Les clips de la semaine #123 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de la sélection numéro 123 des clips de la semaine.

MAXENCE – POIDS-LOURD

Parfois, on a un poids-lourd sur le coeur. Des souvenirs, des moments, des instants de bonheur qui se transforment en douleur, qui hantent la vie, qui deviennent des flashs qui reviennent pour nous rappeler tout ce qu’on a perdu, tout ce qui n’est plus.

Parfois, la vie nous fout un poids-lourd dans la gueule, un accident de la route brutal, un truc qui nous laisse à moitié K.O. sur le bas côté de l’existence, un peu hagard, les yeux dans un brouillard de larmes.

Dans ces moments là, on a parfois besoin de mettre des mots et des émotions sur ce qui nous arrive et il souvent nécessaire de laisser ceux qui le font bien le faire à notre place.

Ici, on peut compter sur Maxence. Avec son poids-lourd, l’artiste nous allège un peu l’âme, tire sur le brouillard avec ses cordes, son pianos et surtout ses mots. C’est simple, c’est doux, c’est direct, c’est aussi intime qu’universel, c’est tout ce qu’on aimerait pouvoir dire et qu’on se retrouve à reprendre en chœur.

Et puis il y a ce clips, réalisé par Ryan Imoula. Il y a un peu de schizophrénie, du noir et du blanc, des routes vites mais un poids-lourd en mouvement. Une histoire qui se trimballe malgré elle dans des territoires brumeux et rêveurs, des souvenirs dans la soute et les cris qui s’effacent dans le vent. Il y a beaucoup de poésie, une mise en image subtile et forte, une histoire qui se transpose du son à l’image et des sentiments qui continuent de grandir.

Maxence, artisan poids-lourd de la tendresse.

LE NOISEUR – Douce France

En cette période électorale, voici un candidat pour lequel on ira bien mettre un bulletin dans l’urne. Issu de son dernier album, Douce France du NOISEUR est le programme le plus réjouissant qu’il nous ai été donné de voir ces derniers temps.

Une invitation au vivre ensemble, à célébrer nos différences, à accepter l’inattendu et à envoyer chier les poncifs et les théories étranges et nauséabondes qui affluent dans nos réseaux sociaux de manière de plus en plus journalière.

Et pour encore plus de bonheur et de sous entendu, Le Noiseur se transforme en Le Nois’Hair sous la caméra de Aurélien Ferré. Une fête des couleurs, des coupes, des styles, et des ciseaux qui nous rappelle qu’on est plus fort ensemble en étant chacun comme on est.

Pour le reste, on vous invite à venir découvrir le tout en vrai à La Cigale en novembre.

Johnny Jane – Hier soir

Et si on enfilait notre plus beau costume pour partir en soirée avec Johnny Jane ? Le jeune homme originaire d’Orléans est de retour cette semaine avec l’excellent morceau Hier Soir. Un morceau qui porte en lui toute la puissance de la simplicité. Une écriture directe, humaine, à laquelle on s’attache forcément puisque les stigmates dont Johnny parle sont sans aucun doutes un peu les nôtres aussi.

Doux-amer, le morceau tend tout de même vers le soleil avec cette production percutante qui nous donne fort envie de danser. Johnny Jane raconte la mélancolie, le coeur perdu et l’amour qui s’évapore dans les volutes de vodka. Mais il le fait d’une manière qui nous donne envie de faire la fête et de célébrer ces instants.

En caméra embarquée, ils nous entraine avec lui dans une soirée sans fin, une plongée dans la nuit parisienne, triste et joyeuse dans ce qu’elle a de destructrice, d’humaine et de communiante. Parfois Hier Soir devient un souvenir trop lourd, alors autant profiter de l’instant présent.

La prochaine date de Johnny Jane à Paris est complète, mais on est sur qu’il n’attendra pas longtemps pour en annoncer une autre.

Muddy Monk – SoldatBoy

Ca y est, Ultra Dramatic Kid de Muddy Monk est sorti. Vous avez donc désormais eu la chance de poser vos oreilles sur ce qui est sans doute le projet le plus fort et ambitieux de ce début d’année. Le suisse continue d’explorer l’amour et l’enfance comme personne, il se transforme, il évolue et nous entraine avec lui.

La preuve avec cet excellent SoldatBoy, qui navigue entre tendresse pop et épique électronique, Muddy Monk nous entraine dans une tempête musicale comme il en a le secret.

Visuellement, Félix de Givry continue l’exploration amoureuse des personnages de Guillaume et Alma. On suit l’actrice dans ce monde étrange, proche de la science fiction où elle part à la recherche de l’être aimé, navigant entre des êtres de lumières. L’histoire se déroule en plein concert, capté lors du passage de Muddy Monk à la Salle Pleyel.

Alors qu’elle retrouve son amour, un transfert lumineux se fait la transformant à son tour en être lumineux. Reste à savoir si ce miracle se reproduira lors du concert de Muddy Monk à la cigale.

Cabadzi – Périphérie

Sans doute le morceau le plus fort de BÜRHÜS, Périphérie de Cabadzi ne pouvait rester inanimé. C’est désormais chose faite grâce aux talents combinés de 6fran aux dessins et de Marian Landriève à l’animation.

Derrière le calme apparent du morceau se cache toutes les souffrances du monde moderne, la douceur et le pouvoir onirique de la production permettant aux paroles de voir leur impact multiplié et venir nous taper en plein coeur. Ici Cabadzi défonce le quotidien, les paroles sans fond, le vide qui nous envahit avec lequel il est si facile de jouer. Tout est vraiment noir, mais c’est pour mieux appeler à la révolte, montrer la laideur pour pouvoir la changer, aller exploser la société à coup de pioches pour en exposer les félures et les vicissitudes.

Cette idée, on la retrouve aussi dans les dessins de 6fran. Derrière leur candeur apparente, ils nous entrainent dans un monde de masques, de faux semblants, de mensonges, la beauté faisant des incursions pures à travers l’art ou d’autres sujets comme la nature ou les animaux. L’artiste ayant eu carte blanche nous offre des dessins qui frappent aussi fort que les mots, leur offrant un nouvel écrin tout aussi fort et puissant.

Mathieu Saïkaly – Pourquoi tu me dis je t’aime

Un peu plus d’un mois après nous avoir partagé un émouvant NeptuneMathieu Saïkaly revient avec un nouveau titre tout en français et en sensibilité. Pourquoi tu me dis je t’aime esquisse les contours des valeurs de l’acceptation de l’autre que l’on aimerait voir davantage portées dans notre société. L’amour, peu importe sa nature filiale, fraternelle ou passionnelle, que l’on porte à un être ne doit pas rester immuable. Tout un chacun évolue, change, se transforme ou non. « Si tu refuses de me voir grandir, refuses de me voir changer – Si tu refuses de me faire confiance, d’essayer de me comprendre ». Les sentiments que l’on ressent devraient porter sur la personne et non sur les souvenirs que l’on s’est créés d’elle.  

Cette mélancolie chère à Mathieu Saïkaly transparait dans les images tournées par Eric Noir de Chazournes. Une plage à marée basse envahie par une brume de mer hivernale, cela ressemble à nos yeux chargés de tristesse. C’est un peu humide, froid et brouillé. Pour autant, et c’est une des forces du titre de Mathieu Saïkaly, le morceau en guitare voix ne verse pas dans la noirceur. Et si à la fin du film, la brume se dissipe et le soleil réchauffe et éclaire son visage, c’est que l’espoir est là, bien présent derrière son sourire esquissé. Un peu comme s’il on avait enfin trouvé cet acre de terre entre l’eau salée et la plage, « Between the salt water and the sea strand » si cher à Simon et Garfunkel.  

AURUS – THE WELL

Ce qui caractérise les chansons d’Aurus, c’est tout d’abord la force et la puissance contenue dans sa musique qu’il communique au sujet qu’il aborde et à la narration qu’il suit. Aurus avec sa coiffe aux symboliques multiples explore dans The Well celui des relations toxiques et de la lutte à mener pour en sortir. Un combat qu’il mène – entre obscurité et lumière, grisaille et éclat, teintes blafardes et coloris étincelant – à l’interface entre les fonds marins et l’azur du ciel. Bulles d’air ondoyantes vers la surface ou filets d’eau s’écoulant en lignes droites – les éléments se combinent. Il est question de puits aux fonds insondables (Well) et de sortilèges à briser (Spell) dans son texte qui mélange avec une esthétique qui lui est propre l’anglais et le créole de l’île de la Réunion.

Et si vous souhaitez vous associer à Aurus pour briser les sorts qui nous emprisonnent, vous pourrez le retrouver sur scène en avril quelque part entre Reims, Boulogne, Le Havre, Lille et Chelles. 

Smahlo – Scénario

En attendant son premier EP Horizon, prévu pour printemps 2022, le Belgo-congolais Smahlo dévoile le clip du titre Scénario. Le rappeur montre encore une fois une palette de talents immense, passant du chant au rap en une ligne, il n’oublie pas ses origines bercées au gospel africain.

Le Bruxellois offre un clip très épuré, où il démarre en train chanter sur un fond noir. Le spectateur découvre le décor lors du drop du premier refrain. On retrouve l’artiste dans les rues de sa ville natale, avec une caméra qui tourbillonne lentement autour de lui. Le choix des couleurs est aussi très intéressant. Le ⅔ du clip est réalisé en noir et blanc, c’est lors du deuxième refrain que les couleurs éclatent. Un changement ressenti comme une sorte de liberté. Une forme d’espoir dont le mélange avec la voix spéciale du rappeur donne un tout très puissant.

Avec Scénario, le Belge continue de teaser son futur premier projet à merveille, et prouve qu’il est un artiste à suivre pendant cette année 2022. Un EP très attendu par la scène indé belge qui ne demande que de voir son nouveau bijou exposer son talent au monde entier.

Baston – Zodiac 

Alors que Baston s’apprête à révéler son second album La Martyre – le 13 mai prochain -, le groupe signé Howlin Banana fait son retour avec le single Zodiac. Une intro poussée à la cold wave minimaliste, des guitares pulsées, une écriture maîtrisée et des images bien choisie. Une effervescence transcendante émane de ce clip qui rend un certain hommage à la culture internet. Quatre minutes DIY bourrées d’images enthousiastes et absurdes pour illustrer l’énergie dépouillée de cette formation qui trace sa route dans les méandres de la musique post-punk. Des choix esthétiques à la fois simples et originaux. 

Folly Group – Faint of Hearts

Notre groupe coup de cœur de 2021 avec son EP Awake and Hungry, réitère déjà l’expérience avec une nouvelle production Human and Kind, un cinq titres ambitieux qui vient pousser la dynamique de leur démarche esthétique. Le dernier single, Faint of Hearts, s’accompagne d’un clip imagé, graphique et sombre, sous une tension certaine matérialisée par un face à face chanté. La musique est plus froide, tout en restant très rythmique, presque mathématique. Une composition sincère et punk pour ce groupe signé chez Ninja Tune, qui se trouve déjà prêt à tout bousculer sur la scène britannique. 

Mattyeux – Break up diaries

Call me by your name à la française, le dernier clip du tout jeune Mattyeux – Break up diaries, réalisé par Julie Reynaud, met en images les émois de ces années charnières entre adolescence et âge adulte. Sur une plage, dans une église, au hasard des rues, une succession de plans semblant tournés dans les années 90 nous évoquent la légèreté d’instants volés à une vie estivale et légère. « La passion sommeille au creux des habitudes », nous enseigne-t-il, preuve que la sagesse (ni le talent) n’attendent le nombre d’années.

Kaky – 1er avril

Kaky revient avec un clip poétique et onirique entre images filmées et dessin-animé. Écrit et réalisé par Lara Chochon, aidé à l’animation de Chloé Mainge, Laurine Baille et Constance Bertoux, il suit la trajectoire d’un enfant grandit trop vite qui se retrouve aux prises avec les espoirs et attentes d’un amour encore fragile… Le poisson rouge comme fil directeur, on plonge dans les abysses d’un océan – après le zinc du bar, augurant d’autres possibles noyades…