Les aventures de La Face B aux Francos de Montréal

Il y a des petits plaisirs qui remplissent nos cœurs de joie et de souvenirs. Au moins de juin, nous avons été invité aux Francos de Montréal. Un bonheur total dont on ne s’est pas encore totalement remis. On a donc pris le temps de digérer tout ça, de laisser les souvenirs décanter et devenir des petits points de bonheur dans nos esprits, des bouts de mémoire à chérir. On vous en raconte une partie à la première personne, car parfois, les choses deviennent vraiment personnelles.

Tomber amoureux d’une ville

Une sorte de fantasme, une envie qui vivait depuis longtemps dans un coin de mon esprit. Pour ceux qui me connaissent un peu, Montréal fait partie de mes sujets de conversation et figure dans mes plans depuis longtemps maintenant. J’aime la scène musicale du Québec, j’aime le cinéma que j’ai l’occasion de vivre et j’aime l’image et la vibe que me renvoie cette ville. Alors quand on m’a proposé de venir à Montréal, d’y être invité, pour La Face B, mes yeux ont brillé et mes larmes ont coulé.

Il y a une différence entre le rêve et la réalité, un truc qui me rend souvent méfiant, qui m’empêche de plonger pleinement dans les choses. Ça m’a frappé quelques jours avant mon départ : et si ça ne se passe pas bien, et si je me retrouve tout seul sur place, et si le vrai me cogne et réduit tout en fumée … Autant être honnête, tout cela c’est envolé une fois les pieds posés sur le sol Québecois.

Des grandes rues, des arbres partout, des gens souriants et polis et une ville qui sent la culture et qui la vit pleinement … C’est un retour assez idyllique que je me fais de ces quelques jours à Montréal. Je me demande d’ailleurs si je ne les ai pas rêvés. Mais non, j’y étais, j’ai vu ces êtres humains, j’ai mangé ces bagels et ces brunchs monumentaux (oui la bouffe c’est important, ne faites pas semblant de ne pas me comprendre), j’ai souri, j’ai ri, j’ai dévalisé un magasin de vinyles et je suis allé me boire un coca géant aux foufounes électriques pour mes 35 ans.

J’ai vécu une semaine dans une bulle, un bonheur irréel rempli de rencontres et surtout de musique. Car c’est surtout ça, le plus important aux Francos de Montréal : rester amoureux de la musique.

Rester amoureux de la musique

Me voilà donc face à l’inconnu, dans un quartier que je découvre et dans lequel je prends un peu plaisir à me perdre. Dans cette optique, il me fallait donc aller vers quelque chose de tangible, qui me ramène à mon statut de petit Français et qui me rassure. Sous un ciel un peu gris, ponctué de quelques gouttes de pluie, je suis donc allé retrouver une connaissance chère à mon cœur : Cléa Vincent. Elle ne m’a jamais déçu et ce soir là ne fera pas exception à la règle. Avec sa musique douce, sa présence rassurante et ses musiciens géniaux, la parisienne lancera parfaitement mon festival et me rappellera pourquoi il est important de rester amoureux de la musique : car elle est une histoire d’émotions, de choses pures que l’on ne contrôle pas et qui nous submergent souvent.

Des artistes français auront ponctué, comme des petits cailloux, cette aventure en terres canadiennes. Des points rassurants, familiers, mais aussi des (re)découvertes. Il m’a ainsi été impossible de ne pas fondre devant La Traversée et de retrouver sur la grande scène du festival des copains comme Terrier ou Ussar qui dévoilaient pour la première fois une partie de leur répertoire accompagnés d’autres musiciens d’ici et de là comme Valence, Ariane Roy ou Pierre Guitard. UssaR, que l’on retrouvera en rouge et blanc avec son piano quelques jours plus tard pour un concert lui aussi riche en émotions, en poésie et en bruits de pluie. Impossible aussi de ne pas parler de DjeuDjoah & Lieutenant Nicholson, qui nous auront offert un moment de danse et de douceur, rempli d’humour et de tendresse. Point confession : on aura même apprécié le showcase de La Zarra, on ne s’y attendait pas vraiment mais on aura été cueilli par sa voix et les musiciens qui l’accompagnent et transforment complètement sa musique.

Et puis, il ne faut pas se mentir, notre job c’est aussi d’aller explorer les nouveautés, de découvrir un peu les artistes de demain. Et se retrouver au Québec dans ces cas là est un plaisir tout particulier. Découvrir des artistes qu’on n’aura pas forcément l’occasion de voir tout de suite en France et aussi des artistes dont on a déjà parlé sur le site. C’est le cas de Marilyne Léonard, qui nous aura cueilli par sa fraicheur et son énergie, des excellents Allô Fantôme, sans doute la plus grosse découverte du festival (ex-aequo) qui nous auront mis une bonne claque grâce à la folie, la puissance et l’amour de la musique qui s’est dégagée de leur set.

Ex-aequo, car ce voyage aura été l’occasion de découvrir pour la première fois sur scène l’exceptionnelle Ariane Roy. Un showcase d’une demi-heure qui aura mis tout le monde d’accord de part sa maîtrise, sa douce folie et le charisme dingue de la jeune musicienne. De folie, il en aura aussi été question avec Lumière, seul sur scène lorsqu’on le découvrira et qui nous aura marqué à tel point que le lendemain, on filera chercher son album en vinyle.

Il y aura aussi eu les surprises, les grands décalages entre l’image des artistes vu de France et leur réalité québecoise. On pourrait parler de l’évidence Fredz, qui semblait lui-même surpris du monde venu se tasser devant la scène du Silo pour son showcase. Une évidence tant le garçon semble voué à être the next big thing au Québec autant qu’en France. Et le garçon tient son set comme il faut, offrant des nuances, du calme et des tempêtes juste ce qu’il faut.

Comment ne pas parler d’Émile Bilodeau ? Devant un public immense sur la scène principale du festival, l’artiste nous aura offert un show intense et d’une vraie charge politique, accompagné de ses invités. Si, d’un point de vue français, nous ne sommes pas au courant de tous les tenants et aboutissants, on ne peut qu’adhérer à cette façon d’envisager la musique : un lieu qui est là pour réunir, pour faire exploser les barrières et pour faire parler et échanger. Une mission totalement réussie, un moment fort et marquant de cette édition qui aura laissé une place forte aux personnalités en tout genre.

Et là, je suis sûr que vous nous voyez arriver. Parler de personnalité, c’est évidemment parler de Hubert Lenoir. Prince en son royaume, devant un public conquis, le garçon nous aura offert une performance comme on l’attendait : Bigger Than Life. On est passé du métal à la pop, en passant par la soul et la folk. On aura voyagé entre les genres musicaux, guidé par ce garçon fou qui s’époumone et qui met tout le monde KO. Impossible de ne pas être impressionné, irrité, fatigué ou outré devant Hubert Lenoir. La beauté du garçon et de sa musique, c’est qu’il ne laisse jamais personne indifférent, et ce fut une nouvelle fois le cas. Pour la blague, ce soir là, on avait comparé Hubert à un buffet à volonté de qualité : on se retrouve face à un plat rempli de saveurs qui, lorsqu’il se termine, nous laisse repus et épuisés. Respect Hubert, on espère te revoir bien vite en France.

Enfin, il me fallait terminer ce voyage avec une note particulière. En ce 15 juin, alors que le soleil décline et que mon anniversaire approche, je suis allé voir Peter Peter. C’était en partie la raison principale qui m’avait fait choisir ces dates de voyage, pouvoir revoir Peter sur scène. Son album Super Comédie m’avait marqué, comme la plupart de ses albums d’ailleurs, et j’avais envie de pouvoir, enfin, le découvrir sur scène. En formation full band, il ne m’aura pas déçu, offrant une performance sensible, humaine et belle, revisitant avec bonheur les 10 ans de sa discographie et offrant à son dernier album une vie sur scène qu’il n’aura pas tant que ça connu. Un moment privilégié pour toutes les personnes présentes ce soir là.

Quand rentrer devient une (més)aventure à part entière

Et puis, il me fallait bien rentrer … du moins c’est ce que je pensais. Alors que le ciel pleurait comme moi en se dirigeant vers l’aéroport de Montréal, je ne pensais pas vivre une ultime (més)aventure que l’on pourrait nommer ainsi : la malédiction Air Canada. Tout d’abord, une forte pluie aura retardé le départ de notre avion qui s’est soldé par une … annulation. Un peu perdus, sans voir nos bagages revenir, on se retrouve donc à attendre, puis à dormir à même le sol, sans eau, sans nourriture et surtout sans aucun retour du personnel de l’aéroport ou de la compagnie aérienne.

Finalement, après une nuit chaotique, les bagages reviennent et vient une deuxième histoire : attendre 7h pour se voir proposer un nouvel avion. Petit hic : plutôt que de garder les places dans ses avions disponibles, la compagnie a eu la brillante idée de les mettre en vente avec un sur-tarif (coucou le capitalisme), on se retrouve donc à devoir accepter un avion avec une escale à Rome qui se retrouvera lui même … annulé.

Un peu épuisé, les nerfs qui explosent, je me retrouve sauvé par deux choses importantes: ma famille, avec ma cousine qui m’accueillera pour m’éviter une seconde nuit sur le sol de l’aéroport, et ma grande bouche qui m’aura permis malgré tout de me retrouver dans un avion (Air France) et surclassé. De retour en France, il m’aura fallu vivre une troisième étape : celle de la valise disparue, perdue entre le Canada, l’Italie et la France, et qui me sera revenue quelques jours plus tard.

Pas de quoi ternir cette expérience folle, il faut être honnête, qui se termine par cette phrase toute simple : à l’année prochaine les Francos de Montréal !