Les Bons Bails de l’Inter, cuvée Décembre 2022

On vous épargnera ici une intro intelligente et à peine usée qui mélange foie gras, guirlandes, tonton raciste et cadeaux nuls. Mais on a -un peu- squatté l’International ce mois-ci, et voilà ce qu’on y vu de cool

Gurl

Gurl se place dans a droite lignée de la bouillante scène australienne du milieu des années 2010. Pêle-mêle, on peut citer Skeggs, Dune Rats, Hockey Dad, Drunk Mums et encore mille autres groupes. Outre-Atlantique, on irait plutôt du côté de FIDLAR, Wavves, The Babies par exemple. Une sorte de rock garage un peu skate, un peu surf. C’est du soleil, des rythmiques simples, le tout teinté d’une certaine mélancolie. De la vibe end of summer, si on pouvait le résumer en trois mots d’une autre langue.

Et, sans décrocher le prix de l’originalité, Gurl décroche néanmoins le prix de la performance. Le trio français se démène, guidé par la voix éraillée de son chanteur et l’énergie de son bassiste. Sans aucune prise de tête, tout est fait pour simplement danser, été comme hiver.

Wine Lips

Pfiou. Il fallait prévoir des bouchons pour celleux-là. Un autre trio, mixte et canadien (un peu d’exotisme…), pour mettre à l’épreuve la résistance de l’Inter. Wine Lips navigue entre le garage rock et le psychédélisme aux stéroïdes, tout ça baigné dans une énergie débordante qu’on a du mal à imaginer venir de seulement trois personnes. Et pourtant. Pour les situer, rien de plus classique que Thee Oh Sees, les 850 projets de Ty Segall ou Frankie and the Witch Fingers.

Dans un set extrêmement bien construit, partant garage rock pour lentement couler vers leur côté psyché, le trio, fort de trois albums (le dernier chez Stomp Records), fait mouche. En un rien de temps, les esprits s’échauffent, et la soirée, annoncée comme mémorable, tiendra ses promesses. Pourtant pas si long que cela, le set paraît durer des heures tant il est intense. Une vraie castagne, une vraie débauche d’énergie, un vrai délire.

Pop Crimes

Le quatuor mixte Pop Crimes retrouvait son bassiste, et voulait fêter ça. On a pour l’instant assez peu à se mettre sous la dent en ligne, mais on peut définir ce qu’on a vu comme des balades rock un brin psyché, à l’anglaise. Romain Meaulard, ancien d’En Attendant Ana, forme le groupe rapidement après avoir quitté son ancienne formation. Avec Nicolas Pommé (Young like Old Men), le groupe se constitue doucement. Un album vient d’être enregistré, il verra le jour l’année prochaine. Prévu comme assez différent des deux autres sorties du groupe, on gardera une oreille attentive à ce qui se trame.

En attendant (pas Ana), le concert du soir prend la forme d’un crescendo. Des débuts un peu en dedans, empruntés, le groupe reprend ses marques, puis finit tout doucement par lâcher les chevaux. On n’en tiendra pas rigueur à la formation, on sait que le talent est là. Reste seulement à attendre leur sortie, et voir en live de quoi il en retourne. On vous tiendra bien sûr au courant !

Sir Greggo

Inconnu du soir, Sir Greggo est un quatuor rennais assez hors-norme. On a déjà parlé de Mansion’s Cellar, Komodor ou Moundrag, voilà un nouveau nom à rajouter dans la liste du rock psyché breton bouillant. Plus noir, plus ésotérique, un peu math rock, post-punk et, donc, psyché. Petite singularité, un des membres joue de la… flûte. Au début, on ne voit pas trop ce que ça fait là, mais force est de constater qu’après écoute, le résultat est étonnant, et vraiment bon.

Leur premier album éponyme, de 2021, est présenté ici, et il fait mouche. Les langues ne tarissent pas d’éloges pour qualifier le groupe que peu connaissaient. La maîtrise des quatre musiciens est impressionnante, comme si se démenait un seul homme… Sir Greggo ? Soyez prévenu.es, si vous passez proches de la vallée du Guillec, vous risqueriez de le croiser en train de déambuler dans les bois.

Dye Crap

On termine l’année avec un groupe dont « fêtes de Noël » ne fait pas vraiment partie des qualificatifs. Dye Crap, quatuor normand, est une formation qui prend de l’ampleur sur la scène française. A classer avec leurs potes Johnny Mafia (présents ce soir) ou les We Hate You Please Die, normand.es elleux aussi, les quatre ont grandi dans les années 90, baignés par MTV, Jackass et Blink 182. Les gars n’en démordent pas, il sont là pour le punk, pour l’énergie, et pour la castagne. Ça n’a pas loupé, la castagne était bien là.

Des hymnes, un membre anonyme et cagoulé, un album, et juste du fun. Rien à chercher, posez le cerveau à l’entrée et reprenez-le une fois rincé.e par un concert génial, par une overdose d’énergie. On peut les comparer plus récemment à Dune Rats, qui ne fait pas non plus dans la dentelle. En tout cas, Dye Crap est une valeur sûre pour un concert mémorable.


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La photo a été réalisé par Loélia, qu’on peut retrouver sur Instagram

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