Les clips de la semaine #101 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face a vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de la sélection numéro cent une des clips de la semaine.

Stromae – Santé

Et on lève tous notre verre au retour de Stromae ! Huit ans déjà que le belge avait plus moins disparu des radars. Quelques apparitions ici ou la, une marque de fringues et un peu de musique … On avait fini par se faire une raison et puis le voilà qui revient et le temps passé semble n’avoir jamais existé.

Car dès les premières notes et dès que la voix résonne, on retrouve l’univers particulier et unique de Stromae. Santé n’est pas une surprise ni une révolution, juste le retour d’un artiste majeur qui nous avait drôlement manqué.

Le thème lui aussi reste dans la droite lignée de ce que le belge a l’habitude de nous proposer, un regard à la fois tendre et humain sur le monde qui l’entoure. Pour ce nouveau morceau, c’est un hommage aux invisibles indispensables que Stromae rend. Tous ces gens qui font vivre nos quotidiens et qu’on ne calcule que rarement, ou souvent avec un certains mépris.

Stromae leur rend un hommage plein d’amour, de respect et surtout un regard puissant sur une société qui s’amuse à broyer les plus faibles. Le clip de Jaroslav Moravec et Luc Van Haver suit la vie de ces « petites gens » à l’âme bien plus grande que ceux qu’ils servent et font vivre.

Alors comme Stromae, il est temps de célébrer ceux qui ne célèbrent pas.

Adele – Easy On Me

A l’heure où Adele semait quelques indices laissant penser à un éventuel retour, le monde a connu une panne massive de la plupart des réseaux sociaux le temps de quelques heures. Coïncidence ? Probablement pas. La jeune femme a littéralement « break down the internet » et c’est sans doute entièrement mérité. Un retour que l’on attendait depuis maintenant six ans, où la reine de la mélancolie reprend sa recette phare : la ballade piano-voix. Avec Easy On Me, Adele a déjà, en quelques heures, brisé et/ou réparé le cœur de milliers de personnes. Pour son grand retour, on la retrouve dans un clip tout en sobriété et élégance, comme à son habitude. Dans une atmosphère en noir et blanc, Adele nous chante une rupture et ses conséquences. Les yeux de lynx auront également remarqué la posture de la chanteuse, assise sur une chaise au milieu d’une maison, d’abord vide dans Rolling in the Deep, maintenant habitée et décorée dans Easy On Me. Serait-ce la maison d’un nouveau départ pour la chanteuse ? On vous laisse méditer sur ce point et on vous donne rendez-vous le 19 novembre pour la sortie de son nouvel album, 30

Tim Dup – D’alcool et de paysages

Lorsqu’on parle avec humour de Tim Dup, on se dit que sa musique ressemble souvent à un bon cocktail avec des ingrédients bien définis : de la tendresse, de l’amour et de la mélancolie le tout saupoudré d’alcools, de voyages et d’une dose bien sentie de bienveillance.

D’alcool et de paysages ressemble précisément à cette équation tout sauf mathématique, jusque dans son titre un peu prophétique. Dans sa course folle, celle pour vivre la vie comme on l’entend, en allant chercher à chaque passage le côté lumineux de la mélancolie, ce morceau résonne pour nous avec des saveurs toutes particulières.

Ici, on laisse les questions de côtés, on laisse la tristesse dans une poubelle et on se concentre sur l’existence dans ce qu’elle a de plus lumineux, on boxe nos pensées sombres, on souffle sur les nuages et on laisse le soleil transpercer nos cœurs.

Pour faire vivre visuellement cette chanson, Tim Dup fait une nouvelle fois appel à son comparse Hugo Pillard. Ensemble, ils nous livrent une nouvelle pastille visuelle, cette fois-ci drôle et tendre. Tournée en italie, avec un aspect DIY, la vidéo semble être un hommage aux vidéos des années 80, entre regard caméra, pose sérieuse et petit clin d’oeil aux spectateurs. Un moment qui nous émeut autant qu’il nous fait rire, pour un morceau qu’on n’a pas fini de chanter.

Parcels – Shadow

Le plus Berlinois des boys bands Australiens continue de révéler peu à peu son nouvel album (ou plutôt double album !). Day/Night arrivera le 5 Novembre prochain et s’annonce comme une pièce majeure des musiques actuelles, et l’impatience d’enfin le laisser parvenir jusqu’à nos oreilles grandit chaque jour. En attendant, on découvre cette semaine un nouvel extrait : Shadow. Contemplatif à souhait, arrangé comme jamais, il donne peut-être une autre perspective sur ce que sera cet opus. Plus progressif, plus conceptuel, parfois moins pop mais toujours aussi classieux que le style de la bande de Jules Crommelin. Côté image, du soleil, du noir et blanc, des images qui claquent et dégoulinent de classe. Attention, cet album va marquer la décennie. On vous aura prévenus.

Capitaine Roshi Ft Wit. – Grande armée

Après avoir livré les deux volets d’Attaque, Capitaine Roshi s’est fait un peu plus discret, conservant le feu sacré qui l’anime en lieu sûr. Il est revenu cette semaine le partager aux côtés d’un autre soldat du feu, Wit. avec Grande Armée et son clip réalisé par BleunuitTV. Armés de leurs flows les plus aiguisés et de leurs raps sciencé, la technique semble infaillible pour pénétrer la défense du rap francophone et frailler un chemin encore plus prometteur que celui se dessinant auparavant pour les deux hommes. Après Stuntmen, son featuring avec Alpha Wann et Laylow, Wit. prouve que malgré sa discrétion il n’a rien à envier aux meilleurs de ce jeu. Roshi, quant à lui, confirme son avenir radieux.Les deux hommes sont également servis à merveille par l’instrumentale de seak, membre du collectif de beatmakers Le Blaze qui a sorti il y a peu son projet réunissant les plus belles têtes émergentes de ce jeu. Une instrumentale hypnotique qui colle à l’ambiance du visuel dans lequel les deux hommes sont masqués, prêts à passer sous les radars pour faire un braquage dans l’industrie. Car comme le relève parfaitement Wit. on a affaire ici à deux acharnés qui ne lâcheront rien pour faire reconnaître leur art.

« J’suis au charbon, j’côtoie que des acharnés »

Pandore – Milgram

On se tourne également vers Lyon cette semaine pour découvrir Milgram, le nouveau titre de Pandore. Produit par Léman, ce premier extrait d’un disque qui verra le jour incessamment sous peu est sur tous les fronts : d’abord, il émancipe l’artiste d’une chanson française traditionnelle en guitare-voix avec laquelle il a débuté mais qui ne lui convient plus. Il l’emmène donc ici vers quelque chose de plus rock et electro. Aussi, et surtout, il joue un rôle cathartique : Pandore raconte ses peurs, ses doutes, sa colère et ose l’honnêteté brute. Son clip (monté par ses soins) en témoigne puisqu’il est constitué d’une compilation d’images récoltées au fil des années dans lesquelles il n’est pas présenté à son avantage. En s’ouvrant ainsi et en tapant un peu sur lui-même et sur le reste de l’humanité, le chanteur offre mine de rien un peu d’espoir : on a beau être bancal•e•s, on tient quand même debout. 

Sheldon – Fumée

Il y a peu on vous parlait de James Cole, cette semaine Sheldon livre un second extrait visuel de son futur projet avec Fumée, réalisé par John Jassens. Toujours dans une sincérité plus que touchante, il raconte à travers ce titre son envie de voyager, de sortir de la matrice qu’il semble subir pour se délivrer de certaines chaînes qui l’étouffent. Assez visuel dans son écriture, il prend le parallèle de la fumée pour appuyer cette envie d’évasion.

« J’disparais dans la fumée« 

Le visuel est lui aussi assez équivoque, à travers le prisme d’un jeune adulte se sentant tout aussi opposé que le rappeur le morceau va se dérouler le mettant en scène dans différentes situations. A travers ce jeune homme, Sheldon identifie ses traumas présents depuis maintenant quelques années, montrant que cette envie d’évasion le parasite depuis un moment. Grâce à cela, il intègre une intimité à son visuel, rendant le morceau encore plus touchant et sincère. 

« Moi, j’ai rien à prouver, j’suis juste un gosse de PanameQui a grandi trop vite sous une cloche de napalm
J’me sentirais mieux si j’étais loin d’ce monde étrange »

Clémentine March – Isolated 

Cette semaine Clémentine March sort Isolated, un morceau electric aérien inspiré d’un fait divers découvert dans les pages du Guardian. L’histoire d’un jeune missionnaire évangélique qui pris pour mission personnelle d’évangéliser la tribu isolée d’une île perdue quelque part dans l’océan indien… Et si l’aventure emmena le jeune homme à sa fin, le morceau, lui, fait vivre cette histoire atypique qui pourrait être un conte d’un autre temps… 

Isolated est le premier titre de la musicienne parisienne installée à Londres depuis la parution de son dernier album Songs of Resilience en février dernier. Sorti sur le label indépendant Lost Map Records, il viendra avec une face B qu’on a hâte de découvrir ! 

PLK – À La Base

ENNA maintenant certifié double disque de platine, on peut dire que PLK en a fait du chemin depuis ses premiers freestyles. Une carrière marquée par des hits aux mélodies aussi commerciales qu’efficaces mais aussi par des moments de rap de haut vol. Le parisien fête ça en annonçant une réédition de 10 titres pour ce projet, lancé avec le clip d’A la base réalisé par Loris Russier.Sur l’instrumentale boombap de Mehsah qui prouve à nouveau qu’il excelle dans ce domaine, le rappeur revient un peu plus aux fondamentaux. Avec toujours autant d’aisance et de charisme, il livre un morceau presque autobiographique de sa carrière qui a pris une sacré route dorée. Particulièrement bien représentée à travers ce visuel.

« À la base, on s’en battait les couilles des scores, on s’en battait les couilles des ventesOn avait rien, on voulait impressionner les grands, on voulait juste crever l’écran Aucune ambition à part ramener des sous pour les parents, pas rester là les bras ballants, c’est pas marrant »

Crystal Murray – Too Much To Taste

Pour son dernier single, Too Much To Taste, Crystal Murray nous livre un banger enivrant. Tourné dans une fête foraine hyper colorée, l’artiste sollicite à la fois notre regard et nos oreilles sans interruption. Chaque image se présente comme un flash, nous promenant d’un lieu à un autre dans cette fête fastueuse où la luxure et l’appétit ne font plus qu’un.

L’artiste assume ici une légèreté décalée sous le signe de la délivrance et de l’épanouissement, du début à la fin on ne cesse de vouloir s’immiscer dans ce clip super pop. Les néons nous saisissent, les mots nous enivrent, l’effervescence nous anime. Un savant mélange habilement mené qui n’augure que du bon pour Crystal Murray !

Barrie – Frankie

« Born with emotion / Pushed into motion » – Le minimalisme poétique du noir est blanc s’est immiscé au cœur du processus visuel du clip de Frankie. Pour ce single – qui rejoint donc Dig – l’artiste s’est prise au jeu d’une danse énergique, d’abord en solitaire, puis accompagnée par Gabby (Gabby’s World), avec qui elle a également travaillé sur la production du morceau. La dynamique est simple et pourtant bien efficiente, ce morceau entêtant délivre avec ce clip toute sa délicatesse et sa subtilité. Un moment suspendu hors du temps, qui laisse parler l’honnêteté et la douceur du geste artistique de Barrie. 

Johnny Mafia – Love Me Love Me

On aime les clips – et très honnêtement, on les aime encore plus lorsqu’ils sont réalisés par Margaux Jaudinaud (à qui on souhaite à nouveau bon anniversaire) ! C’est le cas du morceau Love Me Love Me, issu de Sentimental, dernier album de Johnny Mafia sorti en mai dernier. Ici la musique furieusement amoureuse s’imbrique dans une illustration à sa hauteur.

Des histoires de cyberattaque, de chien bleu, de date Tinder extraterrestre, et de rencontres sans queue ni tête dans la ville de Sens, sous un ciel rouge éblouissant. Quelques minutes pop de dessin animé qui viennent faire écho au Barney de We Hate You Please Die, et où les éclats de guitares viennent une nouvelle fois donner le ton au trait de crayon spontané de l’artiste.