Les clips de la semaine #129 – partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de la sélection numéro 129 des clips de la semaine.

Of Course – T’es beau

On s’est tous un jour ou l’autre senti comme un extra-terrestre, hors du monde et parfaitement inadapté au lieu ou aux gens qui nous entourent. On a tous senti à un moment qu’on était décalé dans notre façon d’être, dans notre façon de nous habiller ou dans notre physique.

Est-ce que tout ça doit nous empêcher de vivre ? Pas si on écoute les garçons de Of Course ! Après deux ans d’attente, Will et Émile nous offrent enfin leur premier long format, très justement intitulé Montréal Bagarre 2. Et on y retrouve T’es beau, une pop-song aussi positive qu’introspective dans laquelle ils nous invitent à vivre tels que l’on est et à accepter qui l’on est, peu importe ce que les autres peuvent en dire. Une manière aussi de rappeler qu’on est jamais aussi beau que lorsque l’on est en accord avec soi même.

Pour accompagner le titre, on les retrouve devant la caméra de Laurent E. Malo, l’un en barman, le second en DJ au cœur d’une fête inclusive et joyeuse dans laquelle un martien décide de vivre sa meilleure vie sur la planète Terre. Après un petit moment d’hésitation, il est entrainé dans une nuit sans fin et heureuse, entouré de gens qui l’accepte tel qu’il est, avec des antennes et un sourire sur le visage. Le genre de fête que l’on aimerait tous vivre tout le temps.

Lonny – Le goût de l’orge

Telle une figure imperturbable, Lonny nous observe alors qu’autour d’elle, le monde change, gronde, bascule et évolue. Lorsque ses yeux se ferment, c’est dans son esprit que nous basculons, avant que les deux, le dicible et l’indicible, se mélangent dans une danse flamboyante.

Grâce au talent de Pascal Blua et Brian McHenry (aka les artistans) et de Vincent Gutton-Sartorri à l’animation, c’est toute la symbolique de Lonny qui prend vie devant nous.

Grâce aux dessins, c’est cet univers ésotérique qui devient un versant de la réalité, le goût de l’orge dévoilant toutes ses saveurs alors que ce morceau enchanteur nous entraine dans cette existence qui reprend de l’élan, une reconstruction nécessaire comme un retour vers la terre et vers les autres. Composé par Orouni, le morceau offre un écrin merveilleux à la plume de Lonny et nous fait un bien fou, comme un printemps qui pointerait définitivement le bout de son nez.

MAGENTA – Un Peu d’Amour (avec Yoa)

MAGENTA continue sa mue et revient cette semaine avec Un Peu d’Amour, titre qui donnera son nom à leur prochain EP.

Associé à notre chouchou Yoa, le groupe nous invite à trouver un peu d’amour et nous livre un morceau superbement produit, fort, dansant, et bercé d’un sous texte bien plus politique qu’on ne voudrait le voir. Avec ce nouveau titre, le groupe continue de dépoussiérer la french touch, lui rendant hommage autant qu’ils l’emmènent vers quelque chose de plus moderne et d’inédit.

Bien sûr, les références à Daft Punk ne manquent pas, mais pouvait-on y couper ? Car plus qu’un plagiat, MAGENTA semble poursuivre ce que le duo avait commençait avec son premier effort.

La preuve aussi avec ce clip, coréalisé avec Jade & Jade, qui sent bon les années 90. Ultra-rythmé et référencé, il nuos entraine dans une folle journée sans temps mort ou l’on croise différents protagonistes à différentes époques. Un clip bercé par la lumière du jour qui nous donne un peu faim. On vous laisse découvrir pourquoi.

Blu Samu – Turquoise

Quelques semaine après avoir dévoilé le très beau Amore, Blu Samu est de retour avec Turquoise. Produite par Sam Tiba et Cannabmaster, le morceau est parfait pour rappeler que la belge oscille avec une facilité assez déconcertante entre un flow hyper technique et une voix chantée qui en ferait palir d’envie plus d’une.

Devant la caméra de Ludovic Gontrand, Blu Samu devient le turquoise de son morceau, l’alliance parfaite de l’eau et du feu. On la regarde dans la moiteur d’une nuit d’été se transformer et rennaitre sous les yeux des gens qui l’entourent. Un clip remplit de symbolique qui permet de rappeler à quel point la jeune femme est une artiste en passe de devenir majeure.

Sans doute cela arrivera plus vite que prévu, puisque 7, sonnouvel EP est attendu pour le 27 mai.

Florent Marchet – En famille

Quoi de plus complexe qu’évoquer la famille, encore plus dans une chanson. Car Florent Marchet le rappelle : “On sait intimement que le cercle familial, s’il peut nous porter, nous rassurer, peut tout aussi bien nous empêcher, nous écraser. La plupart du temps, on ne se l’avoue pas trop. On adhère à la vitrine de cette famille sans trop se poser de questions”

Sur une chanson aux airs de Vincent Delerm, le chanteur évoque “(qu’) on s’embrasse, (qu’) on s’agace, en famille.” Avant d’enchaîner sur une énumération de problématiques familiales, faisant le portrait de chaque membre : des enfants pleins d’énergies, à la comparaison fraternelle, en passant par les psychanalyses transgénérationnels. Car la guérison semble le mot d’ordre du clip réalisé par Raphaël Neal. C’est dans la peau d’un chaman, d’un guérisseur que l’on retrouve Florent Marchet, tentant d’apaiser les maux familiaux.

Riff Cohen – Bye Dubaï

Après avoir déclaré sa flamme à Marrakech, et A Paris, le cœur de la chanteuse israélienne brûle pour Dubaï. Pourtant le bilan n’est pas forcément positif, Riff Cohen chante alors en arabe :  “Les bâtiments qui atteignent le ciel, Vous aveuglent avec leur éclat doré (…) Si c’est de la modernisation, je préfère revenir à l’époque de la création.” Le tout sur une musique électronique. Car depuis la sortie de l’album Quelle heure est-il ? et du titre Tempo, l’empreinte musicale de l’artiste est de plus en plus numérique. Pourtant, la musique traditionnelle orientale habite encore le projet. Dans Bye Dubaï, on peut alors entendre des percussions entraînantes et un instrument à vent semblable au zurna. Quant au clip, à l’instar des précédents J’aime et A Paris, on peut observer Riff Cohen déambuler dans les rues. Michael Liani, réalise un clip qui montre des bribes de vie, presque à la manière d’un documentaire.

Yoo Doo Right – The Failure of Stiff, Tired Friends

Jeudi, on aura l’immense plaisir de retrouver les montréalais de Yoo Doo Right en première partie de MNNQNS sur la scène du Trabendo. En attendant, le trio nous offre une superbe pièce instrumentale du nom de The Failure of Stiff, Tired Friends, premier extrait de leur nouvel album, A Murmur, Boundless to the East qui sortira le 10 juin chez Mothland.

Un morceau long de six minutes qui navigue entre les genres et nous emmène avec lui au coeur de ses ambiances et des émotions qu’il transmet. Une promenade crépusculaire qui s’accompagne d’un clip en animation, un brin psychédélique, dans laquelle on suit un personnage un peu fatigué dans une aventure qui vire par moment en rêves, où tout est en mouvement et jamais réellement ce qu’il prétend être, comme lors de ces instants de promenades au bord du jour ou les ombres et la nuit transforment le monde qui nous entoure en fantasmagorie aussi effrayante qu’accueillante.

ELOI – Soleil Mort

ELOI, c’est la nouvelle promesse de la scène française qui risque de vous mettre à terre. Après avoir totalement transformé, jtm de ouf, la voilà qui dévoile cette semaine Pyrale, son nouvel EP, dans lequel on retrouve Soleil Mort.

Un titre qui dynamite toutes les règles, entre la rave et la chanson française, entre la nostalgie et l’envie de tout éclater sur place. ELOI nous invite au lâcher prise, à danser face à l’inéluctabilité de la mort.

Dans le clip de Roxanne Gaucherand, on la suit au coeur de balieues qui se ressemblent toutes et dans un parc désaffecté dans lequel semble persister quelques rêves d’enfants qu’on pensait définitivement détruits. Un monde au bord du gouffre qu’ELOI observe en attendant de voir de quel côté le futur va pencher, entre renouveau et destruction.

Kendrick Lamar – N95

Seulement un jour après la sortie de son nouvel album, Mr. Morale & the Big Steppers et 6 jours après le clip de The Heart Part 5, Kendrick Lamar balance le clip de N95. Le rappeur réalise un retour magistral attendu depuis 5 ans par presque tous les fans de rap US.

Le visuel du clip est réalisé par Lamar lui-même avec Dave Free, son collaborateur créatif. Comme à son habitude, l’artiste offre une vidéo très visuelle et intense, dans laquelle beaucoup de messages sont passés. S’ouvrant avec un Kendrick Lamar flottant au-dessus de l’océan comme s’il était crucifié, on peut remarquer une grande place pour la religion. La deuxième image marquante est sans aucun doute l’impact d’une voiture dans une file de chaises, avec le rappeur assis comme à un mètre ne réagissant pas. Le natif de Compton en profite pour faire passer un message avec un texte à l’image au début et à la fin de la vidéo disant “This shit is hard”.

Après Damn et la BO du film Black Panthers, Kendrick Lamar exécute un retour 5 étoiles avec un album déjà salué par les fans. Déjà annoncé comme son dernier projet, on estime déjà que Mr Morale sera vendu à plus de 350 000 exemplaires en une semaine. Cela démontre encore une fois que le rappeur fait partie de l’un des plus grands de sa génération.

Oscar les vacances – La boum de fin d’année

Cette semaine, le fabuleux Oscar les vacances nous a fait parvenir une très belle invitation à son inévitable Boum de fin d’année. Tirée de son EP Vroum sorti il y a quelques mois maintenant chez Ovastand, ce chouette titre nous fait replonger dans nos jeunes (et forcément gracieuses) années : dans un merveilleux clip réalisé par ses soins et au fil d’images tout droit sorties de sa pré-adolescence, le favori du jury des Inouïs du Printemps de Bourges 2022 nous raconte une palpitante et maladroite histoire d’amour sauce MSN. On se laisse bien volontiers entraîner dans ce retour vers le passé et par la douce nostalgie qui vient avec, puis on se rappelle surtout de l’universalité du sentiment amoureux et ce qu’il nous fait traverser à tous les stades de nos vies.

Metronomy – Love Factory

Pas moins de deux mois après la sortie du clip de Right On Time, Metronomy est déjà de retour avec celui du single Love Factory. Réalisé par Sam Bailey, ce dernier met en scène les membres du groupe déguisés en fleurs, fleurs sur lesquelles une abeille s’en vient butiner de temps à autre. Tout en exécutant des chrorégraphies simplistes mais avec brio, le quintet pop britannique chante l’industrie de l’amour, beau mais qui peut parfois s’avérer intense. Alors pour éviter de partir à la dérive, tous les moyens sont bons pour le faire durer, malgré tout. Love Factory est ainsi le quatrième single issu de Small World, album sorti en début d’année et célébrant les petites choses de la vie : doutes, frustrations, passion, solitude et tant d’autres. Si vous avez manqué leur tournée européenne, Metronomy sera de passage aux festivals Musilac, Beauregard mais aussi aux Vieilles Charrues. Ne ratez surtout pas cette seconde chance, vous risqueriez de le regretter.

crack cloud – please yourself

Le collectif de crack cloud est enfin de retour ! Presque deux ans après la sortie du majestueux (et on pèse nos mots) Pain Olympics, Zach Choy et sa belle bande dévoilent un second chapitre illustré par le sublime single qu’est Please Yourself. Pourvu de mille et un trésors, ce morceau est de ceux qui nous restent en tête et qu’on ne lasse jamais d’écouter tant il s’en dégage quelque chose de grand. Ici, le rôle de l’art est d’autant plus mis en avant puisqu’il sert le propos des visuels qui illustrent ce retour inespéré. On se retrouve alors transportés entre les murs d’une chambre d’adolescent (avec un cameo furtif du bien-aimé Mac DeMarco, long time no see), placardée de posters tirés de la pop culture, laquelle joue un rôle fondamental dans notre perception de soi et des autres. Le chanteur du collectif définit d’ailleurs l’art comme « un mécanisme de guérison et de découverte », véritable soutien émotionnel et psychologique, à condition d’en connaître les limites. Leur second album, Tough Baby, sortira le 16 septembre prochain, de quoi déjà s’impatienter de la rentrée.

Arcade Fire – Unconditional I (Lookout Kid)

Nos adorés d’Arcade Fire sont bel et bien de retour. Depuis la sortie de WE, leur sixième album produit par l’illustre Nigel Godrich, les critiques dithyrambiques ne cessent de pleuvoir et c’est sans surprise tant la qualité est au rendez-vous. Il y a une semaine, le groupe dévoilait le clip de l’hymne jovial qu’est Unconditional I (Lookout Kid) et place aux émotions avec ce titre slash berceuse dans lequel Win Butler chante que tout finira par aller et que la confiance doit régner. Derrière ces visuels signés Benh Zeitlin, on y voit enfants mais aussi personnages gonflables qui se tortillent dans tous les sens mais qui parviennent toujours à s’élever malgré les éléments qui s’y opposent. On peut également y apercevoir quelques extraits de concerts et où ces drôles de personnages font leur apparition en milieu de morceau. Le vent joue ici un rôle important car en effet il démontre que malgré sa force et sa qualité destructrice, tout fini par toujours se relever. Une belle leçon de vie en somme. Arcade Fire sera par ailleurs de passage à Paris, Lille, Bordeaux et Nantes à l’automne et il nous tarde de les retrouver !