Les clips de la semaine #159 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la seconde partie de la 159ème sélection des clips de la semaine.

Tonique & Man – Running After Time

Jouons ensemble à un petit jeu mathématique : Qu’obtenons-nous si on additionne Jean Tonique et Mi Man ? Une bonne grosse dose de plaisir nommée Tonique & Man.

Les deux musiciens s’associent enfin pour former un super groupe gorgé de leurs influences communes. Running After Time c’est la dose de soleil dont on a tous besoin en ce milieu d’hiver. DEs guitares discos, un vocoder, une basse qui groove pour une course aprèsle temps qui nous file entre les doigts.

C’est absolument imparable et clairement réjouissant, le genre de morceau qui fera bouger les culs et relever le coin des lèvres en un sourire extatique.

Sous la caméra de Tristan Lhomme, les deux copains se transforment en pizzaiolos un peu branleurs qui tuent le temps comme ils le peuvent et décider de transformer les fours à pizzas en fours à vinyles, pour le plus grand bonheur des clients et du notre aussi.

Storm Orchestra – Suspect

Faites chauffer les amplis, Storm Orchestra est de retour ! Le trio continue de délier le fil de son futur album et dévoile cette semaine Suspect.

Du rythme, de la puissance et une voix cajoleuse, la formule de Storm Orchestra est bien rodée et nous atteint toujours avec une facilité déconcertante. Mais avec ce nouveau titre, certains paradigmes changent puisque le groupe se fait plus vindicatif, plus politique aussi.

Ce morceau est un appel à prendre les armes, à ne pas céder à la peur et à combattre une forme d’obscurantisme qui s’étale de plus en plus dans notre vie quotidienne.

Pour le clip Julien Metternich alterne, dans des ambiances sombres, entre scène musicale du groupe et plans sur le chanteur du groupe qui chante envers et contre tous et qui ne cède jamais à la peur où à la violence d’hommes encagoulés qui voudraient le faire taire.

Zombie Zombie – Nusquam et Ubique

Zombie zombie est une chose à part. D’abord duo puis maintenant trio français, le groupe, au travers de ses pléthore d’album studio et d’EP, d’abord chez Versatiles Records, maintenant chez Born Bad, trace une voie qu’on peut pudiquement qualifier de particulière. Du kraut rock, du post jazz, de synth wave tout droit sortie des années 70, du chant en latin. Bref, un peu comme peut l’indiquer son nom, de la musique qui pourrait habiller tout film d’horreur un peu rétro. Le groupe en est d’ailleurs à trois bandes originale, ce qui n’est pas rien.

Et ils ne nous feront pas mentir sur le clip de Nusquam et Ubique, deuxième clip de leur dernier opus Vae Vobis, sorti l’année dernière. A la limite du terrifiant, dans un latin noir et vocodé, des synthés de l’angoisse et une batterie froide au possible, le clip alterne entre une partie dessin animé réalisé par Philippe Druillet, et des images du groupes, en déguisements des plus repoussants. Le tout sur un karaoké en alphabet alien, rien n’est laissé au hasard du bizarre. Bizarre sera le terme qui nous habitera tout au long du clip, mais un bizarre plutôt stylé, il faut l’avouer.

FYRS – Love You Terribly

Premier morceau pour FYRS depuis son premier EP paru en 2021. Le songwriter nous propose cette semaine une balade qui nous emmène aux confins du doute de la peur de ne pas être à la hauteur. Love You Terribly est un titre explicite, avoeu de la part d’un(e) partenaire qui a le sentiment d’aimer mal l’élu(e) de son cœur. Par ce biais, FYRS relate la pression que l’on peut se mettre soi-même dans une relation lorsque les choses fonctionnent mais qu’on a le sentiment que la personne en face de soi mérite mieux.

Il n’est pas évident d’incarner la personne qu’on aimerait être pour celle qu’on aime, et encore moins d’accepter d’être aimé(e) pour celle qu’on est. Au cœur de cette envolée sensible, on découvre un titre doux, attentionné et sensible, d’une simplicité sincère et touchante. Sa mise à l’image est un miroir et relaie parfaitement le message avec une animation sublime et envoûtante, qui démontre qu’on n’a pas forcément besoin de grands renforts d’effets spéciaux pour transmettre un message. Bravo et merci.

Clavicule – Wilted Flowers

Wilted Flowers est le premier extrait clippé du second album de Clavicule. Intitulé Full Of Joy, il sortira le 10 mars 2023 sur les labels A Tant Rêver Du Roi et Le Cèpe Records. 

Depuis trois ans, on attendait le retour de ce quatuor prometteur. L’année dernière, les Rennais sortaient une session filmée de Rocket, un avant-goût de ce qui se jouait au sein des studios de La Double-Boîte en hiver 2022. Avec Dimitri Dupire, ils ont composé ce futur disque, qui navigue entre psyché et punk, sans jamais se défaire de sa fougue originelle. Cette vague d’énergie brute est portée par des thématiques fortes, telle l’écologie, dont il est question avec Wilted Flowers.

Réalisé par Killian Eonn, le clip dévoile deux femmes, deux danseuses professionnelles, Nolwenn et Pauline. Dès les premières mesures, leurs gestes se font et se défont, saccadés. Le corps essaie de s’extraire. Tandis que la voix éraillée de Marius surgit, la vie, de la naissance à la mort, se danse à l’écran. Clavicule crie sa colère, envers un monde qui laisse l’homme saccager sa planète. Les pétales de fleurs fanées s’immiscent dans le clip, elles occupent tout l’espace, allant jusqu’à prendre possession des corps des danseuses. Voilà notre intervention. Notre gâchis. Dans la démesure et la folie, le morceau révèle ce qu’il a de plus vif. Une puissance exaltante.

Biig Piig – In the Dark

À l’occasion de la sortie de sa mixtape le 20 janvier dernier, Biig Piig nous dévoile le clip de In The Dark, extrait du projet. Adepte des visuels conceptuels, celui-ci ne fait pas exception puisqu’il est parsemé de plans fondus en continu et de multiples effets stylistiques qui le rendent original à l’image de Biig Piig.

On y découvre cette dernière au sein de plusieurs espaces allant d’une soirée entre amis à une cabine téléphonique, le tout ayant pour but de mettre en avant la solitude ressentie par l’artiste peu importe ce qui l’entoure. 

Le clip apporte une véritable plus value à un titre qui nous avait déjà marqué de par le timbre de voix caractéristique de l’artiste qui y ressort plus que d’habitude, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Un air qui s’apparenterait presque à une ballade couplé avec un visuel poignant, telle est la recette employée par Biig Piig, et on est définitivement conquis !

YOCTO – Station 01011

Yuki Berthiaume-Tremblay, Jean-Michel Coutu, Félix-Antoine Coutu, Emmanuel Éthier et Carl Matthieu Neher forment ensemble le supergroupe montréalais YOCTO. Station 01011 est une jolie démonstration de post-rock ascendant krautrock à plusieurs visages : le morceau est fractionné d’un rythme acéré et nerveux parfois entrecoupé de scènettes plus contemplatives.

Le tout est brillamment mis en images par Philippe Beauséjour à travers un clip d’animation cut-out qui semble rendre hommage au cinéma expérimental mais aussi au mouvement Bauhaus par sa géométrie. Après Dactylo, Station 01011 nous fait plonger un peu plus loin dans l’univers de YOCTO et fait partie des prémices d’un premier disque que l’on a hâte de découvrir. 

LE JOUAGE – JOURNAL DE BORD

Après deux ans sans projet, Le Jouage a fait son retour avec son nouvel album 09.22 en septembre dernier. Véritable pépite de sa génération, il est également un professionnel des rimes avec une plume aiguisée. Il sort cette semaine le visuel du titre Journal de Bord.

Réalisé par leReal, le clip se compose en deux parties, une en noir et blanc et l’autre en couleur. La première partie est à l’image des couleurs, plutôt sombre. Le rappeur s’engage dans des rimes assez moroses évoquant la solitude ou l’incertitude. La transition entre les deux morceaux de la vidéo est réalisée par Macy Lu. Elle interprète le refrain en anglais et accompagne Le Jouage avec sa magnifique voix dans les bacs de la partie en couleur. Le rappeur est assis devant un bureau durant toute la vidéo, seul sa gestuelle change en fonction des parties.

Entre des rimes recherchées, des instrus variées et sa voix atypique, 09.22est un album génial, qui permet de présenter tout l’univers de Le Jouage. Journal de Bord est sans aucun doute la pépite du projet, dont le niveau du clip égale le niveau du titre.

ECHT! – VAULT-A

Le groupe de Jazz bruxellois Echt! est de retour avec leur nouveau single VAULT-A. Toujours partisan d’un son mêlant instruments organiques et MAO (Musique Assistée par Ordinateur), le quatuor s’illustre à travers trois minutes d’une grande cohérence. Après leur premier album INWANE et un EP 2-titres, le collectif démontre une nouvelle fois son talent et son inventivité. Le morceau est accompagné d’un visualizer réalisé par DR.ME, abstrait et tout en couleurs. La piste rend hommage au fief des quatre musiciens et à une place importante de la capitale belge le centre musical VOLTA.

November Ultra – novembre

Si il y a bien une artiste qui a toujours sa place dans notre sélection des clips de la semaine, c’est bien November Ultra. Parce qu’elle a toujours pris un soin tout particulier à mettre sa musique en images et c’est une nouvelle fois le cas avec le clip de novembre.

Grâce à Zite & Léo, on embarque donc dans le nova express, un train féérique qui nous ramène vers ceux qu’on aime. Car c’est bien de àa qu’il est question dans novembre, se sentir loin des siens, se rappeler des souvenirs et des moments qui nous rapprochent.

Des paysages défilent, des moments féériques inspirés d’une certaine esthétique cinématographique des 70’s, nova traverse ces paysages, le regard parfois perdu, regardant des photos de son passé, se dirigeant tranquillement vers des retrouvailles.

Un morceau doux et tendre, comme à l’habitude chez November Ultra. Et si 2022 lui a appartenu, on ne doute pas que ce sera aussi le cas de 2023.

slowthai – selfish

Si une chose est certaine, c’est que 2023 sera pour sûr l’année des réjouissances musicales, que ce soit grâce à Gorillaz, Lana Del Rey ou encore Slowthai, entre autres. Et cette fois-ci, c’est le dernier qui retiendra toute notre attention.

L’artiste britannique qui dévoilait en novembre dernier l’explosif i know nothing est déjà de retour avec selfish, et annonce la sortie de son très attendu troisième album sobrement intitulé Ugly. Une référence au tatouage sous son œil gauche, qui n’est autre que l’acronyme même de U Gotta Love Yourself, une sorte de mémo qui rappelle qu’il faut s’aimer sans modération plutôt que se sous-estimer ou se rabaisser à l’image que l’autre se permet de nous attribuer.

Avec selfish, Slowthai confirme enfin ce virage plus punk qu’auparavant, un match parfait entre ses lyrics incisives et la hargne d’un genre musical venu d’outre manche.

En parallèle de cette nouvelle sortie, Tyron a notamment dévoilé un livestream où il se livre à un exercice de patience dans lequel il est supposé s’enfermé 24h dans une pièce entourée de miroirs, confronté à son reflet et uniquement son reflet, en compagnie d’un pot de peinture et de crayons pour un semblant de diversion. Un exercice complexe qu’il surmontera pendant près de huit heures, assez remarquable pour se permettre de le souligner.

On vous donne alors rendez-vous le 3 mars prochain pour découvrir la suite de ce qui sera à coup sûr, l’un des meilleurs albums de l’année.

The Doug – Génération

Lancinant. C’est le terme qui vient à la première écoute du si beau titre du chanteur clermontois The Doug, qui s’est fait connaître en 2022 avec un premier EP acclamé par la critique. Révélé au public en première partie d’Eddy de Pretto, on comprend aisément la filiation.

Textes écorchés vifs, formules choc disant la rage de vivre d’une génération Z en totale opposition avec une société vieillissante désireuse de la formater… Les freins à l’éclosion des individualités engagées et porteuses d’une conscience aiguë des enjeux actuels se dévoilent sur une ligne mélodique impeccable.

Pour la mise en images, assurée par Virgile Reboul, un plan fixe et rapproché sur le visage du faux caïd, balafré de s’être lancé à corps perdu dans la bataille. L’image colle au propos : de la douleur et de l’impuissance généralisée comme catharsis aux propos silenciés par l’âgisme.

Entre placement de voix, refrain et bridge légers et inflexions emblématiques de la pop francophone contemporaine, ses intonations contribueront sans aucun doute à le débarrasser une bonne fois pour toute de l’étiquette de rappeur qu’on a voulu lui apposer dès ses débuts. The Doug, avec « Génération« , confirme son poids sur le devant de la nouvelle scène.