Les clips de la semaine #117 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de la sélection numéro 117 des clips de la semaine.

Jack White – Fear Of The Dawn

Voici pour vous un déferlement d’énergie, offert par Jack White en tant que troisième single de son album à venir le 8 Avril prochain. Fear Of The Dawn, qui sera aussi le titre de l’album, s’ancre dans la plus pure tradition des travaux de ce monsieur aux mille talents et aux innombrables projets. Section rythmique ultra-efficace, sons synthétiques hurlants, guitare crachant sa pédale Fuzz, riffs délicieux et solos déchaînés, dans la veine du premier single Taking Me Back. On comprend alors que pour son prochain album, Jack White s’éloigne du Blues pour revenir à ses instincts primaires de Garage Rock. Justement, le clip qui accompagne Fear Of The Dawn est tourné dans ce qui semble être un garage ou un sous-sol. Esthétiquement sombre, avec une image consciencieusement salie comme si la pellicule avait été piétinée, on y voit Jack White accompagné de trois musiciens masqués en train d’interpréter le morceau avec la plus Rock des fougues, allant même jusqu’à détruire leur matériel. Tourné en noir et blanc avec une sur-saturation de bleu, ce qui n’est pas sans nous rappeler l’obsession rouge-blanc-noir des White Stripes, Fear Of The Dawn n’en est pas plus apaisée, bien au contraire. En terrain connu donc, ce qui est incroyable peut-être, c’est de ne toujours pas nous être lassés. Et en même temps, c’est si bon ! Rendez-vous le 8 Avril pour découvrir ce que Mr Third Man nous a encore réservé.

Foals – 2am

Le trio indi-rock anglais Foals ont révélé cette semaine le clip de leur single 2am, en amont de la sortie de leur nouvel album Life Is Yours prévu pour cet été. 
Dans ce clip tourné à Kiev et réalisé par l’ukrainienne Tanu Muiño, connu notamment pour avoir collaboré avec Lil Nas X ou Cardi B, on retrouve le chanteur et guitariste du groupe Yannis Philipakis, dans un univers futuriste coloré et déroutant. Le clip s’ouvre sur Philipakis adossé au comptoir d’un bar bleu électrique avec un miroir en lieu et place du barman, puis qui rapidement se joint à la chorégraphie des danseurs autour de lui. Le chanteur se retrouve alors au milieu d’un labyrinthe un poil angoissant, entre blocs de couleurs et personnages de la nuit, au son d’un riff circulaire de guitare électrique.

La réalisatrice Tanu Muiño explique avoir voulu ainsi illustrer la répétition de schémas de comportements destructeurs décrits dans le morceau: « Plus nous parlions, plus l’idée se révélait. Nous avions l’impression que la répétition d’être coincé au même endroit, la même vie, les mêmes situations, tout cela ressemblait à être piégé dans un labyrinthe dont vous voulez constamment sortir et trouver une résolution – vous continuez d’essayer jusqu’à ce que vous le débloquiez ! » C’est ainsi que petit à petit le labyrinthe se délite pour devenir un terrain en deux dimensions, permettant finalement à Philipakis de quitter les lieux et ainsi s’échapper de ce cercle destructeur, jusqu’à la prochaine fois. 

Fontaines D.C. – I Love You

Fontaines D.C. c’est bien l’un des rares groupes qui réussit à nous bouleverser dans des domaines où l’on ne les attendait pas. Avec un titre qui ferait rouler les yeux de la plupart d’entre nous, le groupe casse les dynamiques et est au final plus engagé que jamais. Grian est en pleine introspection dans une église éclairée de centaines de bougies. Il entonne avec nostalgie une mélodie, ressassant avec douceur « I love you » comme un teenager perturbé. Alors que l’on rentre dans cette mélopée, advient la fracture. Le visage de Grian se referme, nous regarde droit dans les yeux, avance avec détermination vers nous. La voix se saccade alors qu’il entonne une série de reproche. L’amour dont parle le groupe, il est pour leur pays. Pourtant ils ne peuvent pas leur pardonner les trahisons à répétitions. Alors qu’on s’attend à une reprise vers plus de douceur, le groupe continue d’asséner coup de poing sur coup de poing, un coup de génie qui nous laisse haletant. La mise en scène est magistrale, l’église devient sataniste, les blessures suintent de sang, il ne leur reste que leur cœur en offrande.

Gwendoline – Saint Valentin

C’était la surprise du chef. Les maniaco dépressifs de Gwendoline nous offrent leur cœur en ce jour de fête commerciale. Eloge de la banalité, on retrouve les deux compères dans un Saint-Maclou de banlieue trainer leur peine entre les rayons. Comme d’habitude, l’alcool reste le seul réconfort dans la misère du quotidien. Plus d’amour que de la haine, le porno ne réconforte plus, les enfants encore moins. La tristesse d’un quotidien désenchanté, loin des promesses en l’air et des baisers de cinéma. Clairement, jamais le dicton mieux vaut être seul que mal accompagné n’a aussi bien résonné.

Order 89 – 100 Visages

Leur incroyable album L’Eté des corbeaux résonne encore régulièrement dans nos oreilles. Afin de clôturer avec dignité ce chapitre, Order 89 sort un dernier clip pour l’un des morceaux les plus réussis, 100 Visages. Après une période plus difficile ces derniers temps, le groupe ressent le besoin de se confronter une dernière fois aux traumatismes de l’adolescence pour mieux se tourner vers l’avenir. Sur les synthés iconiques du groupe, une verve martèle le quotidien auprès d’une figure paternelle traumatisante. Les injonctions à répondre par la violence s’enchainent alors que le clip illustre avec talent une partie d’échec. Une dualité sombre qui offre de nombreuses voix afin de relever la tête.

Kungs – Clap Your Hands

Après avoir passé quelques temps en studio, Kungs est de retour avec un nouveau titre : Clip Your Hands. En dévoilant le premier morceau qui apparaîtra sur son nouvel album, dont la sortie est programmée le 18 mars prochain, l’artiste nous offre trois minutes pleines d’énergie.Le rythme entêtant, mêlé à un chant composé de voix d’enfants, nous donne envie de danser. C’est d’ailleurs le sujet principal du clip où plusieurs personnages, dans des situations bien différentes, finissent par se déhancher. Kungs, déguisé en vendeur de hot-dog, assiste à l’émergence de la paix entre des peuples pourtant sur le point de se faire la guerre au début du clip. Le message est clair : la musique, et l’émotion qu’elle procure, est une solution à tous les maux.

LaFrange – Lost Love Letters 

Ici a La Face B on aime LaFrange d’amour. Ses morceaux mélancoliques aux guitares trempées de larmes et à la voix éthérée, composés à partir textes tirés de ses journaux intimes, nous envoûtent à chaque écoute. La musicienne parisienne compose des chansons personnelles à fleur de peau, et Lost Love Letters, sorti le jour de la Saint Valentin n’est pas une exception. Il est question d’amours perdus dans ce morceau en français, inspiré de la chanson éponyme de Fog Lake

Les paroles y sont introspectives : “C’est fou / Comment j’ai pu t’aimer ? Comme j’ai pu m’oublier / Et sans regret.“ Les rêves brisés se transforment en mélodie aérienne, et nous plongent dans un univers doux et poétique.

Le clip qui accompagne la vidéo, réalisé par Antoine Netter, revient sur les souvenirs d’amour intenses et contrastent avec le vide présent… 

LaFrange prépare la sortie de son prochain EP qui s’intitulera Sad Love Songs pour mars. On a hâte de le découvrir ! 

Laurence-Anne – Pajaros

Laurence-Anne nous présente cette semaine le clip de Pajaros tiré de son dernier album, l’excellent Musivion (Bonsound). Mystérieux et envoûtant, ce premier morceau en espagnol évoque l’enfermement des choses qui nous habitent à l’intérieur, de ces oiseaux que nous ne laissons pas encore s’envoler. Pour habiller tous ces secrets de la plus belle des manières, la chanteuse québécoise a fait équipe avec Maïlis et Juste du feu pour la réalisation de ce superbe clip qui prend place entre deux univers fascinants et contrastés où l’on perd pied volontiers. Si Laurence-Anne traverse différentes dimensions dans Pajaros, on la retrouvera bientôt dans la nôtre dans le cadre du festival Avec le temps : rendez-vous à Paris le 7 mars à La Maroquinerie et à Marseille le 11 mars au Makeda.

Yuz Boy – Jacques Just

« Ils veulent tout savoir sur le Yuz » voilà la première ligne de la description YouTube de ce clip, elle en dit long sur ce nouveau personnage énigmatique qui compte bien entrer avec fracas dans la cour des grands. Avant ce premier single, le seul moyen d’avoir eu un aperçu de la musique de Yuz Boy s’est fait à la Bellevilloise où il est venu jouer un seul et unique titre à la soirée organisée par le média 1863. Des présentations impeccables, beaucoup se demandant qui était ce mec qui sortait de nulle part mais qui, aidé par son énergie à réussi à faire impression. Deux petits mois plus tard, il s’arme à nouveau d’une énergie communicative et livre Jacques Just et son clip réalisé par Théo Perruchi et Mateo Garnier. Un clip bien exécuté avec un montage rythmé, tout en symbiose avec l’énergie du rappeur et ses variations de flows. Tourné à la nuit tombée, Yuz et sa bande déambulent dans la capitale à coup de mélanges douteux et de gestuelles maîtrisées. Un morceau qui sonne déjà comme un banger, un visuel de qualité et une bonne dose d’énergie, on veut vraiment tout savoir sur le Yuz.

Daniel Mist – Walk

On avait quitté un Daniel Mist troublé, au cœur d’un premier EP qui alterné noirceur et tempête électronique, les éléments et les sentiments emportés dans une fougue et une douce folie dansante. Deux ans plus tard, on le retrouve apaisé et mélancolique alors que Take Me Back To School, son second EP, s’apprête à sortir le 25 février prochain.

Il le présente cette semaine avec Walk, un titre lancinant et pur, où il regarde le temps passé, sa voix prenant le centre du jeu, bien aidée par des arpèges légers de guitare qui laissent ensuite leur place à un piano planant alors que sa voix se mélange peu à peu à celle de Marie Urbain dans des échos presque fantomatiques, comme des paroles d’un temps révolu.

La vidéo joue aussi sur ce côté minimaliste et onirique. Réalisée par Jeanne Lula Chauveau, elle transforme Daniel Mist en narrateur, héros présent mais invisible, qui ne réagit pas aux bouleversements d’une jeune femme en plein tourment qui est venue se recueillir face à la mer. Une chorégraphie étrange et vaporeuse se met en place, alors que la caméra bouge en douceur pour capter les mouvements silencieux du corps qui semblent porter des douleurs et des pensées sans mots. Alors que la chanson bascule dans son dernier tiers, la nuit prend place et les visages de nos deux personnages se mêlent comme des ombres qui semblent avoir été présentes au même endroit, aux même heures mais pas ensemble.

Une beauté discrète vibre du tout pour notre plus grand bonheur.

Murman Tsuladze – Darling

Il y a des groupes dont on guette les sorties avec beaucoup d’attention, et les garçons de Murman Tusladze en font clairement partie ! Depuis quelques années déjà ces trois là ont le bonheur de nous faire danser et de nous entrainer dans un univers délirant et unique qu’on apprécie énormément.

Les voilà aujourd’hui de retour avec Darling, un titre en anglais qui annonce l’arrivée de leur second EP. Et on retrouve tout ce qu’on aime chez eux, entre une basse imparable, un rythme envoutant et la voix de Murman crooner distant qui nous entraine dans ses aventures.

Du tout bon donc, qui s’accompagne d’un clip toujours aussi délirant à mi-chemin entre Matrix, Brazil et l’Europe de l’est. On suit la bande de Murman dans ce délirant monde presque VIP, entre cocktails, jets de paillettes d’or et bijoux comestibles. Un monde bien à eux dans lequel on entre à pieds joints pour ne plus jamais vouloir en ressortir.

Osmoze. – Chiffres & Amour (court-métrage)

la fin 2021, Osmoze. a sorti un EP de trois titres nommés Chiffres & Amour, cette semaine il donne une seconde vie à ce projet en l’accompagnant d’un visuel tiré du message qu’il a voulu transmettre dedans. Pour se faire il a pu compter sur Misha Van Der Werf à la réalisation. Comme le titre le laisse présager, il est question ici d’amour, ou en tout cas, il était question d’amour. Le clip débute sur un répondeur, d’un côté une boîte vocale, de l’autre un homme, la voix pleine de remords causés par une fin de relation.Découpé en trois chapitres, à l’instar des trois morceaux de l’EP, le premier sobrement intitulé A deux se plonge dans une relation passionnelle entre les deux protagonistes (interprétés par Kenor Ospina et Chloe Vanden Bossche, ndlr) qui font de la ville et de la nuit leurs terrain de jeux plus complice que jamais. La seconde partie, Chiffres & Amour se déroule en journée, tournée à la VHS on retrouve cette fois le couple dans l’intimité d’un appartement. Même s’ils sont toujours présents, les sourires semblent s’atténuer. 

« Du mal à faire le choix entre l’amour et les chiffres »

La nuit fait son retour pour Silence, clôture de ce triptyque audiovisuel prenant. Mais cette fois il n’y a ni sourire sincère, ni couple, éteignant la lumière qui illuminait le visage du jeune homme qui devient fuyant, naviguant désormais dans sa mémoire pour se remémorer l’histoire qui l’a rendu un peu plus vivant. Tout en intimité et bien aidé par son équipe derrière et devant la caméra, Osmoze a su relater les plaisirs et fêlures d’une histoire passionnelle guidé par une bande sonore très prometteuse.