Les clips de la semaine #161 – partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la seconde partie de la 161ème sélection des clips de la semaine.

UssaR – Étendard

UssaR déploie son étendard et annonce l’arrivée de son premier album. Un premier extrait comme une note d’intention, celle d’une musique portée autant par la voix que par la recherche musicale, par le texte à la sincérité brute que par les ambiances et les couleurs qui se diffusent.

UssaR reste cet esthète, ce garçon au regard franc qui prend la chanson française au sérieux, qui la triture et la pervertit un peu, qui lui apporte un supplément d’âme et de noirceur. Car oui, la musique de ce grand bonhomme est un combat permanent entre la nuit et le jour, comme si il se décidait à ne pas choisir sa catégorie. Dans sa bouche, l’amour vit, il est intense et il soulage autant qu’il blesse.

Tout cela vit aussi dans la vidéo de Victor Boccard, une fuite nocturne, une recherche de l’autre dans les fantômes et les ombres qui habitent la vie. UssaR, comme perdu, ère dans cet univers de chambre de bonne et de nuit totale, où les habitants évoluent et se transforment.

C’est ici qu’il laisse aller au vent son étendard, en attendant l’album et son concert à la Maroquinerie en mai.

PAR.SEK – CASH !!!!!!!

En manque de Cash, PAR.SEK ? Si on en croit la description de leur nouveau clip, sans doute un peu. Le groupe s’est amusé à détailler les mauvaises idées et petits soucis de sa vidéo avant de saluer le talent de Manon Sabatier.

En vérité, CASH n’est pas une histoire d’argent, mais bien de franchise. Le morceau de PAR.SEK est aussi bordélique qu’il est direct, franc et réjouissant. C’est une déclaration d’amour, une déclaration de vie et un plaisir toujours aussi réjouissant pour nos oreilles.

La vidéo est à l’image du morceau, bouillonnante, avec 10.000 idées à la seconde, des sourires, de la joie et un peu de peine sans doute.

De quoi nous empêcher de craindre la nuit et la fin du monde.

Jonathan Bree – Pre-Code Hollywood

S’inspirant du Code Hays, directives de production appliquées à Hollywood au cœur des années 60, intégrant la censure des idéaux artistiques et la marginalisation des nuances dans la création, la musique de Jonathan Bree n’a jamais aussi bien porté son nom. Pre-Code Hollywood dévoile une oeuvre personnelle et unique, qui laisse exploser une créativité bouillonnante et formidable.

Toujours portée par sa voix grave et sa poésie mélancolique et sombre, la pop de Jonathan Bree ne cesse de nous marquer et de nous obséder au fur et à mesure des écoutes. L’anti-héros masqué, accompagné du grand Nile Rodgers à la guitare, nous offre un nouveau monument musical à la gloire de sa discrétion.

Pour accompagner le morceau, il nous amène à nouveau dans l’univers de Radio Vision et se met en scène dans une émission pop des années 70, à base de paillettes, de poses iconiques et de choristes impliquées.

De bon augure, en attendant son retour sur les scènes françaises, avec notamment un passage au Trabendo et un autre au Grand Mix.

DJ Pone (ft. Blasé) – Friends

À l’occasion de la sortie de son nouvel album, 1978, DJ Pone a rendu public le clip du morceau Friends, en collaboration avec Blasé. Ce dernier met en avant une boucle portée par un synthé tendre et mélodieux, qui accompagne une ligne de percussion simple et compréhensible. Le tout respecte une structure vue et revue, mais qui confère au titre une sensation de familiarité presque réconfortante.

Concernant le clip, réalisé par David Fontao, il présente deux formes de mise en image. On y retrouve des scènes de tous les jours, dans lesquelles on aperçoit le DJ dans ses actions quotidiennes. D’autre part, on observe des images d’archives de l’artiste à tout âge, en passant de l’enfance à la jeunesse, puis à l’âge adulte.

Tant la vidéo que le morceau en lui-même tirent leur révérence aux origines de la carrière de l’artiste, ce dernier étant une figure majeure dans les milieux des musiques électroniques et du Hip-Hop en France. À l’instar de ce nouvel album, Friends augure un regard rétrospectif et nostalgique sur un chemin plein de lettres de noblesse. C’est d’ailleurs ce que le titre et la pochette de ce nouveau disque représentent.

Dominique A – Les vagues et les regrets 

C’est à Nantes, ville natale de Dominique A, que nous le retrouvons. Ayant collaboré entre autres avec Philippe Katherine ou Etienne Daho, Gaëtan Chataignier signe la réalisation du dernier clip de l’artiste. Nous sommes plongés dans un décor minimaliste, des images en noir et blanc de la brasserie Little Atlantique Brewery.

Nous apercevons Dominique A chanter. En quelques minutes, le réalisateur capture toute la sincérité et l’authenticité de l’artiste. Le clip illustre Les vagues et les regrets, un morceau incarnant toute la patte du musicien. Le début est porté par un motif électronique créant une sensation de tension, sur lequel vient se poser la voix tantôt parlée, tantôt chantée de Dominique A. Ce titre, à écouter, rappelle les premiers albums du chanteur.

Venus VNR – Cherche Pas

Venus VNR revient avec leurs états d’âme et leurs paroles réconfortantes. Pourtant loin du genre hip-hop ou très rock, voire hyperpop, qui font leur image, Cherche pas se situe plutôt au niveau de la balade. Un aspect de douceur et de légèreté dont le contraste rend plus fort encore le texte. Les paroles évoquent les combats intérieurs notamment liés à la panique, à l’angoisse et à la névrose. “Parfois j’suis mis à terre, parfois j’suis médaille d’or c’est nice.” Et de la cohabitation que l’on fait avec ses émotions. Cette idée de lutte, de combat de boxe, se retrouve dans un clip réalisé par Jean Chaffard Luçon. On y reconnaît des gants de boxe mais aussi des ballons, évoquant la fragilité, la sensibilité évoquée précédemment. 

Depeche Mode – Ghosts Again

Le 24 mars prochain sortira le 15ème album de Depeche Mode, Memento Mori ( « Souviens-toi que tu vas mourir” en latin, un memento mori étant une représentation artistique du caractère mortel de l’Homme). Il n’est pas vraiment surprenant que ce nouvel opus soit marqué par le thème de la mort, dans la mesure où Andrew Fletcher, le 3ème membre de Depeche Mode, est décédé l’an dernier et que la décision de faire cet album lui fait suite.

Ghosts Again, premier single de l’album, dont le clip est sorti cette semaine, s’inscrit dans cette thématique. Dave Gahan y chante de manière paisible et douce : “A la fin les amants murmurent ‘nous redeviendrons des fantômes’ « . Musicalement, Ghosts Again est un single parfait, sans excès de production, entêtant ; son riff de guitare qui semble tout droit sorti de l’époque de l’album “Ultra” vous prend dès les premières secondes du morceau, et ne vous lâche plus.

A la réalisation du clip on retrouve Anton Corbijn, compagnon de route de Depeche Mode depuis des temps immémoriaux. On notera que ce clip fonctionne lui-même comme un memento mori. Sombre, empli de mélancolie, on y voit Martin Gore et Dave Gahan, capuches noires sur la tête qui rappellent la faucheuse, cannes à la main surmontées d’un pommeau à tête de mort, errant dans la ville, jouant aux échecs sur les toits de New York, avant qu’ils ne se retrouvent dans un cimetière. Le tout en noir et blanc et en format 4/3. Pas de doute, on est bien dans l’ambiance en vue du nouvel album !

Daughter – Party

Cette semaine, un second extrait inédit du prochain album de Daughter, Party, sorti le 8 février dernier, a été dévoilé.

Ce nouveau titre est dans la continuité mélodique que le groupe a établie avec leur précédent morceau, intitulé Be On Your Way. À l’instar de ce dernier, il dégage une sonorité qui est belle, fraîche, nostalgique et rassurante. Cependant, ce qui diffère dans Party, c’est que les sonorités utilisées sont plus claires et hautes. Nous ne ressentons plus la puissante basse présente dans Be On Your Way, pour cette fois-ci laisser place à des accords en majeur, de sorte que ce morceau soit perçu de manière plus légère.

Le clip illustrant Party est dans le même esprit que le morceau lui-même. Toujours réalisé par Tiff Pritchett, il exprime la même esthétique que pour le précédent. Il montre un assemblage de plans où la talentueuse chanteuse et guitariste, Elena Tonra, apparaît sur un fond rétro et des images saturées. Cependant, ce clip apporte une part de nouveauté pour donner suite au premier. Alors que le clip de Be On Your Way montrait des images aux couleurs froides dans des lieux urbains, avec Elena Tonra cherchant visiblement à s’échapper pour accéder à un espace plus coloré et respirable, ce clip semble nous indiquer qu’elle y soit parvenue : les images montrées sont maintenant plus représentatives de l’air pur de la verdure que de la froideur de la ville.

Encore une fois, Daughter nous offre une merveilleuse démonstration et il nous faut nous armer de patience jusqu’au 7 avril pour découvrir leur nouvel album.

Cour de Récré – Chanson Cathartique

C’est certain, Cour de récré prend plaisir à funambuler sur les lignes de faille temporelles de nos jeunesses (rêvées ou vécues, selon nos âges). Quatre ans après avoir sorti un Giscard Punk, qui résonne encore entre nos oreilles, avec Chanson Cathartique, ils revisitent la synthpop française qui s’épanouissait à l’orée des années 80.

Musicalement, on approche des univers sonores façonnés par Elie et Jacno ou encore Etienne Daho, chaloupés par les boîtes à rythmes et les sons synthétiques. Visuellement, les couleurs présentes dans la vidéo se parent des teintes les plus flashy. La Chanson Cathartique de Cour de Récré se déguste comme un coquillage roudoudou au goût acidulé. Pour notre plaisir, avec humour et amour, sans jamais se prendre au sérieux : «Ssous tous mes défauts, t’as su démêler le vrai du faux »  

Marilyne Léonard – Gants blancs

Si la créativité capillaire du personnage qu’incarne Matthieu Chedid sur scène – dont elle a assuré récemment les premières parties – semble avoir inspiré, dans tous ses excès, le style et l’apparence de Marilyne Léonard et de ses comparses, sa musique reste quant à elle bien personnelle.

Aux antipodes de la linéarité, tour à tour traînante, entraînante ou mélancolique, la chanson Gants Blancs de Maryline s’impose. Elle bouscule les souvenirs – parfois douloureux, toujours sensibles – qui forgent la personne qu’elle est devenue aujourd’hui. Son phrasé, par moments, trépigne, comme s’il y a avait une urgence à ce que les mots jaillissent, puis à d’autres prend le temps de les laisser s’accumuler pour mieux les assimiler. Marilyne Léonard, parée de ses Gants Blancs, nous surprend une fois de plus. Positivement, cela va de soi.    

Les Louanges feat. Ichon – Sur la mélodie

Pour son grand retour après le formidable Crash sorti il y a tout juste un an, Les Louanges s’associe cette semaine à Ichon. Cette connexion franco-québécoise donne naissance à Sur la mélodie, un morceau groovy et libérateur aux influences afrobeat créé à Paris, qui nous pousse à avancer.

À l’écran, cette collaboration est très brillamment mise en scène par Jeanne Sigwalt et Oscarito Castro, à travers un bon paquet de saynètes représentant un avenir un peu absurde, observées via le cycle d’une View-Master par les enfants que les deux artistes étaient.

Les Louanges finira l’hiver de notre côté de l’Atlantique avec une poignée de concerts : il sera de passage à Bruxelles (Le Botanique), à Paris (Le Trabendo) et à Marseille (Festival Avec le Temps) les 14, 16 et 17 mars prochains. 

Laroie – Stuck Here

À l’approche de la sortie de son nouvel EP TRAGEDY le 3 mars prochain, et suite aux deux premiers extraits, Confusion et Keep Hiding (Way Back), Laroie dévoile cette semaine un troisième morceau, intitulé Stuck Here. À travers ce titre aux sonorités électro et R&B, l’artiste montréalaise prend conscience d’une relation amoureuse fusionnelle mais profondément dysfonctionnelle et affirme son besoin urgent d’émancipation. Le clip, réalisé par Maïlis, appuie ce sentiment : à travers une caméra discrète, il nous transporte au ralenti à travers différentes scènes de vie de couple où les protagonistes, bloqué.e.s dans ces schémas destructeurs, se déchirent et se retrouvent. Il est ici question de mettre en lumière les pièges pour mieux les éviter.

Nikola – madame

Avec Madame, Nikola rompt avec les sombres introspections et autres démons intérieurs pour poser un regard tendre et lucide sur les premiers émois.

Dans ce clip au rythme frénétique signé C14BONE, le picking de la guitare de Dani Terreur ouvre au ballet urbain d’un déchaînement de joie. La vaste gamme, toujours maîtrisée, de jeu d’acteur du chanteur propose une illustration émotionnelle d’un texte qui va crescendo… Y est dépeint le passage de l’enfance à l’âge adulte par l’émancipation grâce au prisme amoureux, libérant l’envie de tout faire « comme des grands » : fumer des clopes, manger des grecs, du romantisme façon gen’ Y ! La mise en scène minimaliste, montrant un Nikola survolté et haut en couleurs entouré de ses pairs – masqués mais solidaires – permet au texte de prendre la place qui lui échoit : de ses élans organiques où l’on se consumait à trop s’aimer, ne nous reste donc que la joliesse des moments fondateurs de nos identités.

Comme toujours, on ressort de l’écoute avec une envie folle de le découvrir sur scène : rendez-vous est pris (pour les plus chanceux, car bientôt sold-out) le 3 avril à La Boule Noire.

Hyacinthe – 10 piges

Le 9 février dernier, le rappeur Hyacinthe s’est fait remarquer avec la sortie de son morceau 10 piges, assorti de son clip. Celui dont le patronyme est inspiré de la mythologie grecque s’illustre avec un flow très droit et qui parvient à rester constant en termes de qualité et d’agilité. Cette expression se voit posée sur une production ayant comme charpente une boucle de guitare ronde, oscillant entre mélodie et mélancolie. Le rappeur y évoque des questionnements purement personnels et introspectifs, retraçant son passé et certaines expériences vécues. Le tout est véhiculé par sa voix, caractéristique qui, alliée à son rythme, développe une véritable identité.

Pour ce qui est du clip, ce dernier, réalisé par c14bone, se base sur des mouvements brusques et fluides. Ces mêmes animations se calent comme des transitions entre deux images d’illustrations diverses de ce qu’évoque 10 piges. Ce rythme correspond parfaitement à celui établi par la production, aux percussions très marquées et présentes. Cette alliance confère dès lors à l’ensemble une finition soignée, entraînante, donnant à cette direction une certaine grâce plaisante à voir et à écouter. 

Slowthai – Feel Good

Deux semaines après la sortie de Selfish, slowthai est déjà de retour avec Feel Good et continue de nous teaser son troisième album, UGLY, à paraître le 3 mars prochain.

Toujours dans une vibe résolument punk, mais cette fois-ci un brin plus positive et enjouée, Feel Good met l’accent sur la nécessité de se pousser à aller de l’avant, quand bien même tout semble perdu d’avance.

Côté clip, on y observe une poignée de fans découvrir ce nouveau single, jusqu’à ce que slowthai débarque chez eux à l’improviste et rende ce moment inoubliable dans la vie de ces quelques chanceux.

Encore une fois, l’artiste britannique aura réussi à combler toutes nos attentes et à ne nous rendre que davantage impatient.e.s à l’idée de découvrir ce qui s’annonce être l’un des meilleurs disques de cette année 2023.