Les clips de la semaine #100 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face a vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Rendez vous est pris avec la première partie de la sélection numéro cent (oui déjà cent) des clips de la semaines

Richard Allen – The Ashes and the Dream

Richard Allen nous emmène en balade cette semaine avec le clip de The Ashes and the Dream, le majestueux morceau qui clôt son deuxième album, Locust Tree Lane, sorti l’année dernière. Le musicien franco-anglais y mêle sa folk inspirée de Nick Drake à des sonorités de jazz improvisé, accompagné de son acolyte Sylvain « Kenny » Ruby. Le morceau qui commence comme une chanson folk traditionnelle s’éparpille et s’envole en une mélopée sauvage aux parfums bucoliques.

Le clip réalisé par Bertrand Hazard et Richard Allen montre ce dernier accompagné d’une marionnette de métal et de papier conduire dans la campagne environnante. Celui-ci se termine au coucher du soleil au son d’un piano éthéré. Le musicien serait en train de composer de nouveaux morceaux que l’on a hâte de découvrir. En attendant on vous conseille d’/e (ré)écouter Locust Tree Lane, qui sied parfaitement à ces douces soirées d’automnes…

Yo & The South – Orange

Cette semaine Yo & the South offrent des images à Orange, le morceau qui donne son titre à leur premier EP sorti en Juin dernier.

Dans de vastes paysages, on y voit Yoann Marra (Voix & guitare) en quête de quelque chose… Et ce n’est qu’à la fin du clip que l’on comprend le but de celle-ci. Des images poétiques pour illustrer une chanson qui l’est tout autant.

Un riff entêtant, des arrangements tout en finesse et des paroles légères exprimant la difficulté d’oublier une personne aimée : « Je chante les yeux fermés/la tête dans les nuages/mon cœur entre nous deux/ Les souvenirs s’enlacent / ton cœur s’est fait surprendre/ le ciel est devenu orange. » Un orange lumineux et lyrique que nous ne nous lassons pas d’écouter… 

Sopoorific – Blessed With Silent Rain

Une forêt dense et une rivière scintillante posent le décor du clip de Blessed With Silent Rain, le second morceau de Sopoorific. Sur les claviers éthérés et une voix parlée distante gorgée de reverb’, les images réalisées par Morgane Samson montrent un joyau enseveli ou encore un baptême initiatique… le rituel mystérieux de la vidéo est accompagné d’un texte de la musicienne toulousaine – Alison Flora à la ville : « C’est une pièce quelque part sous une soupente, éclairée à grand peine par un œil de bœuf jauni et opaque. (…) Autour se devinent, fantomatiques, des objets de tailles et formes diverses couverts de draps gris délavés. À mesure que l’imagination se dilate, gonfle un murmure de raclement d’os, et la rumeur des tambours d’une cérémonie lointaine. » Autant 

d’indices énigmatiques que nous avons hâte de découvrir plus amplement…

Blessed With Silent Rain est extrait de Auras Around Humans, qui sortira en K7 sur Grande Rousse disques (Moutarde & Miel).

Le Blaze Ft Malo – Innocent 

Encore récent, le collectif Le Blaze a pourtant un impact non négligeable dans la sphère rap francophone et même international avec un placement sur le projet Slime Language 2 d’un des papes de la trap, Young Thug. Collectif de beatmaker actif depuis 2018, ils viennent cette semaine de lancer le premier extrait de leur compilation avec un newcomer plein d’assurance, Malo sur le titre Innocent. Un morceau produit par deux membres du crew, seak et mouad qui est accompagné d’un clip réalisé par Faneva Rabetsimamanga et Guy-Paul Laurent. Efficace dans les mélodies mais aussi pertinent pour ajouter du kick à l’instrumentale, les deux producteurs ont livré une instrumentale 5 étoiles pour le jeune rookie qui délivre son flow gorgé d’assurance et ses placements millimétrés. Le clip alterne scène au studio et moment de vie au quartier plongeant au plus prêt d’un quotidien qu’ils ont voulu mettre en scène. Un projet ambitieux qui ne devrait pas faire à cette équipe pleine de potentiel. 

Jazzy Bazz Ft Edge – Zone 19

Passé il y a peu sur Colors dans un titre mélancolique et rempli de sincérité, Jazzy Bazz reprend du service en égo-trip avec Zone 19. Son rap brut et sciencé est accompagné des mélodies calibrées de son ami et collègue Edge, rappelant l’ambiance du projet Private ClubEsso Luxueux en moins. Zone 19, c’est aussi l’occasion de tourner un clip entièrement dans le 19ème et pour cela c’est Dijor Smith qui s’est occupé de la réalisation. 
La caractère urbain propre à ce quartier et à l’ancrage musical de Jazzy Bazz est parfaitement retranscrit dans ce visuel. Le tout est sublimé par l’assurance du rappeur qui change de style aussi aisément qu’il pourrait changer de flow. Imperméable à la Matrix pour entamer son couplet puis tenue streetwear, le Jazz est à l’aise en toute circonstance. 
« Mon style est un mélange de trop d’influences pour eux« 
Pleins d’assurances, il crève la caméra avant de laisser la place à Edge qui arrive en prince de la ville avec des mélodies implacables donnant un souffle nouveau au rap de Jazzy, confirmant l’alchimie entre les deux hommes.

Nadjee – En attendant Nigredo : Face Cachée 

Après avoir travaillé avec d’autres artistes, tel qu’Amel Bent, le jeune artiste repéré par Booba en 2019, Nadjee annonce un nouveau projet à son nom pour le 29 octobre. Soucieux de bien faire les choses, il tease ce projet à l’aide de plusieurs capsules dévoilées dans le courant de la semaine. Un format court dans lequel il tente de mettre sa diversité en avant. Une manière de donner un petit apéritif avant le plat principal. Face Cachée, c’est l’un de ses courts mais efficaces morceaux mis en vidéo par le réalisateur MeguiViews. C’est sur une instrumentale trap signée Nino Vella et supervisée par Nadjee lui-même que l’artiste envoie un flow taillé pour ce genre d’ambiances. Le tout pimenté par des mélodies dont lui seul à le secret et donnant tout son charme à cette capsule. Si vous avez encore faim, le plat de résistance arrive à la fin du mois et se nommera Nigredo.

Jungle – Fire

Toujours plus de Jungle. Après déjà 8 (!) clips liés à leur nouvel album Loving in Stereo, vous pouvez rajouter celui de Fire à votre collection qui couvre déjà presque l’intégralité de l’album. Toujours aussi inspiré, coloré et vivant, on retrouve la recette des clips du duo Britannique, à savoir un plan séquence et des danseurs qui évoluent devant la caméra dans un espace déifini. Le duo Britnanique nous disait d’ailleurs plus tôt cette semaine qu’ils aimaient ce fonctionnement car il leur permet de s’effacer, laisser la place à d’autres personnes d’habiter leur univers et ainsi faciliter l’adhésion de leur public. On peut dire que ça fonctionne, et on découvre cette fois une ambiance de garage, de bandes dans une ambiance post-urbaine et le rendu est vraiment chouette. On vous laisse admirer ça, et on se dit peut-être à dans deux semaines pour le 10ème clip ?

Desmond Myers – Shadows

À l’occasion de la sortie de son premier album Shadowdancer (dont on aura l’occasion de reparler bientôt), Desmond Myers nous propose un nouveau clip très réussi. Plan séquence tout en noir et blanc, on y retrouve le soulman Américain seul avec sa guitare pour chanter Shadows, dont le groove emporte immédiatement. On sent la patte de Mathieu Gramoli (HER, Amouë) à la production ainsi que dans la partie de batterie, un modèle du genre. C’est tout simplement l’un des meilleurs morceaux de l’album et on en est complètement fans. Côté thématique, on est dans le romantisme avec un jeune homme qui a le sentiment de jouer un rôle pour la personne en face de lui et donc de danser dans l’ombre. En tout cas c’est dansant, ça passe très bien même en écoutant en boucle donc on valide.

Weekend Affair – Fini de jouer

Que le temps paraît long entre deux sorties de Weekend Affair. Le duo Nordiste s’était fait discret pendant la crise sanitaire mais c’était pour mieux pour revenir avec ce premier single qui annonce un virage dans les thèmes abordés dans leurs chansons. Moins romantique, plus posé, plus terre à terre mais toujours aussi poétique et savoureux dans la manière de jouer avec les mots (« tous les goûts sont dans la nature, moi c’est le tien que je veux garder »).
Bref, le style dandy-electro fonctionne toujours aussi, la classe dégouline par litres des images et du groove qui nous sont proposés. Le clip nous emmène en Dacia Duster visiter l’arrière pays des Hauts de France avec des images magnifiques et même quelques belles images de drone pour suivre nos deux protagonistes. Bref, il y aura sans doute une suite à cette première sortie qui a un vrai goût de reviens-y.

NTO & Monolink – Beyond Control

Si vous cherchez à vous divertir en l’espace de 5 minutes sans passer par un cinéma ou un concert, nous vous proposons de vous arrêter sur le nouveau clip d’NTO et Monolink « Beyond Control » réalisé par Jean Charles Charavin qui est un film à part entière.
On y suit Arthur Mura, personnalité de l’année désignée par le TIME, un homme d’affaires au succès retentissant.
Ce succès s’arrête net pour lui lorsque qu’une étrange organisation dont il fait partie lui demande de tout quitter et de changer d’identité, de visage, de corps et disparaitre, laissant derrière lui sa femme et sa fille.
On suit alors sa transformation et sa fausse mort organisée et relayée partout dans les médias. Seulement voilà, notre cher Arthur a un mauvais pressentiment et s’empresse de rejoindre son foyer où vit sa femme et sa fille, il se rend alors compte qu’il a été remplacé par un nouveau Arthur Mura.
C’est un scénario haletant n’est ce pas ? Alors comme on tient à ne pas vous spoiler la suite, on vous invite à regarder l’issue de cette sombre histoire, bien accompagnée par la musique extraordinaire d’NTO et la voix de Monolink.

Laure Briard – Não Me Diz Nada brasileiro

Après Eu Voo, dont le poétique clip avait été mis en image par Norma, Laure Briard nous partage une nouvelle vidéo qui accueille sa chanson Não Me Diz Nada extrait elle aussi de son dernier EP.

Un braquage qui tourne mal, une voleuse aux multiples artifices, des personnages singuliers et décalés qui s’entremêlent, une Ford Thunderbird – presque comme dans Thelma et Louise – qui parcourt des paysages désertiques, Ruby Cicero a distillé dans le clip tous les ingrédients d’un road movie au féminin.

Mettant à profit ses études de criminologie, Laure Briard s’est mise dans la peau d’un personnage dont la vie se fait de fuites successives. Não Me Diz Nada (Ne me dis rien)où les sentiments doivent se déchiffrer et finissent par se déchirer. Le rythme est doux et entraînant sert d’écrin à une mélodie enivrante teintée de bossa, ponctuée par la guitare psychédélique de Benke Ferraz (Boogarins) et la clarinette suave de Marco A. Benvegnù. Un road movie entre balade et ritournelle

« Catch me if you can » indique Laure dans un commentaire. Chiche, passons la vidéo en boucle pour s’y essayer.

Alex Van Pelt – SNOWFALLS IN JULY

Après Broken Heart, Alex van Pelt nous livre un deuxième extrait de son futur album, Global Crush, à paraître en novembre chez Kidderminster. Snowfalls in July parle d’une histoire d’amour qui se finit, lorsque dans la chaleur d’une relation on commence à ressentir le piquant du froid qui s’y installe. Dans l’ambiance d’une nostalgie naissante, on cherche alors à profiter des derniers instants. Alors naufragé sentimental, Alex Van Pelt se réinvente une vie, aujourd’hui solitaire, comme Tom Hanks dans Seul au Monde mais avec un Wilson version femme à la tête de choux.

On retrouve dans Snowfalls in July la voix si particulière, presque adolescente, d’Alex Van Pelt. Elle s’appuie sur une mélodie au synthé délicieusement lofi et mélancolique que tend à l’intime. C’est simple mais beau et touchant.

Glauque – Vivre r2 (Live Session) | DIFFUS

Il y a des groupes qui nous manquent beaucoup trop, alors on ne manque jamais une occasion pour leur dire qu’on les aime, même si c’est à travers une live session.

Parce que tout de même, cela fera bientôt deux ans qu’on est en manque de Glauque, qui nous avait éclaté la tête au MaMa Festival 2019. Un manque conséquent qui s’apaise un peu avec cette session live de Vivre version Réécriture.

Une version bien plus aérienne et sombre, qui laisse tout l’espace nécessaire aux mots ciselés et à la mélancolie sourde du propos. Un minimalisme qui se transforme au fur et à mesure du morceau, qui gagne en ampleur et en colère. On pense à plein de choses, comme si Radiohead devenait un groupe belge qui mettait de manière très concrète des mots sur nos questionnements de l’existence.

C’est assez déchirant, clairement obsédant et cela nous amène à cette question toute simple : si on est tous voué à vivre, est-ce que l’existence a la même saveur avec Glauque qui persiste à rester loin de nous ? Ceci est une demande assez claire : les gars, revenez à Paris s’il vous plait. Vous nous manquez.