Les clips de la semaine #167 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la première partie de la 167ème sélection des clips de la semaine.

Lonny – Blanche

Marquer le temps d’une pierre blanche. Raccrocher des souvenirs à d’autres et associer le tout dans les esprits.

Alors que le printemps pointe le bout de son nez, Lonny a décidé de prolonger un peu l’hiver et de rappeler au monde à quel point son Ex-Voto est un album marquant.

Voici donc venir Blanche, un morceau tout en langueur, poétique et évanescent. Un morceau qui nous rappelle les jours ou la clarté se fait courte, où le temps ralentit et la vie suit son court au ralenti. Si on retrouve la patte de Lonny, notamment par sa voix, on ne peut que remarquer une certaine influence du meilleur de Radiohead, que ce soit dans cette basse hypnotique où dans les arrangements qui l’éloigne pour n temps de la folk qu’elle chérit tant.

Pour accompagner le morceau, Manon Ricupero et Lonny ont concocté une correspondance en images. Un échange de la vision de l’hiver, couplée à des passages plus oniriques et entêtant, suivant des chemins blancs et desjeux sur l’image.

Une chose est sûre, Lonny n’a pas fini de nous faire gûter la beauté.

Pitou – Knife

Parfois dans la vie, il est nécessaire de trancher les liens, de mettre fin à des relations afin de recommencer à vivre, de garder le peu d’énergie non vampirisée par l’autre pour pouvoir aller de l’avant.

C’est ce que raconte Pitou dans Knife, single issu de son premier album Big Tear paru cette semaine. Dans un morceau qui joue sur le minimalisme pour faire ressortir les sentiments, elle raconte cette émotion, ce besoin de fuir l’autre car on ne peut être celui ou celle qui reste. Le poids des souvenirs, des émotions, devenant des chaines de plus en plus lourdes. Comme elle le raconte, il s’agit parfois de survie, et seul l’éloignement le permet. Knife est un morceau délicat et chaleureux mais qui porte en lui la puissance et la force de ce qu’il raconte.

Pour l’accompagner, Pitou a imaginé cette histoire, cette relation entre elle et une sorte de ‘fantôme », d’être étrange en tissu qui représente l’autre que l’on doit fuir.

Réalisée sur pellicule par Eva Oosterveld, la vidéo suit ce cheminement, ctte relation qui s’éteint jusqu’à la fuite, le départ nécessaire. Et alors qu’elle s’envole vers l’ailleurs, Pitou se retrouve face à ce qui pourrait être de la neige, mais aussi des morceaux de cet être de tissus qui disparaissent dans le vent, un sourire se formant sur le visage de Pitou.

Johnny Jane – Superstar

Pas le temps de niaiser pour Johnny Jane. Moins d’un an après JTM, le jeune homme est déjà de retour avec Désordres, son nouvel EP.

Pour fêter le tout, il offre à Superstar, dernier morceau du projet, un vidéo. Le choix du morceau ne doit rien au hasard, on sent toute l’évolution de l’artiste, la carapace qui se brise et l’équilibre parfait entre l’égo et le monde qui le reprend de volée.

Car si comme toujours, Johnny Jane joue sur une production au tempo effrénée, la réalité se cache dans les paroles. Ici les rêves et la réalité se mélangent mais c’est souvent la seconde qui prend le pas.

Des désillusions, de la tristesse et une pointe de désespoir coulent de Superstar, comme si le fait de toucher ses rêves du bout des doigts ne menaient finalement pas à grand chose.

Pour accompagner ce morceau, Pierre+Mathias réalisent un clip qui suit l’évolution du morceau. On part d’une fête, d’une certaine folie et de la joie pour déconstruire au fur et à mesure ce fantasme, en partant vers la solitude et le côté factice qui entoure la vie d’un artiste … jusqu’à la solitude et la disparition.

Brillant, comme toujours avec Johnny Jane. Prochain rendez vous ? La Gaîté Lyrique !

Jain – Take A Chance 

Le monde dans lequel nous vivons est de plus en plus dématérialisé, nous devenons des datas, des objets surveillés et scrutés.

Mais peut-on faire quelque chose contre l’amour ? Le sentiment le plus pur et le plus humain possible restera ce qu’il est, peut importe l’époque et les outils à notre disposition.

C’est plus ou moins ce que nous raconte Jain avec Take A Chance. La musicienne qui effectuera son grand retour en avril nous rappelle qu’il est bon parfois de faire tourner la roue, de laisser aller la chance et de tenter sa chance.

Portée par une instrumentale bien plus organique qu’à l’accoutumée, la musicienne évolue et nous entraine dans un monde bien plus réel, porté par des cuivres et une basse bien ronde, comme une réaction à la musique d’aujourd’hui.

Pour accompagner le morceau, Mathilde Vigneau et Titouan Harel nous livrent une Lyric Video animée qui nous entraine dans l’imaginaire de The Fool. Des étoiles, des rêves et une Jain en pleine élévation.

Du tout bon avant l’arrivée de The Fool, le 21 avril.

Julien Granel – Feel Good 

Quand le poids du quotidien ralentit notre pas, qu’un rien se transforme en tout, qu’on sent une poutre dans l’estomac…. Alors le système déraille, la corde se brise et met nos relations en péril. Quand ce ne sont pas les labels qui s’en mêlent : « Hey julien, on attend ton nouveau titre… », ce sont les journalistes : « Pourquoi un super-héros sur votre couverture d’album? » ou le manager : « Désolé Julien, pas de Victoire de la musique… »

De petites choses jusqu’alors futiles, forment une plaie géante, une présence odorante et asphyxiante en nous. C’est le burn-out, la fuite… ou le hot-dog frites. Julien Granel s’envole pour la Grosse Pomme où l’herbe est plus verte que le fil rouge sur lequel il tangue. New York j’oublie tout.

Il revêt son masque et sa cape et déambule dans les grandes avenues comme un inconnu en chantant : « Je veux juste un peu de feel good » sur des mouvements de danse improvisés, des chorégraphies insouciantes empreintes d’une légèreté ultra contagieuse, de pianotage de rue, de pilotage dans Times Square. On aurait tous besoin d’un peu de feel good. 

Enfantdepauvres – Mon amour 

En s’ouvrant sur cette citation : « La nostalgie c’est le mélange entre la douceur et la douleur des sentiments« , le discret Enfantdepauvres donne le ton. Une phrase qui prend tout son sens à l’écoute de sa musique oscillant également entre la douceur des mélodies et la douleur dans laquelle sa plume s’imbibe. 

Sur Mon amour, c’est donc ce sentiment de nostalgie qui vient habiter l’interprétation de l’artiste. Avec, un clip co-réalisé par ses soins et ceux d’Alexandre Cozy et Yazid Mallek viennent ancrer encore un peu plus ce récit. Pour se faire, le grain est de mise, appuyant l’atmosphère nostalgique amenée par une production lancinante signée DrumysticGordonDogzout et Youena

Tourné dans son lieu de vie, l’artiste est entouré par les siens, ceux qui partagent la même histoire et qui peuvent avoir différents visages de l’enfance à l’âge adulte

Pierre Guénard – Harry 

Le clip est d’abord une prouesse esthétique de jeux d’ombres et de lumières, de reflets, de plans floutés et de vitesse. Ce plan du protagoniste effacé devant des arbres nus se regarde comme une estampe japonaise, un cliché émouvant. 

Un visage tantôt décuplé, agrandi, déformé, fantomatique, que l’on devine être celui d’Harry, évolue dans une nuit mal éclairée, un jour assombri. Ce visage avance sans but dans le clair-obscur de la ville agitée, où un café, une horloge rappellent la présence d’un temps non figé. Dans ce visage protégé par des lunettes, l’expression manque, la mélancolie absorbe le bonheur on le lit dans les yeux et dans les paroles. « Tu n’as pas la magie que les gens te prêtent quand ils t’appellent Harry. » 

Il erre comme une âme en peine dans les rues d’un Paris réservé aux gens pressés et hanté par la fureur et l’ignorance. Harry est celui qu’on ne voit pas, qui voudrait être vu, lui qui voit si bien le monde derrière sa monture, contemple la beauté là où elle n’est pas. Il n’en a pas les moyens bien qu’une rage sommeille en lui. « Tue-les tous, leurs regards te font mal sans te vouloir du mal / Montre-leur qui tu es Harry. » 

dasein foshan – jupiter

Miel ou Mort, avait placé toute la complexité de la musique et du récit de dasein foshan. Un nouveau fragment s’apprête à être divulgué s’appelant Être là. De ce dernier s’en est déjà extrait une première pièce avec jupiter et son clip réalisé par lui-même accompagné de wuldoc

Tourné au bord de la mer, ce récit couplé à l’interprétation de l’artiste viennent faire écho à ces longues discussions qui peuvent surgir face à l’immensité d’une étendue d’eau. Entre mélancolie et questionnements existentiels, il délivre ici toute sa vision de l’éco-système dans lequel il est contraint de vivre avec un visage fermé.

Chargé par un spleen et une plume aussi poétique qu’énigmatique, il dépeint une triste réalité sous le soleil du Sud de la France. Une dualité qui ne fait que renforcer le mystère qui entoure ce personnage plus qu’intéressant.

Tapeworms – IRL 

Tapeworms (a ne pas comprendre avec son homonyme singulier, un dérivé de Nine Inch Nails) est un trio mixte qui fait de la nouvelle pop, de la pop d’aujourd’hui.

Boite a rythmes, synthés divers et variés, voix teintée d’effets. On est sur de la musique actuelle et de la très bonne musique. On croirait écouter du Metronomy couplé à du Beach House, des Smashing Pumpkins, le tout saupoudré d’un on ne sait quoi qui prend l’oreille, et la retient. D’une formation assez classique de basse guitare batterie, le trio a réussi à s’extirper du carcan normé pour innover et rajouter de leur propre chef.fe de quoi rendre avec plus de fidélité leur univers coloré.

On ressent cette évolution entre leur premier EP Everything Will Be Fine (2018 / Buddy Records) et leur album Funtastic (2020 / Howlin Banana). Ce changement de label, gage d’une certaine qualité, donne du crédit quant à l’émergence de ce Tapeworms nouveau format. IRL continue sur cette voie.

Le nouveau single du groupe, d’une synth pop un brin rétro est vraiment un plaisir digne des premiers rayons de soleil du printemps. C’est toujours un sentiment particulier quand un groupe s’occupe lui même de son clip, comme c’est le cas ici. Ultra DIY, fait avec les moyens du bord, on découvre le groupe dans l’univers respectif de ses membres. Un côté plus humain, qui connote avec ce nouveau genre, bien moins léché, plus naturel. Vraiment cool. 

Nunca – NOVLANG

Après avoir emmené ses auditeurs dans les ruelles chaudes du Maghreb sur AHOENunca change du tout au tout pour dévoiler NOVLANG un autre extrait de son récent projet VISAG3

Sous la caméra de Kamaji, l’ambiance s’assombrit et plonge vers le futuriste. Toujours aussi mystérieux, cette fois ce n’est plus un foulard qui recouvre son visage mais bien un casque de moto aux allures cyberpunk. D’ailleurs, il n’est pas le seul à le porter, tous les protagonistes du clip ont le visage à moitié dissimulé pour déambuler dans une nuit qui ne semble jamais se finir.

Cette ambiance nocturne, chargée en néon se couple à merveille à la production électronique de Kamaji. Les traitements de voix appliqué à l’artiste complètent cette ambiance cyberpunk pour un rendu global immersif. 

Geese – 3D Country

C’est parce qu’ils viennent de New York que certains groupes se sentent destinés à écrire leur propre titre gospel. Geese fait parti de ceux-là. 

Le clip 3D Country narre l’histoire trippante et rocambolesque d’un cow-boy solitaire. Son allure stoïque et son état d’esprit sombre vont basculer quand un démon du passé surgit en plein milieu de la nuit. Tous les codes du genre sont remplis et on se prend à s’attacher à ce mystérieux personnage. Les images s’alignent à la pression sonore du morceau.

Geese surprend déjà un peu son monde en déviant de son style même si la touche expérimentale reste bien présente. La voix de Cameron Winter s’affirme d’ailleurs bien sur d’autres registres et confirme que ce jeune groupe est rempli de promesses.

Cependant, 3D Country bien que plaisant à écouter n’est pas encore ce morceau épique tant attendu. 

Kerchak – JFLM JMR

Le prince de la jersey a encore frappé. Maintenant, quand on pense à Kerchak, on l’identifie presque toujours à un son ambiançant et énervé. Et JFLM JNR, dont le clip est sorti ce vendredi, ne fait pas exception. Après une série de feats, il est de retour en solo pour une saison 2 qui s’annonce déjà bouillante. 

Cette semaine, on prend le large avec le rappeur en direction du soleil du Portugal. Sur une prod de Boumidjal X et HoloMobb, on retrouve Kerchak passant des vacances avec ses potes sur un bateau à pleine vitesse ou dans une belle et grande villa. Son texte confirme un changement de statut, que le Parisien accepte et gère sans le moindre problème. Il livre là un son bien dansant, bien ambiançant, et au final, bien Kerchak. C’est fou de penser qu’en seulement un an, et derrière son jeune âge, il est devenu le visage de ce style que tout le monde s’arrache aujourd’hui.

Après sa série de collabs bien maîtrisées (notamment avec Favé, Gazo, Mister V ou encore Kaaris), il revient en grande forme en proposant JFLM JNR. Beaucoup se demandent déjà quelle sera la suite pour Kerchak, futur roi de la Jersey.

Blumi Everyone Heals

Toujours plus de douceur et de poésie qui s’offrent à nous. Blumi met en images son morceau Everyone Heals, extrait de son EP there is no end in me. paru en novembre 2022.

Avec cette captivante ballade folk, Blumi évoque une frustration et un désespoir face à l’inaptitude de guérir et de trouver sa place dans ce monde. Isolée dans sa douleur tandis que le monde autour semble avancer et se remettre de ses blessures. Malgré ses tentatives pour trouver une chanson légère et optimiste qui la guiderait, la musicienne se sent bloquée sur la rive, incapable de rejoindre les autres qui vivent pleinement leur vie.

Il y a une certaine mélancolie qui se dégage de ces paroles, accentuée par l’idée que l’artiste en elle se rétrécit et disparaît progressivement. Cette phrase du refrain répété « Holding tight I’ll be alright » laisse transparaître une certaine détermination, une volonté de continuer malgré les difficultés rencontrées.

Le clip accompagnant Everyone Heals est un réconfort pour nos yeux et nos cœurs. Réalisé par Blumi elle-même, la chaleur humaine qui se dégage de ces images ne laisse absolument pas indifférent et nous apporte une touche de bien-être face aux paroles de ce titre. Everyone Heals est un témoignage poignant de la lutte contre la douleur et la solitude, et de la nécessité de trouver un chemin vers la guérison et l’acceptation de soi.

Elliott Armen – Lullaby – Live à la Villa Les Roches Brunes 

On finit la première partie des clips de la semaine en retrouvant une nouvelle fois Elliott Armen.

Le breton a dévoiler ce vendredi Helium, un album en forme d’appendice à son premier effort, Helium Balloons. Une réinterprétation totale de ses morceaux, qu’il transforme en œuvres instrumentales, poétiques et cinématographiques. La preuve une nouvelle fois avec ce Lullaby, morceau hors du temps qui gagne en intensité et en force au fur et à mesure de ses quatre minutes. D’abord atmosphérique, la pièce s’envole et nous entraine avec elle, passant de la cntemplation au mouvement .

Pour l’accompagner, il s’associe une nouvelle fois à Bastien Colin et nous livre une nouvelle vidéo live enregistrée à la Villa Les Roches Brunes. Cette fois-ci, c’est une exploration extérieure qui nous est donnée, troquant le noir et blanc pour la couleur, s’attardant sur les lieux, la mer et la flore.

C’est une nouvelle promenade dans la beauté qui nous est offerte, en attendant, on l’espère, de le retrouver sur scène.