramène dans ce monde que l’on veut fuir et qui nous attire pourtant toujours … C’est beau, métaphorique et intense. À l’image de GLAUQUE au final.

Charles Dollé – 3000 saisons

Le temps est un élément qui joue avec et contre nous. Parfois on ne le voit pas passer, parfois on le scrute, on regarde des micro-détails et des idées qui semblent le figer.

Charles Dollé semble être un jeune homme qui s’intéresse beaucoup au temps, c’est en tout cas ce que son 3000 saisons nous laisse penser. Un morceau dans lequel il passe de l’horizon au rétroviseur, où il regarde le passé pour mieux voir ses actions sur le présent et le futur. Des questions donc, mais aussi beaucoup de réponses et un flow élastique qui joue avec les mots et les phrases, laisse les choses en suspend pour mieux y revenir de manière évidente et poétique.

3000 saisons est un titre solaire, tout en texture qui nous entraine dans son petit monde pop et rassurant. Charles Dollé imprime une marque de fabrique aussi nonchalante que profonde et qui nous touche en plein coeur.

Pour accompagner le morceau, Nicolas Pradeau réalise des images qui collent parfaitement à l’idée du morceau : une course filmée au ralentit, un univers autour qui continue de vivre et u grand ciel bleu qui nous accueuille.

Charles Dollé est un garçon qui fait de la musique douce et c’est exactement ce dont le monde a besoin.

Nerlov – À l’aide

Deux moi après son excellent single en compagnie de Magenta, Nerlov est de retour et prépare la suite à venir avec un nouveau single sobrement intitulé À l’aide.

De la peur, des sentiments enfouis et des coups dans la tronche qui n’empêche pas d’avancer… Comme toujours, l’univers de Nerlov joue sur cette idée de garçon sensible qui encaisse la vie comme il peut, qui accepte ses craintes et ses combats pour mieux les confronter.

Toujours accompagné de son camarade Atom, il nous livre un titre bien plus rythmé et guidé par des percussions enlevé. Le morceau se veut foncièrement enjoué dans sa structure, comme pour apporter un contrepoids certains aux propos toujours sombres de Nerlov.

Alors on ferme les yeux qui pleurent et on fait la fête malgré tout, tant qu’on est debout, tant qu’on est vivant.es.

Pour accompagner son morceau, Nerlov est allé collecter des images de fêtes provinciales, des histoires d’un autre temps, des joies simples, des sourires et un monde qui se réunit malgré ses différences. C’est à la fois beau et troublant dans sa manière dont ces images sont mises en relation avec ce titre. Comme toujours Nerlov surprend et renforce l’amour qu’on porte à sa musique.

Kitano Graffiti – Carrousel LIVE #8

Vous ne connaissez pas encore Kitano Graffiti ? Quoi de mieux qu’une session live pour faire les présentations !

Filmée par Carrousel Records, la vidéo permet au quatuor de dévoiler trois de leurs titres : Euphoria, leur seul morceau sorti à ce jour, ainsi que deux inédits intitulés Public Stream et Goblin Mode.

Et autant dire que le groupe formé autour des compositions de Hugo Gauvry-Calore dépote grave. Une énergie débordante et communicative, une batterie qui claque par Thomas Fromager, des grosses guitares et une basse qui mène le tout avec un chant vivant, que ce soit grâce à Raphaël Balzary ou Manon Pédrono.

En moins de 10 minutes le groupe normand nous prouve qu’il n’est pas du tout là pour déconner et nous donne une seule envie : les retrouver très très vite en vrai, sur une scène ou au milieu des pogos.

Entrée Libre – Je Voudrais Que Tout Brûle

Les yéyés sont de retour ! Le duo parisien Entrée Libre remet au goût du jour cette voix rock n’roll, saccadée et joyeuse, tellement joyeuse qu’elle en devient cocasse – voire parodique – ce qui n’enlève rien à la qualité du résultat final. De ces notes de guitare électrique et de synthé vintage, résulte un ensemble contagieux et vraiment distrayant pour les oreilles.

Je voudrais que tout brûle évoque la volonté de tout effacer, tout faire cramer pour connaitre enfin le succès «  que mon visage sature les écrans plasma (…) que mon nom perdure des siècles après moi » , sur un ton humoristique et léger pour tout dédramatiser. « J’écris un manuscrit, une histoire sur moi, personne ne veut le lire, je ne comprends pas. »

Leur nom sur la façade de l’Olympia, leur tête en Une de journaux et ces mots « Je veux mon heure de gloire et qu’enfin on me voit. » en disent long sur ce rêve de lumière, allusion probable au nombre de boys band nés dans des garages dont ils ne sont jamais sortis. 

Penguin Cafe – In Re Budd

Penguin Cafe est la renaissance du mythique Penguin Cafe Orchestra (1974-1997) (souvenez-vous du grandiose Music For A Found Harmonium), composante folk de la musique minimaliste. Porté depuis 2009 par Arthur Jeffes (le fils de Simon Jeffes, co-fondateur de PCO), le projet a été d’abord l’occasion de continuer à faire vivre les compositions issues de l’univers fantasque tissé par son père. Tout en conservant l’esprit originel du projet, Penguin Cafe a prolongé son œuvre. Y compris dans son aspect « auberge espagnole » musicale, collectif se réinventant selon la sensibilités des musiciens présents. Un cinquième album Rain Before Seven… est prévu pour cet été dans lequel figurera In Re Budd. 

Sa composition a pris forme le jour où le compositeur Harold Budd nous a quittés, en décembre 2020. In Re Budd n’est donc pas vraiment un hommage au musicien, mais plutôt une évocation en pensées de son œuvre. On retrouve dans In Re Budd toute l’essence de Penguin Cafe, le sérieux associé au ludique et à la volonté de ne pas s’imposer de limites. Les notes formant la partition d’In Re Budd viennent naturellement. Un balafon, une contrebasse et des cordes rythment le morceau et nous amènent dans une autre dimension chimérique au confluent du continent austral et du Mexique. Oui, en musique tout est possible surtout lorsque l’on prend l’habit d’un manchot (penguin).       

Sheldon – BROUILLARD

Sheldon a su teaser la sortie de son album Îlot bien comme il le faut, en dévoilant 3 singles dont le dernier né Brouillard

Le rappeur de la 75e Session met en avant son flow nonchalant sur ce nouveau morceau aux influences rock, d’ailleurs composé par Epektase

Sheldon se confesse sans tabou sur une remise en question personnelle, tiraillé entre la personne qu’il pensait être et la personne qui vit réellement au fond de lui. 

Brouillard, comme celui qui flotte au-dessus de nos têtes quand l’introspection nous guette. Sheldon nous offre un titre fort et presque sombre, accompagné d’un clip dans lequel on le retrouve face à ses démons ou dans l’ombre de ses pensées. Tout en métaphores, le dernier clip du rappeur nous plonge d’autant plus dans la compréhension du texte. Un univers à part entière. 

Jayda G – Scars 

Jayda G a dévoilé cette semaine un nouveau titre Scars, qui sera à paraître sur son album dont la sortie est prévue pour le 9 juin prochain. 

Inspiré de faire réels, c’est le moins que l’on puisse dire. La chanteuse l’explique, elle s’est ici inspirée de l’histoire de son père, enseignant qui s’est fait agressé par l’un de ses étudiants. Après avoir cherché à fuir ses détracteurs, il a finalement décidé de les affronter et après avoir essuyé quelques heurts, ces derniers ont fini par le laisser tranquille. Scars, c’est l’une de ces chansons qui encourage à panser ses blessures et qui prouve qu’en affrontant certains soucis, même si l’on essuie quelques plâtres, il n’est pas impossible de se relever et de soigner ses blessures. 

Scars est, au contraire de ce que l’on pourrait penser vis-à-vis du thème abordé, un titre dansant qui tend à mettre en avant une volonté de se relever face aux situations difficiles que l’on traverse. Jayda G accompagne ce nouveau titre d’un clip entre réalité et métaphore, où une étudiante victime de harcèlement décide de faire face à ses détracteurs, se libérant ainsi des chaînes qui l’enfermaient avec elle-même. 

Galo DC – Tout a un sens 

Après avoir dévoilé son titre Rome plus tôt cette année, Galo DC frappe une nouvelle fois avec Tout a un sens, avant goût d’un album à venir. 

On ne vous présente plus Galo DC (ou sinon, allez fouiller sur notre site, vous en saurez bien plus !), une pop empreinte d’aventures, d’amour et de violence, des textes aussi simples que riches… Le chanteur, Benoit Nass, n’a pas perdu la main et le prouve avec Tout a un sens, sorti cette semaine. 

Trouver du sens à la poésie de la vie, est-ce vraiment si important ? Galo DC nous expliqué en musique que « rien n’est plus doux que de ignorant » et honnêtement, cette affirmation est souvent bien vraie. Si l’on cherche à donner un sens à tout, la vie ne peut alors qu’être grise et dépourvue de magie. Savoir apprécier la beauté du monde, des petites choses, savoir être idiot.e parfois et se planter, c’est ça aussi qui crée nos souvenirs. Galo DC l’a bien compris et nous fait, à travers ce titre, une petite piqure de rappel : profitons de chaque instant, tout a un sens, même les non-sens ! 

Olivia Dean – Dive

Avec le clip de Dive, troisième extrait de son premier album Messy prévu pour juin prochain, Olivia Dean nous fait part de l’adrénaline suscitée par l’histoire d’amour naissante dans laquelle elle s’apprête à se lancer. Une thématique simple, accompagnée par un visuel tout aussi minimaliste, dans lequel ne semblent se succéder que deux plans dont l’efficacité surprend pourtant. 

On y retrouve l’artiste déambulant dans une ruelle de la ville britannique d’Hastings sous un temps pluvieux typique du pays, qu’elle parvient à (nous faire) oublier de par le sourire qu’elle arbore à l’idée de revoir la personne aimée. C’est une atmosphère très réaliste, bien que toutefois intensément emplie d’une joie sans pareille, qu’a brillamment réussi à retranscrire Candice Lo, à la réalisation du clip. 

L’atmosphère change du tout au tout dans la seconde partie du visuel puisque la simple ruelle dans laquelle elle marchait jusqu’alors laisse soudainement place à une immense plage presque déserte sur laquelle on aperçoit la chanteuse courir sans s’arrêter en direction des vagues, comme pour symboliser sa volonté de se laisser aller sans se poser plus de questions ou de restreindre ses émotions d’une quelconque manière. 

Ayant finalement accepté ses sentiments, elle est finalement prête à plonger dans le grand bain (sans mauvais jeu de mots).

Orlane – À quoi tu penses? 

Ce clip de la chanteuse Orlane vient compléter son tout premier single à quoi tu penses. Il traite d’un sujet compliqué : l’épuisement d’une liaison amoureuse, les non-dits, le silence qui empire avec le temps. Il convoque l’impossibilité de savoir ce que pense l’autre, ce nouvel inconnu aux secrets bien gardés, la confiance en berne de celle qui endure de tels bouleversements. « Dans tes yeux, je devine ce silence qui m’intrigue. »

À l’écran, Orlane,  protégée par un scaphandre, se décide à l’ôter pour percer les mystères de son amant invisible. Sa mission : le faire parler. Or, il demeure là, inerte, muet, sans expression comme un épouvantail, se contente d’une déchirante présence absente. Elle se passe le film de leur amour : « mais le temps me détache de l’époque où je croyais en tes mirages. » Elle évoque la peur, ce mot fort, qui la brise de mille éclats.

Elle essaie tout, même le langage du corps, une danse légère façon miroir, sur lequel se clip s’achève. C’est ce qu’elle souhaite : retrouver son reflet dans le miroir. Mais la réalité est autre.