Les clips de la semaine #140 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, voici la première partie de la sélection numéro 140 des clips de la semaine.

SÜEÜR – Arrêt d’urgence

De la rage à l’apaisement … Deux mois après un excellent Rage2, bouilonnant d’une colère froide, et injustement foutu en l’air par les algorithmes youtube, SÜEÜR est de retour cette semaine avec Arrêt d’urgence, nouveau morceau qui annonce l’arrivée d’un nouveau projet à l’automne.

Un arrêt d’urgence, le besoin de marquer le temps, de prendre du recul, de regarder le monde qui nous entoure. En douceur, dans un calme qui embrase le besoin de vivre et de respirer un instant, Théo surprend. Si le mot est toujours aiguisé, puissant et mouvant, il ralentit le tempo, il laisse percer la lumière le temps d’un morceau, nous poussant à suivre son chemin. Comme un chemin de pénitence, une réconciliation avec soi et avec les autres, laissant pour un instant la noirceur du monde derrière soi.

Une percée vers le solaire et vers l’humain qu’il met parfaitement en images, dans cette aventure pas vraiment solitaire qui lui permet de revenir à lui même et de se reconnecter au monde.

Comme toujours SÜEÜR touche parfaitement au corps et au cœur, car on n’a jamais tort quand c’est la sincérité qui parle.

Un morceau qui, on en est sûr, résonnera particulièrement en live, alors qu’on s’impatiente d’enfin le retrouver le 24 septembre à Béthune et le 07 octobre à La Boule Noire.

Awir Leon – Coming Home

On ne cherche même pas à le cacher, chaque morceau de François, aka Awir Leon, est vécu par chez nous comme un petit évènement. On l’aime de tout notre cœur et il nous le rend parfaitement, la preuve une fois encore avec Coming Home.

Après une longue tournée à accompagner Woodkid, il était en effet temps de rentrer à la maison. Un morceau qui se joue comme un coucher de soleil, une sorte de calme après les tempêtes, lorsque tout s’éclaire et devient fatalement évident. Porté par la douceur qui le caractérise, il chante cette douce accalmie, cette évidence de l’existence qui permet de faire ralentir le tempo du coeur (et ici de la musique).

Il y a cette idée de générique de fin, d’Ulysse qui termine son voyage (quoi de plus logique après un titre intitulé Atlantis). Bien moins cryptique que dans ses autres morceaux, Awir Leon laisse ici parler une sincérité sans fard, une vérité de l’âme qui nous embarque tous.

Et quoi de plus incontestable qu’un petit road trip pour accompagner ce morceau ? Imaginé par Neels Castillon, on suit Awir dans ce voyage de retour, comme une boucle de vie qui le ramène chez lui, les routes et les gens défilant alors que le soleil faiblit et que le coeur s’allège.

Beau et bouleversant, comme toujours avec le nordiste.

ASHWARYA – Can’t Relate

Une batte de baseball aux aspects de boule à facettes, un style extravagant tout droit sorti du futur, nous voilà embarqués dans le nouveau clip d’ASHWARYA, sobrement intitulé Can’t Relate

Simple mais efficace, il accompagne le premier single de l’année de l’artiste, qui se faisait discrète depuis la sortie de son dernier EP, “NOCTURNAL HOURS”. 

On l’y voit se dédoubler, laissant ressortir ses différentes personnalités : l’une récite les paroles d’un air excédé, l’autre se déchaîne sur le morceau jusqu’à presque en devenir folle, le tout sur un simple fond blanc, qui s’assombrit au fil du clip, métaphore de la folie de la chanteuse. 

Du rouge, du noir, du blanc, le tout mélangé à une bonne dose de pop alternative futuriste, la recette habituelle d’ASHWARYA pourrait presque nous lasser, mais c’était sans compter la créativité de l’artiste, qui parvient à nous proposer une interlude, un morceau caché, le tout inclus dans ce titre d’à peine 2 minutes. L’animosité fougueuse envers ses haters laisse ainsi place à un chant aux allures presque évangéliques, accompagné d’une mélodie recréant le son d’un orgue, à travers lequel elle tente de calmer sa colère. Mission échouée, puisqu’elle conclut le son en repartant dans une hostilité profonde pour ceux qui la critiquent et parlent dans son dos.

Un air catchy propre à l’artiste, un univers chaotique et déstructuré, une esthétique et un stylisme travaillés : tous les éléments sont là pour apprécier le grand retour d’ASHWARYA.

Molly Payton – Do It All The Same

Filtres vintage, images tournées au caméscope, et stylisme en clin d’oeil aux nineties, le mot d’ordre du nouveau clip de Molly Payton est définitivement la nostalgie. On y retrouve des sonorités indie-rock typiques de la chanteuse, qu’on avait pu découvrir l’année dernière dans son premier mini-album (comme elle le définit), Stacks

Elle exprime à travers Do It All The Same son amour et sa reconnaissance sans faille envers son compagnon, qui lui a permis de trouver une certaine stabilité lors d’une période de sa vie où doutes et inquiétudes quant à son avenir primaient.

La sortie du single marque le retour de l’artiste dans la musique après presque un an d’absence, et annonce surtout la sortie de son prochain EP, Compromise, pour le 28 octobre prochain. Référence aux nombreux compromis que la chanteuse a dû et devra continuer à faire pour pouvoir vivre de sa passion comme elle l’entend. 

4 nouveaux morceaux qu’elle aura l’occasion de défendre sur scène cet automne puisqu’elle fera la première partie de Beabadoobee sur sa tournée australienne, avant de, on l’espère, nous rendre une petite visite à Paris !

The 1975I’m in Love with You

Le quatuor dévoile déjà le troisième single de son cinquième album, Being Funny in a Foreign Language; qui sortira le 14 octobre prochain. I’m in Love with You fait partie des balades good vibes que le groupe aime tant faire. Du pop rock FM qui plaira aux fans de la première heure sans révolutionner The 1975. La prestation reste fort agréable, par ses sonorités pures et enjouées. Le clip qui accompagne le single vaut en revanche plus d’intérêt. Filmé entièrement en noir et blanc dans un chantier naval historique de l’Angleterre, il narre la rencontre amoureuse et délirante de deux mimes. La scène de la danse à la Buster Keaton est très certainement le moment épique de la vidéo. Les plus attentifs auront remarqué un court caméo de Phoebe Bridgers.

MOUNDRAG – Demon Race

Les frangins de MOUNDRAG ont sorti cette semaine leur tout premier clip, et autant vous dire qu’on retrouve bien leur esprit barré !

C’est à l’occasion du single Demon Race que nous est offerte cette première expérience vidéo psychédélique. Niveau son, c’est du gros son, pas de doute. MOUNDRAG continue bel et bien d’enflammer le bitume avec leur auto-nommé ‘Hard Prog Heavy Psych’. L’absence de guitare, qui est un peu la marque de fabrique du power duo, passe inaperçue tant leur projet est bien ficelé. Eh oui, on peut faire du rock qui envoie sans guitare saturée. Organ Fury nous balance des salves de notes enflammées avec son orgue Hammond et son Mellotron tandis que Dr. Mad Drum nous régale en utilisant ses fûts et cymbales à la manière de ce qui se faisait de mieux dans le Rock Psyché aux accents Proto-Stoner des années 70. Une basse vient étoffer le tout, tenue par Goudzou du groupe Komodor. Ça envoie, ça défrise, ça faisait un sacré bail qu’on n’avait pas entendu ça en dehors des playlists back to the seventies.

Niveau clip, on y voit le groupe nous interpréter le titre avec une fougue communicative. Les dégaines sont au top, sans rire, ça leur va bien. L’image est volontairement vieillie et ça bouge dans tous les sens, de quoi définitivement nous prendre et nous emmener ailleurs, avec eux, assister à cette Demon Race, au temps où porter la Hulihee n’était pas nécessairement une faute de goût. Plus sérieusement, le groupe joue à fond son univers retro et décalé, et le fait bien, allez voir ça, ça fait du bien.

Confidence Man (feat. CHAI)Angry Girl

Ce n’est pas véritablement un clip mais juste une animation mettant en danse les deux formations. Cependant, Angry Girl est sûrement l’un des meilleurs titres du quator australien sur son deuxième album TILT, et il méritait bien un coup de projecteur. Le morceau est ici remodelé puisque le collectif japonais CHAI vient apporter sa patte sur les paroles.

Le succès de Confidence Man avec leur prestation énorme à Glastonbury les a poussés a ressortir un EP intitulé RE-TILT avec invités de renom comme Tame Impala, rien que ça !

Gorillaz (ft. Tame Impala & Bootie Brown)New Gold

Là encore, ce n’est pas véritablement un clip mais juste in visualiZER. Mais l’excitation de voir la collaboration entre deux géants de la musique indépendante est trop forte. On passera donc vite fait sur ces images dorées et psychédéliques, même s’il est plaisant de retrouver les personnages iconiques de Gorillaz. La voix de Bootie Brown, membre de The Pharcyde, vient donner des coups tranchants et tristes dans un monde passif tourné vers sa propre inévitable fin, orchestré par la folie des richesses « New Gold, Fool’s Gold ». New Gold a déjà tout un hit et sera le sixième morceau du futur album de Gorillaz, au nom de Cracker Island, pour une sortie prévue en 2023. Bad Bunny, Thundercat ou encore Beck y seront présents.

Special Interest (ft. Mykki Blanco )Midnight Legend

Chaque clip de Special Interest est un véritable court métrage magistralement bien filmé. La vidéo de Midnight Legend est destinée aux clubbers en fin de soirée. A la fois délirante et triste, elle met dans un premier temps en avant la déchéance de la fête entre drogue, excès d’alcools, sexe et violence dans une boite de nuit queer. Quand la lumière ressurgit, la déception de chacun est grande puisqu’il faut désormais s’abandonner à la solitude. Les synthés sont clairs et sautillants et les basses percutantes. Le groupe, appuyé par le rappeur Mykki Blanco du collectif Loggout, met en avant l’amitié et valorise les filles libérées de tout regard extérieur, comme lors de ce moment où le trio féminin, en talons hauts, danse dans la cour d’une église au lever du matin devant des passants abasourdis.

Le morceau fera partie du prochain album très attendu Endure, après l’excellent Passion Of.

Babysolo33 – Leçon2Princess

Après avoir tourné une bonne partie de l’été en festival, Babysolo33 fait sa rentrée en ce début septembre avec le clip de Leçon2Princess réalisé par L’Enfantôme.

En plein dans la direction artistique de la jeune artiste, ce nouveau clip plonge directement dans son enfance : une période faite d’insouciance et de danse entre copines. Et ces mêmes copines l’accompagnent dans ce visuel. Elles posent toutes les trois le regard sur leur passé, mis en scène par trois jeunes danseuses les incarnant à merveille. 

C’est avec ces yeux d’adultes que Babysolo33 pose un regard nostalgique sur ses envies de petites filles, celles faites de rêveries et de paillettes. 

Sans jamais tomber dans la mièvrerie, elle en profite pour exposer aussi les rêves brisés, ceux qu’elle idéalisait avant de comprendre à quel point ils peuvent être nocifs.

« Le love, c’est pas comme dans les films
Pour ça, y a toujours les copines »

Toujours aussi envoûtante et pertinente, cette rentrée est le bon moment pour sauter dans l’univers captivant dépeint par la jeune bordelaise. 

Chad de la Cour & Moyà – Midnight Dream (Le dessin animé)

Le média Pépite est peut-être l’un des canaux les plus intéressants pour la découverte de nouveaux talents gravitant autour du monde du rap. Constamment force de propositions, il n’hésite pas à accompagner certaines sorties, comme c’est le cas ici avec le visuel de Midnight Dream, la collaboration entre Chad de la Cour et Moyà. Mis en image par Dreamy et Arno Antton, le titre prend des allures de dessin animé. Les dessins de Dreamy accompagnent l’ambiance contrastée du morceau.
Sous ces airs de ballades ensoleillés, la nostalgie des deux rappeurs y apportent une touche de froideur, tout comme les guitares aux sonorités emo-rock. Cette dualité s’implante à l’image avec des motifs et silhouettes aux couleurs flashs sur un fond noir. Cette balade fait penser à celles qui se font une fois le soleil couché et la lune scintillante, quand les remords viennent se mélanger à l’espoir de meilleurs lendemains.  

Tristesse Contemporaine – Sly Fox

Vous prendrez bien une petite dose de groove pour terminer cette première partie des clips de la semaine ?

Alors qu’ils viennent d’annoncer l’arrivée de leur UNITED! pour le mois d’octobre, Tristesse Contemporaine nous offre une petite dose de joie cette semaine avec l’excellent Sly Fox.

Enlevé, dansant, cette petite pépite funky est le genre de tube imparable qui nous contamine dès la première écoute. Et on n’est qu’à moitié étonné de réaliser que le trio a travaillé avec le petit génie Lewis OfMan sur ce morceau.

Pour l’accompagner, on est embarqué dans un clip animé réalisé par Laura Passalacqua. Un monde onirique ou tout est possible, où tout se transforme et s’emballe au rythme de cette petite pépite. Première partie d’un triptyque de clips, la vidéo se vit comme un étrange trip sous acide qui nous inonde autant de ses couleurs que de sa folie. Un must à découvrir de toute urgence.