Les clips de la semaine #166 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la seconde partie de la 166ème sélection des clips de la semaine.

QUANTUM QUANTUM – Hôtel Le Mouvet

Besoin d’échapper à votre quotidien ? On vous conseille ce week-end de passer les portes de l’Hôtel Le Mouvet de QUANTUM QUANTUM. Le groupe nordiste nous offre une nouvelle pépite psychédélique, un délicieux cadavre exquis où le sens se fond dans la forme et où les images et les histoires sont générées par vos esprits. Une bande originale parfaite pour des divagations mentales, ce morceau nous offrant un océan de douceur, une porte ouverte vers un ailleurs merveilleux.

C’est d’ailleurs ce que le groupe réalise une nouvelle fois avec ce clip accompagnant le morceau. Une échappée colorée où se mélange les références cinématographiques, notamment au monde de Wes Anderson, collages parfaits et une certaine idée du monde hors du temps.

Laissez vous bercer par les oscillations pop de QUANTUM QUANTUM, le voyage en vaut la peine.

Michelle & les Garçons – Gris Bleu

Après Bizarre, on attendait avec impatience le second titre de Michelle & les Garçons. Plutôt que de continuer dans la même direction, le groupe angevin a décidé de nous surprendre et dévoile cette semaine le très beau Gris Bleu.

Une couleur toute en nuance qui colle parfaitement au morceau qu’elle guide. Car ici, dans une ambiance plus lente et sensuelle, Michelle nous emmène sur les chemins de la liberté, de l’amour mouvant et des émotions qui grandissent et changent avec le temps. Comme Bizarre, c’est la sincérité qui guide le morceau, un appel à la liberté une nouvelle fois qui se fait tout en langueur et en tendresse, avec ce groove lancinant qui nous contamine lentement au fur et à mesure de la chanson.

La vidéo, réalisée par Sarah Dumesnil et Michelle & Les Garçons, porte en elle ce besoin de libérer l’amour et de le traiter comme un lieu de tous les possibles. Porté par des teintes bleutées, la vidéo se fait volontairement onirique et charnel, comme pour nous entrainer dans ce monde où amis, amants et amoureux ne font plus qu’un au final.

Teenage Bed – Big Sur / Pop Urbaine

Cette semaine, votre dose de mélancolie vous est une nouvelle fois offerte par Teenage Bed. Et ce n’est pas un mais bien deux titres que Nathan nous offre avant de dévoiler GRAND VAL, prévu pour le 7 avril.

Un « teaser » bouleversant de 12 minutes dans lequel il nous montre les deux facettes de sa pop DIY qu’on aime tant, Avec Big Sur / Pop Urbaine, ils nous entraine dans ce petit monde où la simplicité fait tous le seul des émotions. En anglais et en français, il nous raconte la vie, des petits moments où tout se retourne et où le cœur est parfois trop lourd à porter. Surtout, il laisse aussi une grande place à ses instrumentations qui nous guident comme une lumière au milieu de la nuit.

Pour accompagner le tout, il s’est aidé de DALL.E pour réaliser le clip qui accompagne les deux morceaux. On voyage donc sur place à travers les images qu’il décide de nous offrir, dans un monde où, comme dans sa musique, l’imaginaire prend le pas sur tout.

Brillant, comme toujours.

SIMONY – TECHNOFRAPPE

À le joyeux monde de l’entreprise … Dans TECHNOFRAPPE, Simony parodie au maximum la vie en entreprise en nous présentant un The Office cauchemardesque, avec son patron creepy as fuck, cigare, magazine porno collant et œillades insistantes vers sa collègue aux traits tirés par le botox … Un joyeux monde qu’il fait exploser avec l’arrivée de camarades portant le doux nom de The Rabbits, poussant loin la référence à The Matrix avec la transformation buccale du patron…

Le clip de BAPTISTE ERONDEL représente à la perfection cette TECHNOFRAPPE que nous offre Simony. Une musique au carrefour des genres, qui porte en elle le besoin d’évasion et de révolte d’une génération qui ne peut plus ce satisfaire de ce quotidien morne et beaucoup trop normé. Bref un titre puissant, porté par une prod ahurissante et le flow aceré de Simony.

Du tout bon en attendant qu’il retourne la maroquinerie le 05 avril.

Henriette – Aux portes de l’excès

L’aiguille du vumètre dans le rouge, Aux portes de l’excès, nous mène à la frontière d’un monde onirique, surréaliste où les souvenirs – qui nous hantent – et les regards – qui nous transpercent – structurent la narration d’un voyage au plus profond de l’intime. Les indices disséminés dans les images – le masque de Man Ray ou son portrait de Nancy Cunard, les épées croisées, la colorimétrie en rouge et noir mordoré – agissent comme autant de traces mnésiques qu’on aimerait impérissables ou au contraire fugitives. Aux portes de l’excès s’empreigne d’une passion que l’on ressent révélatrice dans le refrain ou enfouie dans les couplets, aux textes susurrés sur le ton de la confidence « Tu te souviens ce que c’était – La nuit immense, les longues suées ».

Derrière le nom d’Henriette, se tapit l’artiste Agathe Deburetel qui, pour Aux portes de l’excès, s’est associée dans la composition et le tempo avec Jean Thevenin (ou Jaune pour les mélomanes amateurs de plancton luminescent). Rendez-vous prochainement pour découvrir son premier EP (on est impatient) et, pour les morbihannais qu’on jalouse, la retrouver en concert – en compagnie de Poppy Fusée – le 2 avril à Vannes dans le cadre du festival les Émancipées

Oiseaux-Tempête – Black Elephant

Curieux animaux que sont les Oiseaux-Tempête. Toujours à la croisée d’un univers noise et sombre, leur proposition détonne dans le paysage musical. Aujourd’hui, c’est leur morceau Black Elephant qui passe à l’image grâce aux réalisateur tunisien Ala Eddine Slim et le moins qu’on puisse dire, c’est que leurs propositions se mêlent très bien.

On découvre donc une sorte de court métrage de science-fiction, qui rappelle par ses plans fixes et son personnage humanoïde très rigide le Dune de David Lynch. Le vrombissement et les synthétiseurs de la formation accompagnent le parcours nocturne et sombre (voire glauque) qui constitue une hypnotisante progression.

C’est excellent, envoûtant et malaisant à la fois, bref on adore. Le titre est à retrouve sur le dernier album du groupe sorti en 2022 : What on Earth (Que Diable).

Achim – Chambre 214

2023 est sans aucun doute l’année de Achim. Après la sortie de son excellente série de freestyles Aquarium, le Marseillais est déjà de retour avec Chambre 214. Issu de son deuxième EP en seulement 2 mois, le rappeur montre son efficacité et sa productivité, toujours accompagnées de mélodies très efficaces.

Dans ce nouveau clip, Achim représente le quartier qui lui tient tant à travers différentes fresques. La vidéo, réalisée par Alexandre Lhote, est aussi visuelle que ses projets précédents. Les moments marquants sont sans doute les passages où le Phocéen se retrouve dans ces peintures, une manière poétique de rendre hommage à ses terres. La vidéo est également sublimée par la prod de U-Mile Beats, qui va mélanger moment calme et rythmé. Mention spéciale pour le passage juste avant le premier refrain, où le rappeur montre toute sa fougue et sa qualité en kick.

Encore une pépite sortie par Achim. Cette nouvelle année démarre seulement que le Marseillais ne montre qu’une seule chose : sa rage de tout casser. Il nous tarde de plus en plus de voir un futur album arriver.

Safia Nolin – Carrie

Safia Nolin fait son grand retour cette semaine avec Carrie, un sublime premier titre en anglais qui se trouve être également sa première sortie indépendante. Tout en finesse et en délicatesse, en guitare-voix, l’artiste québécoise nous partage pourtant ici des paroles tourmentées.

Référençant le film Carrie réalisé par Brian de Palma et sa classique scène d’humiliation de la protagoniste, le morceau aborde clairement les vagues de harcèlement dont la chanteuse a été victime. Safia Nolin parle du sujet avec une résilience formidable et ce retour sur le devant de la scène est témoin d’une immense force : malgré tous les obstacles, cette chanson montre que ce qui l’anime semble bien être toujours vivant.

Cette nouvelle sortie touchante est accompagnée d’un joli clip aquatique réalisé par ses soins et par Marc André Labelle

Laroie – Tragedy

Alors qu’elle vient de sortir son troisième EP Tragedy, Laroie nous propose cette semaine un chouette nouveau clip pour la chanson éponyme du disque. Toujours réalisé par Maïlis, cette réalisation met en valeur la résilience, la possibilité de quand même trouver la joie et la force d’avancer seule même après avoir tout perdu.

La chanteuse montréalaise utilise une fois de plus sa musique pop et dansante pour aborder les thèmes de l’émancipation et de la reconstruction avec positivité : elle explique que Tragedy « reflète ce qui aurait pu être tragique si (elle) n’avait pas fait face à (ses) peurs pour mieux (se) retrouver« .

Ce nouveau projet nous donne donc de quoi être inspiré.e à rester dans le mouvement face à l’adversité. 

Mademoiselle K – Nos intensités

Sentiments passionnés riment avec intensité, radicalité comme l’affiche la rockeuse Mademoiselle K avec la sortie de son clip Nos intensités. Marian Landrieve et Nielsen Landrieve filment un décor chamboulé, de travers comme perturbé par un trop plein d’émotions.

Car il est question de cela : “Qu’allons-nous faire de nos intensités ?”  chante-elle.A comprendre par comment se libérer de nos colères, nos tristesses parfois nos hontes voire l’amour qui déborde un peu trop ?

Autant de questionnements survolés par Mademoiselle K dans sa chanson Nos intensités, extraite de son dernier album intitulé Mademoiselle K, comme pour revenir au personnel et à l’intime.

Lisa Ducasse – La Chanson des vieux amants

Après un premier morceau remarqué, Qui sont, la jeune chanteuse Lisa Ducasse revient avec un second titre. Il s’agit d’une reprise de La Chanson des vieux amants de Jacques Brel. Elle évolue dans un décor teinté de bleu et de jaune, de couleurs froides et de couleurs chaudes. Comme s’il était question de mettre en avant l’idée de tension, de dualité.

Deux opposés qui se rencontrent comme la tradition et la modernité dans cette reprise. La musique est électronique, électrique, contrastant l’orchestration de la version originale. Puis surtout, la langue nous fait naviguer vers d’autres territoires. Lisa Ducasse réinterprète la chanson en kreol moricien, une de ses langues racines. Par ailleurs, le texte est traduit par son père, poète. 

Christine and the Queens – To be honest

Christine and The Queens est de retour avec To Be Honest et un clip époustouflant de maitrise. Très cinématographique, c’est dans un noir et blanc brossé que l’artiste nous embarque dans son univers grouillant de références. Ce clip révèle des citations au cinéma des début XXe, on pense à Buster Keaton, au cinéma japonais des années 50 aussi.

Mais outre les similitudes que l’on trouve ici et là avec le 7e art, ce melting pot savamment construit révèle une scène finale liberatrice, chorégraphiée comme seul l’artiste sait le faire et offre une saveur de libération, de pleine possession de soi, et nous donne l’envie de danser à notre tour dans une mer éblouie par le soleil.

Une force à l’image qui dépeint un nouvel album à venir béni, et qui nous donne plus que l’eau à la bouche.

Nikola – Filer le temps ft. Achile

Après avoir exploré le chemin parcouru, du nécessaire exode au transfuge de classe en passant par les vicissitudes de l’adolescence, Nikola assume une nouvelle identité. Celle d’un artiste accompli, posant un regard adulte sur le temps qui a (déjà) filé trop vite… Le titre éloquent, Filer le temps, en featuring avec le chanteur de pop urbaine aux textes décalés et corrosifs Achile, propose une évasion au Maghreb.

Les inflexions arabo-andalouses qui enrichissent la mélodie répondent au cadre du clip entre ciel et terre, nature et cité. Une mise en perspective d’existences rapides, qui s’égarent dans leur propulsion sur le devant de la scène et trouvent dans le voyage le recentrement nécessaire à un nouvel élan. L’horizon, en tous cas, semble dégagé pour les deux artistes aux trajectoires déjà flamboyantes.

Baxter Dury – Aylesbury Boy ft. JGrrey

Loin d’une vision angéliste de l’enfance, Baxter Dury s’entoure, pour l’illustration de son titre Aylesbury Boy en featuring avec JGrrey, d’une troupe de garnements tout droit échappés du pays imaginaire…
Fumigènes kitchs et monstre en carton-pâte, dans la brume comme dans un rêve, le clip en accéléré se joue des codes du nanar 90’s pour nous inviter au cœur d’un conte moral à contre-courant.

Martyrisant les adultes, se déchaînant grimés en vieillards ou adoptant d’inquiétantes dysmorphies, les enfants mis en scène suggèrent une juxtaposition intergénérationnelle du soi fragmenté. Comme un rappel cruel de la vivacité de cet âge d’avant les contraintes et les compromis, le sale gosse frôlant la cinquantaine campe sur ses positions. La réplique donnée en miroir par de vénéneux alter-ego féminins, le chanteur rebat les cartes, et de nous asséner de sa voix de crooner :  « We are the future / Carrying the past« . Un rappel nécessaire, de ne ployer jamais, sous les injonctions au conformisme loin des aspérités ontologiques au genre humain.

Rallye – adolescent

Sur YouTube, ils se présentent sobrement, « friends making songs ». Rallye, qu’ils disent. Ça sonne fils à Papa, mais on clique, et la claque. Clip DIY tourné entre copain.e.s dans une cave, ambiance post-grunge entre fin 90’s et early Y2K, on se demande si on ne s’est pas perdus en chemin, de retour dans notre adolescence un peu trop bien décryptée par la gen Z. Parce que clairement, il y a du Avril Lavigne qui aurait abusé de la 3-MMC dans les headbangs du chanteur à la voix douce, les silences et les drops.

Le titre bien nommé adolescent mélange les codes et brouille les genres, on se prend en pleine face l’honnêteté de cette post-pop cathartique et sensible. Entre gimmicks évoquant tant les Smashing Pumpkins que Placebo et effets plus contemporains, le tout fonctionne. Porte-parole d’une époque qui ose reprendre espoir dans une ère au parfum d’apocalypse, le jeune groupe fera sans doute bientôt salle comble.

Lo Bailly – Palabres

Avec le clip de Palabres, Simon Vanrie à la réal’ magnifie avec une scéno’ désarmante de simplicité l’écoanxiété d’un natif de l’Anthropocène.

Quand Dalida chantait « Paroles, paroles, paroles… », les préoccupations contemporaines s’extraient de l’intime pour s’absorber dans la contemplation globale du désastre planétaire. Pour le chanteur Lo Bailly, le doute n’est pas permis. Les palabres servis par les politiques, mérités. Cette vision un tantinet judéo-chrétienne du « tous complices » est fille d’une culpabilité légitimée par l’inaction citoyenne et de l’inconséquente audace à croître sans limite dans un monde fini. Le chanteur en tire un cri du cœur, en apesanteur. Maphore de l’Homme dont les pieds ne touchent plus terre à force d’abstraction et de mégalomanie, l’artiste est bringuebalé au gré de vents qui le dépassent – mais sans cesser de lutter…

Jeanne Added – Another Place / Relax / Antidode

Trois pour le prix d’un ! Jeanne Added nous comble cette semaine avec trois clips hauts en couleur et savamment orchestrés, pour mettre en lumière trois titres forts de l’album By Your Side paru en septembre dernier :

Lundi sortait le clip d’Another Place, vidéo chorale. Entourée de son équipe dans un minimalisme rassurant, une vague de douceur s’empare de nous tant par la mélodie que l’extrême bienveillance qui émane de ce clip, ce qui nous donne envie de nous lover dans ce canapé, bien entouré pour leur présence relaxante.

Place au clip de Relax, colorblock rouge à la scénographie brute mais terriblement efficace. Dans une robe noire fluide, l’artiste contraste et magnétise tout sur son passage de présence hypnotique, un clip simple et fascinant.

Pour clore ce triptyque en beauté, Jeanne Added nous embarque dans ses coulisses avec le clip d’Antidote, l’un des titres phares de l’album, un clip intimiste qui reprend les codes des deux précédents, à la fois chorale, colorblock lumineux, doux, envoûtant… Une semaine riche en musique et bien chorégraphiée par ces vidéos qui ont marquées les rétines !