Les clips de la semaine #100 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face a vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la seconde partie de la sélection numéro cent (oui déjà cent) des clips de la semaine.

Nerlov – Prophéties

« La parole est donnée à Monsieur Nerlov.« 

Il faut dire que l’angevin en a des choses à dire, la preuve il vient de dévoiler son second EP, Prophéties il y a une semaine et débarque aujourd’hui avec le clip du morceau éponyme. On va être tout fait honnête avec vous, pour nous ces Prophéties ont tout du petit tube. Le genre de morceau immédiatement addictif et qu’on se repasse en boucle sans jamais y voir la moindre trace d’usure.

Une production léchée, un rythme entrainant et dansant et surtout ces paroles … Tout Nerlov semble résumé dans ce morceau. Un certain sens du cynisme qui sert un propos assez clair et désespéré sur le monde, entre un monde qui périclite et des violences policières de plus en plus présente et institutionnalisées.

C’est d’ailleurs au cœur d’un cercle de parole policier que Nerlov et Valentin Becouze placent l’action de leur clip. Plutôt que d’opter pour la charge frontale, l’artiste joue la carte de l’humour et de la tendresse. Se plaçant ici en disrupteur, un petit virus dans ce monde de violence aux couleurs bleu-blanc-rouge. Une vidéo à son image, décalée et attachante, dans laquelle il ne résiste pas à jouer le « prof de danse« , poussant ainsi le reste du cercle à se relacher et à offrir l’amour et la douceur souvent bien cachées derrière les matraques.

Un clip qui nous rend heureux et nous fait sourire. Un parfait moyen pour attendre son show au MaMa Festival ce mercredi.

Warmduscher – Wild flowers

Une semaine après Idles, l’Angleterre continue de venir nous botter les fesses en beauté et c’est cette fois-ci Warmudscher qui annonce son grand retour, en plus de sa signature chez Bella Union, avec l’excellente Wild Flowers.

Un morceau qui sent bon la misanthropie comme on l’aime. On n’a pas compté le nombre de fuck, mais ils nous semblent bien nombreux et semblent dévoiler un certains dégoût du monde qui nous entoure.

Vraiment ? On n’en est pas certains tant le titre ressemble surtout à un gros défouloir pour Clams Baker Jr et une manière certaine d’assumer ce qu’il propose sans chercher à longueur de temps l’assentiment des autres. Et cela donne Wild Flowers, un titre fou, porté par un groove désarmant et une production dansante parfaitement folle.

Visuellement, le groupe laisse libre court au talent de Ben Faircloth qui nous entraine dans un tableau vivant, psychédélique et inquiétant, rempli de monstres, de pénis et de fleurs qui poussent. Tout un programme en attendant l’arrivée d’un nouvel album et leur venue en France pour le printemps 2022.

The Psychotic Sidewinders – Cold

Parfois, un clip raconte une histoire, parfois il se transforme en porte ouverte sur l’esprit, servant avant tout à coller au mieux aux émotions et aux sensations que provoquent un morceau.

La rencontre entre The Psychotic Sidewinders et Adrien Guessaimi entre directement dans la seconde case, l’illustrateur nous emmenant dans un monde coloré et mouvant, avec l’ambotion certaine de nous ouvrir les chakras et de toucher des zones inexplorées de nos esprits.

Mission réussie, à l’image de ce que nous procure Cold long trip progressif et psychédélique qui nous charme clairement dans cette lente progression qui s’inspire d’une certaine idée du rock 70’s mais transposé à notre époque via une production moderne et puissante.

Une bonne manière de nous rappeler une nouvelle fois que la scène lilloise est aussi diverse que surprenante.

Magon – The Willow

Nouvel arrivant chez Howlin Banana, Magon sort tout juste son premier single sur le label. The Willow se présente tel une ballade enthousiasmante où la voix de l’artiste assurée se coordonne avec des guitares solaires et psychés. L’artiste s’est ici prêté au jeu de la réalisation avec Alexa Rotarescu.

Tourné en Tanzanie, le clip prend des airs de cartes postales éphémères, des cartes postales vidéo qui se rythment sur cette musique à la reverb entêtante. Un habillage visuel simple mais qui valorise pourtant sans mal ce road trip aux couleurs pastel. Une introduction prometteuse en attendant l’album, In The Blue, à paraître le 4 décembre (December Square / Howlin Banana).

Porches – Back3School

La veille de la sortie de son album, All Day Gentle Hold !, Aaron Maine aka Porches nous faisait le plaisir d’un nouveau clip pour le single Back3School. Une nouvelle fois l’artiste y explore ses émotions à cœur ouvert ; une salle de classe vide, blanche, inhospitalière, une maîtresse comme figure impassive et robotique derrière son bureau.

La classe devient pourtant le terrain de jeu d’Aaron – « Oh please take me back to school » – danses effrénées, regards camera candides, gribouillages sur le tableau. C’est en cancre rêveur et mélancolique que l’on voit l’artiste. La musique se veut être une pulsion électrique de tout ce ressentiment, et elle parvient avec ce clip à bel et bien le faire ressentir. Il ne reste plus qu’à écouter la totalité de l’album qui s’épanouit également dans cette dimension intimiste et personnelle.

The KVB – Unité

Plus que quelques petites semaines avant Unity, le nouvel album de The KVB. En attendant, le groupe nous fait patienter avec un nouveau clip pour le single Unité.

Une ode à l’architecture brutaliste et au mode de vie industriel. Le groupe use ici d’un format hybride à mi-chemin entre le clip et la lyrics video, un processus efficace pour transmettre le message répétitif de leur musique.

Ainsi, les mêmes slogans passent en boucle sur les néons, installés sur les immeubles, sur les unités d’habitation. Un clip futuriste – mais pas tant que ça – qui prend des airs de Blade Runner, et où le paysage froid est sans cesse transcendé par l’hyperprésence des lumières cathodiques. 

Blond (feat. Sandra Nicolle) – Été brûlant

Comme une madeleine de Proust en hommage à la saison passée, Blond et Sandra Nicolle nous racontent leur Eté brûlant. Sur une ballade électro rythmée, on se remémore les souvenirs de l’été avec un clip réalisé à six mains : Stan Neff, Dani Terreur et Blond. On y aperçoit un couple interprété par Blond et Claire Lagalère, en vacances à la mer ou au camping. L’image est douce, presque feutrée, un peu comme les sonorités pop du morceau. Ou bien, on pourrait comparer cette douceur à la sensualité féline qui infuse le texte : “Le bitume du parking est brûlant, Tes pupilles se dilatent doucement, On se cabre en arrière en avant, Les étoiles nous regardent depuis quand ?”

Callas Tebaldi – Noces funèbres

Musicien pour Black Market Karma et Pam Risourié, Callas Tebaldi dévoile un nouveau projet en solo. Un projet qui s’ouvre paradoxalement d’une manière macabre avec le titre Noces funèbres. A l’instar de morceaux comme Orange Sylvestre de Palatine, l’artiste parvient à sublimer la mort de sa bien aimée. Sur des sonorités mi-baroque mi-synth-rock, Callas Tebaldi chante avec onirisme : “Foudroyé par mes rêves, Enseveli par ses larmes, Echappée dans les airs, Désarmé par ses charmes, Au coeur de l’autel, Elle est morte ce soir” Tandis qu’en arrière-plan, des sonorités lumineuses semblent se battre contre des guitares tant lugubres que ronronnantes. Paradoxe d’un instant. Ne serait-ce qu’à travers le titre donné au morceau : Noces funèbres. On est pourtant loin du film de Tim Burton lorsque l’on regarde le clip réalisé par Felix Cordier. Le décor prend place dans une forêt éclairée par le soleil, il y a quelque chose qui semble relever du conte. Ce titre est l’avant goût d’un EP intitulé Aeternam, prévu pour début 2022. 

Bertrand Burgalat – L’homme idéal

Il y a quelques mois, nous nous posions la question existentielle suivante : Qui est l’homme idéal ? La réponse était sous nos yeux, puisqu’il s’agit de Bertrand Burgalat. Si nous avions toujours un doute, l’artiste insiste avec un nouveau clip réalisé par Célestin Spriet pour le morceau L’homme idéal. Cette fois-ci pas d’images superficielles sorties de magazines de mode, car à l’instar de l’émission “73 Questions With a Star” de Vogue, le chanteur nous emmène chez lui. Une splendide villa avec un grand jardin magnifique et une piscine. La parodie de la star hollywoodienne allant jusqu’à ce que le chanteur portant un long manteau en fourure blanc parvient à se multiplier pour entretenir sa maison… Nul doute, c’est bien lui L’homme idéal ! 

Louis-Jean Cormier – Les lignes de ta main

Louis-Jean Cormier propose cette semaine un clip pour un titre tiré de son sublime dernier album Le ciel est au plancher, un disque né du deuil ayant suivi le décès de son père. Les lignes de ta main traite d’un sujet souvent oublié lors de ces périodes douloureuses et déconcertantes : le retour à la familiarité d’un quotidien qui semble tout à coup bien étrange et à l’amour qui, lui, reste bien vivant. Cette magnifique chanson est donc accompagnée d’un clip signé Benjamin Lussier, infusé du surréalisme du cinéma d’Alejandro Jorodowsky. À travers une imagerie captivante, spirituelle et lumineuse, on assiste ici à ce fameux processus lent, timide et nécessaire. Après le chagrin, on emprunte doucement avec l’artiste québécois le chemin de retour vers l’être aimé. 

Moussa – Premier

Moussa c’est l’artiste qu’on reconnait à la première note, à la première intonation. On le suit et on l’aime depuis un moment déjà et ce n’est pas Premier, l’album comme le morceau, qui changera la donne. Un rythme classieux et contaminant, un soupçon d’égo-trip et une écriture limpide et élégante font de ce morceau un parfait démarrage, un premier titre d’un premier album qui donne de suite la couleur.

Comme souvent, la musique de Moussa est nourrie par la vie, par une existence pas forcément facile de laquelle on cherche tous à sortir et s’échapper.

Cette sensation presque naturaliste, on la retrouve dans le clip de Mohamed Chabanne. Une performance brute et fragile, un plan séquence éclairé par un soleil qui se couche. Ici, dans cet appartement vide, tout trouve son importance, les ombres autant que les failles sur les murs. Un moment suspendu dans lequel Moussa danse et s’évade, regarde l’horizon pour trouver la ligne de fuite avant que la réalité ne le rattrape.

Ce n’est sans doute pas aujourd’hui qu’on changera le monde, mais c’est clairement un bon départ.

Milena Leblanc – Qui Est Là ? (Qí Shí Wǒ Bú Zài Hū)

Souvent dans la vie, des morceaux de nos personnalités entrent en contradiction et finissent par se battre entre elles. On bascule alors d’un sentiment à un autre, d’une joie explosive à une tristesse infinie en l’espace d’un clin d’œil. Et encore plus lorsqu’on parle d’amour.

Ça, Milena Leblanc l’a bien compris et le met en musique dans Qui Est Là ?. Produit et composé par Lewis Ofman, le morceau se vit comme un dialogue entre ces deux parties de l’esprit. Un choc des titans drôle et un peu kitsch qui retranscrit parfaitement les changements amoureux ainsi que les petites batailles que l’on vit parfois dans nos têtes.

Cette idée prend encore plus corps grâce au clip en split-screen de Farrah Dionnet qui met en image Mile et Léna et leur conversation en direct de l’esprit de Miléna. Des doutes, des pulsions , des interrogations qui finissent par fusionner et ne faire plus qu’un quand arrive le moment de retrouver l’être aimé.

Victor Solf – Fight For Love

Il y a quelques jours, Victor Solf jouait à guichets fermés entre les murs de La Cigale. Après de nombreux reports, le concert a enfin eu lieu et fait désormais partie de ceux que l’on pourrait qualifier de mémorable.

Par ailleurs, peu avant de débuter son set, l’artiste a tenu à nous présenter en avant-première le clip de son nouveau single, Fight For Love, extrait de son premier album Still.There’s Hope paru en avril dernier. Avec ce morceau initialement écrit pour le regretté Simon Carpentier, moitié de Her, Victor Solf y chante le pouvoir du duo fusionnel, qu’il soit sentimental ou amical.

Dans son clip, toujours réalisé par LISWAYA, on y retrouve cette Mercedes slash fil rouge slash métaphore de son passé, déjà présente sur I Don’t Fit ou encore How Did We ? Les thématiques de l’amour mais également de la rupture amoureuse sont au premier plan, appuyées par ce couple qui s’enlace et partage des baisers auxquels la sensualité semble s’inviter. Un clip à visionner sans retenue.