Les clips de la semaine #129 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de la sélection numéro 129 des clips de la semaine.

CONTREFAÇON – STYX

Dans la mythologie grecque, Styx est une personne qui personnifie l’un des fleuves et points de passage des Enfers.

Dans la mythologie de Contrefaçon, Styx est un nouveau banger brutal qu’ils nous envoie en pleine tronche. 3 minutes 30 de sauvagerie à écouter très fort peu importe le lieu ou l’heure. Le collectif place à nouveau des petits morceaux d’un puzzle musical bien réjouissant qui nous invite à nous casser la juque et tous les autres membres avec.

Comme toujours chez Contrefaçon qui dit musique dit vidéo et une nouvelle fois, ils nous entrainent dans les univers parallèles de la vie parisienne telle qu’ils la vivent et/ou la fantasment. Filmée en caméra infra-rouge par des « explorateurs de la nuit », on se retrouve embarqué dans une virée nocturne faite de fête, d’armes, de drogues et de violence. Un monde fou sous filtre vert où beaucoup de choses se passent, pour le meilleur et pour le pire. On vous laisse découvrir tout ça.

Turner Cody and The Soldiers of Love – Friends In High Places

Alors qu’il s’apprête à prendre d’assaut les scènes françaises en première partie d’Adam Green accompagné de ses Soldiers of Love, Turner Cody, le plus belge des héros musicaux américains, revient se rappeler à notre bon souvenir avec un clip pour Friends In High Places, morceau qui donne son titre à son dernier album.

Un titre qui sent bon les territoires américains, porté par la voix si particulière de Cody et les guitares mélancoliques qui nous racontent des histoires de voyages, de vie et de déception. Tout Turner Cody condensé en un morceau qui nous frappe en plein coeur.

Et de voyage, il en sera forcément question dans le clip de Ben Chace puisqu’une nouvelle fois, c’est une promenade autour de l’Amérique profonde qui nous est offert. Des grands paysages, des vieux bourgs et des gueules cassées dans des bars poussiéreux et autant remplis d’histoires que les morceaux de Turner Cody.

Jonathan Personne – Un homme sans visage

En parallèle de sa carrière avec Corridor, Jonathan Personne trace une route assez fascinante en solitaire. Après deux premiers albums, le montréalais lance l’aventure de son troisième album, et sa signature chez Bonsoud, avec Un homme sans visage.

Dès la première écoute, on sent une véritable évolution dans la musique de Jonathan Personne. Moins complexe, plus ouverte sur l’autre tout en restant extrêmement ambitieuse, Un homme sans visage mais un vrai story-telling au cœur du morceau. Unne fable moderne, épurée, enivrante, qui nous entraine dans un univers très pop et onirique désormais centré sur la voix de Personne, subtilement mise en avant par les accords de guitare et les notes sensibles de Mellotron.

La vidéo joue elle aussi d’un certain classicisme, nous entrainant dans un jeu d’ombres et de lumières centrées sur le musicien, qui réalise lui même la vidéo. Ici le grain de l’images construit et déconstruit ce personnage mystérieux dont on ne verra jamais le visage, collant parfaitement à l’image qu’on se fait du morceau.

Robin Foster – Rocamadour

Dans la foulée de la sortie de son album PenInsular III, troisième volet d’un triptyque commencé il y a une décennie, le compositeur de musiques de films britannique Robin Foster a dévoilé cette semaine son nouveau single RocamadourDécoulant des souvenirs de l’artiste, qui vit en Bretagne depuis de nombreuses années, le clip prend pour personnage central un renard, animal typique que l’on croise souvent la nuit dans les villes anglaises. Sur fond de post-rock cinématique, les images nocturnes de villes des deux côtés de la Manche défilent à un rythme effréné. A l’image de l’album, Rocamadour est énigmatique, introspectif, et résolument entetant.

Kemmler – Le Temps ft. Léa Castel

Un mois après la sortie du single Tout Quitter, Kemmler est déjà de retour avec le clip du titre Le temps. En compagnie de la talentueuse Léa Castel, les deux artistes offrent une analyse d’un phénomène qui fait peur même aux plus grands des amoureux : le temps qui se transforme en routine.

Réalisé par Alexandre Lhote, le clip propose une reconstitution d’un couple pendant des tâches lambdas. Tantôt faisant la vaisselle, tantôt se brossant les dents, tantôt au restaurant, n’importe quel amant peut s’identifier dans cette vidéo. À travers les textes du rappeur marseillais, on peut découvrir une prise de conscience de profiter de chaque moment. La voix de la géniale Léa Castel vient sublimer cette instru électro étonnante mais terriblement efficace.

Voilà maintenant 2 singles en un mois pour Kemmler. Le Marseillais prépare son retour à merveille, et donne l’eau à la bouche à tous les amoureux de textes et les fans d’un rap aussi puissant qu’authentique.

girl in red – hornylovesickmess

On se demande parfois comment la popularité impacte un artiste dans ses relations intimes. girl in red nous raconte, avec cette même candeur et légèreté qui lui est propre, ses sentiments et ce qu’elle ressent. Après avoir vécu une ascension de célébrité pour son travail musical, elle revient sur les conséquences des nombreux voyages, les grands panneaux promotionnels qui projettent sa tête, Marie Ulven Ringheim revient sur ces expériences marquantes.

Dans un clip dirigé par Hunter Schafer, l’artiste se retrouve seule avec ses pensées ou dans ses souvenirs avec la personne aimée. Comme poursuivi par ses démons, girl in red essaye de se libérer d’une pression trop forte qui la force à rester dans le passé et à ressasser des moments anxiogènes. Ce mal être est imagé de manière poétique et voluptueux avec un grain vintage, les teintes de rouge toujours présentes sur des petits détails, comme une signature de l’artiste.

The Smile – Thin Thing

En début de semaine, The Smile, l’un des projets les plus excitants du moment, a sorti un ultime single avant la sortie de son album, A Light for Attracting Attention.

Thin Thing est cauchemardesque et ensorcelante. Un riff capiteux évolue tout au long du morceau, la voix fantomatique de Thom Yorke toujours aussi enivrante. La batterie est d’une complexité démente mais pourtant, le morceau s’écoute très facilement, toujours cette magie noire inébriante et imparable dans laquelle on se laisse emporter.

Côté clip, c’est encore une fois un stop-motion de grande envergure, technique appréciée par Yorke et mainte fois utilisée pour des clips de ses différents projets.Un grain de pellicule noir et blanc met en exergue l’ambiance macabre et lesvisions d’horreur. Désacralisation de l’humain, qui devient de la vulgaire matière organique, penchant nihiliste et désabusé, ce morceau nous ramène à l’humilité.

Le tout est réellement hypnotisant et, bonne nouvelle, l’album de The Smile est enfin sorti !

Walk In Paris x Sopico – Si tu veux

La marque de vêtements Walk In Paris n’a jamais caché sa relation avec le monde de la musique. Elle a décidé de passer un cap en s’associant avec le label Microqlima en mettant cette passion sur une compilation. Parmi les nombreux invités, c’est à Sopico que l’honneur a été laissé d’ouvrir le bal avec le clip de Si tu veux réalisé par Castay.s et Gary Neveu. Un premier visuel qui annonce directement la couleur de ce que contient cette mixtape. La liste des invités y est dévoilée ainsi qu’une compilation des moments en studio donnant vie au projet. Une petite immersion dans le processus créatif du premier volume de la Walk Tape guidé par la voix de Sopico. Scindé en deux parties, la seconde est bien plus rythmée et montre la volonté de rassembler qui émane de ce projet. 

Bernard Lavilliers – Toi & Moi

Sous un soleil énorme, le dernier album de Bernard Lavilliers sorti fin d’année 2021 continue de rayonner. L’artiste partage cette semaine un 3ème extrait avec Toi et Moi

La mélodie brésilienne, inspirée du musicien Seu Jorge, annonce parfaitement l’été et accompagne un texte poétique et engagé sur un amour en pleine pandémie. Bernard Lavilliers comme à son habitude capte le monde qui l’entoure et nous le partage avec sa plume aiguisée. 

Dans ce clip, la poésie de Bernard Lavilliers est mise en image à travers des jolies illustrations et des dessins qui s’animent autour du chanteur qui reste lui en noir et blanc.

Les couleurs et les formes font directement écho à l’amérique du sud, l’ADN de son nouvel album. Pour découvrir Toi et Moi en live, Bernard Lavilliers entame une tournée dans toute la France avec un passage par l’Olympia en juin prochain. 

Paprika Kinski – Lamento

Cela faisait un bout de temps que l’on avait pas eu de clips de Paprika Kinski à se mettre sous les yeux, ni même de nouvelles chansons à émoustiller nos tympans. Pour notre grand plaisir cette attente sera plus que comblée car la vidéo de Lamento est annoncée comme le premier volet d’une trilogie gentiment décalée et complètement azimutée.

Laissant de côté l’anglais, Paprika Kinski s’essaye pour Lamento en espagnol. Cela confère à sa voix des résonances aux reflets d’une Jeanette 2.0. Si comme dans Porque Te Vas il est question d’amours contrariés, la comparaison narrative s’arrête là. La mélancolie laisse place à une ingénuité certaine dont les effets nous apparaissent, dans la vidéo, ravageurs et cataclysmiques.

C’est un petit film rempli d’humour et de bonne humeur où l’on suit, accompagné de son gang de filles, une Paprika Kinski embarquée involontaire dans des situations qui vont à chaque fois la mener à la catastrophe et surtout se retourner contre dont elle aimerait tant faire son petit ami. Tant de rendez-vous manqués du fait de jets de frites à la trajectoire non maîtrisée ou de bouchons de Muscador starlinkés. « Lamento haberte hecho esperar ». Vous voilà prévenus, être le crush de Paprika Kinski n’est pas sans danger !

Yasmin Pigeon – Look Around

Les clips de la semaine sont aussi et surtout l’occasion pour nous comme pour vous de faire de belles découvertes. Yasmin Pigeon en fait partie. Cette jeune artiste aux racines franco-brésiliennes vient de sortir son premier EP, The Emotional Bank Account, dont est extrait Look Around. C’est un morceau parfaitement maîtrisé qui fait la part belle aux atmosphères secrètes. Une ligne musicale aux accents trip hop enveloppée par un chant, presque incantatoire, dont les volutes ont les reflets orientaux qui accentuent l’aspect énigmatique.

Dès les premières images du clip réalisé et tourné en noir et blanc par Sirine Mamoun, on est plongé dans l’univers de The Servant de Joseph Losey et l’on sait que rien en se déroulera comme montré. Dans le miroir déformant, signe d’une narration à plusieurs plans, se reflète une Alice aux pays des artifices, servante délétère. Accompagnée de son complice, elle nous conduira dans un monde où les apparences ne sont pas forcément celles que l’on croit, à l’image des distorsions optiques générées par l’usage de focales courtes. On ne manquera pas non plus d’y saupoudrer quelques soupçons hitchcockiens. Mais là, on ne vous en dira pas plus et vous incitera à suivre le clip de Look Around jusqu’à sa fin, transporté par la musique de Yasmin Pigeon.

Antoine Elie – Longue Balade

Avec Longue Balade, Antoine Élie signe un titre émotionnel dans une ambiance éthérée et vintage. Illustré de scènes de luttes et d’étreintes entrecoupées de moments d’accalmie, le morceau nous propose une métaphore de l’amour qui se tisse et se défait au gré des heures et des humeurs. Réalisé et arrangé par Luke, le clip met en lumière les tensions intrinsèques à toute relation, avec une tendresse qui nous est chère : une nouvelle réussite auditive et visuelle pour le plus grand plaisir des amateurs de sons pop en français.