Les clips de la semaine #163 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la seconde partie de la 163ème sélection des clips de la semaine.

Flavien Berger – Feux Follets

Il y a quelques jours, nous avons rencontré Flavien Berger, lequel nous a parlé plus en profondeur de son album Dans cent ans, à paraître le 17 mars prochain. Et pour patienter jusqu’à la lecture de cet échange mais surtout jusqu’à la sortie de ce disque beau-sensible, l’artiste a dévoilé cette semaine son single Feux Follets, morceau lumière sur le temps qui passe et à la rythmique dynamique.

Intégrer la matière rêve à la réalité est fréquent chez Flavien Berger, et c’est une nouvelle fois chose faite. En effet, c’est après avoir fait un rêve (prémonitoire disons) où il y regardait une vidéo d’une personne se faisant tirer à travers différents décors, que lui est venu l’idée et la naissance de cette magique collaboration entre lui et l’actrice slash réalisatrice Vimala Pons.

Dans le clip, on y observe alors l’artiste avec attention, lequel défile sur fonds jaune soleil, table de fête, d’hiver ou encore printanier, le tout faisant toujours écho aux paroles du morceau. Un régal à la fois pour les yeux et les oreilles.

Flavien Berger sera par ailleurs de passage à l’Olympia les 4 (complet) & 5 mai prochain. On s’y retrouve ?

Hamza – Codeine 19

Le volet drill instauré par les deux opus de 140 BPM se sont refermés l’année passée, permettant à Hamza de partager le micro avec la crême de la scène rap francophone avant de revenir, en ce début d’année avec un nouvel album très attendu. Sincèrement, n’aura pas trahi cette attente. Le projet est un condensé millimétré des tendances de ces dernières années avec cette sauce spéciale qui caractérise la musique du bruxellois. 

Morceau fort de ce projet, Codeine 19 en accompagne la sortie avec un visuel réalisé par Théo Asciak. Doté d’un charisme naturel devant la caméra depuis ses débuts, il en joue une nouvelle voix sous un fond aux couleurs mauves faisant écho au titre du morceau et à la drogue s’en rapprochant. 

Attitude, égotrip et un fond de mélancolie, Hamza sait vraiment tout faire. 

winnterzuko – GEARLESS

La route semble de plus en plus dégager pour winnterzuko, et même s’il la traverse encore dans une vieille Citroën, il peut toujours compter sur ses gars pour le porter vers le haut et sûrement bientôt changer le cours de son histoire. C’est en filigrane ce qu’on pourrait dégager du visuel qui accompagne son dernier single : GEARLESS.

Prenant part à la réalisation, il s’accompagne de Vilhelm et Leoh pour retranscrire une nouvelle ride nocturne rythmée par les puissantes sonorités électroniques d’Amne. S’il garde sa mélancolie, winnterzuko semble ici faire preuve d’un peu plus d’optimisme livrant un refrain ultra-efficace et festif. Ce clip semble cristalliser le tournant que commence à prendre la carrière du jeune rappeur, reste à voir comment il négociera la suite.

Ratu$ x Dazzle – Curriculum

Morceau fort du second opus de Tout Travail Mérite SalaireCurriculum se voit prendre une seconde vie portée par l’interprétation de Ratu$ lors d’une session live organisée par Dazzle et réalisée par Antonin Chouard. Un titre aussi puissant méritait d’être interprété avec tout autant d’énergie et de passion. Son auteur réussit ce pari à merveille. 

De son côté, l’équipe Dazzle a réussi à y incorporer sa volonté de live immersif. En jouant avec les lumières et l’ambiance du morceau, ils accompagnent ce dernier dans une nouvelle direction usant d’un montage dynamique en symbiose avec les kicks froids de l’instrumentale d’Hasnavour.

C’est toujours plaisant de voir dans quelle direction peuvent aller des sessions lives. Les moyens actuels permettent une plus grande liberté de création et les membres de l’équipe Dazzle semblent l’avoir saisi ! 

Tamino feat. Angèle – Sunflowers 

Mais quel duo de génie ! Et belge, qui plus est. Cette semaine, Tamino dévoile le clip de sa chanson Sunflowers, où sa voix grave et mélancolique, quelque peu écorchée d’une discrète cassure, fusionne admirablement avec celle d’Angèle, douce et angélique. 

De cette musique sensible et délicate, nait un clip romanesque, tout droit sorti de la littérature balzacienne ou d’une pièce de théâtre classique. L’ambiance y est sombre, feutrée, les costumes, d’époque mais les effets spéciaux sont à la hauteur d’un film d’aventure. Aussi un véritable scénario se joue sur ces 4 minutes, une histoire de conquête menée par un pirate habité par l’espoir. Il croise la trajectoire d’une femme et celle d’un Tournesol magique. 

Enfermés dans un tableau impressionniste de Courbet, où mer et nuages gris se mélangent et se déchainent en un décor funeste mais onirique et candide, une scène surréaliste défile sous nos yeux émerveillés.

Météo Mirage – Immense Affaire 

En vue de la sortie de leur nouvel EP Libre, prévue pour le 17 mars, les garçons de Météo Mirage ne cessent de pondre des clips toujours plus rétros, toujours plus décalés, façon boys band des années 80 né dans un garage et depuis, resté à cette époque du kitsch et de la bonne humeur.

Immense Affaire s’empare donc d’une nouvelle histoire, mêlant humour, poésie et sentiments capturés par un vieux caméscope, de ceux qui produisent des images imparfaites, à les rendre parfaites. 

Dans un salon parisien transformé en scène, la caméra, comme confiée une petite soeur qui n’y connait rien, ayant pour seul but de ne perdre un instant de vie, vole des instants hasardeux. Elle espionne et attrape au vol ces minutes de répétition, se balade sans savoir où elle va.  

Immersion dans leur vie de groupe, proximité, transparence, absence de filtre : pour ces raisons-là, pour cette générosité, et parce qu’ils montrent tout d’eux, ne nous cachent rien, on s’y attache, à ces gars-là. 

De plus, on trépigne du pied en attendant leur EP. Sans compter leur concert au Point Ephémère, voué à rompre définitivement les barrières.

Feu! Chatterton – L’Affiche rouge

Je me souviens de cette guitare tremblante, de cette voix vibrante qui reprenait L’Affiche rouge à radio. Arthur Teboul dévoila pour la première fois ce morceau de Léo Ferré, il y a deux ans. Il évoque le groupe de résistants porté par la figure de Missak Manouchian, étranger d’origine arménienne écrivant une lettre d’amour à sa compagne Méliné, peu de temps avant d’être exécuté. Déjà j’y comprenais la sensibilité et la force de cette reprise, en attendant une version studio. 

Peu après avoir été dévoilée, cet enregistrement studio s’accompagne d’un clip merveilleusement réalisé par Sacha Teboul. Le cinéaste en faisant défiler des images d’archives vieillies par le temps, abimé par la lumière parvient à retranscrire l’un des propos du morceau. Cette idée que la mort et la haine ne rien face à l’amour et la liberté. Léo Ferré y écrit les phrases suivantes en incarnant Manouchian : “Je pars sans haine en moi, pour le peuple allemand”. Une force de vivre pour ses convictions, pour la beauté des choses qui rappelle le morceau Liberté de Barbara. 

Quant à l’aspect musical, le bourdonnement électronique appelle au recueillement, au temps de l’hommage et du silence. Ce silence qui nous prend à l’écoute de ce morceau, qui nous prend aux tripes et touche directement l’âme. Ce même silence qui relie à un temps indéfini, nébuleux qui ancre l’instant dans l’éternel. Que dire de la manière de chanter d’Arthur Teboul ? Cette force dans la voix, cette théâtralité font créer au creux de nos yeux des perles de larmes. Puis, une clarinette vient apporter de la douceur, de la clarté à la lourdeur du propos. Recentrer dans la vérité ce qui est dit : un appel à la paix, à l’espoir dans toute sa splendeur et sa sincérité. 

A l’heure où tout semble de l’ordre de l’incertain, que nous ne semble plus savoir quoi faire face à la violence et la guerre, L’Affiche rouge résonne avec singularité. Nous pensons alors à ces phrases : “La justice viendra sur nos pas triomphants.” Plus particulièrement à cet extrait déchirant de lumière que je mets en lumière : “Adieu la peine et le plaisir, adieu les roses. Adieu la vie, la lumière et le vent. Marie-toi, sois heureuse et pense à moi souvent. Toi qui va demeurer dans la beauté des choses. Quand tout sera fini plus tard à Erivan.” Je pense à ces peuples embrigadés dans une guerre qui ne dit pas son nom, que l’on évoque encore si peu et qui se déroule dans cette même Arménie décriée. 

Ce morceau tient de sa puissance à nous rappeler d’aimer avec force, quoi qu’il en coûte, de ne pas céder à la peur ou la haine, qui ne sont que choses vaines. Il nous rappelle au courage, à l’harmonie et à l’espoir dans toutes leurs grandeur.

Sandra Nkaké – Sisters

Sandra Nkaké compose un hymne à l’amour sororal avec Sisters. La chanson évoque la sororité, l’union entre femmes, ou plutôt entre soeurs.

Dans un texte présentant le morceau elle évoque : je voudrais dire que je suis à leurs côtés [des sœurs de coeurs actuelles et futures], que nous sommes là les unes pour les autres, et que notre union, la bienveillance que nous nous portons sont notre puissance. A nos sororités.” A tout hymne, son refrain, celui de Sisters est :  “We are sisters, sisters daring harder, we are sisters, caring sisters” à traduire en français par : “Nous sommes des sœurs, des soeurs qui osent plus fort, nous sommes des soeurs, soeurs attentionnées”

Quelques phrases que fait vibrer la chanteuse à la voix éraillée. Ce morceau réaffirme l’empreinte soul, jazz de Sandra Nkaké tout en y apportant une touche de légerté. Le musicien Jî Drû apporte un aspect aérien en jouant de la flûte traversière. Il y a quelque chose de très épuré dans Sisters qui prend chair dans le clip. Réalisé par Jean-Baptiste D’Enquin, il représente l’artiste chantant sur scène dans un vêtement rose bonbon, contrastant avec l’obscurité qui l’enrobe.

GRAND BLANC – Immensité (Live in Nayan)

Deuxième extrait du futur album, Halo, à paraître le 28 avril sur le label Parages que Grand Blanc a créé.

On est loin du Grand Blanc des débuts et de leurs aspirations cold wave.  Immensité marque par son calme et l’atmosphère mélancolique qui s’en dégage. Comme dans le titre Pilule Bleue qu’ils avaient partagé il y a quelques mois, Camille égraine les notes de la mélodie à la harpe, mais pour Immensité elle laisse la parole à Benoît.

La ligne musicale est simple, mais prenante. Ils aiment se perdre dans leurs souvenirs de l’ « Immen-immen-city » qu’ils avaient connue avant de se blottir dans la nature qui borde leur maison-studio. Envie de souffler et de prendre la mesure du temps qui passe. Immensité, s’écoute comme une poésie dont on ressentirait les vers comme des moments de respiration. Immensité se voit comme un tableau de Georges de la Tour dont on suivrait du regard les lignes de fuite de la composition, illuminé par une lumière en clair-obscur, douce et chaude, peu importe qu’elle émane d’une bougie ou d’un smartphone.

On avait pu découvrir Immensité interprété avec l’Orchestre national de Lorraine et filmé par Arte à la Boîte à Musique de Metz au printemps 2021. On l’avait redécouvert tout récemment joué en duo associé à l’Ensemb7e au Trianon du Chapelier Fou. Mis en images par la vidéo, réalisée par Camille et BenoîtImmensité se dévoile encore.

TASTE – Gumball Gary

Pour accompagner leur premier EP (il est sorti vendredi dernier !), Taste nous fait découvrir un nouveau titre Gumball Gary dans un clip toujours aussi graphique qu’efficace. Les images live se mêlent à des animations esquissées, les ombres portées s’étirent et deviennent chimériques. La ligne basse structure le titre à la façon d’un morceau du Magazine d’Howard Devoto. La voix d’Yan Wagner est impressionnante d’ampleur et de profondeur.

Pas de doute, Gumball Gary nous replonge musicalement et graphiquement dans cet univers fécond de la contre-culture de la fin des années 70, début 80 que Taste affectionne tant (tout comme nous).

Et si les goûts et les couleurs ne se discutent pas, Taste s’écoute et se vivra bientôt sur scène. Rendez-vous à Paris, mercredi prochain à l’International à l’occasion d’une soirée façon big bad wolf, et le 15 mai à la Maroquinerie pour l’épisode #6 de Verte est la Nuit.  

Two Faces – Fearless

Dernière ligne droite précédant la sortie du premier album de Two Faces : avant de dévoiler After the Embers le 31 mars prochain, le duo nous a présenté cette semaine un dernier extrait.

Avec Fearless, Two Faces nous jettent une petite bouée de secours dans l’océan de peurs qui nous paralyse parfois et nous invite à abandonner nos angoisses au bord de la route pour avancer malgré tout.

Pour illustrer ce joli mantra, les lyonnais ont affronté le froid pour nous inviter dans leur jardin d’hiver et rendre le plus gris des temps étrangement chaleureux. Pour découvrir Fearless en live et plus globalement célébrer tous.tes ensemble ce glorieux disque à venir, deux rendez-vous à ne pas manquer : le 28 mars à Lyon au Ninkasi Gerland et le 31 mars à Paris au Supersonic

Claudia Bouvette – Highly Unrecommended

À quelques mois de souffler la première bougie de son dernier album The Paradise ClubClaudia Bouvette est déjà de retour en anglais cette semaine avec un nouveau titre.

Sur Highly Unrecommended, l’artiste québécoise nous saisit le cœur en nous racontant le triste destin des idylles inachevées et empêchées par les circonstances. Dans un clip réalisé par Vincent Gravel et sur un air inspiré des classiques ballades pop-folk des années 2000, la chanteuse erre en deuil d’une relation amoureuse interdite, ou plutôt non-recommandée. À travers ce morceau doux-amer, Claudia Bouvette apporte à toutes les âmes hautement romantiques un peu de réconfort pour terminer l’hiver. 

Yaåster Otherside

Réalisé par JC Joam (Kaotic Agency), le clip éthéré du dernier titre de YaåsterOtherside, illustre bien la vibe dreamy et onirique déclinée sur son premier EP, à paraître, dont on commence à deviner les contours.

La lumière est douce et la gamme chromatique à l’unisson de l’aura musicale. Entre gestuelle inspirée et évanescente, danse aquatique et chasse au trésor enchanteresse, le chanteur au bandana multiplie les références à un certain imaginaire… La figure du pirate convoque les projets de grands voyages comme des rêveries auxquelles on ne devrait jamais renoncer, quand la révélation finale d’un nom mystérieux nous tient en haleine… À suivre, pour de nouvelles aventures !

Dallen –« AVEU(x) : MY FULL (iPhone) MOVIE » 

Le parti-pris du chanteur Dallen avec « AVEU(x) : MY FULL (iPhone) MOVIE«  ? Nous livrer une mise en images, sous forme de narration suivie, de son EP complet… Et au fond, qu’attendre sinon un format innovant de la part de ce créatif invétéré, qui se plaît à insuffler à la chanson à textes son élégante irrévérence ?

Le projet, filmé au GSM par son acolyte Pablo Monzat, capture une douce errance – ou une évasion ? Dallen l’introduit comme : une balade dans « Paris et son 10e arrondissement, le grand air, l’Aubrac et ses marées d’arabica, la foule de la City, ses souterrains, sa Seine, mes espoirs et ma solitude. » Conjurée, on le lui souhaite par notre délectation à nous blottir dans ses airs doux-amers, qui ont la saveur des dimanches de fins d’hiver, entre bouquinistes et cafés en terrasse…

Vipères Sucrées Salées Artère Crocodile

Résolument cold-wave ou absolument post-punk..? Le boys band de sales gosses Vipères Sucrées Salées semble bien résolu à se passer d’étiquettes. Les ref’ sont là, pourtant : archi’ brutaliste un tantinet soviétique, graphisme épuré 80’s, diction monochrome (et parcellaire !), fracas visuels et auditifs… « Artère Crocodile » (réal’ : Manon Beauchamp) être fragment éloquent d’EP éponyme. 17 mars. Comprendre ? Écoute. 

Paddang – Dead on Tuesday

Nous voilà ici avec une nouvelle pouce toulousaine, le trio Paddang. Plusieurs singles et un EP sont déjà sortis entre 2020 et 2021. Et pour 2023 une paire de singles sont déjà dispos, dont le second vient de sortir avec son clip.

D’un univers garage post-punk rageur au rythme effréné, on ressent de grosse influences de la scène française. Rendez Vous (écoutez la basse et le chant), Structures, Johnny Mafia, en Belgique on peut se rapprocher de SONS. Bref, un groupe dans son temps, qui rajoute une nouvelle pierre a l’édifice de la scène garage post punk française, qui n’en finit pas de fourmiller.

Dans le clip, le groupe se retrouve dans un entrepôt désaffecté pour jouer son titre, entrecoupé d’image d’une femme évoluant dans un environnement tout aussi désert.

Le chanteur, bassiste, s’époumone sur une guitare fuzz et une basse ronde. Ces singles annoncent Chasing Ghost, leur premier album qui sortira bientôt, et qu’on écoutera sans aucun doute.

Cathedrale – Silent Castle

La règle a ne jamais oublier, c’est de faire attention aux sorties chez Howlin Banana Records. Autre pouce toulousaine, celle là on la connait aux entournures, on retrouve Cathedrale. En 2020 voyait la sortie de leur troisième album (le premier datant de 2017! ) Houses Are Built the Same et leur post punk un brin plus assagi que leur premier effort. Avec Silent Castle, le premier single de la prochaine sortie du groupe vient de nous être dévoilé.

Toujours dans le même univers, le quintet en explore de nouvelles contrées et sonorités. Le tempo se ralentit, un gros synthé post punk et une batterie a la frontière de l’électronique nous berce tout au long de ce profond morceau. Des guitares un poil angoissantes renforcent l’idée de solitude chantée. Une chanson de nuit blanche magnifiée par le clip où l’on voit un être déambuler en solitaire dans un château en ruine.

Un premier aperçu qui annonce un tournant du groupe qui pourrait s’avérer très intéressant