Les clips de la semaine #160 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la seconde partie de la 160ème sélection des clips de la semaine.

La Battue – The Little Joys

Alors que le thermomètre plonge en ce début de février, il est agréable de se laisser réconforter par l’ambiance solaire et joyeuse qui émane de la musique délicieusement sixties de La Battue. The Little Joys est un des titres de leur album Farrago, sorti il y a tout juste une semaine chez Parapente Music.

La vidéo, réalisée par François LE GOUIC, nous emporte dans une émission de téléachat fantaisiste et fantasmée, dans laquelle nos bonimenteurs télévisuels vont se laisser empêtrer par les produits qu’ils présentent. Dans cette découverte du consumérisme années 60/70, on vous laisse découvrir les vies cachées des fers à repasser, lampe UV et autres grille-pains facétieux. Elles débordent de surprises, dont l’esprit de famille des Adams se réjouirait.

Au royaume des illusions, tout se confond avec humour. Et c’est tant mieux ! Que The Little Joys résonne à l’infini dans nos têtes et qu’ainsi, la musique de La Battue puisse accompagner les petits plaisirs que l’on saura alors s’inventer.

TASTE – Day of the Low Cost

On retrouve Taste, projet porté conjointement par Yan Wagner et La Mverte, avec toute sa ferveur dans un nouveau titre intitulé Day of the Low Cost, aussi efficace que leurs deux précédents titres, Shame Game et Bang Bang Bang. On se met à penser à l’Oingo Boingo de Dany Elfman face à leur façon si impertinente et frontale d’aborder leurs morceaux. Une introduction sous forme de montée en puissance nous conduit vers une ligne musicale tout aussi frénétique que les travers de la société consumériste décriés par le texte. « There’s nothing I can’t buy – It’s the day of the Low Cost », où tout éveille la convoitise. Une fièvre acheteuse qui ne nous quittera pas, même tempérée par la voix grave et profonde de Yan Wagner.

La vidéo mêle aux images d’un improbable groupe de mascottes japonaises – avec les poils hérissés – des images plastiquement pixelisées. Du graphisme lofi au low cost de nos fringales acheteuses, il n’y a qu’une mesure et quelques notes. En cette période de fin de soldes, où rabais et promotions s’accumulent, résistez pour mieux dépenser plus tard. Le premier EP de Taste sort le 24 février, et ils seront en concert à l’International (rue Moret à Paris) le 1er mars. Consommez responsable (ou à l’excès !).

Walter Astral – L’air

L’air est un élément essentiel, qui nous entoure tous. Il est partout, sans même que nous nous en rendions compte. On le croise, on l’utilise et il nous permet de vivre.

Comment rendre justice à l’air ? Peut-être en en faisant une chanson, tout simplement. Mission accomplie par les druides de Walter Astral, qui nous offrent un titre en apesanteur, porté par une poésie rêveuse et des nappes électroniques qui se percutent les unes aux autres. Une musique d’alchimistes, qui joue avec les éléments et les textures, qui nous fait danser et planer en même temps.

Forcément, pour accompagner l’air, il fallait un clip qui lui ressemble, qui puisse se rendre partout et devienne un compagnon de chaque instant. À l’aide de plans de drones, Valentin Becouze nous offre une sensation de mouvement permanent, nous entraînant entre les arbres, les champs, le désert et l’eau, retrouvant ici et là Tino et Tristan adonnés à une profession ésotérique, ou au cœur d’un ballon porté par le feu et le vent.

Pour le reste, direction LaMaroquinerie ce mercredi. Il paraît que c’est complet, mais vous pouvez toujours tenter de gagner des places sur notre Instagram.

Captaine Roshi – Ulyss

Neuf mois se sont écoulé après Larosh, premier album convaincant de Captaine Roshi. Ce tout premier disque avait permis à son créateur de se faire entendre et de montrer son talent à un public plus nombreux. Après quelques apparitions sur différents projets, il est de retour avec le titre Ulyss, accompagné de son clip.

Pour marquer son retour, le capitaine nous a concocté un titre qui colle parfaitement à son côté planant, mélangé avec cette voix toujours atypique et posée. On peut souligner un gros travail sur la prod de la part de Finvy, qui permet de plonger totalement dans l’univers du rappeur. Le clip, réalisé par Jules Harbulot et  Simon Partouch, met en scène Captaine Roshi tantôt lâchant son texte sous une pluie diluvienne, tantôt dans un décor monté de toutes pièces dans un studio, représentant une sorte de salon. L’action explose à la toute fin du clip, lorsque l’artiste met le feu aux décors.

Captaine Roshi réalise un retour maîtrisé avec Ulyss, et démontre qu’il a encore beaucoup à montrer. Il rappelle également sa date à La Cigale ce 2 mars, qui s’annonce déjà comme étant un show à ne pas rater. Une mystérieuse prod se fait également entendre à la toute fin de la vidéo, peut-être une sorte de mini teasing pour un futur projet. L’affaire est donc à suivre !

Later. – She Is Coming

Infatiguables. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier les garçons de Later. et leur équipe, pour nous avoir livré une montagne de clips afin d’accompagner les titres de leur album Walking on the line, à paraître en mars (et ça n’est sans doute pas fini). Dans celui-ci, qui met à l’image le titre She Is Coming, on a l’impression de voir un clip de Dire Straits à l’ancienne, avec des musiciens qui jouent, des solos de guitare et des plans au ralenti.

Vraiment, l’esthétique nous fait penser aux morceaux des icônes du Rock, Stones ou Led Zeppelin en tête. Un bel hommage leur est voué dans ce morceau, qui reste immédiatement en tête et dont la répétition quasi-incantatoire du titre a un effet hypnotico-groovy. On reste dans la lignée d’un son très mat, sculpté avec précision et expertise, sans aucune fioriture qui dépasse, et qui fait progressivement monter la sauce avant la sortie de l’album. On l’attend avec de plus en plus d’impatience.

Lombre – Fête

Lombre est-il à la Fête ? Pas vraiment, mais tant mieux, cela prouve qu’il est comme nous.

Comme nous, il galère avec ses pensées, avec le bordel qui germe dans sa tête et les angoisses qui l’accompagnent. Mais Lombre a décidé de ne pas se laisser faire, même si le nuage est là au dessus de sa caboche. Fête est un morceau qui pousse à l’action, qui donne envie d’agir, d’avancer et de se confronter au miroir. Si les paroles sont assez sombres, le tempo, lui, part à 100 à l’heure, comme si tout devait être dit en moins de 4 minutes. Un quatuor à cordes vient surélever les émotions alors que les percussions font battre le rythme comme les cœurs.

Une confrontation qu’on retrouve aussi dans la vidéo qui accompagne le morceau. Entre le noir et le blanc, jamais loin de la mise à nu, c’est Lombre face à nous, face à lui, qui se bat et qui hurle, qui chancelle et qui vit.

Comme il le dit si bien : bats-toi, ça ira.

Fête est un premier extrait percutant, annonçant l’arrivée d’Ailleurs, son premier album, en mai, avec une Maroquinerie dans la foulée.

Clémentine March – Silence 

Le nouveau morceau de Clémentine MarchSilence, plonge dans les profondeurs. Comme écouter cette voix que l’on a en soi, celle qui vient du cœur et qui précède souvent le conscient. Une voix qui nous souffle qu’il faudrait songer à repartir. Douceur et bienveillance découlent des paroles poétiques et épurées : “Silence/ Deep in my mind/ Silence/ Wasting my time / My love is sleeping / Where is the light? (….) It’s time to move on/ And make a sound”. 

Dans le clip, réalisé par Sabina Claici et Clémentine March, celle-ci se met à nue. Sur une table de massage, les gestes sont lents et, tout comme cette chanson, soignent les maux.

La musicienne française basée à Londres vient d’annoncer avec ce titre la parution de son nouvel EP, My Empty Town EP, qui fera suite à ses deux albums, Le Continent (2020) et Songs of Resilience (2021) et qui sortira le 3 mars sur Lost Map RecordsSilence en est le troisième single, après Elixir (version retravaillée d’une chanson figurant sur son premier album) et Isolated

Pour les Londonien.ne.s ou celleux qui seraient juste de passage, Clémentine March jouera le 22 février au Victoria Dalston et le 31 mars à Rough Trade West. 

Dick Stusso – Garbage Dump #1 / A Fairly Noral Guy / Dinner for Two

Dick Stusso is a mess”. Ainsi commence le descriptif du projet par le label Hardly Art. Cela en dit long sur le personnage (Dick Stusso est le nom de scène/personnage créé par Nic Russo) qui sort cette semaine pas un, mais trois singles : Garbage Dump #1 / A Fairly Noral Guy / Dinner for Two, au style DIY garage bien déjanté.

Le crooner céleste nonchalant nous projette dans les affres des nuits en ville : “Nightlife in this city / Ever impending doom / Good times never ending / Probably ending soon” (Garbage Dump #1) avec un humour noir grinçant sur fond de decadence. A Fairly Normal Guy s’interroge sur la “normalité” : (…) And I’m a fairly normal guy / But I have my suspicions something’s not right / Frame of reference fading all the time” ((…) Et je suis un gars assez normal / Mais j’ai le sentiment que quelque chose ne va pas / Le cadre de référence s’estompe tout le temps”) et s’essaye au romantisme avec Dinner for Two : “They’ve got a special called « Lovers Delight » / Tonight at dinner / Cadillac margaritas / Look at me and you / I think we’re doing alright.” Les écrivains/poètes Bukowski ou à Richard Brautigan viennent en tête, et on adore. 

Dick Stusso vient d’annoncer S.P., son premier album en 4 ans, qui verra le jour sur Hardly Art le 24 mars prochain. Il succèdera à Nashville Dream / Sings the Blues (2015) et In Heaven (2018).

Tim Dup – Les immortelles 

Ce clip marque le lancement du tout dernier album éponyme de Tim Dup, où poésie et thématiques préoccupantes, masquées par la voix angélique du chanteur, fusionnent en un bouquet de mélodies lyriques, mélancoliques et empruntes d’onirisme. Les clips en sont la représentation picturale. 

Les Immortelles met en scène un lagon ensoleillé où les corps bruns et dénudés communiquent et s’accordent avec la roche ambrée, sous un soleil de plomb. À l’arrêt ou en mouvement, leur mission n’est pas de proclamer une sexualité libérée, exhibée ou provocatrice. Loin de là. 

À l’inverse, ces corps, qui se lient et se délient, se fondent et se confondent, apportent la touche picturale manquante à ce tableau vivant, concentré d’esthétisme et de rêverie, où règne une sérénité dont le monde a besoin pour atténuer les craintes d’un avenir nébuleux, tomber la fièvre d’un scepticisme grandissant, comme l’annoncent la plupart des autres titres de l’album, dont l’explicite Les larmes du monde

Lova lova feat Natasha Wiese – Lolita 

Vu et revu : la Lolita à la silhouette élancée, jambes de dix mètres, poitrine opulente, fessier bombé, comme on l’a sans doute imaginée avant d’avoir le clip sous les yeux … Que nenni ! La Lolita de Lova Lova n’arbore aucun des critères physiques défendus par une société attachée au culte du corps, guidée par une unique vision de la féminité, inapplicable à la réalité. 

Qu’est-ce que l’élégance, la beauté ? Des concepts indéfinissables et avant tout, personnels. 

La Lolita de Lova Lova, sa contagieuse liberté, sa confiance en elle, aussi transparente que celle du danseur, avec qui elle partage un décor magenta, crève l’écran.  

Toutes les femmes se reconnaîtront dans cet éloge à la diversité. Nous sommes toutes la Lolita de quelqu’un, l’incarnation même de la beauté et d’une perfection subjective. « Je suis jolie et c’est comme ça, je n’ai pas le choix », indiquent les paroles. Aucune femme n’est épargnée par cette perfection, c’est comme ça, elles n’ont pas le choix. Lova Lova est assez explicite sur la question, et n’hésite pas à le manifester dans toutes les langues, congolais, espagnol, français… le message traverse les frontières, il est universel, hors du temps. Et surtout, d’une beauté et d’un charme sans égal. 

Alfa Mist – BC

Le prince du Jazz de Londres est de retour en ce mois de février avec l’annonce de la sortie de son prochain album : Variables. À cette occasion, Alfa Mist a révélé les clips de deux de ses morceaux à paraître, l’un d’entre eux étant BC. Réalisée par SPOD, la vidéo est une série d’univers peints animés pendant les trois minutes du titre. Le tout s’accorde parfaitement avec l’univers révolté et sophistiqué dépeint, porté par les improvisations déchaînées des musiciens. Tant visuellement que musicalement, on assiste à la fresque d’une odyssée pleine de couleurs et de caractère. Le prochain album du musicien et producteur sera disponible le 21 avril sur Sekito Records.

BERMUD – Raging Fever

La scène angevine recèle de multiples secrets, tous mieux gardés les uns que les autres. On souhaite donc la bienvenue à BERMUD, projet solo d’Elliot Aschard, dont la sortie du premier album, totalement auto-produit, est prévue le 31 mars. Annoncé sur le label Reverse Tapes (les Stuffed Foxes, oui), il se nomme Chetter Hummin, en référence au personnage fictif d’Isaac Asimov, robot androïde créé pour être confondu avec un être humain.

Avec cette formation, augmentée pour le live de Jack Seager et Jean Desouche (deux membres des Wild Fox) et du leader du Thibault Bourgeais Grand Royal Club, BERMUD entend bien secouer les salles de concert.

Raging Fever, premier extrait clippé, dépeint un monde parallèle à base d’origamis, d’homme masqué menaçant et de failles spatio-temporelles. Réalisé par Chris Telor et comptant sur le magnifique travail d’étalonnage de Josic Jégu (membre des Wild Fox), le morceau nous entraîne au sein de l’univers fantasque d’Elliot, fortement influencé par la science-fiction. Ce fan absolu d’extra-terrestres et de champs magnétiques façonne un titre aux accents de shoegaze et de post-punk où distorsion et réverbération règnent, de manière évidente et implacable. Spoiler alert : si vous voulez savoir les titres des prochains morceaux, il vous suffit de regarder attentivement le clip…

Raging Fever décrit la lutte quotidienne que nous menons contre ou avec nos émotions, nos coups de cœur et nos coups de sang. Nos émois et nos peurs. Et comme le dit si bien Elliot : « Ce n’est pas une complainte, mais un cri de résistance pour reprendre le contrôle de nos vies. »

Tramhaus – The Goat

Lukas qui marche en ville. Lukas dans le métro. Lukas au travail. Le chanteur de Tramhaus s’ennuie derrière son écran. Absent, face à un patron qui lui hurle dessus. Alors il envoie tout bouler, récupère sa plante verte et claque la porte de ce job insipide et insignifiant. Dans la rue, une petite annonce pour rejoindre un club sportif attire son attention. Il s’agit de courses de petites voitures. Lukas embrasse cette nouvelle passion avec ferveur et attention, accumulant les prix, prenant soin de son carrosse, portant le numéro 4. Jusqu’au jour où il doit affronter en duel son ancien manager…

Formé pendant la pandémie, Tramhaus n’en finit pas de faire tourner les têtes. Originaires de Rotterdam, les cinq musiciens nous offrent un post-punk terrassant et vivant. Leur premier EP, qui porte le nom de la ville, est sorti le 3 novembre 2022 et il tourne en boucle par ici.

The Goat, extrait de leur double single sorti le 2 février et le premier d’une série de trois singles 7″, ne déroge pas à la règle. Riffs entêtants et voix lancinante pour critiquer cette société qui prône l’individualisme et la quête de pouvoir. Tramhaus s’arroge le droit d’être outsider, et ça leur réussit.

CLAIR – Quand je chante

L’artiste CLAIR s’accorde et se confie le temps d’une chanson. A travers Quand je chante, elle explique combien le fait de chanter, la musique, guérit les cœurs. Par l’évasion qu’elle procure, on oublie et quitte ses tourments pour partir très loin, par exemple au pied de la muraille de Chine. La musique est rendue puissante par sa douceur même, entremêlée de sonorités empruntées du jazz ou du blues. Il y a quelque chose de presque naïf, qui se retranscrit dans le clip. CLAIR nous promène dans un Paris poétique. Sur les images réalisées par Perrine Capron se dessinent et se collent des photos, dessins ou peintures de Sandra Rivaud.

Dimitri von Büren – Space Dunk

Avec Space Dunk, Dimitri von Büren tient ses promesses. Sa pop éléctrisante mâtinée de funk s’habille cette fois d’un clip littéralement ovni, signé Micah Buzan. Le duo nous emporte aux confins de la galaxie, dans une ambiance co(s)mico-psyché des plus réussies. La ligne mélodique du chanteur parisien, toujours impeccable et se jouant de réf’ 80’s assumées, se pare d’une esthétique entre vapor-wave et neo new-age.

Danser à bord d’un vaisseau spatial aux côtés de sympathiques aliens vêtus de vestes de costard ? Allez ! Villes extraterrestres et météorites côtoient aussi des figures poétiques empruntant directement aux codes de l’anime (Kaonashi du « Voyage de Chihiro » – 2001, Miyazaki, par exemple). Un bridge absolument psychédélique nous emporte enfin, le temps d’un trip’ intergalactique nous laissant avec une seule envie : celle de découvrir l’univers de Dimitri en live – si ce n’est déjà fait !

Thomas Baignères – N’arrête pas de pleurer

N’arrête pas de pleurer, symbiose entre l’imaginaire poétique du chanteur francophone Thomas Baignères et du jeune et talentueux Lucas Beccaro à la réal, est sans conteste l’un des bijoux de la semaine.

Résolument retro (la mention « shot on Kodak film » en attestant !), ses allures de court-métrage ultra-léché illustrent une supplique : celle du surgissement des larmes de l’Autre, dans un désir antagoniste de conjurer sa propre peine ; de l’amour se débattant avec ses contradictions, donc. Et autant de tensions et de jaillissements portés aux nues, dans une maîtrise parfaite. Tout y est : tempo, jeu, gamme chromatique, références… L’émotion surgit de la finesse de leurs agencements, au gré d’une trame narrative paroxystique.

Ce serait l’histoire d’esprits hantés d’un présent fugace, conjugué au passé. Les yeux fixés au ciel, valise éparpillée, l’avion parti sans eux, la résurgence de l’être aimé dit une réminiscence chez les protagonistes. Sous une voilure écarlate (les costumes signés ESGY, Sandra Gonzalez, habillent finement ce symbolisme chatoyant), évoquant sang et douleur, mais aussi passion – le bonheur masqué s’avance, entre deuil et déchaînement.

Et puis, les refs’ cinématographiques, foisonnantes. Une impression d’inquiétante étrangeté surgit, quand l’incarnation féminine se fait revenante, dans la salle mal éclairée d’une auberge mortifère – le « Bal des vampires » (1967) ? Un double de Catherine (« Jules et Jim », 1962) et de sa mélancolie figée dans l’attente transparaît ailleurs. Et l’approche aiguisée des personnages, toujours à deux doigts du basculement, semble un rappel du traitement intimiste et cruel des névroses chez Carlos Saura… Les mélodies et arrangements de Thomas empruntant aux codes musicaux de ces années-là, le mariage de ces deux univers fonctionne particulièrement bien.

Entre plans fixes et succession d’images tournoyantes à couper le souffle, on nous susurre : « Sans cesse la même histoire / (…) Les mêmes mots qui reviennent« . La catharsis visuelle aux accents d’un autre siècle serait-elle finalement capable de nous enlever, pour un instant, à nos mélancolies contemporaines ?