Les clips de la semaine #110 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de la sélection numéro 110 des clips de la semaine.

FKA twigs – Tears in The Club (feat. The Weeknd)

L’esthétique impeccable de FKA twigs n’a en soit plus rien à prouver. L’artiste se lance pourtant le défi d’esthétiser l’horreur. Sur une mélopée nostalgique, les corps en sueur dansent et se mêlent. Des larmes s’écoulent sur le visage de FKA, comme la représentation d’une déchéance et d’une autodestruction.

Les prédateurs profiteront de cette vulnérabilité pour se saisir de son corps et la déposséder, laissant son âme déchirée sous les agressions de la pluie. La foule se délectent des larmes de leur proie. The Weeknd fait lui aussi une apparition, pleurant devant la barre de pôle dance tel une âme solitaire.

FKA danse dans un aquarium, telle une créature exotique prisonnière de la curiosité des hommes. Tel le message de la chanson, les sentiments se confrontent dans un moment d’horreur sublime.

Lollie Dextrose – I Play It Cool

Ils nous avaient enchanté avec leur rythme funk et leur voix de crooner sur le clip bourré d’autodérision de Modern Eagle Eye. Ils réitèrent le crime en se transformant cette fois ci en pontes de la mafia impertinents et arrogants pour I Play It Cool. Toujours aussi groovy, on suit le jeu du chat et de la souris entre les deux musiciens.

Un Tony Montana décadent enchainant coups de poker et solo de air guitare dans une baignoire laissant peu de place à l’imagination. Il se plait à tromper son poursuivant en enchainant costumes et personnages loufoques, prenant en complice le spectateur à qui il décroche un clin d’œil à chaque supercherie.

Se prenant tout sauf au sérieux, le groupe s’éclate et transcende les codes, brisant le quatrième mur et se jouant de nous. On apprécie d’être aussi bien trompés.

Rudy Ehrhart – LGELC

Le poétique Rudy Ehrhart joue avec les mots, les gouts et les couleurs dans son nouveau titre LGELC. Dans un timbre de voix presque innocent, il nous emporte dans une valse nostalgique ou les couleurs des craies se mélangent et s’écoulent dans les égouts. Triste destin pour les dessins d’enfants qui illuminent le bitume.

Rudy joue comme personne des oxymores et des métaphores pour une chanson qui peut s’écouter à travers des angles si différents. Un style enfantin tel un conte d’enfant, révélant sa portée et son message une fois adulte. Les couleurs prennent vie dans une superbe animation, illuminant tour à tour la plus triste des bouches d’égouts. Une façon de réenchanter la vie….

Cat Power – I’ll be seeing you

Jamais deux sans trois, Cat Power revient avec un nouvel album de reprises en janvier 2022 et nous livre cette semaine le premier extrait.
Chan Marshall revisite I’ll be seeing you, magnifique titre de Billie Holiday, qu’elle offre en hommage à son complice Philippe Zdar avec qui elle avait travaillé sur son album Sun, décédé en 2019.

Dans le clip, on la découvre en costume, sur scène dans un vieux club chic aux allures New Yorkaise. Dans ce décor, elle prend le temps de constater que rien ne sera comme avant mais s’efforce de chanter, comme un dernier souffle pour se convaincre, »je te reverrai ». 

La voix toujours envoûtante, Cat Power excelle dans l’art de se réapproprier les plus belles chansons et ce nouveau titre le confirme encore une fois. 

Berling Berlin – Your Eyes

Le quartet rock parisien vient de sortir son nouveau single Your Eyes accompagné d’un clip sombre et glitchy. Le groupe poursuit son esthétique mystérieuse et élégante. Dirigé par Félix Hureau Parreira and Hugo Launer Cosialls, images et paroles sont en accord pour donner un effet industriel et cold wave avec un refrain entêtant. Les ombres des musiciens croisent le design rétro expérimental des premières technologies.

Les rockeurs restent réservés et énigmatiques en nous parlant d’un amour complexe, d’un “elle” qui revient tout du long de la chanson et qui semble tourmenter le chanteur. Berling Berlin n’a jamais aussi bien porté son nom et vous emmène dans l’underground berlinois avec une touche de romantisme, tout droit venu des années 90.

Stavo – Kipsta

Depuis la sortie de BLO II avec son groupe 13 Block, le chef de chantier Stavo a pris les opérations en solitaire. Son phrasé singulier, sa maîtrise déroutante et son énergie sont ses meilleurs outils pour ce nouveau plan qu’il compte mener à bien. Pour se faire, il perpétue son amour pour Décathlon avec un projet où chaque titre reprend le nom d’une des marques de l’enseigne.

Cette semaine, il a dévoilé le visuel de Kipsta, épaulé par Cédric Cayla et Boris Biaou à la réalisation. Ce dernier raconte la double vie du rappeur entre session au studio et récupération de marchandises illicites, il vit à 1000 à l’heure mais attention de ne pas glisser dans le virage, la collision pourrait être fatale. Même si Stavo à plus d’un tour dans sa boîte à outils…

Saint Denis Ft Lutchi – Drip

Après avoir été invité sur les deux projets Akié de Lutchi, c’est au tour de Saint Denis d’accueillir son collègue sur le titre Drip qui, en plus, bénéficie d’un clip réalisé par Ieman.6tz et Younesta. L’alchimie entre les deux hommes règnent aussi bien au micro qu’à la caméra donnant un rendu plus qu’efficace. Ce qui est bien aidé par les mélodies colorées des artistes sur une instrumentale entrainante signée Shima.

Le visuel accompagne parfaitement l’énergie du morceau, coloré et dynamique, les rappeurs se pavanent dans Paris et vont même jusqu’à navigué sur La Seine. 

Gaël Faye – Boomer

Nouvelle mise à l’image pour un morceau du dernier album de Gaël Faye (Lundi Méchant), sorti il y a déjà plus d’un an. Visiblement heureux de retrouver son public en concert, l’artiste a fait le choix de proposer un clip live enregistré lors de son passage au Zénith de Paris. Un moment fort comme l’illustrent les émotions de spectateurs et leur capacité à s’ambiancer. Le morceau en lui-même, c’est Boomer, couplet anti-réacs où l’objectif est de toiser une génération qui ne comprends plus la jeunesse et ne cherche plus à le faire.

ous les codes de ce qu’ils détestent est mis en avant, comme une sorte de best-of, il manque juste un quelques lignes sur les réseaux sociaux pour que le tableau soit totalement complet. Le rythme est endiablé, dansant, on ressent la promiscuité et la chaleur des fans qui dansent jusqu’à l’épuisement comme pour montrer  à quel point ils existent à la face du monde. Encore une belle réussite signée Gaël Faye !

Ronnie’s Visit – Eyes Wide Open 

Des guitares nappantes et la voix douce de Ronnie’s visit nous embarquent en week-end à la mer, cocon 90’s capturé sur VHS, version bisounours d’Everything is terrible. Des visions se succèdent et nous emmènent dans un road-trip où les deux narrations se répondent, patchwork visualo-musical poétique sur fond de balade psyché.

Monté par Simon Freger, le clip de Eyes Wide Open est décrit par Ronnie’s Visit comme « un hymne aux souvenirs, au temps qui passe et à la famille ». Son EP autoproduit Nouvelle chair est à paraître le 11 février prochain.

Tsew The Kid – Rockstar

Du fan service ? Le dernier clip de Tsew The Kid, enfant terrible de la nouvelle scène pop urbaine et doppelganger français de Rae Sremmurd, compile les temps forts de ses moments sur scène en 2021, entre mélancolie assumée et romantisme suranné.

Le résultat ? Un clip empreint de symbolisme qui convaincra les plus réticents de venir se fondre dans la foule en liesse de l’Olympia le 21 janvier prochain. De quoi bien terminer le week-end en pensant aux amours déçus sur fond de musique entraînante et acidulée.

Maxime Cassady – Toi comme toi

Dans le dernier clip de Maxime Cassidy, directement inspiré d’un dessin de Brother Merle où on y voit un vieux cowboy en roller, on suit la journée d’un ringard tellement sûr d’être le mec le plus cool du monde qu’il le devient (au moins dans sa tête). Pendant 6 ans, Maxime a voyagé en stop autour du monde, écrit des chansons en anglais et joué dans plus de 37 pays.

Avec une guitare et quelques harmonicas, il compose principalement du blues et de la folk psychédélique. Son premier EP, Cowboy sans cheval, cristallise cette période de voyage, quand dans Toi comme moi il rompt avec le tout-en-anglais et la folk pour nous offrir un hymne rock ultra-rythmé, ode à l’intégrité et aux plaisirs simples de la vie.

OrelSan – Jour Meilleur

OrelSan a dévoilé vendredi le deuxième clip de son album Civilisation. L’occasion pour lui d’adapter Jour Meilleur et de mettre à l’honneur sa région d’origine, la Normandie.

Perdu au milieu des vagues des plages du débarquement, l’artiste se rend dans sa maison d’enfance et y découvre un carnet « Notes pour plus tard ». Il se lance alors dans une quête lui permettant de cocher une liste de choses à faire : Street Golf, roller, faire irruption sur le terrain du stade Malherbe en plein match.

OrelSan profite de tout cela pour mettre en avant toutes les choses qui l’ont entourées durant son adolescence.