Les clips de la semaine #170 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la première partie de la 170ème sélection des clips de la semaine.

SÜEÜR – Clémence

Au milieu des fracas, au milieu des éclats, des éclairs, de la rage même, se cache souvent des instants de tendresse pure, de beauté brute, de calme plus déchirant encore que le tonnerre.

On pourrait voir en Théo Cholbi, aka SÜEÜR , un écorché vif, un garçon qui trempe souvent sa plume dans la rage. Pourtant, c’est bien dans la douceur et dans la tendresse qu’il nous accueille cette semaine avec la vidéo de Clémence.

Ce morceau, c’est son pari le plus fou, un coup au destin, une façon de se réinventer, d’aller chercher le vrai au fond de ses tripes une fois encore, mais de manière différente.

Une guitare, quelques cordes et une voix, une équation simple pour cet élan de vérité, ce moment suspendu, ce premier amour qui déchire tout et transforme un homme. C’est beau, troublant et rempli de toute l’humanité que l’on connait à Théo, mais mise au service d’un morceau qui tremble dans un cœur apaisé.

Aussi à la réalisation, Théo Cholbi nous offre son clip le plus beau jusque là, sans doute parce qu’il est le plus vrai. Des souvenirs en couleur et du présent en noir et blanc, des retrouvailles et de l’amour surtout. Un moment émouvant qui tire les larmes avec une facilité déconcertante.

Une manière de rappeler que SÜEÜR est un des projets les plus excitant du momentet qu’on aura grand plaisir à le retrouver à La Maroquinerie le 9 mai prochain !

Amaurie – Nuance

Le dimanche c’est le moment parfait pour un bon repas familial. Et cette semaine, on partage celui proposé par Amaurie pour son nouveau titre Nuance.

Refrain accrocheur, production parfaite et entrainante et sujet actuel, la musicienne coche toutes les cases du petit tube en puissance. Avec Nuance, Amaurie nous offre un discours sur un monde qui manque énormément…de nuances. Pas fataliste, elle nous offre un discours plutôt positif, une manière de rappeler que même si la route est longue, on finira bien par faire changer les choses.

Un appel à la bienveillance, à l’écoute et à l’ouverture d’esprit qui fait plaisir à entendre… et à regarder.

En effet, Arthur Morard, nous offre un petit jeu de massacre familial qui n’est pas s’en rappeler une certaine vidéo de OrelSan. Amaurie mutiplie les personnages et s’amuse comme une folle dans un univers hyper coloré où les opinions tombent comme des couperets mais la vengeance n’est jamais très loin… Il faut souligner le travail sur les détails, les costumes et les couleurs qui nous offre une vidéo visuellement superbe. Encore une affaire de nuances tout ça.

We Hate You Please Die – CONTROL

Si vous vous demandiez ce que pouvait bien donner We Hate You Please Die sans son frontman Raphaël Balzary la réponse est : un excellent groupe. 

Le trio rouennais vient de sortir début avril un double single Sorority et Control, des hymnes féministes assumés qui prônent la sororité et le droit à disposer de son corps. Une lutte nécessaire, à mener tous et toutes ensemble. 

Control est le premier extrait clippé et parle ouvertement du droit à l’avortement.

La vidéo, réalisée par Carolina Moreno est tournée en pellicule Super 8. Est-ce pour rappeler le soulèvement certain des féministes des deuxième et troisième vague en France et aux Etats-Unis ? Est-ce pour souligner combien le combat est vital et plus que jamais d’actualité ?

Chloé à la basse et au chant scande ces mots entonnés en manifestation, les mêmes que l’on retrouve sur des pancartes : « My body my choice ». 

Joseph aux chœurs et à la guitare nous assène de riffs enragés tandis que Mathilde à la batterie, martèle sans cesse les fûts, aussi déterminée que peut l’être une foule en colère.

Control, titre incisif et brûlant est porté par un clip granuleux où la puissance sonore des artistes se mêle à la ferveur déchaînée de femmes amassées dans les rues.

Pas un mot superflu, juste l’essentiel, le terreau de nos actions et la rage de nos quotidiens : « These are our bodies /  They shouldn’t have any control /They can only ban safe abortion /They shouldn’t have any control »

Le groupe We Hate You Please Die débute une tournée dans toute la France ainsi qu’au Canada. Ne les ratez pas !

Bravery in Battle – The Market

Le groupe parisien Bravery in Battle vient de sortir un nouveau clip, The Market, en collaboration avec le philosophe et activiste australien Clive Hamilton

Déjouant les codes du post-rock, le sextuor mêle à sa musique fougueuse et contemplative une création vidéo ainsi qu’une « musicalisation » de la parole. Reprenant ainsi la méthode de Steve Reich, le groupe fait participer sur ses morceaux des activistes de l’écologie.

The House We Live In, leur vidéo-album est attendu le 9 juin 2023 sur Inouïe Distribution et comporte notamment les interventions de l’actrice Mélanie Laurent, de l’astro-physicien Hubert Reeves mais aussi l’écoféministe Dr. Vandana Shiva et le dirigeant de l’ONG 350.org, Bill McKibben. Des spécialistes du monde du vivant, qui s’interrogent, eux aussi, sur l’avenir de ce monde.

La vidéo de The Market, premier extrait de l’album, dévoile des images horrifiantes. Tornades, inondations, feux de forêts. Les éléments se déchaînent et dévastent tout sur leur passage, se faisant la résultante de nos actions ou plutôt de notre incapacité à prendre acte. Tandis que tout s’enfuit, s’échappe, se détruit, les yeux sont rivés vers des écrans, altérant progressivement le lien qui nous unit les uns aux autres.

Et pendant que le militant Clive Hamilton, imperturbable, analyse avec nous les raisons de la crise climatique, les images se font aussi grandioses qu’effroyables. La musique de Bravery in Battle se déverse alors, avec une intensité démesurée et déchirante. Guitares et basse s’écrasent, clviers et batterie s’embrasent.

Et face à nous, des inconnus fixent un point en hors-champ. Et un instant, les voilà ébranlés. Alors, on s’imagine que ce sont ces torrents d’eaux et ces flammes rougeoyantes qui les émeuvent et les secouent. Alors, on s’imagine, qu’il est peut-être possible de tout changer.

Avec The Market, les musiciens de Bravery in Battle interrogent notre relation au monde et nous invitent à repenser nos modes de vie. Consommer différemment, afin de ne plus laisser consumer notre terre.

KOTA the Friend – GO BROOKLYN

2023 est peut-être l’une des années les plus productives pour Kota The Friend. En seulement 4 mois, le rappeur a déjà sorti deux albums, et de nombreux clips pour accompagner ses projets. Cette semaine, il publie le clip de Go Brooklyn, provenant de son dernier album, To See A Sunset.

Kota n’a jamais caché son amour pour son quartier natal, Brooklyn. Il en dédie alors un morceau complet, et offre une véritable carte de visite à tous les amoureux de New York. Il livre également un récit sincère, à tous ces souvenirs et à son enfance aussi dure que belle dans les rues de La Grosse Pomme.

La vidéo, réalisée par Llama, présente également parfaitement la ville passant par tous les coins immanquables comme le métro, le Barclays Center jusqu’à Central Park. Elle va tout simplement vous donner l’envie de rejoindre le rappeur dans sa balade introspective et poétique.

Accompagné par Statik Selektah sur ce dernier opus, la collaboration fonctionne parfaitement et réalise un projet presque sans fautes. Kota The Friend semble avoir trouvé son rythme et propose un niveau très bon, pour le plus grand plaisir de ses fans.

KAYTRAMINÉ – 4EVA (feat. Pharrell Williams)

Nous ne savions pas que nous en avions besoin, mais c’était le cas ! Le duo le plus excitant et inattendu de cette année prend forme et entame sa route vers son album. Kaytranada et Aminé ont sorti cette semaine leur premier single, 4EVA. En plus de déjà rassembler deux artistes emballants, ça n’est pas tout. Le morceau compte également la présence et la participation de la légende vivante Pharrell Williams

Ce n’est pas la première fois que le producteur haïtien s’associe avec un rappeur. On se souvient notamment de sa collaboration avec IDK et de leur projet Simple. La combinaison marche ici tout aussi bien et l’alchimie musicale saute aux yeux. Les couplets rappés et le refrain chanté accordés à la production percussive créent une alchimie évidente et surtout, très naturelle. Le tout est rythmé et parfaitement raccord aux jours ensoleillés qui arrivent à grand pas. 

Le clip prend le parti d’une certaine sobriété et simplicité. Un fond bleu ciel, les deux acteurs du projet, et des objets modélisés en 3D. Voilà tout ce qui compose la mise en image de 4EVA. Une simplicité et un balancement qui rajoute encore un peu plus d’accoutumance aux deux minutes. 

En plus de ces minutes pleines de danse et de lumière, le duo nous offre une exclusivité. La vidéo en coupant le morceau pour nous présenter un extrait de la musique pas encore dévoilée. Après le deuxième refrain, l’ambiance change complètement et se tourne vers quelque chose de beaucoup plus calme et intimiste. Rien de plus n’a encore fuité concernant cet extrait. Il ne nous reste plus qu’à attendre des nouvelles du duo en attendant la sortie d’un album qui risque d’être attendu

Jorja Smith – Try Me

La reine du R&B londonien est de retour pour notre plus grand plaisir. Ce vendredi, cette dernière a sorti son nouveau single, Try Me. Jorja Smith y dévoile des influences très percussives fidèles à l’ADN musical de Londres et de son cosmopolitisme. Le tout enrobé d’une couche très mélodique fidèle au style de l’artiste.

La chanteuse fait une nouvelle fois part de sa voix harmonieuse et de son immense maîtrise. Le ton très versatile et irrésistible de son style vocal n’a pas pris une seule ride et fait toujours son effet. Ce nouveau morceau met en avant un style presque sauvage, qui peut rappeler par certains aspects certains moments de la carrière de Rihanna

Le clip, réalisé par Amber Grace Johnson, développe une imagerie charnelle, avec notamment la figure de l’arène. Jorja Smith y dégage un véritable charisme envoûtant les trois minutes de vidéo. La fermeté et l’assurance dont elle fait preuve annonce sans doute une ère à découvrir prochainement.

Zidi – Mauvais Sentiments

Mauvais Sentiments c’est le nom du nouvel EP du rappeur Zidi. Sorti ce vendredi, il en accompagne la sortie du clip éponyme réalisé par @florianjoz. 

Particulièrement intéressant dans sa gestion des couleurs, le visuel accompagne un artiste très à l’aise sur la production de Mona San. Plongé dans une certaine obscurité éclairée par quelques néons verres, l’artiste laisse éclater une certaine mélancolie habitant son grain de voix. 

La production chargée en éléments électroniques appuie un côté robotique qui se retrouve également dans le clip et qui prend sens sur un refrain rudement efficace. 

Avec cet extrait convaincant , Zidi laisse planer la direction musicale à laquelle il a voulu s’essayer dans ce dernier projet et elle semble plutôt bien lui réussir. 

Tentative – J’ai plein de trucs à faire

Souvent, l’art de la procrastination se nourrit des pensées que l’on peut avoir au fond de son lit emmitouflé dans sa couette. Le rythme syncopé de la chanson nous rappelle la cadence effrénée de nos vies urbaines qui nous submergera dès que l’on posera un pied hors du lit.

J’ai plein de trucs à faire – « il faut que j’arrose trois fois le ficus benjamina », « que je me fasse percer l’oreille », « que j’achète du céleri » – s’accompagne aussi de l’ensemble des choix que l’on doit faire pour organiser nos journées, ces dilemmes du quotidien qui naissent d’eux-mêmes et que l’on doit résoudre – « il faut que je réfléchisse à si je me lave les cheveux parce qu’il pleut ».

Charlie Perillat nous livre avec un J’ai plein de trucs à faire nouvel extrait hypnotique du futur album, Statue-Moi, de son projet Tentative, à paraître en juin prochain chez Kwaidan Records. Écoutez Statue-Moi, un truc qui sera vraiment à faire…

Ucyll & Ryo – Starbies

En duo comme en solo les membres d’Ucyll& Ryo ont toujours su créer un univers visuel marqué autour de leur projet. Le dernier en date La peau des yeux s’aventure à nouveau dans un univers onirique peuplé de fantômes.

Après avoir déjà dévoilé quelques extraits vidéos, une nouvelle pièce visuelle est venue s’ajouter à cette fresque aux accents horrifiques cette semaine. Comme à l’accoutumée, c’est Simon Stewart à la réalisation. L’occasion pour le duo de garder un univers cohérent aussi bien par le grain de l’image que par ce qui veulent y raconter.

Dans Starbies, l’atmosphère est pesante ce qui est renforcé par la colorimétrie sombre et surtout le lieu. Ce dernier, une maison aux allures mystiques accueillent le duo qui semblent plonger petit à petit dans la folie ou en tout cas, ils se font happer par les maléfices ayant pris possession de cette demeure. Face à tout cela une question demeure : « Est-ce que c’est réel ? »…

Bandit Voyage – Love Nowhere (feat. Léon Phal)

Nos brigands de grand chemin sont de retour avec en ligne de mire un troisième album – Was Ist Das – prévu pour fin septembre chez Cheptel Records. Love Nowhere nous propulse dans un road movie, ou plutôt un street movie dans les rues de Genève. Une intrigue sous fond de jeu de traque et de cache entre Anissa et Robin – nos deux bandits – qui se déroulerait dans un univers parallèle où Bryan Ferry serait omniprésent et l’argent tout puissant « Money everywhere, Love nowhere ».

Une bande-son déjantée où se percutent de façon improbable la voix de David Byrne et celles de la Team Rocket (c’est bien celle avec Jessie, James et Miaouss !). Les lignes de saxophone de Léon Phal ponctuent le morceau en l’entraînant un peu plus dans la confusion ou au contraire en jouant son apaisement. Les tonalités free jazz qu’il apporte sonnent comme une révérence aux Lounge Lizards de John Lurie.

L’inspiration jarmushienne semble s’être également insinuée au cœur de la vidéo que Giordano Rush et Anissa (elle-même) ont tournée en noir et blanc si caractéristique du cinéaste. Et peu importe si « Love is nowhere » ou que « Money is everywhere », on adore la liberté de création sans limite de Bandit Voyage. Et ce sentiment de liberté, dans notre époque beaucoup plus normée qu’il n’y paraît, nous fait un bien fou.

Cavale – What a Fact!

Après un EP éponyme en 2020, Cavale faisait son grand retour la semaine dernière avec son nouveau morceau What a Fact!.

Quelques jours plus tard, elle accompagnait cette sortie d’un clip qu’elle a elle-même produit et qui vient faire écho à ce qu’elle dénonce dans ce titre tranchant : coincée sous des projecteurs éblouissants et intrusifs, l’artiste lyonnaise met en lumière les lourdes injonctions sur l’apparence des femmes et le regard oppressant perpétuellement porté sur ces dernières.

Cavale incarne ici parfaitement ce texte ironique en leur tenant tête et en ne nous quittant pas des yeux. Fière et résiliente, elle remet brillamment  les commentaires malveillants à leur place sur une pop alternative électrique aux accents rock. 

James Howard – County Lines

James Howard, guitariste avec Rozi Plain, Dana Gavanski, Naima Bock ou encore Alabaster DePlume, vient de sortir Peek-a-Boo, un premier album solo aérien et mystérieux, ancré dans la culture anglaise. 

Cette sortie est accompagnée de la vidéo de County Lines, le deuxième single de l’album,  une comptine lancinante à l’instrumentation majestueuse. Le musicien écrit du morceau : « C’est, comme toutes les chansons qui parlent de drogues, à peine voilé. Il y a une livreuse, un dealer (Jason/le bonhomme de neige) et des gens qui reniflent la marchandise et se perdent dans leur aura d’air chaud. Le lap steel rend la chanson un peu country, bien que nous soyons fermement ancrés en Angleterre ». 

On le voit marcher à travers les collines vertes de la campagne anglaise contrastant avec son imper rouge dans le clip réalisé par Danny Nellis. L’un.e des musicien.ne.s cité.e précédemment fait une apparition dans la vidéo, on vous laisse découvrir… 

Peek-a-Boo est sorti sur Faith and Industry et on vous en conseille l’écoute. 

DENYS ROSES – immature love song

Cela faisait un petit moment que l’on n’avait pas eu de nouvelles musicales de Denys Roses. Si le groupe arpente de manière très régulière les scènes française pour notre plus grand bonheur, son dernier EP date tout de même de 2021.

Mais, dans l’ombre, Rosa et sa bande préparent un retour flamboyant, le genre de retour qui les place d’ores et déjà dans le haut de la liste de nos chouchous aux INOUïS du Printemps de Bourges la semaine prochaine.

Et puisqu’il est question de live, c’est par celui-ci que Denys Roses nous présente son nouveau morceau, immature love song. Une session live enregistrée avec leurs comparses de Lofish records et qui montre à quel point le groupe vit bien sur scène.

Immature love song est un morceau aussi doux qu’explosif, un bonbon qui pétille dans les oreilles et qui nous offre autant la tendresse de la voix de Rosa que le mur sonore du gang qui s’amuse avec elle. Une histoire d’amour, une histoire de cœur qui se brise , une petite bulle de sincérité qui nous touche en plein dans le mille.

Oui, Denys Roses nous avait cruellement manqué, alors désormais on attend la suite, et vite !