Les clips de la semaine #161 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la première partie de la 161ème sélection des clips de la semaine.

LaFrange – Sleeping with a Ghost 

Depuis la sortie de Sad Love Songs (2022), son deuxième EP il y’a presque 1 an, LaFrange égraine au compte-goutte ses nouvelles chansons. Une version alternative de Blue Eyes (qui figure sur l’EP) d’abord puis Baby Blue en octobre dernier. Cette semaine, la musicienne parisienne livre son premier single de 2023, Sleeping with a Ghost, une balade douce et mélancolique, hantée par un fantôme. La musicienne écrit : “C’est un tout nouveau chapitre que j’entame ; c’est une balade, une errance hantée par une présence fantomatique”. Une simple guitare sèche accompagne la voix brute et éthérée de LaFrange, sur ce titre épuré aux parfums de solitude.

Le clip qui accompagne le morceau, réalisé par Antoine Netter et Elliott 2L2T, nous transporte dans une maison de bord de mer où la musicienne se retrouve par moments visitée par une apparition…

LaFrange sera en première partie de Alexz Johnson à l’Olympic Café à Paris le 2 mai. On s’y voit ? 

ADA ODA – AVEVO TORTO

Ada Oda est un groupe qui aime emmener sa musique là où on ne l’attend pas. Après l’aire de jeux pour enfants et le bar ambiance sud des États-Unis, voilà que les Belges débarquent sur les tatamis pour un cours de judo qui tabasse.

Parce que la musique est sans doute aussi un sport de combat, le quintette se prépare à mettre tout le monde au tapis … On plaisante bien sûr. Car à les voir prendre des poses absurdes et faire des grands sourires niais dans le clip d’Alexandre De Bueger, on se dit qu’Ada Oda ne se prend pas au sérieux et à une époque d’images et de posture, c’est assez rafraichissant.

Surtout que leur musique est quand même du genre à mettre K.O. Efficace, rythmée et enjouée, Avevo Torto nous donne clairement envie de danser et de secouer nos popotins, et ce n’est pas Sensei Rick qui nous dira le contraire !

Pour le reste, on a hâte de retrouver les Belges sur scène, notamment cet été, puisqu’ils font partie de la sélection du Chantier des Francos.

Indigo de Souza – Younger & Dumber

Indigo de Souza a déjà su montrer sa capacité à allier ses inspirations multiples à des textes introspectifs. Son dernier single, Younger & Dumber, n’y fait pas exception. Pour donner encore plus de corps à ce récit, il a été mis en image sous la caméra de la chanteuse elle-même ! 

Alternant moments de nostalgie puisés directement dans son passé et retranscrits à l’écran avec un effet VHS et moments de tournage durant lequel elle métaphorise son discours à l’aide de la figure d’une fleur grandissant et s’ouvrant au monde, il est bien là tout le cœur de ce nouveau récit qu’Indigo dévoile : dans sa jeunesse, celle qui a été accompagnée par une certaine candeur, l’innocence de l’enfance au final. 

Cette balade est immersive par sa composition simple mais rudement efficace, se couplant à merveille avec le grain de voix absorbant de la jeune américaine. Le support visuel vient rehausser le tout, pour mettre à nu une part d’intime qui pousse encore plus loin l’immersion.  

Debate Club – Astro

Quatre ans après l’excellent Phosphorecent, les garçons de Debate Club commençaient à légèrement nous manquer. Heureusement, 2023 sera l’année de leur grand retour, puisqu’ils dévoileront en mars Égarements, premier chapitre d’un tryptique de minis albums, rien que ça.

Et celui-ci semble se teinter de couleurs plutôt sombres et angoissantes si l’on se fie à Astro, deuxième extrait du projet qui nous emmène dans une ambiance pesante. Un mur du son qui semble refléter les peurs du quatuor, tiraillé entre le besoin de contrôler leur existence et ce sentiment qui nous prend tous de plus en plus, celui d’être peu à peu détaché de tout et de se laisser dériver, sans but ni envie. Un bloc de puissance où les voix se noient et disparaissent derrière les impressionnantes nappes de guitares.

Pour accompagner ce morceau, les québecois et Julie Rainville ont installé leur caméra dans le sous-sol d’un des membres du groupe. Un endroit chargé d’histoire, lieu des premières rencontres, des premiers amours et des premières répétitions, qui permet d’offrir une vidéo très référencée, remplie de souvenirs et de clins d’oeils à l’esthétique qui les faisait vibrer dans leur adolescence et qui a fini par donner corps à Debate Club.

QUASI QUI — City Mashups

Il faut être prêt à tout pour vendre sa musique, ce n’est pas Quasi Qui qui nous dira le contraire.

Sous la caméra de Maël Demarcy, le duo se retrouve transporté dans un étrange télé-achat pour faire la promotion de son premier album. Un endroit où le plus important semble être le nombre de ventes, quitte à transformer les musiciens en panneau promotionnel et à les entraîner dans des idées délirantes, où leur musique se mélange à des shorts de sport et des ballons aérobiques.

Un univers aussi drôle que presque dystopique, clairement influencé par les 90’s, que ce soit dans le rendu visuel, les tenues ou les bandeaux publicitaires.

Une manière parfaite de présenter City Mashups, ouverture de leur excellent Downloading a New Operating System, morceau hors du temps, jouant sur les rythmiques des guitares et des machines associées à des cordes, et des influences proches de la science fiction dans les paroles.

Le tout donne un rendu cinématographique et plaisant au possible qui nous fait fatalement danser.

Un advertisement de qualité avant de les retrouver ce mardi à la Boule Noire.

Izïa – Étoile Noire

Un réveil difficile, du noir sous les yeux et le regard brumeux, plongé dans les souvenirs alcoolisés de la veille, Izïa revient cette semaine avec le clip de son deuxième single, Étoile Noire.

J’ai le futur dans le viseur et j’accélère
(Étoile noire, tout est mort dans le ciel ce soir)
Et le passé qui me suit, j’sais pas comment faire

Avec son cinquième album, la chanteuse dompte avec brio sa fureur de vivre grâce aux mots. Son étoile noire, c’est ce petit monstre qui poursuit tout à chacun pour nous rappeler nos erreurs, nos excès et nos tristesses. Mais Izïa, assagie bien que toujours libre, mature bien qu’au sourire toujours naïf, nous partage sa bataille pour se rapprocher toujours plus du beau. Après le réveil difficile dans le clip vient la délivrance, avec des images de la chanteuse sur scène et en tournée. Cet espace de liberté apparaît comme son exutoire, d’où elle puise son énergie si précieuse. 

Une vidéo qui donne envie de découvrir Izïa en live : elle est d’ailleurs toujours en tournée dans toute la France. 

Yeah Yeah Yeahs – Blacktop

C’est avec un grand plaisir que l’on continue à découvrir en images le dernier album du trio New-Yorkais Cool It Down, sorti le 30 septembre 2022. Blacktop a une réalisation plus dépouillée que les précédents et se centre directement sur Karen O (et ses compères à la fin du clip) à coups de flash épileptiques et de bandes 8mm.

À travers ce slow futuriste et mélancolique, le groupe retranscrit pas à pas la douleur d’une séparation amoureuse. L’emballage est simple mais le contenu est fort en émotions, grâce aux légères envolées vocales de la leadeuse. On ressent à la fin cette ambivalence entre la beauté du passé et les regrets.

On peut que vous conseiller de ne pas tomber dans ce chagrin en prenant votre billet du samedi pour Rock en Seine afin de profiter de Yeah Yeah Yeahs, bien trop rare dans nos contrées…

Squid – Swing (In A Dream)

On les savait bouillants sur scène, on les découvre aussi dans la création. Les génies de Squid rempilent déjà avec la sortie de leur second album, O Monolith, prévu début juin. Parfait pour enchaîner sur les festivals.

Ce nouveau titre débute par un synthé plutôt rétro, alors que les images semblent sortir d’une caméra d’une surveillance qui scrute l’entraînement de deux basketteurs. Mais tout cela se révèle être une supercherie ! Il s’agit tout simplement de proches du quintet qui s’adonnent à des activités plus ou moins absurdes dans ce lieu, enfermés dans une boucle infinie. On vous laissera le plaisir de découvrir les pépites les plus drôles. Tout cela reflète une folie nocturne sur les peurs, thème principal de ce futur album.

On appréciera l’évolution du groupe, tant sur le synthé que sur les cordes. Ollie Judge garde sa voix oppressée et déchirée. Et le final de Swing (In A Dream) s’achève comme une casserole en ébullition. Pas de retraite pour Squid.

Nicholas Allbrook – Jackie

Loin de Pond et Tame Impala, Nick Allbrook a toujours su développer sa propre poésie, disputant une certaine candeur à ses démons personnels. Pourtant, il semblerait qu’il en soit désormais fini du rock lofi et angoissé des débuts : Jackie annonce la couleur d’un nouveau tournant psyché-pop, de la même teinte que celle dans laquelle trempait le dernier album de Pond, 9. Quelque chose de l’ordre du scintillement et d’une production aux reflets argents, à l’image de ce clip où le musicien australien joue aux côtés de l’artiste performer Ash Baroque, tous deux auréolés d’une lumière lunaire.

Hommage à une amie disparue, Jackie est une chanson intime, un aveu de fragilité. Le maquillage grotesque sert de révélateur à la vulnérabilité. Étrangement, la lumière crue apaise. Nul doute que ce morceau préfigure un album (Manganese, dont la sortie est prévue le 9 juin) dans lequel Nick Allbrook saura déployer son art de l’émerveillement, dans toute sa sincérité.

Edouard Bielle – Je t’oublie déjà 

Ce clip va de pair avec un premier single, et pas des moindres, et marque l’arrivée fracassante d’Edouard Bielle dans la course aux jeunes artistes français rétro-mantiques, inspirés par le « c’était mieux avant ». Mais aux coupes un peu ringardes, aux cols roulés rayés sous un trench réversible, on ne dit jamais non. 

Et comment demeurer inerte devant l’explosion de sentiments procurée par ce premier clip, tourné dans un Paris des années 80 ? La voix – entre Pépite et Téléphone – ainsi que le mixage et tout le reste, jouissent des charmes du passé. Au son comme à l’image, rien n’est d’aujourd’hui. Il ne serait pas étonnant que les quinquagénaires revivent secrètement les premiers émois inhérents à cette jeunesse des walkman et des cabines téléphoniques, non sans ressentir la plus vive émotion. 

Edouard Bielle : encore un chanteur dont la fin d’un amour, les cycles amoureux, rassasie l’appétit musical. Peut-être cela a-t-il joué sur le lancement de sa carrière ? Il ne serait pas le premier. 

Le romantisme, les plans à l’eau de rose, sont une source inépuisable de créativité et apportent ce supplément de lyrisme exigé par l’art. D’hier ou d’aujourd’hui. Ou les deux ensemble : la preuve sous nos yeux. 

Wax Tailor – Shaman In Your Arms (ft. Jennifer Charles)

En parallèle de la sortie de son nouvel album, Wax Tailor a dévoilé en fin de semaine le clip de son titre : Shaman In Your Arms, sur lequel Jennifer Charles vient poser sa voix.

Dans une ambiance vintage, porté à l’écran en noir et blanc, les mélodies au rythme downtempo nous bercent doucement. Cette mise en scène, rendant hommage au monde du cinéma, met également en avant diverses chorégraphies témoignant de la perte de contrôle d’un officier charge d’un interrogatoire. 

Après plusieurs écoutes, on ne se lasse pas de ces sonorités d’un autre temps.

Limp Bizkit – Out Of Style

Imaginez : Biden, Poutine, Kim Jong-Un et Zelinski qui montent un groupe de nu-metal et jouent dans un garage pendant que Tom Cruise prépare un barbecue.

Ca vous parait complètement con ? Posez vous 3min 30 et découvrez le dernier clip de Limp Bizkit pour Out Of Style. Grâce à la technologie du Deepfake, les américains s’offrent un bon gros délire, avec un poil de mauvais goût, qui colle parfaitement à la légende du groupe.

Entre la tenue de Durst, le garage et le tablier Woodstock et les jeux d’alcool, le groupe s’offre un clip à sa gloire, décalé et nous rappelle que, même si les années passent, ils ne seront jamais… out of style. Car oui, Limp Bizkit reste un grand groupe, un groupe qu’on aime et qu’on soutient et qui passe les années, gardant sa fougue et un style qui lui est propre.

Limp Bizkit reste immense et c’est clairement tant mieux !

Coline Rio – Elle laisse 

Clés sur son chandail  
Dans un élan de liberté 
Elle part, elle laisse 
Les failles 

Elle a rendu les clés et tous les tiroirs sont vidés, mais elle s’accapare celles de la liberté 
Elle embrasse cette liberté, cette légèreté qui la rattrape, poétisée par la présence de cette danseuse, de cette sauveuse

Aux mouvements souples et délicats
Le passé tombe en éclats. 
Le coeur au vent, elle court vers l’est 
Elle tente d’oublier 
On tente de la rattraper 

Elle est plus que jamais apaisée 
Plus que jamais rassurée 
Enveloppée dans ces bras de soie
Son dos porte la trace d’une serrure fêlée
Des brûlures du passé

AUREL – On Est Là

Aurel revient avec « On Est Là« , balade mélancolique sur le fil où il questionne la latitude laissée à la décision dans les amours finissantes.

Une prod’ impeccable et dreamy, une ligne mélodique minimaliste, un texte introspectif…  Dans ce clip signé Simon Vanrie se mêlent images intimistes en couleurs, autant d’instantanés d’un bonheur conjugué au passé et de confrontation à soi.

Le chanteur face à son reflet interroge les limites d’une relation dans le prisme de ses angoisses. Mais des vagues submersives, il s’extrait finalement : les chœurs légers ouvrent un horizon des possibles restant à explorer.