Les clips de la semaine #152 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la première partie de la 152ème sélection des clips de la semaine.

Double Date With Death – Jouets

On commence cette sélection des clips de la semaine de l’autre côté de l’Atlantique avec le retour très attendu de Double Date With Death.

Deux ans après l’excellent l’Au Delà (qui tourne encore de manière régulière sur notre platine) les québécois sont de retour avec Jouets, qui annonce l’arrivée de Portraits, leur troisième album, pour mars 2023.

Jouets, c’est une entreprise nostalgique, un retour merveilleux vers les mercredis après-midi pluvieux de l’enfance où, allongés sur le sol de nos chambres, les cowboys rencontraient les dinosaures et les barbies de nos sœurs. Des amis du quotidien grâce auxquels l’imagination s’épanouissait dans des galaxies inexplorées.

Les jouets ont changé depuis, mais l’imagination est, elle, toujours là, et Double Date With Death transforme cette nostalgie en belle promenade musicale. Alors que certains sacrifient le style à l’efficacité, les Québecois prennent le temps d’installer des ambiances, des émotions et des boucles presque hypnotiques dans un morceau de cinq minutes qui nous fait vibrer.

Pour accompagner ce titre, il fallait un clip qui allie la douceur de l’enfance et les thématiques du morceau. Philippe Beauséjour nous livre une petite merveille rétro où les jouets prennent vie, s’envolent, se battent et font du breakdance. C’est drôle et émouvant, et ça représente parfaitement ce morceau où le temps s’arrête et où les jouets prennent vie.

Okala – NDE

Comme à chaque sortie de Baptiste, c’est un petit événement à La Face B. Vous le savez, nous avons une relation particulière avec celui dont le nom de scène est Okala, et qui vient des plaines amiénoises.

Cette semaine, il présente un nouveau titre, le premier cette année où il a enchaîné les scènes. NDE, pour near death experience (expérience de mort imminente), raconte ce qu’il a vécu à l’adolescence, moment marquant pour lui et qui nourrit son inspiration depuis lors. Un voyage intime, contemplatif à souhait et qui emporte tout avec lui.

Musicalement, on note des influences de Low Roar dans la voix et dans les arrangements. Côté mise à l’image, on s’envole dans une imagerie abstraite et psychédélique, qui donne envie de s’allonger et de rêver à n’en plus finir. Comme à chaque sortie de Baptiste, c’est une réussite.

Coline Rio – Monstres

Le torrent de larmes de la semaine nous est offert par Coline Rio.

La jeune nantaise nous offre cette semaine Monstres, piano-voix subtil et sublime, premier extrait de son album à paraître au printemps. Il y a quelque chose de fascinant dans la musique de Coline, c’est cette façon d’en dire beaucoup avec peu, de nous ouvrir un monde où l’on se sent inclus et compris. Un monde qui nous donne le droit d’être nous-mêmes.

Monstres questionne l’existence et notre condition d’êtres humains. Sans vraiment donner de réponses, laissant à chacun la chance de pouvoir rattacher son morceau à son propre passif, Coline Rio perce la carapace et offre un morceau d’acceptation, de tendresse et de réconciliation. Car nous sommes tous des êtres étranges et parfois un peu cassés, qui pouvons avoir peur de l’autre et de ce qu’il nous renvoie de nous et de nos propres sentiments.

Avec Iulia Voitova, elles concoctent un clip animé et onirique, parfaite interprétation des mots et des maux de la chanson, dans laquelle les ombres et les hommes se transforment en petits monstres et en petites souffrances. C’est beau, doux et chaleureux. Tout ce dont on a besoin en ce moment .

Vestes – laisser couler

On n’osait plus l’espérer. On se demandait même si on les avait rêvés. Mais non, Vestes existe bel et bien. Le groupe de Simon Dumottier débarque enfin de manière « officielle » dans nos oreilles, après une série de concerts qui lui aura déjà permis de se tailler une bonne petite réputation.

Laisser couler, c’est de la pop avec une basse post-punk, une course effrénée pleine de vie et au refrain accrocheur qui nous entraîne dans les aléas de l’amour, ces moments qui nous emmènent droit vers le mur et qui n’appellent qu’à une seule chose : déposer les armes et mettre fin au combat.

Le tout agrémenté de guitares entêtantes et d’un refrain accrocheur, qu’on reprend vite en chœur.

Pour accompagner le morceau, Jules Gaubert et Simon Dumottier font fi des ayants droit et plongent dans leur cinéphilie pour associer entre eux des morceaux percutants de films qu’ils aiment, afin de mettre en image cette histoire de fin et de début.

Zaho de Sagazan – Les dormantes

Il y a des chanteurs, et puis il y a des conteurs. Des personnes qui observent et racontent la vie, qui analysent, digèrent et nous dévoilent la vie dans ce qu’elle a de plus brute, en l’enrobant discrètement de poésie et de douceur, sans jamais en masquer la violence.

Zaho de Sagazan, petit secret bien gardé qui s’apprête à bientôt dominer le monde, fait partie de cette catégorie. Lentement, sans y paraître, elle fait monter la tension, nous serre le cœur et nous entraîne dans ses histoires, celles vécues, qu’elle nous relate dans ses chansons. Une mise en tension folle, les dormantes nous prend doucement par la main pour nous conter l’horreur, celle d’une histoire d’amour destructrice, des hommes toxiques qui flattent et enjôlent pour mieux broyer leur proie. Une histoire de filet qui se tisse sans qu’on le réalise, et qui finit par nous emprisonner.

Pas besoin d’en faire trop, d’appuyer les émotions, tout est simple et fluide, prenant et sublime.

Pour l’accompagner, Jacques Frantz réalise un clip animé, porté par des couleurs primaires qui se mêlent, et qui colle parfaitement à l’histoire. Là encore, tout est question de simplicité pour renforcer l’impact. Des ombres, des menaces, des plongées dans l’esprit du mal et de la douleur qui s’infiltre, comme des petits tableaux dévoilant au fur et à mesure la souffrance.

Une manière d’accentuer encore plus l’attente, alors que Zaho dévoilera sa création lors des Trans Musicales de Rennes du 7 au 11 Décembre.

Joesef – Just come Home with me Tonight

Nous sommes toujours en 2022 et Joesef continue son marathon de sorties de singles. C’est déjà le quatrième (avec autant de clips) cette année, et on retrouve toujours la même qualité dans ses productions : un groove teinté de mélancolie, voire parfois de désespoir, qui mord comme la promesse de quelqu’un qui ne répond plus au moment du rendez-vous. Toujours ancré dans les relations amoureuses, Joesef nous emmène dans un nouveau trip dont on ne sait pas dire s’il terminera bien ou pas. Côté images, le travail sur les couleurs est toujours aussi notable et s’inscrit dans la série lancée par It’s been a little heavy lately. Les plans sont travaillés et la mise en scène originale, tous les ingrédients d’un très chouette clip sont donc réunis. Encore un succès pour Joesef.

Loyle Carner – HGU (Colors Show)

Après plusieurs mois d’attente, Loyle Carner est revenu en cette fin d’année avec son troisième album : hugo. Ce 22 novembre, le rappeur londonien et le studio berlinois Colors dévoilaient une version live du titre de clôture du projet, HGU. Cette session met en avant l’artiste, fondu dans le traditionnel fond coloré du concept. Ce dernier se tient droit, et pose de manière très calme et sereine son texte, tout en décontraction. Un ton et une performance qui collent finalement très bien à l’ambiance et au message du morceau sélectionné. À noter qu’il s’agit ici de son second passage dans une de ces capsules, le rappeur ayant déjà eu le droit à une capsule il y a maintenant trois ans, grâce à l’interprétation du titre Ice Water.

La chronique de hugo est par ailleurs toujours disponible sur La Face B.

Gius, G4 & ExodusLeMagnifique – LUMIÈRE

Si sa maîtrise et sa technique vous avaient interpellés durant la session freestyle chez Grünt, dans laquelle il accompagnait NeS, vous allez ici découvrir une nouvelle facette de la musique de Gius. C’est sur des sonorités de saison, produites par G4 qu’il livre un 2 titres efficace, nommé PROTOS. Pour le mettre en avant, il accompagne cette sortie avec le clip de LUMIÈRE, réalisé par Sarah Clavelly

Si, au niveau des sonorités, il semble toujours être dans une phase d’exploration, toutes ses sorties font sens et sont travaillées avec minutie. Côté visuel, il passe un step net avec un clip de grande qualité, aux élans cinématographiques. Tourné entre le soleil méditerranéen et l’obscurité de la nuit, il y a une vraie utilisation de la LUMIÈRE à travers ce clip, mettant en avant le sens du morceau : le côté plus lumineux rappelant à quel point la vie peut être belle, et l’obscurité pour les joies de la confidentialité. 

La vie paraît belle 
Mais est-ce qu’elle l’est vraiment ? 
Jamais de la vie faut que j’perce 
La lumière c’est trop inquiétant

Encore plein de questionnements, Gius maîtrise la dualité, comme le prouve cette production aux rythmiques chaudes, qui se couple à merveille avec ce flow murmuré aux accents glaciaux. 

FiFi Robo – Flower Princess

Londres et ses alentours regorgent de jeunes artistes talentueux, dont le nom ne ressort que chez les amateurs et accoutumés de la scène. Mardi fut marqué par les débuts de FiFi Robo, avec la sortie de son titre Flower Princess. Celle qui s’était notamment illustrée sur le dernier album d’Hemai, qui produit d’ailleurs le morceau, se lance en solo. Pour mettre cela en vidéo, la londonienne a fait appel à Ema Compton. Au sein de la vidéo, on peut notamment la voir dans un style très simple et naturel, filmée dans des décors entourés de végétation. Très lumineuse et colorée, FiFi Robo met en avant un monde enjoué, avec des idées musicales très en vogue. Entre Pop et Musique Indépendante, la piste s’apparente à un rayon de soleil à un moment où la nuit récupère son règne.

BabySolo33 – FakeBlood

Après avoir sorti ses SadBaby Confessions le 18 novembre, BabySolo33 en a dévoilé cette semaine une nouvelle pièce visuelle, signée Anaïs -Tohé Commaret
Toujours minutieuse quand il s’agit d’entourer ses récits, le jeune bordelaise commence à le connaître, et ça se ressent de plus en plus à la caméra. 

Fidèle à son esthétique alliant mélancolie, jeunesse et féerie, elle se retrouve à jouer les anges déchus pour mettre en image la langueur émanant du titre FakeBlood
Prenant place dans un lycée vidé de son activité quotidienne et dégageant un certain mysticisme, elle y déambule, accompagnée d’un spleen qui colle avec les notes envoûtantes de la production de Sūn J.

Sofiane Pamart – They Said I Was « Just a Musician » 

Le 17 novembre dernier a marqué l’histoire des salles de concerts parisiennes. Cette date marque la première fois de l’histoire que l’Accor Hotel Arena fut rempli par un pianiste. L’artisan de cette soirée est le français Sofiane Pamart. Alors qu’il clôturait ce soir-là sa tournée pour son album LETTER, le compositeur a invité de nombreux rappeurs sur scène pour célébrer l’évènement.

Seulement, ce n’était pas la seule surprise que l’ancien pensionnaire du conservatoire de Lille nous a réservé. En effet, l’artiste a sorti lundi un morceau pour l’occasion, intitulé They Said I Was « Just A Musician ». L’idée du clip est très simple, mais également symbolique, et a une signification particulière. La vidéo, constituée de vidéos d’archives d’enfance, a pour but de montrer tout le parcours effectué depuis maintenant de nombreuses années.

Cet angle nous offre alors le droit d’y voir comme une manière de boucler la boucle d’une histoire qui semblait presque déjà écrite. 

Aloïse Sauvage – Montagnes Russes

Toujours accompagnée de son éternel réal Zenzel, Aloïse Sauvage nous propose le clip de Montagnes Russes, un des titres forts et qui ouvre son deuxième album Sauvage, sorti à l’automne 2022. 

Mis en image simplement, c’est aussi sobrement qu’Aloïse Sauvage interprète le début de ce morceau. Celle qui tout le temps gesticule, danse et saute de scène est d’abord très sérieuse dans sa prestation, elle goûte ses mots, elle goûte chaque mot. 

Petit à petit, elle intègre une interprétation gestuelle de ses mots, avec quelques mouvements pour ponctuer le texte, avant de se retrouver entourée d’incrustations vidéos préparant le bouquet final : l’artiste qui danse et transcende le dernier couplet, comme pour marquer le pic de cette montagne russe qui a pris son temps pour démarrer et atteint enfin la métamorphose.

Ce morceau veut célébrer la renaissance de l’artiste, pour exprimer la rupture avec un avant. Aloïse filmée avec ses ailes de phœnix s’en fait preuve visuelle. 

Les sous-titres des paroles de cette chanson ont été intégrés à la vidéo. Vu la plume de l’artiste dans ce titre, il aurait effectivement été douteux de s’en priver.

Yodélice – Trust Fall

Depuis dix ans, Yodelice mettait son talent au profit des autres, notamment pour notre Johnny national. Cette semaine, il revient avec son troisième album en solitaire, The Circle et son titre extrait, Trust Fall.

Aux allures d’Everybody’s got to learn sometimes par Beck, ce nouveau single, porté par une guitare acoustique, nous plonge dans un belle introspection. Ses mots, toujours en anglais, sont intime,s et se mêlent avec beauté avec la voix folk du chanteur. 

Le clip, lui, est très graphique, et on retrouve avec plaisir les codes qui font l’univers de Yodelice.

The Circle est disponible depuis ce 25 novembre.