Les clips de la semaine #143 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la première partie de la 143ème selection des clips de la semaine.

ADA ODA – UN AMORE DEBOLE

Décidément, la musique de Ada Oda aime voyager. Des belges qui chantent en italien et qui ici se transportent dans un univers très américain qui commence par un crime digne du pire châtiment dans la botte européenne : couper ses spaghettis au couteau.

On est transportés dans cet univers au non-sens très belge : des jeux de fléchettes, une danse country, un musicien en minerve et de la bière, forcément. C’est aussi débile que profondemment réjouissant, ça nous fait sourire et on y croise même des visages connus (coucou Ed Mount).

Musicalement, le quintette ralentit le rythme et nous offre avec Un Amore Debole un nouveau petit tube, qui emprunte autant à la disco qu’aux Strokes et qui permet une nouvelle fois à Victoria de nous embarquer dans un univers auquel on ne comprend presque rien, mais qu’on imagine par bribes, pour le plus grand bonheur de notre imagination.

Impossible de ne pas danser et de ne pas secouer la tête, surtout quand un excellent solo de guitare se mêle à une basse entêtante pour notre plus grand bonheur.

En attendant la sortie de leur premier effort en novembre, vous pouvez en découvrir plus sur le groupe dans notre interview par ici. Pour le live, on vous donne rendez vous le 14 octobre au MaMa.

Pi Ja Ma – America

Forcément, avec un titre intitulé America, on se doutait bien que Pi Ja Ma allait nous offrir un clip au minimum décalé, au mieux hilarant et fou. Et c’est exactement ce qui s’est passé grâce à Vicente Sahuc, qui transforme la France en une Amérique fantasmée comme on en rêve souvent.

Grâce à une recherche de lieux, de clichés et de superbes perruques et tenues au diapason, Pi Ja Ma et Axel se transforment en Linda Sauvage et John Civière et on les suit dans des aventures où l’on croise des chevaux, des chiens, une voiture à pédales et un superbe saxophoniste qui apparait ici et là au gré du morceau.

Assez étrangement, le clip se fait un contrepoids parfait de la douce mélancolie qui se diffuse du titre. Une manière de parer la tristesse propre à notre chère Pi Ja Ma, et à laquelle on adhère totalement.

Si vous souhaitez les retrouver sur scène, ils seront ce jeudi au Grand Mix pour le Pop Factory avant de remplir Les Etoiles à Paris le 6 octobre. Pour les retardataires, pas de souci, une nouvelle date a été annoncée en mars au Hasard Ludique.

Seasonal Affective Disorder – Pretty Mess

L’automne est de retour et entraîne avec lui notre Seasonal Affective Disorder préféré. Non pas la dépression qui finira à un moment ou un autre par nous tomber sur le coin de la gueule, mais bien le super groupe normand qui s’était fait discret depuis la parution de Quatre en 2019.

Les voilà de retour et en pleine forme avec Pretty Mess, un titre punk DIY qui annonce l’arrivée de Juste Avant Le Matin le 20 octobre prochain.

Un petit bonbon mené tambour battant, une ride folle de deux minutes à peine qui semble coller parfaitement à la douleur et à la puissance des sentiments qu’il exprime. C’est déglingué, sauvage et profondément touchant comme on l’aime.

Et puisqu’on est jamais mieux servi que par soi-même, le groupe nous offre un clip qui sent bien bon l’été, tourné dans un champ à St Martin de Sanzay. Une sorte de plan séquence rigolo et étrange qui accompagne la musique. En plus de ça, on vous conseille de profiter de la minute qui suit le titre et qui nous a fait carrément rire. De quoi tenir la dépression de côté encore un peu.

Joesef – Joe

On triche un peu avec ce clip sorti il y a dix jours et proposé par l’ami Joesef. Le chanteur explore cette fois la dysfonctionnalité des relations amoureuses, dans leurs passions mais également leur toxicité voire leur violence physique et verbale (« Joe, you’re nothing without me »). Pourtant, l’ambiance du morceau est presque joyeuse et dénote particulièrement du texte et de la mise à l’image.

La folk pop entraînante nous ferait dodeliner de la tête en remuant légèrement le bassin si le sujet n’était pas si grave. Une thématique néanmoins toujours intéressante dans le contexte actuel et une occasion de rappeler que la violence n’est pas acceptable dans les relations interpersonnelles. Ça peut paraît reévident à écrire mais c’est toujours bon de se le rappeler. En attendant, on retourne attendre la suite des aventures de Joesef.

Amelia Moore feat ASTN – next door

À l’image d’un teen-movie tiré tout droit des années 2000, le clip de next door met en scène ASTN et Amelia Moore, jouant le rôle de voisins épris l’un de l’autre. La recette est simple mais fonctionne : des refrains parsemés de mots d’amour, un air dansant, et le tour est joué.

Le clip alterne entre images tournées au caméscope et plans des deux tourtereaux chez eux, le tout agrémenté de quelques effets vintage. L’artisanalité du clip fait doucement sourire : les posters affichés dans leurs chambres d’adolescents sont floutés grossièrement, certains moments sont filmés par les artistes eux-mêmes… C’est en réalité ce qui fait tout le charme du clip et de la musique d’Amelia Moore en général : de l’indie pop à son état pur, comme il nous en avait manqué.

ella jane – I Wanna

“I wanna be in love” répète inlassablement ella jane dans son nouveau morceau, I Wanna. Accompagné d’un clip où l’on retrouve l’artiste en rendez-vous amoureux avec sa copine, le titre conte le début d’une romance, agrémentée de souvenirs en tous genres, amenant une certaine nostalgie retransmise à merveille par le clip et l’énergie qui s’en dégage.

On y voit les deux femmes rigoler toute la nuit, s’amuser ensemble, et se dire au revoir à contrecoeur avant de chacune rentrer de leur côté. Le clip se termine par une outro (qui amène une réelle plus-value) dans laquelle ella jane, en voiture, se remémore les bons moments passés avant de monter le son de la radio, qui passe (surprenamment) sa chanson.

Oracle sisters – Tangerine

Le trio folk-pop Oracle Sisters, qui nous avait charmés avec leur EP Midnight Afternoon (chronique à retrouver ici), revient cette semaine avec le nouveau titre Tangerine. Ne dérogeant pas à leur habitude, les Oracles délivrent ici un morceau tout en douceur et subtilité, avec Christopher Willett au chantaccompagné par les choeurs de Lewis Lazar et Julia Johansen. 

Le clip du morceau est constitué d’ images du groupe sur l’ile grecque d’Hydra, lors de l’enregistrement de leur premier album (qui sortira cette année) au studio Old Carpet Factory. 

Avec ses rythmes chauds, son instrumentation audacieuse – une flûte venant compléter les guitares et percussions du groupe – et ses paroles douces amères, le morceau nous entraine avec grâce dans les réminiscences d’un été qui se termine.

Mikano – Fug’d Up

Mikano, c’est le genre d’artiste dont on pourrait trop facilement oublier la nationalité. Si sa musique semble très américaine, c’est pourtant bel et bien depuis la France qu’il officie. Fort de ces voyages, il arrive à toucher à n’importe quelles sonorités et à les coupler à des visuels de bonne facture. 

Cette semaine, il est revenu très en forme avec le banger Fug’d UP et son clip réalisé par Yvng Wing(3SPICE). 

Sur l’instrumentale saturée de Sutus et Dayrick, l’artiste enchaîne de manière frénétique les décors : les rues de La Défense et les ruelles de Séoul. Cela de jour comme de nuit, montrant sa grande polyvalence et sa capacité d’adaptation. 

Musicalement aussi c’est le cas, avec ce changement d’instrumentale maîtrisé et accompagné d’un flow plus mélodieux tout aussi appréciable.

H JeuneCrack – Vrai Crack

L’adage : « entre tradition et modernité », fait souvent sourire, mais pourtant une nouvelle vague de jeunes rappeurs remplis de fougue ne cesse de le confirmer. Bercés par un rap où la rime utile est primordiale, plusieurs artistes viennent remettre une forme de technique au goût du jour, tout en posant sur des instrumentales aux multiples influences qui jalonnent la musique actuelle, faites de mélanges aussi surprenants que jouissifs. Parmi eux, H JeuneCrack comme à imposer sa patte et à se transformer en Vrai Crack. Toujours muni de sa plume aux multiples sens, il s’accompagne de TKSH à la réalisation pour mettre en images cette nouvelle performance.

Le clip arrive à retranscrire en images ce qui vient d’être explicité plus haut. Entre plan serré nocturne dans une zone urbaine où le jeune artiste pose bonnet vissé sur le crâne et veste Champion sur le dos et plan complètement digitalisé, le pont entre le neuf et l’ancien est à nouveau opéré. Et si au final, le rap comme la mode n’était qu’une question de cycles ? 

Josman – Intro

S’il a parfois tendance à tourner en rond, Josman n’a plus rien à prouver : entre hit envoûtant et noirceur profonde, il a su pondre des morceaux qui ont parlé au plus grand nombre.

Sorti cette année, son dernier projet M.A.N (Black Roses & Lost Feelings) s’ouvre sur un titre sobrement intitulé Intro. Une ouverture de projet qui marque par cette guitare électrique qui donne du relief aux questions obscures que se pose le rappeur. 

Pour les mettre en lumière, il a décidé de continuer à accorder sa confiance au réalisateur Marius Gonzalez, qui a pris le parti de filmer plusieurs scènes de vie où la solitude et le poids de la vie sont omniprésents. Par ses placements de caméra, il arrive toujours à leur donner un caractère cinématographique qui prendra son climax dans une interlude riche de sens. 

Broken Bells – Love On The Run

Votre téléviseur n’est pas déréglé, vous visionnez juste le troisième single de la space odyssey de Broken Bells intitulé Love On The Run. Dans la suite plus que logique de We’re Not in Orbit Yet et Saturdays, ce troisième titre perpétue l’esthétique toute particulière du duo californien. En effet, on retrouve tous les éléments rétro-futuristes, techno-poétiques et spatio-terrestres que l’on a pu voir dans leur précédents clips. 

Broken Bells, c’est ça : un univers graphique et musical d’une parfaite maîtrise. Les harmonies scintillantes nous charment dès la première écoute et ne nous lâchent plus. La douceur des voix sur un rythme planant qu’accompagne la mélodie du piano donne à ce titre une complétude de perfectionniste. A chaque nouveau titre, on glisse un peu plus, sans retenue, dans le plaisir vertigineux de ce nouvel album, Into The Blue, qui sortira le 7 octobre prochain ; un disque qui promet d’être une merveille.

GUTTI – RIC FLAIR

Gutti a fait son retour cet été avec la sortie des singles Tony Montana, Ns Mood et Nouvelle Prada. Le Bruxellois a également voulu fêter la rentrée avec le titre et la sortie du clip Ric Flair, référence au célèbre catcheur.

Réalisé par Le S Production, le clip met en scène le rappeur dans la peau du Nature Boy Ric Flair. Des petits pas de danse aux ceintures jusqu’aux costumes trois pièces et cigares, Gutti s’est totalement métamorphosé pour rendre hommage à cette légende du catch. Voulant jouer la carte du divertissement sportif à fond, il s’est même essayé à quelques prises dans un ring face à un catcheur masqué.

À la fin du clip, le rappeur annonce la partie deux de son tout premier projet, New State, dont la sortie est prévue pour le 07 octobre. Si il est aussi bon que son prédécesseur, Gutti peut devenir un concurrent de poids pour remporter la ceinture de champion, et mettre tous ses adversaires KO.