Les clips de la semaine #13

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Notre treizième rendez-vous, c’est aujourd’hui.

Nada Surf – Something I Should Do 

Matthew Caws et son groupe que l’on ne présente plus reviennent avec un nouvel album Never Not Together qui sortira le 7 février 2020. Mettez vos écouteurs et replongez tout droit dans votre chambre d’adolescent. Une immersion au cœur de vos querelles et histoires de cœur de lycéens, voilà l’effet instantané que nous procure Nada Surf. L’ado qui sommeille en nous ne pourra que se retrouver dans les paroles de Something I Should Do et de son clip prenant des allures de journal intime. Et si Nada Surf a su prouver son évolution au fil de toutes ces années, on ne peut s’empêcher de retrouver des vibes de Popular dans ce nouveau morceau et on s’imagine très bien l’entendre en fond d’une de nos séries d’ado préférées (oui, on parle de vous The OC et One Tree Hill). Le groupe sera d’ailleurs de nouveau en tournée dans toute la France, filez les voir pour vous remémorer les bons souvenirs.

Charlotte Dos Santos – Harvest Time

Le feu sous la glace, c’est ainsi qu’on pourrait définir Charlotte Dos Santos. La chanteuse brésilo-norvégienne (ça ne s’invente pas) déboule pour nous bouleverser avec Haverst Time. Une voix folle qui attire l’attention à la première note pour ne plus la lâcher, des notes de piano obsédantes et des harmonies classieuses et cinématographiques, la jeune femme frappe fort avec ce titre qui jouit d’une tension assez folle sous son apparente douceur. La vidéo de Fiona Godivier, onirique à souhait, nous transporte dans un univers fantasmé, accentué par un décor absolument sublime et ce voile de brouillard qui joue comme une frontière entre rêve et réalité. Bref un songe visuel et sonore sublime qui nous emporte avec lui. On en redemande. Et vite.

Delador-Likolo

Entre la pop urbaine et le rap, Delador nous fait part de ses influences africaines pour pondre une musique aux airs d’afro trap. Son dernier clip Likolo en est la preuve, entre trap et mélodie, l’efficacité est au rendez-vous. Au niveau du clip, on se retrouve dans une cité, dans un premier temps on retrouve le rappeur seul, mais par la suite il sera vite rejoint par sa bande. Ce qui correspond bien avec son refrain en lingala contre les gens qui ne l’ont pas soutenus et ses haters, il montre donc là qu’il est bien avec son équipe et les gens qui ont cru en lui. Dans ce clip, l’accent est donc mis sur la bonne humeur et l’entraide. Il remercie ses amis qui l’ont toujours poussé et en profite pour placer une petit pic aux haters.

Big Wild – 6’s to 9’s 

Alors qu’il est actuellement en pleine tournée américaine, Big Wild aka Jackson Stell ne cesse de nous rappeler de ne pas oublier son tube 6’s to 9’s. D’abord, en ayant sorti un EP de remixes dudit morceau un peu plus tôt cette année, et cette semaine en lui offrant un clip tout neuf et haut en couleurs. Un clip aussi idyllique que le morceau qu’il illustre. On se retrouve bercé au beau milieu de rosiers, de coquelicots et de fleurs multicolores, le tout sur une chorégraphie aérienne et féerique que le jeune producteur nous précise être aussi dreamy que l’énergie desservie par la chanson. On avait déjà pour habitude de se booster en chantonnant les couplets et refrain de la chanson, désormais le visuel nous fait le même effet et on se retrouve à regarder le clip avec un sourire béat sur le visage. 

TH da Freak – Twisted

Peut on dire que TH da Freak nous avait manqué ? Pas vraiment puisque la bande de Thoineau ne semble jamais loin de nos oreilles et ce pour notre plus grand plaisir. Les voilà donc déjà de retour avec Twisted, nouveau et excellent single qui annonce un nouvel EP, Hola Todos, pour la fin janvier 2020. Et on peut dire que le groupe n’a pas lâché la pédale de l’accélérateur avec ce titre toutes guitares dehors pour un morceau rageur qui semble viser une certaine personne pour le moins nuisible et forcément un peu tordue. Mais heureusement, ce genre de personnes finissent toujours par récoler ce qu’elles méritent et nous on se retrouve avec un superbe titre pour un bon pogo ou juste hurler un refrain qui nous fait du bien. La vidéo qui accompagne le titre prolonge l’esthétique DIY et faussement branleuse de TH da Freak pour un résultat réjouissant et drôle qui colle donc parfaitement à ce qu’on attendait d’eux. Mettez le son à fond, c’est hautement recommandé.

Odezenne – Delta

S’il y a bien un groupe qui trouvera à coup sûr toujours une place dans notre sélection des clips de la semaine, il s’agit bien d’Odezenne. Les bordelais prennent toujours un soin particulier pour habiller leurs chansons et c’est une nouvelle fois avec l’excellente Delta. Toujours aussi poétique, puissant et prenant, la musique du groupe trouve un miroir dans la vidéo concoctée par Bilou Marine Dricot. Une mise en image un peu cryptique dans laquelle on se perd aussi facilement et avec autant de bonheur que dans Delta, à la recherche des moindres détails, des petits sens cachés, des clés pour décoder les plans qui se déroulent devant nos yeux. Une réussite totale qui nous pousse à user le bouton replay. Un moyen idéal de se plonger une nouvelle fois dans l’univers d’Odezenne. En attendant leur passage au Zénith de Paris en 2020, le trio sera au Splendid de Lille mercredi avec Glauque en première partie.

St Graal – Amour

On était tombé en amour de la chanson, on est tombé en amour du clip. Bref pour être le plus clair possible : on est en amour d’Amour, la jolie pépite de St Graal issue de Pulsion. Œuvre poétique, éthérée, rêveuse et qui monte doucement en puissance, le titre nous obsède par ses arrangements, sa voix et son texte. Une sainte trilogie qui nous frappe le cœur pour notre plus grand bonheur. Un titre qui nous donne des frissons autant qu’il nous réchauffe le corps, qui nous prend par la main pour nous emmener en voyage dans les recoins les plus secrets de l’âme d’un artiste qui se met à nue. La vidéo de Victor Picard joue comme un tableau en mouvement, avec des couleurs tranchées qui accrochent l’œil, un plan qui s’agrandit lentement et une danseuse qui mouve presque au ralenti dans ce décor qui semble aussi familier qu’irréel. C’est beau. C’est poétique. C’est Amour.

Orelsan- Fantômes

Pour fêter les deux ans de son album La fête est finie et les un an de la réédition sobrement appelée Epilogue, Orelsan nous gratifie du clip de Fantômes. On retrouve le caennais dans une chambre à la lumière rougeâtre, ou assis, toujours dans une chambre mais cette fois sans cette lumière rouge, il est seul. Des plans extérieurs sur également présent, filmant des gens dehors dont le regard est fixé sur un bâtiment (celui dans lequel se trouve Orelsan ?), dans la seconde partie du clip, on retrouve le rappeur en extérieur avec des gens qu’on arrive difficilement à deviner derrière lui. La seule chose qui reste présente dans cette seconde partie de clip, c’est les plans sur ce mystérieux bâtiment. Mystérieux, voilà un qualificatif pour ce dernier visuel du Casseur Flowter.

Jasmïn – Priceless

Cette semaine a une forte résonance hip hop au niveau des clips mais c’est vers son pendant féminin qu’on navigue avec Jasmïn. Flow acéré, production aux petits oignons et girl power totalement assumé, Priceless a tout du petit classique immédiat qui sonne très doux à nos oreilles. La jeune femme cultive ainsi une appétence pour un son à l’ancienne, navigant entre soul, hip hop et une vibe presque reggae. Entêtant, rythmé et incroyablement cool, le titre se pare d’une vidéo d‘Antonin Wolvs qui joue aussi bien sur les clichés que sur les contrastes, pour un résultat resolument féministe et engagé. Une belle porte d’entrée pour Bloom, son nouvel EP prévu pour 2020.

The Wash – Strange Gift

L’évolution d’une jeune fille tout au long de sa vie, voilà le thème du clip de The Wash. On suit la croissance d’Eadington Graham, une jeune fille qui, comme l’œuvre de l’artiste Roman Opalka et sa série d’autoportraits, se prend en photo chaque jour de sa vie de ses 8 ans à ses 22 ans. Pas de sourires, la mine un peu renfrognée, c’est pourtant plein d’émotions qui font surface à la vision de ce clip. Le temps qui passe, les personnes qui nous entourent, le décor, changent, pas notre visage, comme un marqueur temporel s’animant selon les contextes. C’est une vraie tranche d’humanité que nous offre The Wash avec cette vidéo. C’est le deuxième morceau que le groupe dévoile après l’excellent Summer, on espère pouvoir les regarder grandir de la même manière que la protagoniste de leur clip.

Jäde- Longtemps

Proche de Lala &ce, et cela se ressent dans ses mélodies trap sombres, Jäde n’est pas pour autant une copie de la rappeuse française. Elle a son style bien a elle, oscillant entre paroles décomplexées et mélodies RnB sur une trap futuriste ou sombre. Elle sort ici son premier titre clippé. Femme bien dans son époque, elle profite d’être sous la caméra de Pierre-Emmanuel Testard pour ramener sa bande de filles. Le clip utilise les techniques vintage de la caméra Super 8 ainsi que celle du kaléidoscope, le tout avec une bonne dose de couleurs. L’artiste maîtrise à la perfection les rythmes de sa musique et l’attitude qui va avec, surtout quand, caméra à la main, elle rappe face à son miroir. C’est à coup sûr une des révélations de la scène rap, elle est donc à suivre de très près.

Effigie – Deep Down Inside

Un peu de douceur dans notre monde sans brutes (le nôtre, pas celui qui nous entoure) n’est jamais de trop. Et on peut dire qu’Effigie nous apporte une bonne dose de tendresse avec ce Deep Down Inside qui nous berce gentiment en ce dimanche après-midi avec son électro-pop où les voix aussi opposées que complémentaires du duo se rejoignent au carrefour de l’émotion. Un titre porté par des synthés épiques que n’aurait pas renié un certain duo casqué. La vidéo boisée de Simon Bonnefoy joue elle aussi des opposés, entre les couleurs, les ambiances et les personnages qui semblent aussi éloignés qu’ils s’attirent, jouant sur les miroirs, les textures et ces herbes folles qui semblent tout emporter avec elles pour un résultat lumineux et rêveur (cela semble être une thématique cette semaine) qui nous fait du bien.

Lecomte de Brégeot – Paris 1985

Le nouveau clip de Lecomte de Brégeot met en scène un homme qui rentre de son quotidien boulot, métro, dodo. Lassé de l’uniformisation et des codes qui l’enferment dans une routine maussade. Ce quotidien, il va le laisser tomber dès qu’il quitte son costume et revêt un costume de fêtes, à base de maquillage, de paillettes. C’est dans la fête que cet homme trouve son salut, les lumières, la musiques, les effusions, les démonstrations d’amour, tout ce qui conditionne la fête emplit le protagoniste d’un sentiment de liberté. La voix sensuelle d’Elle Valenci vient se fondre dans un univers de drag queen, où il n’y a pas de places pour les codes, seule la liberté est de mise. Ce clip marque l’arrivée de Fragment EP pour le 29 novembre, et autant vous dire qu’on a très hâte de pouvoir le découvrir.

Glints – Lemonade Money

L’excentrique Glints est de retour avec le premier extrait d’un projet annoncé pour mars 2020. Lemonade Money en est le premier extrait et donc le premier clip. Dans ce dernier, on y retrouve l’univers décalé de l’artiste, on le retrouve barman, mais comme annoncé dans le titre et malgré les bouteilles d’alcool derrière lui, il ne sert que des softs (limonade donc). Même dans sa salle de bain, il déversera une bouteille made in Glints de Lemonade Money sur une belle pyramide de coupe de champagne. Dans cette même salle de bain, il prendra un bain de cette boisson aussi sucrée que l’instrumentale. Les sonorités pop du refrain ne l’empêcheront pas de rapper dans la rue en costume d’ourson. Ce dernier qu’il n’enlèvera pas même pour manger un durum avec ses amis. Si cet univers décalé et rythmé vous plaît, prenez rendez-vous en mars 2020 pour ce qui s’apprête à être une explosion de saveurs.

Baxter Dury – Slumlord

Il aura suffi d’une note de basse, à peine une seconde que la chanson est lancée et nous revoilà en territoire familier. Toute la force de Baxter Dury vient de là, sa musique est reconnaissable entre mille et touche toujours son but. Entre cette basse au groove impeccable, cette voix de crooner cassée, faussement nonchalante, et ces chœurs féminins qui jouent le rôle de balance avec ce bon vieux Baxter, la recette est définitivement connue mais elle reste toujours aussi réjouissante. Slumlord est un titre formidable car il nous appartient dès la première écoute, il semble avoir été avec nous depuis toujours et va le rester pour un bon moment. Visuellement, l’anglais joue toujours à la perfection son rôle de dandy déguingandé, entre classe grandiloquente et un côté trash qui nous a toujours attiré. Toujours aussi joueur, toujours aussi bon conteur, Baxter Dury nous fait déjà saliver d’impatience devant le copieux repas sonore qu’il nous annonce avec The Night Chancers. Le rendez-vous est déjà pris et d’ici mars 2020, l’attente va être longue.

Mcbaise – She’s a Big Boy

C’est un clip animé complètement barré que nous propose aujourd’hui Mcbaise avec She’s a Big Boy. Dans un univers où le ravioli règne comme un maître, plutôt comme un fruit défendu qui vient ravir les papilles d’un peuple de femmes amazones qui se prélassent le long d’une rivière. C’est bizarre mais c’est tellement efficace, on assiste à un petit concert de raviolis humains aussi à l’aise avec leurs instruments que dans leur sauce. Cet univers gustatif, c’est ce qu’a voulu mettre en avant Mcbaise pour la sortie de Raviolo, son prochain EP qui sortira le 16 Janvier prochain. Il présente le ravioli comme son plat préféré, et a décidé de mélanger cet amour de la cuisine italienne à sa passion de la musique, une recette étrange mais qui nous fait saliver.

Arthur Ely- MAYDAY

A la fois enfant de son époque et enfant de la musique, Arthur Ely n’hésite pas à mélanger les sonorités rock, électro et hip hop dans sa musique. Comme sa musique, sa personnalité est elle aussi un mélange d’obscurité et d’humour. D’abord guitariste avant d’être rappeur, il garde un rapport avec son ancienne passion. Sûrement pour cela qu’il commence son clip par un chef d’orchestre, qui passera vite à un punk, montrant encore une fois le mélange de styles de l’artiste. Un clip qui démarre sur les chapeaux de roues, tout comme l’instrumentale. Dans ce clip d’Hector Di Napoli, il incarne à la fois un sportif, un mousquetaire ou encore un inspecteur, autant de facettes que de personnalités qu’il peut jouer. Le montage dynamique fait honneur à la puissance de l’instrumentale et à l’enchainement des divers personnages.

Theodora – Go

On part en promenade dans les rues de la ville avec Theodora et son dernier titre Go. Jamais très loin de sa basse, jamais avare de pas de danse bien sentie, l’artiste nous promène dans les rues de Paris mais aussi dans les méandres de sa musique au croisement des styles, autant pop qu’elle peut être proche d’une diction rappée ou d’impulsions électronique bien senties, Go est une matière vivante et à l’image de la jeune femme, toujours en mouvement. Un titre immédiatement addictif et puissant puisque jamais ennuyeux et toujours surprenant. Une jolie pépite qui annonce un nouvel album Too much For One Heart dont on pourra sans doute découvrir plus de titre avec sa date au 1999 le 19 décembre.

Octave Noire – Los Angeles

On reste dans le voyage mais cette fois-ci on traverse un océan puisqu’Octave Noire nous emmène aux états unis avec son nouveau titre Los Angeles. Sous la chaleur du soleil californien, c’est pourtant la mélancolie qui suinte de la musique d’Octave Noire. Une tristesse douce qu’on ressent assez souvent nous aussi et qui trouve un écho particulièrement spatiale et vibrant dans l’élégante musicalité d’un artiste qui joue avec les mots aussi facilement que d’autres jouent avec un ballon. Les phrases, prononcées de manière presque distanciée, frappent fort car elles frappent juste. La ballade est tendre, mais ne se refuse pas un petit côté épique par moment. Tout pour nous plaire en attendant un Monolithe prévu pour la Saint Valentin 2020 et un passage attendu au Pop Factory du Grand Mix.

Moussa – Élément

On termine en beauté avec un de nos coups de cœur de ces dernières années. Cette semaine, Moussa nous a pris par surprise avec pas un mais deux titres, concorde et élément. Le garçon est définitivement dans son élément, le raffinement toujours au centre de sa musique. Ici l’or et le noir sont au cœur de son clip (la ou la cover de Concorde fait se confronter l’eau et le sable) comme une confrontation entre l’ombre et la lumière, Moussa se retrouve au centre, que ce soit de sa musique, mais aussi de ce monde mystérieux, le parisien brille et nous illumine avec ce titre fantastique qui prouve une nouvelle fois que le garçon à la recette pour nous faire vibrer. Une chose est sur : le futur est sans doute à lui. Le présent aussi d’ailleurs.