Les clips de la semaine #114 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de la sélection numéro 114 des clips de la semaine.

P’tit Belliveau – Demain

Chez La Face B, on a toujours un oeil tourné vers nos cousins du Canada et depuis un petit moment, notre regard se porte vers l’Acadie et P’tit Belliveau. Le bonhomme qui avait enchanté notre fin d’année 2021 avec son J’aimerais d’avoir un John Deere accompagné d’un concert fou et réjouissant au Point Ephémère est de retour en ce début d’année avec Demain, nouveau single qui annonce l’arrivée d’un homme et son piano pour avril chez Bonsound.

Et le charme continue de fonctionner à toute blinde tant la musique de Jonah nous met en permanence des étoiles dans les yeux et des papillons dans le coeur. C’est direct et naïf, tendre et dansant, porté par un refrain accrocheur qui nous envahit dès la première écoute. On se prend au jeu et on écoute cette track folle sur le temps qui passe et le besoin de profiter autant de l’instant présent que du futur.

Pour accompagner le titre Mathieu Labrecque nous offre un clip animé en forme de miroir aux paroles du morceau avec le temps qui passe souvent comme une boucle. Le tout est hyper coloré, joyeux et volontairement optimiste. Demain c’est pas si loin et c’est à nous de le rendre meilleur. Alors faisons comme P’tit Belliveau : demain, on va changer le monde !

Tim Dup – Et tu restes

En fin d’année, Tim Dup ralentissait sa course folle pour nous offrir un joli moment de poésie et de contemplation avec Et tu restes, morceau composé pour le film Le Chêne, à venir sur nos écrans au moins de février.

Ce morceau, porté par un piano aérien, des cordes sensibles et la voix de Tim est une déclaration d’amour à la nature qui voit le temps passer, la vie grouiller dans la visible et l’invisible. Un dialogue, une lettre à un arbre imperturbable qui reste debout malgré tout. Un morceau doux, léger dans sa forme mais porté par un message fort et un rappel nécessaire à l’humain concernant l’écologie.

Pour l’accompagner derrière la caméra, on retrouve bien évidemment son camarade Hugo Pillard qui suit Tim Dup et filme la nature dans ce qu’elle a de plus beau et de plus sauvage et éternel. Dans cette promenade bucolique, il suit au plus près, filmant les arbres, l’eau et la vie qui évolue et grandit dans cet espace qu’il nous faut absolument préserver.

Charlotte Adigéry & Bolis Pupul – Ceci n’est pas un cliché

L’humour a toujours été le meilleur moyen pour dénoncer les choses et poser le doigt là où ça fait vraiment mal. Charlotte Adigéry & Bolis Pupul l’ont bien compris et le prouve une nouvelle fois avec l’exceptionnelle, et hilarante, Ceci N’est pas Un Cliché.

Ils nous préviennent dans le refrain « je parie que ceci vous semble très familier« . Et pour cause, sur une instru minimaliste, qui explose parfaitement, sur les refrains, les belges s’amusent à enchainer des phrases sans aucun sens qui semblent avoir été piochées aléatoirement dans tous les hits radio de ces dernières décennies. Une manière de se montrer créatif et percutant dans un univers musical qui semble se répéter continuellement.

Forcément il fallait un rendu visuel qui colle parfaitement à l’idée derrière le morceau. Charlotte & Bolis se sont donc amuser avec Bob Jeusette à une plongée dans le meilleur du pire des clips de ces dernières années. Volontairement cheap et à l’image bien baveuse, ces 4 minutes sont une plongée réjouissante dans un mauvais goût parfaitement assumé.

Topical Dancer est prévu pour le début du mois de mars et on a carrément hâte.

Korin F. – Avec Amour

Le peuple des Korin nous entraîne cette semaine, pour le dernier titre de leur album L’Arbre Exponentiel, Avec Amour dans les méandres d’un métavers langoureux où les rêves tendres prennent vie et les rencontres deviennent probables. Une fusion se jouant du sentiment de solitude qui apparaît à la naissance de l’émotion amoureuse.

Un synthé lofi rythme des paroles phrasés-chantés « je me laisse guider par une force supérieure contre qui je ne peux lutter, avec amour ». Sur les images, le travail sur les couleurs apporte un sentiment d’irréalité ; une palette de pastelles aux tonalités 80s dont les teintes s’harmonisent sous l’éclairage d’une lumière ennuagée. Un univers ouaté nous enveloppe, Avec Amour, dans une calinothérapie apaisante.

Confidence Man – Feels Like A Different Thing

Le quatuor déjanté en provenance de l’Australie continue de dévoiler peu à peu son évolution depuis son dernier album. Avec Feels Like A Different Thing, le groupe continue l’exploration de ses influences nineties avec cette fois-ci, un pont entre la Britpop et la House. Beaucoup plus centré sur les dancefloor, il n’est plus question de nous faire déconner mais de nous déhancher sur tous les dancefloor. Le clip met en lumière les couleurs orangeâtes du désert australien tandis que la bande s’élance dans des drifts sableux. Les jeux de lumières et les effets sont de gros clins d’œil aux films d’actions catchy tels Fast & Furiousou encore Apocalypse Now. Ouais, Confidence Man se veut désormais badass. Bientôt dans les bacs, le 1er avril, préparez-vous à leur second album TILT 

Babysolo33 – LnlyBby

Babysolo33 pousse son processus créatif encore plus loin sur cette nouvelle sortie en étant directement à la réalisation du visuel accompagnant LnlyBby, son dernier single.

Loin d’être seule derrière la caméra, elle a pu compter sur l’aide de ses copines de Totally Production dans cette nouvelle proposition visuelle. Après des ambiances musicales plus entraînantes, tirant vers la pop ou même les sonorités électroniques, la jeune bordelaise se tourne cette fois vers quelque chose de plus planant mais de tout aussi envoûtant en allant sur un terrain plus cloud.

Avec ces sonorités qu’elle accompagne d’un visuel tout aussi lancinant, elle invite à plonger dans un énième volet d’une palette musicale qui semble inépuisable et dans une esthétique qui lui est propre.  LnlyBby c’est une ballade nocturne et solitaire qui comble autant les yeux que les oreilles dans laquelle nous invite la jeune artiste.

Tess Parks – Happy Birthday Forever 

Près de 9 ans après son premier album solo, Blood Hot (2013) et 6 après son très remarqué I Declare Nothing(2015) en collaboration avec Anton Newcombe du Brian Jonestown MassacreTess Parks annonce cette semaine la sortie prochaine de son 3ème opus, (2ème solo) And Those Who Were Seen Dancing.

Le titre est tiré d’une citation de Nietzsche : “And those who were seen dancing were thought to be insane by those who could not hear the music” et l’on plonge dans la danse pop psychédélique de la musicienne canadienne avec son premier single, Happy Birthday Forever. On y retrouve la voix rauque et langoureuse de la chanteuse, que l’on aperçoit petite fille à une classe de danse dans la vidéo qui accompagne le morceau. 

And Those Who Were Seen Dancing sortira le 20 mai, on a hâte d’en découvrir plus de titres !  

Charles Howl – Dreamer, in a Bad Way 

Charles Howl sort cette semaine Dreamer, in a Bad Wayun morceau de synthwave nocturne et mélancolique qui encourage à rêver coûte que coûte : “Dream on, dream on, don’t listen to what they say/ that you’re a dreamer, in a bad way”. Des paroles à la fois sombres et apaisantes qui nous parlent d’autant plus dans ces moments incertains. Dans la vidéo qui accompagne le morceau, le musicien et cinéaste anglais basé à Berlin nous balade dans la capitale allemande de nuit avec un lampadaire allumé dans les bras… une lumière à suivre… 

Pour ceux qui seraient à Londres le week-end prochain, le musicien jouera à Paper Dress Vintage le 5/02 ! 

Oscar Emch – Plan B

Toujours en finesse et avec beaucoup de classe, vous l’avez surement deviné, c’est Oscar Emch que nous retrouvons ce dimanche, dans les clips de la semaine. Enregistré au Midilive Studios, Oscar surprend toujours plus avec cette live session pour son titre Plan B. Accompagné de ses musiciens et pour cette fois-ci, d’une équipe de choristes, Oscar ne cesse d’ouvrir ses horizons et d’explorer les limites de sa créativité. Et quel plaisir de le voir s’émanciper de cette manière. Tout y est, entre la qualité de l’image, du son, des voix, la finesse de ses propos, nous vous assurons qu’une chose, le bouton replay de Youtube fonctionne parfaitement.

Widowspeak – While you wait

Deuxième single teaser du prochain album du duo de Widowspeak, While you wait est également une balade enchanteresse aux riffs de guitares planant. Après l’album Plum sorti en 2020, le 11 mars sera le jour de parution de The Jacket sur le label Captured Tracks.Ce que l’on peut déjà dire c’est que le titre sera en ouverture d’album.

Le groupe explique que le titre est “a sort of the opening credits scene, when the main character is going to their job and seeing the shift change of the city in the very early morning. Then in the second verse, they are leaving work and seeing nightlife start up again. Those simultaneous experiences are like cities within a city; there’s always someone ending their day as someone else’s is starting” (Une sorte de scène de générique de début, lorsque le personnage principal se rend à son travail et voit le changement de la ville au tout début de la matinée. Puis, dans le deuxième couplet, il quitte son travail et voit la vie nocturne reprendre son cours. Ces expériences simultanées sont comme des villes dans une ville ; il y a toujours quelqu’un qui termine sa journée alors que celle d’un autre commence)

.La vidéo qui accompagne est dans la continuité de celle sortie pour Everything is Simple. L’ambiance est toujours typiquement américaine, on suit un homme faire du roller dans une tenue colorée. La ville où nous déambulons pourrait être une ville comme Miami ou Los Angeles, avec des palmiers et des chemins longeant les plages. Nous retrouvons la chanteuse Molly Hamilton se faufilant dans un motel telle une conteuse d’histoire moderne. Avec ce clip coloré et lumineux, Widowspeak nous emporte dans une Amérique rêvée.

Suki Waterhouse – Melrose meltdown

Suki Waterhouse revient cette semaine avec un nouveau single Melrose meltdown nous emmenant dans son Malibu fantasmé.

Avec son regard de biche, la mannequin et actrice se dévoile sur des plans rapprochés dans des tenues plus vintage les unes que les autres. Pomponnée dans une robe dessous en plume et soi rose ou bien en sequin vert, on observe les différents jeux de lumières sur le visage boudeur de la modèle. A la fin du clip elle apparaît libre et détachée de ses dictats dans une tenue moins sophistiquée à l’arrière d’un camion roulant à vive allure.

L’influence de Lana del Rey plane sur la jeune chanteuse tant pour sa voix grave que pour sa musique envoûtante. Le blues et l’esthétisme des États Unis sont également une source d’inspiration commune qu’on retrouve dans Melrose meltdown et les derniers singles de Suki Waterhouse. La chanteuse annonce avec ce titre son premier album à venir en avril I can’t let go qu’on a hâte de découvrir.

Zamdane – Le monde par ma fenêtre

Quand Zamdane a attrapé le micro du mythique studio de Planete Rap en répondant à l’invitation de son collègue marseillais Soso Maness, pour jouer un nouveau titre inédit appelé Le monde par ma fenêtre, la pièce s’est embuée d’une sincérité communicative.

Quelques mois plus tard, le morceau est enfin libéré sur les plateformes et est même accompagné d’un clip. Réalisé par Roxanne Peyronnenc, l’artiste a également pris part au visuel pour raconter avec le plus de réalité possible son vécu. Mélancolique, le jeune rappeur se balade en bord de mer, dans la tête c’est les étapes du passé qu’il a en mémoire. L’occasion d’ouvrir sa fenêtre à ce passé remplis de difficultés qui ont forgé l’homme qu’il est aujourd’hui.

De son arrivée en France à son récent début de succès, en passant par ses problèmes avec la justice, le parcours a été cabossé mais a alimenté une musique qui vient du cœur et qui touche directement tant elle éclabousse de sincérité. Le monde par ma fenêtre en est sûrement le plus bel exemple, encore plus en se couplant à un clip donnant encore plus de résonance à ce parcours de vie et la sincérité avec lequel il est relaté.

Jesse Mac Cormack – Blue World (Live)

La voix suave au groove imparable de Jesse Mac Cormack nous adresse un nouveau titre à l’émotion débordante.

Le montréalais revient, décidément affranchi des codes de la folk, pour nous entraîner dans les méandres d’un morceau rectiligne et passionné. Dans le cadre intimiste d’un appartement transformé en studio, entouré de plantes vertes, on assiste ému au déploiement d’un morceau charnel, riche et aux multiples rebondissements.

Les chœurs semblent une supplique venue d’un gouffre où l’écho rêveur d’une apparition tente de nous attirer… et au fond duquel brille une étrange lumière. “Pushed all of your children off a cliff / The little you must’ve believed / Makes me wanna cry / Head out Run away / Never look back

Œuvre collective hallucinante, l’émulation donne envie de s’inviter en jam avec eux.

JeanJass & Akhenaton – Mains Qui Prient

C’est le retour du pape de charlous. Après un album solo et un projet confidentiel en duo (Zuchi Boyz), JeanJass est de retour avec la sortie du clip de Mains qui prient. Issu de son projet Hat Trick sorti en 2021, le Belge invite un pilier du rap et fondateur du groupe mythique IAM, Akhénaton.
Réalisé par Rayan Imoula, il met en scène cette collaboration dans différentes situations à Marseille. De l’intérieur d’une session studio en noir et blanc, à une froide balade en bord de mer, jusqu’à une discussion privée sur une terrasse chaleureuse, le clip représente un visuel esthétique entre la légende et la nouvelle génération. Entrecoupé par de petits monologues, l’acolyte de Caballero offre une vidéo de 5 minutes, dont le style peut approcher celui d’un mini documentaire.
Un morceau symbolique pour le rappeur de Charleroi qui partage la date du 17 septembre avec son invité. Il fête l’anniversaire de rencontre avec sa femme, tandis qu’Akhénaton fête la date de son premier jour sur terre. Cette sortie annonce la fin de l’aventure du projet solo de JeanJass, qui se tourne à présent vers son nouveau futur album en duo.

The Smile – The Smoke

Deuxième single de ce qui est certainement l’un des albums les plus attendus de cette année, The Smoke nous est partagé trois semaines après You Will Never Work in Television Again. Deux singles très
prometteurs issus du nouveau projet des hyperactifs Thom Yorke et Jonny Greenwood, accompagnés du batteur de Sons of Kemet, Tom Skinner.

Le clip est une lyrics video produite par Joel Spencer et réalisée par Mark Jenkin (réalisateur du film Bait sorti en 2019). Tourné au format 16mm, on y
voit les paroles du morceaux défiler et se perdre dans une succession de lignes et quadrillages tracés à la main, qui semblent défiler à toute allure. Le tout est réalisé en noir et blanc, entrecoupé d’images à l’esthétique vaporeuse ressemblant à des observations de coupes au microscope.

Côté musique, on retrouve bien entendu la voix délicieuse de Thom Yorke, mais à l’inverse de You Will Never Work in Television Again, laquelle pouvait nous replonger dans les premières années de Radiohead, The Smoke se rapproche plus de leur dernier album, A Moon Shaped Pool, avec des effluves jazzy apportées par un saxophone lui-aussi vaporeux et, bien-sûr, le jeu de batterie de Tom Skinner. De quoi nous mettre encore un peu plus l’eau à la bouche, d’autant que Nigel Godrich (producteur de Radiohead et accessoirement de presque tous les
projets annexes de Thom et Jonny, dont The Smile) avait annoncé que l’album est déjà enregistré, nous n’avons cependant aucune date de sortie à ce jour…

Pour mieux nous faire patienter, le groupe nous proposece week-end 3 concerts différents et intimistes, en 15 heures, joués à Londres et retranscrits en direct par livestream sur 3 fuseaux horaires différents. Cependant, même le livestream nécessitera d’acheter un ticket.

BARON.E – CRÉATURE

En ce week-end maussade de fin janvier où l’appel de la couette force à la procrastination, faisons le plein d’énergie en écoutant un nouvel extrait du second EP de BARON.E sorti en novembre dernier. Retrouver ce mélange entre rap et électro-pop qui fonctionne à merveille au sein de ce duo Suisse.

Une passe à deux voix pour le début du morceau, celle d’Arnaud teintée d’une certaine gravité et, prenant le relai, celle de Faustine empreinte d’empressement, comme si une accélération devenait nécessaire. Pris dans un vertige, tout bascule, les deux voix se confondent, la production gagne en force et devient percutante. Emportées par le sillon d’un tourbillon sonore, les émotions se confondent entre une violence cataleptique et un amour impétueux. La Créature devient chimèrique.

Ce bouillonnement de sentiments est mis en image dans la vidéo par Alexandre Schild. Le road movie à la Bonnie and Clyde d’un quatuor dont les duos permutent et qui s’achève dans le décor d’une station-service déserte et envahie par la torpeur de la nuit. Un calme apparent qui va voler en éclat dans un déferlement d’agressivité. Il existe dans la musique de BARON.E comme quelque chose de contenu qui ne demande qu’à exploser et qui devrait faire merveille sur scène.