Les clips de la semaine #141

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la sélection numéro 141 des clips de la semaine.

Kids Return – Lost In Los Angeles

La semaine passée, nous avons omis de parler de ce duo prometteur constitué d’Adrien Rozé et de Clément Savoye, a.k.a Kids Return. Impardonnable, vous nous direz, mais pas de panique, on se rattrape de suite.

Lost In Los Angeles, dernier single en date donc, s’est vu accompagné d’images une nouvelle fois réalisées par Tara-Jay Bangalter, l’unique. On y voit ici les deux protagonistes en question, dans un premier temps perdus puis réunis sur fond de paysages californiens ensoleillés. On les suit ici et là, complices et sourire aux lèvres, tout en étant complètement séduits par les mélodies entêtantes dont seuls les deux compères semblent détenir le secret.

Leur premier album, Forever Melodies, sortira le 7 octobre prochain. Tenez-vous prêts.

Phoenix – Tonight featuring Ezra Koenig

Phoenix et Ezra Koenig sur un même morceau. Voilà une collaboration que nous n’avions jamais osé espérer un jour. Pourtant, la voici, et quelle satisfaction immense que de voir ces deux noms côte à côte.

Avec Tonight, on retrouve ici nos versaillais adorés errer dans les rues de Paris, mais également au sein du Musée des Arts Décoratifs, lieu au sein duquel Alpha Zulu, septième album studio prévu pour le 4 novembre prochain, a été conçu et enregistré.

En parallèle, le réalisateur Oscar Boyson y a associé des images du chanteur new-yorkais de Vampire Weekend à Tokyo, lequel semble partager, avec Thomas Mars, une lecture commune et appréciée du quotidien Le Monde.

Ce nouveau single, énième tube pour le groupe, a de quoi ravir les aficionados les plus fidèles, tant il réunit à la fois la lumière de It’s Never Been Like That et la magie de Wolfgang Amadeus Phoenix. Un vrai régal, en somme.

Plus que deux mois et demi avant de retrouver Phoenix pour deux Olympia complets les 28 et 29 novembre prochains. On compte les jours ! Vite !

Crenoka – Pale Sun

Il y a quelques mois, Crenoka sortait Earth Capsules, une mixtape intimiste que nous vous avions présenté ici, sur La Face B. Une effusion sensitive qui baigne dans une Bedroom Pop profonde et surréelle.

Ce mercredi, l’artiste française nous a partagé un nouveau clip qui vient imager son titre Pale Sun, issu de Earth Capsules. Le morceau porte sur ces non-dits qui finissent par cogner dans la gorge pour sortir, et qui nous laissent un arrière-goût de remords. Les regrets, les souvenirs, la mélancolie. Sur une instrumentation minimaliste aux accents electro, Crenoka nous touche en plein cœur avec sa voix si douce et ses mélodies enivrantes. Le texte, très poétique, oscille entre le russe, l’anglais et le français avec une cohérence déconcertante.

Côté clip, Judith Florent-Lapara use d’une mise en abîme astucieuse, mêlant images de l’enfance de Crenoka en Arizona et images plus récentes. Le sentiment de nostalgie est imparable, le rendu VHS ajoute un charme fou à l’ensemble et c’est une grande douceur qui emplit le cœur face à ces images.

Black Lips – No Rave

Le gang d’Atlanta renfile le cuir pour un dixième album studio intitulé Apocalypse Love et le moindre que l’on puisse dire, c’est qu’autant vestimentairement que musicalement, ils ne font pas dans la dentelle. 2022, pas une ride ni cheveux blancs sous la gomina, et le blouson noir n’a rien perdu de son effet ; clouté ou à franges, il reste l’emblème du rock le plus indomptable.

Du regard, ils défient ce mouvement musical qui a parfois évolué dans des normes trop consensuelles.

Avec Black Lips, rien de tout ça. On aime le crasseux, les sons stridents et destroyed afin de puiser une énergie brute que seuls ceux qui n’ont pas peur de se salir les mains arrivent à dénicher. Grâce à une multitude d’outils éclectiques, cette mécanique pétarade comme jamais. Bref, le rendez-vous est donné  au 14 octobre, date de sortie de l’album et apparemment, eux sont déjà prêts à en découdre.

Primevère – Neurasthénique

La neurasthénie se définit comme le syndrome de la fatigue chronique. Ceux qui en souffrent déclarent en général des symptômes proches de ceux de la dépression. Vous comprendrez donc aisément que ce nouvel extrait du deuxième album de Romain Bénard aka Primevère, Neurasthénique, ne soit donc pas des plus joyeux. On découvre un univers de contemplation, souligné par la mise en images qui nous emporte autant qu’elle nous apporte de confusion.

L’instrumentation est minimaliste et sert le propos d’un morceau qu’on s’imagine écouter avec le casque sur les oreilles en regardant par la fenêtre un jour de pluie. C’est un bon prétexte pour rester au lit et vadrouiller en pyjama en ce dimanche de septembre. Pour la suite, qu’on attend déjà, ce sera en Octobre (le 22), et le titre est aussi clair que mystérieux : II.

Lachinos – Fujisan

Ils nous avaient manqué. Deux ans après leur premier EP, les Lachinos sont de retour et continuent d’explorer le monde. Si leur musique s’inspire toujours de l’Amérique du Sud, c’est pourtant à l’autre bout du monde qu’on les retrouve avec Fujisan, un morceau qui rend hommage au mont Fuji.

Ça groove sévère, les percus nous empoisonnent, les notes psychédéliques nous hypnotisent et on se retrouve sans résister dans un monde différent, où tout est plus beau et plus simple.

En parlant d’exploration, le clip qui l’accompagne est sans doute le plus WTF de la semaine. Julia Tarissan nous entraîne ainsi dans une grande aventure médiévale sous acide, dans laquelle notre héros part pour une quête étrange, explorant des régions et des saisons différentes pour combattre un dragon à deux têtes et retourner entre les murs roses de son chez-soi.

Tout un programme qu’on vous invite à découvrir avec vos deux yeux .

Ottis Cœur – Labrador

Youpi, revoilà Ottis Cœur !

À chaque nouveau titre du duo, c’est un peu notre cri, car on sait qu’on va se prendre une bonne claque rock’n’roll dans la tronche. Et Labrador ne fait pas exception à la règle. Toujours dans le pur style des filles, le morceau nous offre 2 min 40 de rock bien nerveux, toutes guitares dehors et rempli d’une rage bienvenue et d’empowerment comme on l’aime.

Car oui, ces nanas-là ont des choses à dire et continuent d’écraser le patriarcat sous leur boots noirs. Labrador, c’est le morceau parfait pour dire non aux clichés, aux attentes et aux désirs et fantasmes masculins. Ici, on vit sa vie comme on l’entend, on écoute ses envies avant tout et on dit merde aux choses qui ne correspondent pas à nos plans de vies.

Pour accompagner le morceau, Ottis Coeur a profité d’une tournée au Pérou pour nos offrir un clip en forme de carnet de voyage. On les suit donc à toute blinde entre l’aéroport, les villes et la scène. L’occasion aussi de (re)découvrir, les deux autres étoiles de leur carré d’as musical : Johanne, leur ingénieure du son, et Amélie, aka Kiki la frappe, leur batteuse. Une team qu’on aime d’amour et qu’on continue de suivre avec bonheur, notamment après leur concert fabuleux à Rock en Seine.

Temps Calme – Off The Mark

Si le temps est calme, la tempête n’est jamais loin. Et ça, le trio lillois l’a bien compris. Derrière ce nom, qui semble laisser grande place à l’introspection, se cache en réalité des coups de tonnerre et des vagues déchainées.

Temps Calme joue des ambiances et des émotions et nous entraîne dans un monde en constante évolution, où les boucles sonores se mêlent et se transforment. C’est une nouvelle fois le cas avec Off The Mark, nouvel extrait de leur prochain album, qui nous entraîne dans un monde étrange où le meilleur de la French Touch se serait mélangé au talent de la krautrock, pour donner naissance à cet univers surprenant et obsédant.

Alors on ferme les yeux et on se laisse emporter par des nappes à la fois douces et dangereuses, dans un univers rempli d’incertitudes.

Cette idée, Armin Zoghi l’a bien comprise, et transforme le trio en héros masqués, chacun représentant un animal, une couleur, une émotion. On les suit dans des aventures en bord de mer, autour d’une table de ping pong, et on se plaît à imaginer des histoires et des cauchemars autour de ces images et de cette musique, qui ne laissent place qu’à une chose : l’imagination.

Laure Briard – My Love is right

My Love is Right, clame Laure Briard dans son nouveau titre qui annonce, par là-même, la sortie de son futur album (prévu pour le début 2023) qui s’appellera Ne pas trop rester bleue. My Love is Right, dont les mots composent le refrain, se pose comme un mantra pour lui donner la force d’assumer ses choix et ses inspirations, « Please don’t blame me for being myself ». 

Musicalement, elle nous propulse dans son univers si caractéristique, qui mélange sonorités seventies so british et fragrances psychédéliques. Laure Briard, sachant toujours bien s’entourer, a réuni une dream team constituée de Vincent Guyot (aka Pieuvre), Raphaël Léger à la batterie (Cléa Vincent, Tahiti 80, …), Julien Gasc à la basse, ainsi que Hedi Bensalem (Sarah Maison), dont l’envolée de flûte hypnotique accompagne la fin du morceau, Maxime Chamoux (Pharaon de Winter) qui, pour assurer les chœurs, délaisse les serials killers le temps d’une chanson, et bien sûr les comparses de Midnight Special Records (Victor Peynichou et Marius Duflot).

Pour illustrer le clip, Laure Briad a fait appel à Lou Benesch, qui accompagne depuis longtemps, de ses dessins fantasmagories, l’entité visuelle de MSR. Laure Briard et Lou Benesch, deux mondes singuliers qui se rejoignent et s’accordent à merveille. My Love is Right, assurément.

Charlotte Fever – Septembre

Septembre arrive et avec lui la fin des vacances, des moments insouciants et des sentiments – aussi forts soient-ils – que l’on sait éphémères. De beaux instants que l’on préserve de l’oubli en les transformant, avec toujours un soupçon de nostalgie, en délicieux souvenirs. « Est-ce que tu penseras à moi un peu ?». 

Charlotte Fever nous embarque dans une synthpop où les voix de Cassandra et d’Alexandre s’entremêlent et se répondent. Alternant phases chantées et parlées, les mots résonnent au même titre que les échanges complices et un brin coquin dont les fils tissent l’ivresse de cette bluette chatoyante. Une romance qui chante la nostalgie des amours des vacances passées, prémices des nostalgies qui nous accompagneront tout au long du mois de septembre. L’été est fini, le soleil se couche à l’horizon, emportant avec lui les images qui resteront imprimées dans nos mémoires.

nelick – mac lesggy

Après sa présence remarquée sur la Walk Tape en juin dernier, nelick fait son retour en solo avec le single mac lesggy, qu’il accompagne d’un clip haut en couleurs. Il s’y improvise glacier, aux côtés de personnages dont la folie empire au fil du clip : une enfant capricieuse, une grand-mère dont la manière de manger laisse à redire, ou encore un étrange lapin.

On y retrouve l’univers enfantin qu’on avait pu découvrir sur ses précédents projets, qui contraste avec ses textes emplis d’egotrip et d’insolence. Des punchlines salaces mais toutefois techniques, un ton espiègle, un refrain entraînant parfait pour la scène : les ingrédients sont tous là pour un morceau trap comme on en a l’habitude, mais c’était sans compter l’envie de nelick de casser les codes et d’imposer son esthétique bien à lui. 
Ce mélange devient homogène grâce à sa complicité avec le producteur du titre, Kofi Bae, spécialisé en indie-pop et en lo-fi, qui insère dans le morceau une atmosphère planante ainsi que des bruitages de jeux-vidéos, se rappelant ainsi à l’atmosphère enfantine que nelick cherche à créer. Il nous tarde de découvrir la suite.

Koudlam – Old Feeling

Existe t-il une manière d’attirer l’attention d’un artiste lorsqu’on est fan de lui ? Une vaste question à laquelle The 4TH Dimension & Robin Lachenal semblent avoir trouvé une réponse aussi étrange que poétique : graver le visage de son héros dans la roche en mode expédition DIY.

Un élan de folie qui a semble t-il touché Koudlam en plein cœur, puisque le musicien a décidé d’utiliser cette vidéo pour présenter son nouveau titre, Old Feeling. Et lorsqu’on visionne le tout, on n’aurait pas idée que l’un n’a pas été fait pour l’autre, tant cette histoire semble coller parfaitement à la tension qui s’élève de ce morceau poétique et presque chamanique.

Un élan romanesque et presque mystique s’élève du tout, lorsque les images de l’expédition se mêlent à l’apparition du musicien, cow-boy solitaire vêtu de blanc qui surgit des ombres comme une présence qui oscille entre la vie et la mort.

Du tout bon en attendant la sortie de son nouvel album, Precipice Fantasy.

Johnny Jane – Zéro

Réalisé par Clovis P et produit par Rove, le dernier clip de Johnny Jane, Zéro, évoque la liberté dans la réinvention, loin des carcans d’une nostalgie réactionnaire imposée. On y suit le périple libérateur d’une joyeuse bande explosant son urgence à vivre à contre-courant, bringuebalant son je m’enfoutisme et ses rêves d’ailleurs d’une caravane aux oyats fous d’une plage du Nord… « Rien n’a changé vraiment / Le vide est toujours grand » : le vertige border éprouvé dans la chair, conjuré par un présent tourbillonnant, se raconte au gré d’un son entraînant qui vous collera aux synapses. Un sans-faute, une fois encore, pour l’Orléanais au franc-parler qui fleure bon le béton et les nuits interminables.