Les clips de la semaine #150 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la première partie de la 150ème sélection des clips de la semaine.

Vanille – Le bois

C’est l’automne, le moment idéal pour une petite promenade en forêt. Cela tombe bien puisque cette semaine, Vanille nous offre le morceau idéal pour communier avec la nature.

Le Bois c’est une promenade, un hommage à la folke, ce genre intemporelle qui comme la nature traverse le temps et nous accompagne. Tout en douceur, bercée par des accompagnements lyriques et baroques, Vanille nous entraine sur le sillage d’une musique qui touche au cœur et qui raconte la vie telle qu’elle pourrait être si on se décidait à communier pleinement avec les arbres et les plantes.

Pour accompagner le morceau, Charlotte Pominville nous offre un véritable conte. Une histoire onirique et pleine de charme dans laquelle Vanille se promène et croise sur son chemin champignon psychédélique et être de la forêt charmants. Un monde qui se démultiplie et qui nous accueille en son sein pour une danse du plus bel effet.

Arès Le Bois, c’est vers La Clairière que Vanille nous guide, second album de l’artiste québecoise attendu pour le printemps 2023.

Grand Public – Assez apparemment

On reste du côté du Québec avec Grand Public. Parce que nos oreilles trainent toujours chez nos cousins du Canada, il nous était impossible de passer à côté de la géniale nouvelle signature de Lisbon Lux Records.

Formé, comme beaucoup de nouveaux groupes, au coeur de la pandémie, Grand Public est formé de musiciens déjà aguerris qui nous offre ce qu’on aime : un rock habité, maitrisé qui doit autant à ses influences anglo-saxonnes qu’à une écriture francophone assumé et affirmée.

En découle Assez Apparemment, un premier titre enlevé qui traite avec humour, distance et poésie d’un sujet actuel : la quête frénétique de popularité et de hype. Ce besoin absurde , et pourtant très humain, de reconnaissance et d’appartenance vibre grâce à des guitares rêveuses et un texte bien malin et superbement écrit.

Pour l’accompagner, le groupe nous offre une vidéo dans laquelle on alterne entre prises de vidéos du groupe et une sorte de super héros du cool qui danse et qui essaie de nous impressionner par son style et sa prestance, ce qui n’est pas forcément gagné …

Un premier titre emballant en attendant la suite et un premier EP prévu pour 2023.

Gisèle Pape – Bulle

Tout ne se passe pas toujours comme prévu, et franchement? Ce n’est pas si grave. Gisèle Pape nous le démontre cette semaine avec le clip (ou plutôt le non-clip) de son morceau Bulle, tiré de son album Caillou. Au départ, il existait sous une forme fabuleuse dans sa tête, les idées fusaient et elle avait même pu commencer à faire quelques essais. Malheureusement, certains aléas se sont mis au travers de son chemin : l’artiste a du prendre la difficile mais admirable décision de s’arrêter au lieu de s’acharner et de s’abîmer la santé.

En fin de compte, il reste tout de même quelques images d’archives permettant de retracer le début de l’aventure et servant de support pour que Gisèle Pape nous raconte cette histoire. Par sa sensibilité et son honnêteté, sa démarche fait tout de même honneur au morceau : il est ici question de la réalité du quotidien des artistes émergent.e.s, du doute et des difficultés… mais tout cela traduit une grande force.

En effet, réussir à admettre publiquement que tout n’est pas aisé est une belle preuve de courage. Si le rendu final n’est pas ce qui était imaginé à la base, il remet les pendules à l’heure et apporte ainsi quelque chose d’hautement nécessaire à notre monde où tout doit malheureusement être parfait tout le temps (et offre une sorte de behing-the-scenes très chouette en prime). 

Mathilda – Brutal

Cette semaine on découvre le nouveau titre de l’envoutante Mathilda. Une chanson belle et poignante mais qu’on se serait finalement bien passé d’entendre encore en cette fin d’année 2022. 

En effet le deuxième extrait de son second EP, lui aussi nommé Brutal, parle avec puissance des femmes battues. Le clip s’ouvre sur ce glaçant rappel : 

122 femmes tuées l’année passée sous les coups de leur « partenaires ». S’en suit le vibrant hommage de Mathilda simple et élégant, assise à son piano. La vidéo se termine avec avec des femmes de tous horizons et de tout âges pour nous montrer que la violence peut être partout et surtout très bien cachée. 

La mélodie piano voix est délicate et combine avec brio la beauté des mots face à l’horreur qu’elle décrit.  En espérant qu’avec Brutal, le message de Mathilda face écho à chacun d’entre nous.

Hoax Paradise – Addiction

En 2019, on découvrait Well, Nobody’s Perfect, le premier EP officiel de Hoax Paradise qui nous avait enchanté , illustré par un tranchant et punchy Sober. Trois ans plus tard, le groupe français revient avec Addiction en prévision d’un nouvel EP qui devrait arriver très prochainement.

Ce groupe composé de la voix de Laura Naval, de la guitare de Thibaud Duquesne, de la basse de Jc Joam et de la batterie de Barron Alwis, contrairement au nom qu’ils se sont donné, n’a rien d’une blague. Le titre de cette semaine confirme encore leur talent. Un rythme rapide aux multiples impacts, les coups s’enchaînent, entraînée par une voix percutante d’assurance, cette musique avance en bloc, déter, rien n’entrave son chemin.

Ceux qui ont déjà eu la chance de voir le groupe en concert, comme pour la dernière du bus palladium, vous le diront, Hoax Paradise est une boule de puissance et d’énergie à la force communicative, on en sort blindé. Une affaire à suivre de très près car ce titre n’est que le début d’une nouvelle page qui s’annonce addictive.

Khali – Le monde est à toi

Avec Laïla, Khali a laissé exploser tout sa sensibilité. Guidé par son timbre de voix singulier, ce projet lui a permis d’installer son univers et son nom. Devenant l’un des artistes les plus en vogues de la sphère rap et bénéficiant d’un public engagé, son retour ne pouvait pas se faire sans bruit. 

De son côté, il se devait de mettre la barre aussi haute, si ce n’est pas encore plus haut et le pari semble réussi avec le majestueux Le monde est à toi magnifié par un clip à l’esthétique léchée signé, une nouvelle fois, Léo Joubert. 

Sur un puissant piano signé Bloody et Senpaï Katchy, l’artiste propose un nouveau récit de son chemin entre espoir et embuches. Pour mettre cela en image, il a choisi la figure de l’enfant, son insouciance et sa liberté exprimée ici par l’immensité de la nature et ce petit BMX font écho aux images dissimulées à travers le texte de Khali. De son côté, ce dernier, se noie dans la vie d’adultes, faites de contraintes et de potentielles désillusions. Heureusement pour lui, il a trouvé dans sa musique un moyen de garder espoir et de rendre son quotidien plus lumineux. Au final peu importe l’âge : « tu sais l’espoir ça va, ça vient, c’est comme aç »

AAMO – ELEVATION

Encore confidentiel, le nom d’AAMO n’est pas à négliger. Doté d’une aisance et d’une technique déjà bien affutée, il réveillera aussi bien les amateurs d’un rap scolaire que les esprits les plus fougueux à propos des nouvelles sonorités qui s’emparent du mouvement rap. ELEVATION, c’est son nouveau tour de force. Les lourdes basses de Tsukii annonce l’ambiance obscur qui va s’emparer du morceau. Celle-ci se retrouve également dans le clip réalisé par Swae. En pleine nuit, AAMO se confond presque avec le décor noir, avec comme seul éclairage les néons des magasins. Une atmosphère parfaite pour livrer un égo-trip puissant et millimétré. En définitif, AAMO semble prêt à lancer son ascension et personne ne pourra dire qu’il n’aura pas prévenu. 

Strenger // LLya Nora – X Scheme

La musique offre chaque semaine de belles découvertes et ce samedi, nous avons eu la surprise de découvrir une petite sucrerie indie pop. Elle provient du multi-instrumentiste Strenger qui sort enfin de l’ombre. X Scheme est le premier résultat d’une collaboration avec l’interprète et compositrice LLya Nora. Il suffit de quelques notes de piano pour planer dans cette atmosphère onirique et sensuelle. La voix de Llya Nora tout en écho donne une mélopée envoutante qui ponctue tout le long du morceau.

Strenger se dévoile au milieu du titre avec son timbre ténébreux et sexy pour mieux envelopper le lyrisme de sa partenaire. Ces cinq minutes lancinantes sont riches de textures et d’effets non superflus qui nous rappellent par instant Tame Impala comme sur la dernière montée psyché (4:00).  Le clip, réalisé au Supersonic Records, par Medhi Bleil & Nil Nicolet (Navire Argo) montre toute la richesse sonore de cette production et nous met en haleine sur les prochaines sorties à venir. Prenez date.

Ferielle – Face à Face

Glamour pop-rock, voilà comment on pourrait décrire la musique et l’esthétique de la chanteuse Ferielle. Rien de tel qu’un clip à Londres pour ancrer une ambiance teenage pop, avec des des rues typiques anglaises aux bâtisses de murs en briques. Ferielle déambule avec classe, de lieux en lieux, avec des looks tout aussi stylés les uns que les autres. En passant par un restaurant simple à une épicerie colorée, en dansant dans la rue ou dans un studio blanc, Ferielle nous embarque dans son univers éclatant. 

Face à Face est le morceau parfait pour pouvoir se débarrasser des poids qui nous immobilisent. Alors on aimerait crier afin d’extérioriser ce que l’on ressent de manière thérapeuthique. Ferielle dépasse les murs de la chambre où habituellement on se lâche en dansant et chantant. Telle une rock star, elle rayonne dans des endroits les plus communs en les rendant joyeux et attractifs.

Alors mettez-vous face à vos émotions, montez le son de la stéréo et défoulez-vous !

Warhaus – When I Am With You

C’est semaine de sortie du 3ème album pour Warhaus. Ha Ha Heartbreak est désormais disponible partout et Marteen nous propose une mise à l’image de When I Am With You pour l’occasion. L’ambiance du morceau est beaucoup plus proche des productions de Balthazar qu’à l’habitude, notamment dans le groove et la gestion des chœurs, et ça n’est pas pour nous déplaire.

Warhaus nous raconte comment il se sent différent avec la personne qu’il désire et c’est très bien traduit à l’image. Le chanteur habituellement flegmatique prend le temps d’enchaîner les pas de danse enjoués et drôles et semble même esquisser un sourire. On apprécie tout particulièrement, et ça nous donne très envie d’aller écouter le reste de l’album…

Gina Birch – Wish I Was You

Gina Birch, la fondatrice des Raincoats, groupe punk féministe culte opérant dans les années 70 sort cette semaine un nouveau single : Wish I Was You. Un titre catchy et entraînant qui commence par un hurlement et qui rappelle les glorieuses heures du grunge. Il est question de “Cool-o-Meter’ dans le clip qui accompagne le morceau, réalisée par Honey Birch. La vidéo à l’esthétique 90’s, illustre les paroles : “I use to wish I was you / Now you wish you were me”, une sorte de concours de qui sera le plus “cool”. Le morceau, a été co-écrit avec Youth (Killing Joke) et Thurston Moore (Sonic Youth) y joue de la guitare.

La sortie du morceau coïncide avec l’annonce d’un nouvel album, I Play My Bass Loud, qui vera le jour le 24 février prochain sur Third Man Records. On trouve ça cool ! 

KIKESA – FEAT. X FREESTYLE D’ADIEU

Kikesa est arrivé fort cette semaine. Après Ruby, son deuxième album sorti en mars, le rappeur originaire de Nancy tenait à rappeler son statut et son talent de rappeur au monde de rap français. Avec FEAT et FREESTYLE D’ADIEU, il tient également à mettre la lumière sur le milieu parfois dur et injuste , de manière complètement honnête.

Le rappeur ne prend pas de gants pour exprimer son ressenti. Kikesa nous plonge directement dans le vif du sujet avec le refrain : “Pour ce titre, je voulais faire un feat mais…”. Il énumère alors les différentes raisons pour lesquelles des artistes n’auraient pas accepté de collaborer avec lui. Il n’est alors “pas assez street pour Dinos”, “pas assez pop pour Angèle”, ou encore “pas assez formidable pour Paul”. Le virage se produit au milieu du clip, où le deuxième titre, FREESTYLE D’ADIEU arrive. L’artiste rappelle qu’il est aussi à l’aise sur une prod lourde. Il nous lâche alors un rap aiguisé. Le clip se termine sur un mystérieux message du rappeur qu’il tague sur ses propres affiches : “Adieu -> 2023”.

Kikesa interpelle et le fait bien. Il réalise un véritable coup de pied dans la fourmilière et démontre qu’il est un artiste caméléon, capable de s’adapter sur n’importe quel style. Pari gagné pour le rappeur qui obtient déjà plus de 600K de vues sur YouTube en quelques jours et rappelle également sa date à l’Olympia ce 27 novembre.

Toboggan – Je ne t’appartiens pas

Toboggan nous embarque dans leur monde kitsch rempli de gourmandises avec ce clip à l’esthétique farfelue, dont la réalisation a été confiée à Nathalie Dunselman. Une ode au bon goût du mauvais goût et à l’univers trashy-pop qui a fait le renom de plus d’une star dans les années 90 et qui continue encore aujourd’hui d’inspirer.

La preuve étant, Je Ne T’appartiens Pas renoue avec les codes d’une esthétique à l’américaine surtravaillée, en y ajoutant leur touche de fantaisie et leur poésie bienveillante : du rose bonbon, des gâteaux à la crème, des barbies et beaucoup de perles et de dorure en plastique fondent la planète Toboggan, avec l’envie de le croquer à pleines dents.

Un hymne au polyamour, à l’amour tout court qui se résume en une modernité dont Toboggan à le secret, des tons, des couleurs, des paroles qui forcent la rêverie tout en étant conscient des enjeux questionnées. Alors, vous reprendrez-bien un peu de kitsch ?

Albertine Sarges – Hold On

Loufoquerie et second degré sont au rendez-vous dans le dernier clip de la berlinoise Albertine Sarges. Il y a du Amanda Palmer dans sa façon d’angler le récit, qui pourrait être sombre, dans un hymne joyeux portant une parole prise entre autodérision et lassitude.

La réalisation, assurée par Lo Selbo, nous offre une balade mi-rétro mi contemporaine dans la journée d’une addict à la nicotine, grimée en cow-girl aux dents jaunes voyant son ennemi ressurgir où qu’elle aille. Le spoken word, qui semble faire son grand retour, alterne avec les phases groovy et jazzy, l’ensemble soutenu par une basse solide en relai d’une batterie impulsant des changements de direction qui semblent faire écho aux émotions variées de la protagoniste.

Un plaisir grinçant à consommer sans modération – en essayant de ne pas s’en griller une au passage…