Les clips de la semaine #157 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, la seconde partie de la 157ème sélection des clips de la semaine.

La Mante – Mon visage (feat. Christelle Raquillet)

Petit à petit, La Mante se dévoile pour mieux dévorer nos cœurs. Quelques semaines après la sortie de l’hameçon, Etienne revient cette semaine avec Mon Visage, nouveau single d’un album prévu pour le printemps et intitulé Musique pour les oreilles.

Et de la musique pour les oreilles, il y en a énormément ici. S’éloignant de la musique qui l’a fait connaître avec Beach Youth, La Mante nous entraîne dans des paysages différents, proches des rêves et d’une bizarrerie poétique fièrement changée en français. Mon visage est un morceau mouvant, porté par des sonorités de flûtes enchanteresses, et une guitare qui rythme ces divagations d’un visage qu’on découvre et redécouvre.

Pour accompagner son morceau, La Mante nous offre un « tableau vivant », une animation sur un visage étrange, qui se transforme, dans des lignes surréalistes, pour un rendu tout à la fois psychédélique et proche d’un certain malaise maîtrisé.

Une belle beauté, tant dans le son que dans l’image, pour un travail DIY qu’on adore.

DJ Pone (ft. Blasé) – All I Want

6 ans après Radiant, DJ Pone s’apprête à dévoiler son second album. 1978 est attendu pour le 10 février, et il en dévoile cette semaine une nouvelle facette avec All I Want, créé en compagnie de Blasé.

Après le versant hip hop de sa musique et des collaborations avec Disiz, Georgio et Gringe, DJ Pone nous offre cette semaine un morceau bien plus électronique, enlevé et lumineux, porté par la voix chaleureuse de Blasé.

Un morceau dansant et énergique, qui n’aura aucun mal à retourner le public de La Maroquinerie pour la sortie de l’album.

Pour accompagner le morceau, Benoit Marzouvanlian réalise un clip qui colle à la musique : une énergie communicative, des mouvements permanents qui nous entraînent à la poursuite d’un héros acrobate qui nous offre une vision différente et urbaine de Paris.

H-Burns – Late Bloomers

Cette semaine, H-Burns nous propose un nouvel extrait de son album à venir, Sunset Park. Late Bloomers raconte la rencontre et le crush entre deux ados qui vont entamer le jeu de leur séduction au détour d’une fête, et plus spécialement de la fin de celle-ci, puisque c’est le moment qu’ils choisissent pour filer à l’Anglaise et vivre l’une de ces nuits d’été dont on se souvient pour toute une vie.

La mise à l’image est sublime, met en valeur les jeux de regard et nous rappelle pourquoi c’était bien le lycée, découvrir la vie, faire des rencontres et ne pas se soucier du lendemain. Une superbe balade pour le chanteur français, qui célèbre ce qui pourrait être mis en mots par « le sentiment de s’être trouvé·e·s », ou lorsqu’une rencontre semble découler d’une évidence rare, et dont le nombre se compte généralement sur les doigts d’une main à l’échelle de toute une vie. Alors pour ça, merci H-Burns.

NELICK – PATOKETCHUP

« Ma musique est simple, y’a juste de l’âme » définit très justement Nelick dans son dernier titre, sobrement intitulé patoketchup. Accompagné d’un clip tourné entièrement au fisheye avec la présence de quelques un de ses proches, il reflète ce que Nelick sait faire de mieux : des morceaux sans prise de tête, bouncy, parsemé d’humour et d’egotrip.

Un clip minimaliste, qui retrace la vie quotidienne de l’artiste : traîner avec ses amis, faire des répétitions, et évidemment manger les fameuses pâtes au ketchup qu’il affectionne tant. L’artiste frappe fort en délivrant un titre léger, dont la douceur nous réchauffera sûrement durant la dure période hivernale qui approche. 

Kriill – Little Things

C’est fou de boulerverser avec autant de douceur et de délicatesse. C’est le tour de force réussi par Kriill et l’équipe chargée de la mise à l’image et de la transformation d’un simple single en œuvre complète et fabuleuse. Little Things offre un voyage aussi enchanteur que frappant, allégorique à souhait et s’interprétant de mille façons.

Si le groupe parle de sensibilisation à la cause de la souffrance animale, l’industrialisation à outrance et notre rapport à la nature de façon plus générale, notre premier visionnage nous a également évoqué l’uniformisation de la société, l’utilisation d’outils de masse afin de récolter et de vendre de la donnée, tout ça organisé par de grandes entités sans visage… Oui, c’est notre côté complotisto-boomer, mais passons. La mise à l’image est sublime et offre une animation de grande qualité, plusieurs fois primée (on comprend pourquoi), une balade rêveuse et envoûtante. Bref, on n’a pas fini d’entendre parler de Kriill, et c’est peut-être ça la meilleure nouvelle.

Georgio – Esprit Libre 

Il faut avouer que l’on attend tous le cinquième album de Georgio (oui, déjà cinq !). La bonne nouvelle, c’est que la sortie de cet opus est prévue pour le 3 février prochain ! 

En guise de teasing, Georgio révèle quelques morceaux qui figureront sur Années Sauvages, dont Esprit Libre, qui est accompagné d’un clip.

Dans ce single, on peut entendre l’artiste se confier en toute sincérité sur une relation amoureuse houleuse et libératrice à la fois. Des pensées authentiques, associées à un clip où deux destins croisés vivent séparément. Les tourments d’une relation à distance, dans la beauté comme dans les contraintes, c’est ce dont Georgio nous parle dans Esprit Libre. Un sentiment ambivalent, retranscrit par une dualité vibrante, tant dans les mots que dans une prod épurée, et qui nous plonge dans les remous d’une histoire intime. 

U.S. GirlsFuture Bet

La formation de Toronto U.S. Girls vient d’annoncer la sortie de son huitième album, avec en guise d’appât la sortie d’un troisième extrait, Future Bet. Oui, les deux titres sortis l’année dernière figureront dans Bless This Mess. L’album se concentrera sur les complexités de la maternité, autour d’arcs mythologiques de sentiments troublés.

L’artiste Meg Remy a réalisé ce nouveau disque lorsqu’elle a eu ses jumeaux. A travers Future Bet, Meg se pose la question du recyclage de nos savoirs et de notre âme. La vidéo, réalisée par Alex Kingsmill, combine des séquences d’animations 3D avec des séquences composites. Il y a un goût de résilience sur ce cycle de la vie qui part en fumée à travers Future Bet, mais également un goût pour la spiritualité pour trouver un sens positif à cet ensemble…

A2H – L’amour ne suffit pas

Ces derniers mois sont plutôt mouvementés pour le bluesman 2.0 A2H. Après le succès d’Entretien avec un OG, son passage remarqué dans le Grünt de Isha, et sa date au Bataclan qui s’annonce bientôt sold out, le Melunais a sorti cette semaine le clip de son nouveau titre : L’amour ne suffit pas.

Alors qu’Entretien avec un OG nous présentait un A2H percutant et incisif, ce nouveau morceau introduit le côté beaucoup plus planant et R&B du rappeur. Sur une prod surplombée d’une magnifique mélodie à la basse, l’artiste exprime le regret d’un amour passé, mais également l’espérance de revoir un jour cet amour. Cette magnifique balade est accompagnée par la finesse des paysages d’une petite ville du Canada. Le réalisateur, Willy Guittard, a réussi à véhiculer les émotions transmises par le texte, ce qui accentue un peu plus la beauté du titre.

A2H sait construire l’attente autour de son futur projet en nous proposant des titres qui donnent envie d’en savoir plus. Avec L’amour ne suffit pas, il prouve son aisance à franchir les barrières des styles, et son talent dans un R&B chantant et aérien, tout simplement magnifique.

Metawave x Phila Sombra (Live At Atabal)

C’est un clip particulier et particulièrement réussi que nous présentons ici. Le duo aux sonorités primales a délivré une performance à l’Atabal Biarritz de leur titre Sombra, qui figurera dans leur prochain album. La caméra tourbillonne autour de Metawave jouant sur la scène.

On y aperçoit alors le graffeur Phil Quatre, qui s’affaire à donner le ton spectral au tout en ornant la scène de ses œuvres. L’ensemble nous transcende, l’atmosphère visuelle à la fois hypnotique et psychédélique se conjugue parfaitement aux envolées orientales bouillonnantes de David Monteiro Afonso et Olivier Feuillet. C’est clair, le groupe est déjà prêt à nous emporter très loin en cette nouvelle année.

Jason Glasser – Good Luck 

C’est dans une vidéo simple mais tout en maîtrise que le plasticien Jason Glasser dévoile un nouveau titre de son premier album, Pelican. À travers sa voix tranquille, l’artiste pose son univers doux et calme. Le clip, simple mais beau et paisible, dépeint le chanteur dans un courant d’eau, débitant ses paroles intimistes. La dernière ligne droite est lancée avant de voir le premier disque de Jason Glasser paraître le 24 février chez Animal 63 – Believe.

Sophie Jamieson – Violence 

La musique de Sophie Jamieson est d’une honnêteté brute et d’une intensité rare. Les morceaux qui composent Choosing, son premier album sorti il y a peu sur Bella Union, sont intimes, les sentiments y sont mis à nu. L’album aborde les thèmes de la santé mentale, la douleur, la solitude… avec force et subtilité. 

Violence, le morceau dont la vidéo sort cette semaine, parle des maux que peuvent provoquer les mots. La musicienne écrit : “Cette chanson parle du pouvoir des mots, de la façon dont ils peuvent contrôler, manipuler et blesser. Une fois entendus, ils peuvent s’envenimer et muter, et commencer à ronger une personne de l’intérieur.  Il s’agit également des racines de la douleur, de ce qu’elles peuvent devenir si elles ne sont pas traitées, et de la façon dont elles peuvent déborder sans amour de l’intérieur ou de l’extérieur.” 

La vidéo qui accompagne le morceau est composées d’images prises sous l’eau, dans l’océan Atlantique et dans une piscine pas loin : “Les vagues y étaient féroces. Elles soulevaient et gonflaient l’eau, agitaient le sable, remuaient tout, faisaient onduler la lumière du soleil, puis détruisaient à nouveau toute structure. Il y avait à peine un moment d’immobilité. Un monde de violence tranquille sous la surface.”

Choosing est disponible partou,t et on vous en conseille fortement l’écoute. 

BBSC – Arpège

La Black-Bass SoCiety, c’est un projet hybride et indie, mêlant les univers pour nous emmener dans le cosmos… Au son comme au visuel, Quentin Goutorbe est aux manettes : le jeune multi-instrumentiste manie autant les beats electro et techno que la guitare, les synthés… et le dessin. Arpège, leur dernier titre, se pare d’une animation en 2D qui habille, à grand renfort de techniques expérimentales, un son maîtrisé, aux multiples facettes.

Plongés dans un jeu vidéo ambiance DIY à l’univers graphique et narratif bien défini, on y suit différents protagonistes sous un lever de lune. Dans ce qui nous est présenté comme « une ville hantée par la modernité » dont on espère « s’échapper au plus vite », le morceau progresse au rythme des apparitions… Les sonorités, parfois légèrement dissonantes, créent une friction inquiétante, au diapason des surgissements successifs de ces figures dessinées. Des arpèges cristallins nous ramènent à la légèreté, les petites notes – comme autant d’éclats de rire – agissant comme un prélude au déchaînement. Engagé à 2’48, il nous fait basculer là où l’on semblait prédestinés à atterrir : sur une piste de danse.

BBSC, c’est donc une techno indie (mais pas que !), à la française, qu’on a hâte de découvrir en live. Par exemple, pour la release party de leur EP BBSC, sorti aujourd’hui, à bord de la Péniche Antipode le 18/01, pour un set aux petits oignons où Quentin s’entourera de Clément Goutorbe (Potemkine)Hugo Burchard (NaeujNaeuj, Garçon de rue) et Nathan Oiseau.

Temples – Gamma Ray

Cette semaine marque le retour du groupe britannique Temples, avec la sortie d’un premier single intitulé Gamma Ray. Depuis 2019 et leur Hot Motion, on peut dire qu’on piétinait à l’idée de retrouver notre quatuor à franges préféré. 2023 pointe le bout de son nez, et l’annonce est enfin faite de la sortie prochaine de l’album nommé Exotico,  produit par un certain Sean Ono Lennon.

Les vacances ont été plutôt bonnes pour le groupe, car on les retrouve à la station balnéaire de Benidorm, sur les bords de la Costa Blanca, lieu atypique qui reflète bien leur musique. Temples, c’est une musique esthétique et évocatrice, un mélange des années 70, une élégance dans le style, et une architecture de synthés. 

Un premier titre et nous voici directement replongés dans tout ce qui nous a fait les adorer. Sans connaître les paroles, on a déjà envie de pouvoir chanter ce refrain léger, joyeux et entraînant. Début très prometteur donc, on vous en reparle très bientôt.

WuW – Orchaostre 2

En matière de Metal lourd et brumeux, il demeure une écurie spécialiste : Pelagic Records. Cette semaine fut pour eux le moment de révéler le nouveau clip du groupe WuW, et de leur titre Orchaostre 2. Pendant presque neuf minutes, on y aperçoit une musique d’une grande pénombre, bruitiste et dissonante.

La vidéo, faite d’images animées, dégage une ambiance malsaine, à l’enchaînement erratique. Lors de ce cheminement sonore, nous nous trouvons sur la route du chaos, explorons une dystopie tant visuelle que sonore. Le duo français nous offre ici un deuxième single extrait de leur album L’Orchaostre, que vous pourrez découvrir entièrement le 3 février prochain.

Altın Gün – Rakıya Su Katamam

Arabesques et guitares qui ronronnent sonnent le retour d’Altın Gün. Le groupe nous offre une nouvelle reprise psychédélico-turque. Cette fois-ci, il s’agit de Rakıya Su Katamam, composé par l’écrivain Selami Şahin. La sortie du morceau se fait par le biais d’un clip et d’un single, dont la face B est une reprise de Leylim Ley, interprété à l’origine par İbrahim Tatlıses.

Le clip est signé par Sylvain Rusques et Simon Moreaux.  Il s’inspire du corps qui ondule de la danseuse Manon Colin. Le duo avait déjà réalisé pour le groupe le clip de Süpürgesi Yoncadan. A la différence du premier, ce clip est réalisé en stop motion, avec des dessins sur du carton qui prennent vie et nous emportent !

Gabi Hartmann ft. Julian Lage – People Tell Me / Les gens me disent

Gabi Hartmann a des airs de Sarah Bernhardt dans son nouveau clip. Réalisé par Elsa Parra, il nous plonge dans un décor hors du temps, entre la belle époque et les années folles. Quelques détails attirent notre œil : une plume de paon, un vase, ou encore des paillettes et un croissant de lune. L’objet qui semble faire le pont entre le clip et la chanson est une boule de cristal. Car il est bien question de divination dans le morceau People Tell Me / Les gens me disent.

Le titre aborde le regard des autres sur soi, les opinions quant à notre future. Gabi Hartmann chante en français : “Sur un chemin sans fin au loin, Les gens me disent t’en fais pas, C’est bien mieux comme ça, Si je pouvais les croire, je l’aurais déjà fait, Oh ! si je pouvais les croire, je l’aurais déjà fait” Cette interruption dans la langue de Molière nous touche par son aspect intime et universel. 

Corine – BOUGE BOUGE

Après une pause de plusieurs années, pour cause de maternité, Corine revient, plus rayonnante que jamais. Et pour preuve, la sortie d’un nouvel album, intitulé R., est imminente. En attendant, elle nous en offre un extrait, accompagné d’un clip. Le morceau s’appelle BOUGE BOUGE, comme une invitation à reprendre vie et ne plus rester dans la patience ou la lenteur.

On reconnaît tout de suite l’empreinte disco de la chanteuse, ainsi que son afro blonde… avant que l’on comprenne que plusieurs figurants portent cette même coupe de cheveux.

Le réalisateur, Edie Blanchard, joue avec cette ambiguïté comme pour prolonger l’impatience de retrouver l’artiste. D’autant plus que Corine s’essaye à l’homme. BOUGE BOUGE se veut en échos de Bouge de là de MC Solaar. Une version féminine, dont le texte prend une tournure féministe… Messieurs, allez, bougez là !

Ehla – Magique

Après le succès international de son premier EP Antidote, grâce à la série Emily in Paris, Ehla s’est retirée pour confectionner avec douceur et détermination ce qui sera son premier album solo.

Cette semaine, la chanteuse ouvre joliment 2023 en nous en partageant un premier extrait, Magique.
Avec ce titre, Ehla fait revivre le RnB des années 2000. La musique, aux sonorités proches du meilleur de Janet Jackson ou Ashanti, ne peut que vous mettre de bonne humeur. Ses textes, qu’elle travaille toujours en français, sont à la fois légers et poétiques. Elle y décrit cette phase intense au sein de laquelle la magie opère et que tout fonctionne entre deux personnes.
Le clip, à l’esthétisme des années 90/2000 lui aussi, met en images l’insouciance et le bonheur décrits dans le texte.

Magique, c’est un peu une dose de beauté et de douceur dans notre quotidien, et on a hâte de découvrir l’album.