Les clips de la semaine #109 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de la sélection numéro 109 des clips de la semaine.

The WombatsEverything I Love Is Going To Die

The Wombats reviennent cette semaine avec le brillant Everything I Love Is Going To Die, un dernier single avant la sortie très attendue de leur prochain album Fix Yourself, Not The World qui sortira le 14 janvier prochain (AWAL). Le trio britannique expert dans le domaine de la grosse déprime très dansante depuis une bonne dizaine d’années propose ici une véritable ode au moment présent. En effet, dans une époque comme la nôtre où il est de toute façon compliqué de se projeter, le choix le plus judicieux qui s’offre à nous est d’abandonner toute tentative de contrôle des évènements et de se laisser porter puisque leur finalité est jouée d’avance. « Plus facile à dire qu’à faire » vous nous direz : vous aurez raison, mais The Wombats sont fidèles à eux-mêmes et rendent encore une fois l’avalement de ce genre de pilule plutôt agréable via un solide banger pop et un clip en pixel-art délicieusement chaotique qui va avec. On respire, ça va bien se passer.

Ian Caulfield – La Boule au Ventre

Ian Caulfield a sorti ce vendredi le clip de La Boule au Ventre, de quoi clore en beauté son EP du même nom. Le rémois, accompagné d’Hugo Pillard à la réalisation (qui a déjà travaillé avec Pomme, Pi Ja Ma, Terrenoire et Videoclub), nous amène encore une fois dans le monde de l’enfance avec ce clip tout en douceur et en mélancolie.

Nous retrouvons Ian dans son grenier, endroit rempli de souvenirs, en train de rêver devant la photo noir et blanc d’une inconnue qui lui donne la boule au ventre. Les artistes usent de techniques variées pour imager le battement entre rêveries et réalité. Séquences animées, photomontages et vidéo se succèdent avec une habilité rare. Il faut aussi noter l’importance du texte et de la musique.

En effet, le texte est mis en scène stricto sensu alors que les parties instrumentales laissent place à des séquences plus contemplatives et oniriques, avec notamment une splendide chorégraphie d’Olivia Lindon.
L’univers de Ian Caulfield est parfaitement représenté dans ce clip, plein de tendresse, dans lequel les rêveries prennent vie et la nostalgie donne le sourire.

Fleur Bleu.e – Sun

Dans le clip Sun, le duo Fleur Bleu.e nous partage une douceur enfantine, des images vintage, un moment paisible où l’on ressent presque les rayons du soleil réchauffer notre peau. Une balade sur les hauteurs de Belleville, l’intérieur cosy d’un appartement, les mouvements délicats d’une main accompagnent les notes de la musique aux sonorités dream pop.

Dirigé par Clémentine Chapron, le clip est un savoureux mélange entre rêve nostalgique et esthétique DIY qui nous emmène dans un univers naïf.Tourné à la Super 8 deux ambiances s’opposent, une plus sombre et feutrée pour petit à petit s’ouvrir sur une atmosphère plus claire et chaleureuse.Fleur Bleu.e a réussi avec ce single à calmer nos maux et à panser nos angoisses avec tendresse et simplicité.

Jeff Mailfert – The Tribe

Ce vendredi est sorti le clip de The Tribe, deuxième single du prochain EP de l’artiste folk Jeff Mailfert. Anciennement membre du duo Morgane & Jeff, l’auteur-compositeur français revient en solo pour nous livrer des compositions plus intimes et personnelles, à l’image de ce nouveau titre et de son clip tourné dans le Parc Naturel Régional du Morvan.

Réalisé par Vincent Beck Mathieu, le clip s’ouvre sur Jeff, composant les premiers accords du morceau seul dans une chambre. Puis en route à bord de son van, l’artiste nous emmène dans les forêts du Morvan, embrumées de la douce lumière de l’aube. Au bord d’un lac, au coin d’un feu de camp ou à la lueur d’une lanterne dans la nuit, la musique de Jeff Mailfert nous enveloppe de douceur et de sérénité, au rythme des guitares, du banjo et du violoncelle. The Tribe offre l’occasion de chérir ces moments de calme après la tempête, de solitude paisible où, avec la nature comme seul compagnon, l’on renoue avec ce que l’on a de plus profond et sincère en nous-même. 

Le morceau sortira demain sur toutes les plateformes. 

AaRON – MINUIT

Avec la vidéo de Minuit, le duo AaRON donne vie à un nouvel extrait de leur quatrième album Anatomy Of Light paru il y a un peu plus d’un an, en septembre 2020. Olivier Chenille à la réalisation du clip, offre à ce titre un écrin capitonné de symboles et d’allégories. Dans la scène d’ouverture s’oppose l’obscurité et la fraîcheur d’une nuit à la chaleur d’un brasier et aux éclats des flammes qui s’y échappent. Nous tenons ce moment entre-deux – Minuit – où tout finit pour pouvoir se reconstruire. Il est question de sentiments, d’amour, de liberté de ressentir cette passion qui nous habite.  Cette passion prend l’apparence d’un cheval sauvage que l’on ne saurait dompter de peur de le voir perdre de sa fugacité mais dont on aimerait accompagner la course et ainsi faire corps avec lui. Minuit contient dans ses lignes mélodiques cette force qui naît d’un flot de sentiments. Ce flot contenu et introspectif nous touche au plus profond de nous.

Far – We Are Who We Are

Derrière Far nous retrouvons, Guillaume Farré la moitié du duo Bon Air. Dans Far il y a les premières lettres de son nom mais aussi certainement cette invitation au voyage contenu dans la locution – Far away. De voyage, il en est question dans cette vidéo de We Are Who We Are réalisée par le studio L’œil d’Eos qui accompagne l’escapade d’une jeune fille au travers de grands espaces. Son périple est constitué de lieux à découvrir et de moments à vivre. Et même si ce voyage se fait en solitaire, il n’est en rien angoissant ou oppressant. On sent davantage le besoin de se retrouver pour ensuite aller de l’avant et apprécier pleinement les instants simples que l’on peut vivre. Ce sentiment est présent dans le folk distillé par Far. Il n’est pas empreint de mélancolie, bien au contraire, mais d’une certaine joie de vivre dont nous avons bien besoin en ce moment.   

Vin’s – Manifeste

La rime et la plume toujours affuté, Vin’s a sorti ce vendredi le projet Manifeste. Pour accompagner cette sortie, quoi de mieux que de dévoiler le titre éponyme ? Jouissant en plus d’un clip réalisé par Benoit Rieu, compilant une multitude d’images relatant le quotidien du rappeur. A l’aise au micro, il y raconte ce qu’il observe par sa rétine de sujet d’actualités à ses espérances dans le rap. 

« Avec mon crew, j’taffe jusqu’à ce que j’m’écroule« 

Une notion d’équipe qui revient à plusieurs moment dans le titre mais également dans le clip et cela des open-mics aux concerts. Empreint de sincérité, Manifeste est une belle carte de visite pour plonger dans le rap de Vin’s bien présent dans son dernier projet. 

Geeeko – Pas joli

Le jeune bruxellois, Geeeko choisit le mode clip pour dévoiler à son public le visuel d’un nouveau morceau, Pas joli réalisé par Séraphin Maroy. Devenu sa marque de fabrique, c’est dans une atmosphère nocturne qu’il va à nouveau évoluer dans ce titre. C’est sous les coups de 23h que prend place le visuel à travers les rues de la capitale belge. Une fois la première basse de Chuki Beats lancée, c’est au tour de Geeeko d’exceller avec un flow terriblement efficace. Entre moments au studio et concert, il prouve à nouveau tout son amour pour son métier d’artiste, le tout rythmé par un montage frénétique collant avec l’instrumentale de son collègue et ami anversois. 
Tout en aisance et en finesse, Geeeko impose un peu plus son univers.

Bloc Party – Traps

Il y a des événements aux airs de complot. Le jour où la France ferme ses clubs et interdit à sa jeunesse de danser, Bloc Party décide de faire son grand retour. Oui, un des groupes de rock les plus survoltés a sorti jeudi un clip magistrale qui, histoire de remuer le couteau dans la plaie, nous plonge dans un pogo infernal. On retrouve la team en plein concert, sous des néons rouges qui semblent attiser l’excitation du public. Ces derniers se lancent les uns contre les autres avec fureur, et l’on se retrouve plongé au milieu de cette foule de sauvages. Tout est accéléré, épileptique, nerveux à souhait, comme si le groupe cherchait à expier une frustration et un trop plein d’énergie. Tous les codes qui font le succès de Bloc Party sont là, oscillant entre rythmes sautillant et refrains surexcités. Un peu cruel pour nous de le sortir maintenant, mais on apprécie quand même le cadeau.

Mélanie Destroy – How Long

Un nom qui résonne avec chaos, mal être adolescent et auto destruction. Mélanie Destroy est un quintet français qui se personnifie dans une jeune adulte paumée, perdue dans sa romantisation du mal être et criblée de fêlures. Le groupe a sorti cette semaine son nouvel album Don’t break the Mirror, ainsi qu’un clip d’une sensibilité folle afin de porter le projet. How Long, c’est un cercle d’auto destruction, une boucle de violence, un cri de désespoir. On suit un homme partagé entre son attente en prison et sa vie en civil. Alors que chaque sortie est une course effrénée vers la liberté, il se lance dans des bagarres après bagarres jusqu’à retourner au point de départ. Incapable de contrôler ses pulsions ou fuyant la mystérieuse Mélanie dont il admire la photo avec nostalgie, l’homme s’enfonce de plus en plus dans le chaos. Jusqu’à la résignation. Derrière cette histoire très sombre, le groupe alterne batteries martiales, crescendo tout en puissance, chœurs insufflés d’espoir. C’est 7 minutes de grâce absolue.

Periods – Déso pas déso

Déso pas déso, mais comme on vous l’a déjà dit la révolution sera féministe. C’est le mot d’ordre du dernier titre du trio Periods. Ce qui frappe dès l’ouverture du morceau, est la revendication féministe dans le milieu musical. Si le féminisme évoqué en musique se voulait global, Periods met l’accent sur l’égalité entre le sexe dans le domaine musical : sur scène ou studio. Après quelques clash, résonne la phrase suivante : “On est pas là pour amuser la galerie en première partie, on mérite la tête d’affiche.” Le rythme de la musique est punk, à la fois électronique, électrique et rock. Un aspect rebelle et transgressif que l’on retrouve dans le clip réalisé par Periods, Clémence Vincent et Carolina Moreno.